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EAN : 9782070378067
336 pages
Gallimard (01/04/1987)
4.31/5   293 notes
Résumé :
Sylvie Germain
Le livre des Nuits

Parti des confins de la terre et de l'eau, Victor-Flandrin Péniel, portant au cou les larmes de son père dont le visage fut sabré en 1870 par un uhlan, et toujours accompagné d'une mystérieuse ombre blonde, viendra s'établir dans un hameau perdu au bout du territoire et encerclé de forêts où rôdent encore les loups. C'est dans ces terres frontalières, par où la guerre sans cesse refait son entrée au pays, et da... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (42) Voir plus Ajouter une critique
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Je termine ce roman comme une jolie parenthèse enchantée.

Venez.
Ecoutez l'histoire de Nuit-d'Or-Gueule-de-Loup.
Ecoutez l'histoire de Victor-Flandrin Péniel, né sur les eaux douces, là-haut dans les plaines du Nord de la France, à la limite de tout. Adulte, c'est au hameau de Terres Noires qu'il s'établira, c'est à la Ferme-Haute qu'il prendra épouse, par quatre fois. Mélanie, Blanche, Sang Bleu, Ruth : chacune lui donnera de nombreux enfants, toujours par pair, toujours marqués du sceau de leur père : une tâche d'or au fond des yeux.

A travers cette fresque familiale qui tourne autour du personnage fédérateur, Victor-Flandrin Péniel, Sylvie Germain nous entraîne aux confins du réel, là où rêverie et conte se dessinent, là où la réalité se pare de tout ce qu'elle a de merveilleux et de légendaire. Car l'histoire de Nuit-d'Or-Gueule-de-Loup et de sa descendance ressemble bien à une légende. Mais ces personnages de conte qui parcourent les années, de la fin du 19e siècle jusqu'aux lendemains de la Seconde guerre mondiale, affrontent aussi les affres de leur époque, celle qui apporte son lot de deuils et de souffrances lorsque la folie des hommes l'emporte.
Au delà de l'Histoire, « Le livre des Nuits » est aussi une histoire de famille où malgré le grand nombre de participants, chacun trouve sa place et sa marque aux yeux du lecteur. Qu'ils sont nombreux les enfants Péniel ! Mais tous, du mal-aimé, du non-voulu, du préféré ou de l'adopté, du fou ou du raisonnable, tous nous touchent. Tous, jusqu'au dernier,

J'ai retrouvé dans ce premier roman de Sylvie Germain toute la magie qu'opère sur moi le style de l'auteure, une écriture entre réalisme et onirisme où une histoire aux allures de conte rejoint l'Histoire et ses monstres bien réels. Tout se fond, l'un en l'autre. Tout se tient et nous tient, jusqu'au bout. Les récits de l'auteure offrent l'alliance parfaite du roman, de la poésie et du conte, et nous proposent une narration sublime où les mots nous délectent de leur beauté nous transportent d'émotion.

C'est de cet effort d'écriture, de cette exigence d'allier le beau au sens que l'on reconnaît les grands auteurs, ceux qui travaillent leurs phrases autant que leur histoire.

Un roman magnifique sur les hommes et leurs racines, sur leur pouvoir de résilience, sur l'amour qui naît, qui meurt, qui dure toujours.
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Voilà p lus de vingt ans que Sylvie Germain publie des romans et que la critique se montre unanimement admirative de son talent. Avant la lecture de ce livre, je ne la connaissais que de nom. On a beaucoup parlé de son dernier ouvrage "Magnus" .

Je suis ravie de l'avoir découverte avec" le livre des nuits", son premier roman. En effet, dans une interview assez récente pour Evène, elle dit ceci en parlant du "Livre des nuits" : « je pense que dans ce livre il y avait en germe et en concentré toutes mes obsessions et ce qui s'est développé après ».

L'histoire :

Le personnage central du roman est Victor-Flandrin PENIEL, né de l'union d'un père et de sa fille. Ses parents sont morts alors qu'il était enfant et sa grand-mère, une femme âgée mais courageuse, l'a élevé.

