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3,31

sur 197 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
" Parti se rejoindre pour mieux se dessaisir de lui-même, à moins que ce ne soit l'inverse, qu'il se soit abandonné pour parvenir enfin à une haute confrontation avec soi"
Cet extrait de :L'inaperçu de Sylvie Germain peut paraître un peu énigmatique, pourtant il résume bien l'essence du livre.
Sylvie Germain, nous entraîne à travers deux histoires familiales douloureuses et sensibles dans le cheminement qui conduit l'homme de sa petite enfance à sa vie d'homme.
Cette vie qu'on ne choisit que partiellement car l'héritage de notre lignée est parfois très difficile à assumer, voire, il nous dicte notre future vie.
Sabine et Pierre font partie de ceux-là, escamotant leur jeunesse et leur passé pour vivre leur vie d'adulte.
Sylvie Germain détient un style d'écriture à miroirs, les facettes du miroir se renvoient l'une à l'autre.
Et, c'est ainsi que cette écriture mystérieuse nous aggripe et ne nous lâche plus.
J'avais lu, il y a des années : le livre des nuits et Jours de colère qui restent dans ma mémoire et dont je recommande la lecture.
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Sabine se retrouve veuve avec quatre enfants dont la petite dernière estropiée dans l'accident qui a coûté la vie à son mari. Un bon travail, un bel appartement et ses beaux parents. Son beau-père qui aimerait tout décider à sa place, dictateur de la famille. Elle va rencontrer un drôle de bonhomme déguisé en père noël qui va prendre une place importante dans sa vie et la vie de ses enfants. Son prénom n'a pas d'importance, son existence non plus. Il accompagne cette famille en ne voyant que le meilleur. Il ne fait pas de bruit, ne s'impose pas, bref l'homme parfait. Et puis lors d'une soirée familiale nous assistons à une scène violente qui sera à l'origine de sa disparition et de la réaction des membres de cette famille. L'auteure nous raconte l'histoire avec le style d'une journaliste, impossible de s'attacher à un personnage. Des scènes, un instant de vie, des failles, nous restons à l'extérieur de cette histoire jusqu'au moment où tout devient différent. Il y a cette violence qui sort d'un coup sans prévenir, ces explications, cette indifférence. Déstabilisant et pourtant si réel.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Solange longe la berge, serrant sous son manteau un tapis de laine volé aux Galeries Clasquin. Un bref désir, une impulsion, un élan de folie possessive. Tremblante de son acte, hoquetante de peur, son attitude met en alerte l'homme déguisé en Père Noël qui la regarde du haut du quai. Mû par un sentiment d'urgence, craignant qu'elle se jette à l'eau, il descend les escaliers, la rejoint tout essoufflé. Dans sa tête tourne cette prière « Il ne faut pas qu'elle rie. » Embauché pour être pris en photo-souvenir avec les enfants de passage au centre commercial, il était sorti faire une pause d'où son accoutrement de Père-Noël. « Sa tenue guignolesque avec sa houppelande mal ajustée » pourrait en effet déclencher l'hilarité.
Après cette scène initiale qui sonnera la rencontre singulière de Pierre et de Solange, Sylvie Germain suit la femme chez ses beaux-parents, les Bérynx. La belle-mère est fade, prisonnière des convenances sociales alors que Charlam, le beau-père, se dresse en patriarche, tenant les cordons de la bourse familiale et désirant tout régenter, y compris le commerce de Solange veuve depuis un peu plus d'un an. Elle seule connaît les circonstances qui ont conduit à l'accident mortel de son mari, un accès de fureur contre sa femme pour un billet de loterie égaré.
Depuis, à chaque saison, sur le platane ayant stoppé net la voiture de Georges, un bouquet flamboyant pour le disparu atteste, peut-être, de l'existence d'une maîtresse… La révélation sur ces fleurs écarlates sera troublante.

Dans les livres de Sylvie Germain, c'est son amour des mots qui nous happe immédiatement. Sa plume, si admirable, fascine, étourdit, et il faut presque se forcer à y saisir les indices qui portent l'histoire. Je me laisserais facilement bercer par la musicalité de ses phrases, en oubliant d'être attentive au déroulé du roman ! Celui-ci tourne autour de la famille, environnement où se construit un individu. L'impact de l'enfance semble déterminer, avec plus ou moins de force, plus ou moins de blessures, le devenir des uns et des autres.
Au sein de cette famille Bérynx vient se greffer Pierre qui prend sa décision à pile ou face lorsque Sabine lui propose de venir travailler dans son commerce. Pierre, l'énigmatique, le solitaire sans aucune attache familiale, ne se dévoile pas et esquisse habilement les questions sur sa vie privée, son passé, ses désirs. Neuf ans plus tard, dans l'esprit de Charlam, le patriarche, il restera le « Braconnier », un intrigant qui « sentait la rue » et pour lequel il nourrit une profonde aversion.
Petit à petit, de son écriture envoûtante, Sylvie Germain déchiffre les êtres, leurs désirs cachés, leur frustration, leurs excès, leur mal-être, les marques de l'enfance dont on ne se dépouille pas si facilement.
Avec Pierre, alors qu'il semble vivre en lisière de la famille Bérynx, elle s'attache aux traces laissées après son départ subit. Des traces qui pourraient rester inaperçues mais qui se révèlent déterminantes, qui ont creusé des sillons plus ou moins profonds chez les uns et les autres pour ouvrir d'autres voies à leurs vies.