Il est issu d'une famille « de l'eau douce » qui a vécu et travaillé sur une péniche. Les mauvais tours du destin et la guerre de 1870 ont contraint la famille a quitter la péniche alors qu'il était tout jeune.

A la mort de la grand-mère, il est tout juste adolescent. Au terme d'une sorte de parcours initiatique à travers les champs et les forêts, il s'installe dans une ferme et se passionne pour le travail de la terre. Il y restera toute sa vie malgré les épreuves qui le marquent dans sa chair et dans son âme. Les femmes de sa vie meurent les unes après les autres. Sa nombreuse descendance est frappée par la folie, la maladie et les guerres : celle de 14-18, puis celle de 39-45. Mais Nuit-d'or-gueule-de loup (c'est son surnom) reprend toujours le dessus grâce à sa soif de vivre, insatiable.

Mon avis :

J'ai résumé le livre pour vous donner une idée de l'histoire, mais il me semble qu'elle n'est pas essentielle. Ce qui importe, ce sont les mots merveilleux de Sylvie Germain et surtout les messages qu'elle veut nous faire passer.

L'écriture est très poétique, comme le sont les titres des six chapitres : Nuit de l'eau, Nuit de la terre, Nuit des roses, Nuit du sang, Nuit des cendres, Nuit nuit la nuit.

Il existe également, dans ce livre une dimension fantastique : des yeux qui pleurent des perles de verre, des tempes qui transpirent du sang quand un malheur va arriver, une ombre blonde qui suit Victor Flandrin partout ou il va, et ces mystérieuses malédictions qui s'abattent sur la famille…

La première partie du livre m'a demandé un effort car l'atmosphère est assez noire, comme le laisse entrevoir le titre. En outre, il n'est pas toujours aisé pour nous adultes, d'entrer dans l'univers du conte. Mais peu à peu, je me suis intéressée au destin de cette famille et surtout j'ai accepté la vision pessimiste de Sylvie germain sur notre monde, une vision dérangeante mais malheureusement juste. Il faut bien admettre que la cruauté des hommes et leur folie sont sans limites.

Sylvie Germain met l'accent sur le thème de l'histoire qui se répète sans cesse : les trois guerres qui marquent cruellement cette famille, comme bien d'autres d'ailleurs, en sont la preuve. le dernier chapitre, évoquant la guerre 39-45 et l'holocauste est absolument terrible. On referme le livre bouleversé.

Il existe une suite, « Nuit-d'Ambre », que je lirai assurément.
Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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Elle nous dit la Vie des Péniel !

Devenus gens d'à-terre - " Terre demeurée sauvage qui murmurait à la tombée du jour d'anciennes légendes de sorciers, de fées, d'invincibles galvaudeux et d'esprits en errance".

Un temps, ils furent gens de l'eau-douce - " Leurs coeurs étaient couleur d'ardoise, abrasés tout autant par les éclats du jour que par les pénombres de la nuit".

Quelle lumière dans la magnificence des descriptions !

Quelles ombres inquiétantes dans les sombres rouages de cette famille qui n'en finit pas de s'agrandir en personnages tous plus extraordinaires et fantastiques, marqués par la violence, la passion et le renouveau.

Magie lumineuse de vies et de destins hors du commun avec une touche de fantastique qui se fond aisément au fil des pages ; destins sombres comme la nuit, d'autres éblouissants comme la lumière.

Monde sans fin, recommencé !
Après le bruit et la fureur des hommes de guerre, qui ne laissent sur leur passage que sang, feu, flammes, incompréhension, douleur et cendres.

Très belle écriture qui m'a transporté.
Elle dit l'amour des hommes, de la terre, leur passage telle une toile arachnéenne qui brille, se tend, se brûle au feu de la vie, de l'amour, de la mort, se déchire et renaît.

La Vie tel un gros livre feuilleté à l'endroit, puis à l'envers,
Eternellement !
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Il est des livres que nous avons l'impression de retrouver. Les retrouver alors que c'est la première fois que nous les lisons.
Le Livre des Nuits est un de ceux là.
De ces rares instants de lecture qui nous appartiennent.
Alors évidement ,il y a l'écriture de Sylvie Germain, Il y a cette sève, cette tourbe, ces odeurs qu'elle sait extraordinairement nous offrir, il y a ces personnages forts, énormes, et toutes ces vies qui s'écoulent, qui saignent, qui s'écaillent, qui se mélangent de page en page : les Livres, les livres de toutes nos vies.
Faut il aimer follement les hommes pour en parler avec autant de douceur et de poésie. Les hommes sont beaux dans les livres de Sylvie Germain. Terriblement beaux, cruellement beaux enchevêtrés comme des lierres, emportés par leur destin, recouverts de cendres. Faut il avoir conscience de la puissance de la vie pour nous donner, parmi ces nuits, envie d'y croire encore, y croire toujours.
Croire que la vie est plus forte que tout. Il y a du Albert Cohen dans cet élan.
Un livre important.

Astrid SHRIQUI GARAIN
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De la fin du 19ème siècle aux lendemains de la seconde guerre mondiale, le sombre destin de la famille Péniel. Victor Flandrin dit "Nuit d'Or Gueule de Loup" a quitté les bords du fleuve et s'est installé dans le hameau de Terre-Noire où il a engendré une nombreuse descendance marquée de gémellité et de tempéraments fougueux. Générations après générations, c'est le récit tragique de cette famille broyée par les guerres et l'histoire qui nous est magistralement conté.
Magnifique roman, salué par la presse lors de sa sortie et couronné de nombreux prix littéraires. Sombre et envoûtante, une saga familiale transcendée par un style admirable plein de poésie et de lyrisme. Tragique et dur, passionné et ombrageux à l'image des protagonistes portant tous la marque de la gémellité, ce récit d'une destinée familiale est un pur chef d'oeuvre d'émotions brutes.
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Citations et extraits (46) Voir plus Ajouter une citation
Un soir, en rentrant de la mine, Victor-Flandrin remarqua que le sourire de sa grand-mère flottait sur son visage avec plus d'ampleur et de clarté encore que de coutume. Elle était assise à table, en train de peler des pommes. Il vint s'assoir en face d'elle et, lui prenant les mains, il les serra dans les siennes en silence. Il ne savait que dire devant un tel sourire où Vitalie semblait s'absenter toujours davantage jusqu'à s'y dissoudre presque. Ce fut elle qui prit la parole après un moment. « Demain, lui dit-elle, tu n'iras pas à la mine. Tu ne retourneras jamais là-bas. Tu dois partir, quitter ce lieu. Va-t'en où bon te semblera, mais pars, il le faut. La terre est vaste, et quelque part certainement existe un coin où tu pourras bâtir ta vie et ton bonheur. Peut-être est-ce tout près, peut-être est-ce très loin.

« Vois-tu, nous n'avons rien. Le peu que j'ai eu autrefois, je l'ai perdu. Je ne peux rien te donner, sinon le peu qui va rester de moi après ma mort, --- l'ombre de mon sourire. Emporte-la, cette ombre, elle est légère et ne te pèsera pas. Ainsi ne te quitterai-je jamais et resterai-je ton plus fidèle amour. Et cet amour, je te le lègue, il est tellement plus grand, plus vaste que moi. Dedans passent la mer, les fleuves et les canaux, et tant de gens, hommes et femmes, et des enfants aussi. Ce soir, sais-tu, ils sont tous là, autour de moi. » Puis elle se tut, soudain distraite par quelque présence invisible et s'égara dans son drôle de sourire comme si elle n'avait rien dit, comme si rien ne se passait.

Victor-Flandrin voulut la retenir, lui poser des questions car il ne comprenait pas ces mots étranges qu'elle venait de lui dire d'un ton à la fois si tendre et distant, --- d'un air d'adieu, mais il se sentit pris par un irrésistible sommeil et sombra lourdement sur la table, sa tête roulant dans les pelures de pommes, ses mains toujours tenant celles de sa grand-mère. Lorsqu'il se réveilla, il était seul. À la place de Vitalie tremblait une lueur légère comme une brume dorée par le soleil levant. Sitôt qu'il se leva de sa chaise et appela sa grand-mère la lueur glissa sur le sol et, tournant à travers la pièce, elle vint se fondre dans son ombre.
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Mais Mathurin abandonna bientôt les mots et se mit lui aussi à dessiner, faisant un usage particulièrement intense des couleurs qu'il appliquait par taches contrastées.
Des couleurs exacerbées, éclatées comme des fruits trop mûrs. Des couleurs qui n'existaient même pas dans les prés et le champs de Terre-Noire en été, et peut être même nulle part ailleurs dans la nature. Des couleurs jaillies de son seul désir. Le corps d'Hortense qu'il dessina ainsi se mit alors à se distordre en images folles, ivres de couleurs crues, en perpétuelle métamorphose. Tantôt il multipliait ses bras et ses jambes, tantôt mettait le feu à ses cheveux ou les chargeait d'essaims d'abeilles, tantôt crevait tout son corps de bouches énormes. Parfois ce corps fleurissait comme un jardin sauvage; des coquelicots s'ouvraient à la pointe de ses seins, des chardons orangés lui brûlaient aux aisselles, des campanules et des ronces s'entortillaient à ses membres, des grappes de groseilles s'écroulaient de ses lèvres, des libellules aux ailes bleu pervenche s'envolaient de dessous ses paupières, des renoncules jaune vif et des lézards vert acide s'enlaçaient à ses doigts. Sur ses fesses il écrasait des fraises, son sexe, il l'embroussaillait et le couvrait de lierre, l'étoilait de bleuets et laissait toujours percer au milieu de ce buissonnement un bulbe rond et charnu comme un bouton de rose prêt d'éclore. Il couvrit des pages et des pages de tels dessins.
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Leur amitié avait l'ardeur qu'allument le danger et l'urgence ; quelques jours passés au fond de ces boyaux de boue et de sang, à souffrir du manque d'eau, de nourriture et de sommeil, à craindre la mort à chaque instant, avaient suffi à tisser des liens plus denses et profonds qu'une longue amitié fidèlement entretenue au fil d'une vie calme n'aurait pu le faire. C'était une amitié forgée à la hâte et qui poussait dans ces décombres comme une plante en serre qui chaque jour renouvelle des fleurs inattendues et dresse toujours plus haut ses feuilles vives.
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Et chaque soir, assise auprès du lit de son petit-fils, elle invitait l'enfant à l'accompagner dans les méandres de sa mémoire peuplée de visages et de noms pleins d'éclats et d'échos fabuleux. Et l'enfant s'endormait dans ces plis de mémoire doux et soyeux comme une eau morte emplie de vase et de soleil. Une femme toujours apparaissait dans son sommeil, à la fois mère et soeur, douée d'un sourire délicieux qui le faisait sourire à son tour en dormant.
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Il mourait d'envie de s'approcher d'elle, de lui demander son nom à voix basse, et de la soulever dans ses bras pour la faire tourner. Elle devait être si légère, si fragile à porter. Il finit même par partager le rêve de la fillette - que l'éléphant prenne vie et descende du manège pour s'en aller d'un pas dandinant en balançant sa trompe à travers les allées du parc...
Et il pensa avec tristesse qu'il était bien dommage que la petite fille n'ait pas préféré le dromadaire marron qui tournait l'amble avec un gros lapin aux yeux verts, à trois rangées derrière l'éléphant. Cela lui aurait donné un peu de dérisoire confiance.
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Videos de Sylvie Germain (28) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sylvie Germain
Lecture de Sylvie Germain : une création originale inspirée par les collections de la BIS.
Ce cycle est proposé depuis 2017 par la BIS en partenariat avec la Maison des écrivains et de la littérature (MéL). Un mois avant la restitution, l'écrivain est invité à choisir un élément dans les fonds de la BIS. Lors de la rencontre publique, « le livre en question » est dévoilé. Chaque saison donne lieu à la publication d'un livre aux éditions de la Sorbonne "Des écrivains à la bibliothèque de la Sorbonne".
Saison 5 : Jean Lancri, Gaëlle Obiégly, Sylvie Germain et Michel Simonot
Captation, montage et générique par Corinne Nadal
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