Dans ce roman, Pierre peut être l'inaperçu mais il faut saisir aussi les multiples visages que peut prendre l'inaperçu niché chez les autres personnages. Il peut être celui d'un secret, de sentiments précieusement masqués, d'une culpabilité, d'un traumatisme enfoui, refoulé. L'intérieur de chaque être se construit d'éléments disparates auxquels s'ajoutent, parfois, l'un des évènements honteux inscrits dans l'Histoire. On comprendra alors, le coeur serré, l'importance des premiers mots que Pierre a adressés à Sabine « Ne riez pas ! »
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On commence ce livre par l'histoire presque banale d'une famille, une sorte de saga bourgeoise comme on en connaît des dizaines, avec ses rituels, ses drames, son patriarche, une bru veuve, volontaire et qui ne veut fâcher personne mais s'arrange pour continuer à mener sa barque comme elle l'entend.

Elle a embauché un assistant qui l'aide à gérer l'affaire familiale dont elle a repris les rennes après le décès de son mari.et qui contrairement à ce que tout le monde imagine, n'est pas son amant. Ce n'est pas ce qui l'intéresse.

On croit lire une histoire classique et en réalité, tout au long du roman on ne fait que naviguer de flash en flash, avec des zooms voulus par l'auteur sur une situation, mais surtout sur un personnage à un moment donné de sa vie. Chacun d'entre eux trouve sa place dans l'histoire, mais semble avoir sa propre autonomie.

Mon esprit peut-être un peu trop cartésien aurait préféré que l'auteur prenne un parti, un point de vue pour nous raconter une histoire. Or, elle nous promène parmi les aventures de ses personnages pour construire ce qui nous attend à la fin du livre. C'est un choix respectable bien sûr, mais qui déroute, c'est certain. Tantôt c'est un personnage qui prend la main, tantôt un autre, puis une sorte d'observateur extérieur… et comme il y a beaucoup de personnages, la lecture n'est pas aussi fluide que l'on pourrait l'imaginer.

Et puis on tombe sur une scène assez dure (Comment faire autrement ? ) d'humiliation d'une femme ayant « fauté » avec l'ennemi pendant la seconde guerre mondiale. Très bien décrite, bien analysée – un peu longue – et c'est la clé du roman.
Voici donc une façon très originale de raconter une histoire tragique, en passant par de multiples chemins qui vous déroutent et vous dérange pour vous asséner la clé de l'énigme en fin de récit.

C'est finalement très fort !
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Heureuse découverte de Sylvie GERMAIN, auteure de L'inaperçu. Plus que l'histoire familiale c'est le thème de la construction du soi qui a retenu mon attention. Pour moi cet « inaperçu » représente la partie intime de chacun. Sylvie Germain nous livre cette part à travers différents personnages attachants mais aussi dérangeants. Ces multiples introspections nous percent à coeur et réveillent nos propres points de fuite, révoltes, rêves, lâchetés ou défis, relevés ou perdus, souvenirs, mémoires,… ainsi que nos morts et nos vivants. Éléments de la construction du soi, tantôt fondations solides assurant notre équilibre, tantôt entassements instables grêlés de grains de sable et parfois de grains de sabre coupables de nos instants d'anéantissement et peut-être de notre fin s'il n'y a pas résilience.
Tout un remue-méninge passionnant dans une ambiance étrange, comme suspendue que je vous invite à découvrir.
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Sylvie germain, L'inaperçu (2008): mettre à mal l'identité pour accéder aux mystères de l'âme....

L'inaperçu est celui que l'on frôle sans s'en apercevoir. Un homme, un parfait inconnu qui prend pas à pas possession de la vie des autres… d'une autre… Sabine Berynx.

Son mari décédé dans un tragique accident de voiture, elle élève seule ses quatre enfants. Etouffant sous le joug de sa belle famille et principalement d'un beau-père autoritaire qui lui impose une pression sournoise et constante, elle rencontre Pierre Zébreuse à l'approche des fêtes : un singulier Père Noël pour photographies d'enfants de bonne famille à qui elle propose un emploi de vendeur.

Cet homme, déguisé, détonante figure paternelle sans identité réelle (ni passé ?) va progressivement s'immiscer dans la vie des membres de la famille Berynx. Comme un détonateur, il amènera chacun à reconsidérer sa place, à se regarder en face pour voir s'y refléter ce qu'il est réellement...

Les personnages mûrissent au fur et à mesure que cet homme avance dans le temps, explorant les jardins et les murs de cette demeure familiale dont l'interrogation de l'espace est en elle-même une enquête.

Chaque portrait et chaque lieu est une pièce éparse du puzzle que Sylvie Germain construit jusqu'à la fin… le parcours de cet homme étrangement fragile éclot alors comme une évidence, et nous permet de constater combien nous sommes fait des autres, perméables à tout et à tous…

Force est alors de constater qu'encore une fois ici l'auteur possède une voix personnelle faite d'éruditions et d'un amour du langage menant à des ficelles sensibles sur le monde. Elle parvient toujours à dire la vie intime des êtres, leurs souffrances profondes ou leurs interrogations les plus inattendues y compris dans les zones où ils ne s'autorisent pas eux-mêmes à entrer.

Or c'est justement ici-même que L'inaperçu est un révélateur, un homme qui passe, et qui part mais dont l'écho des pas, longtemps, se prolonge….
Lien : http://unlivrepour.blogspot...
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Ce livre ne laisse aucune place au temps mort. Sylvie Germain décrit avec justesse et férocité des relations familiales difficiles, basées sur le non-dit et le malentendu. La communication n'est pas le fort des Berenx. C'est Pierre qui parviendra à communiquer le mieux avec ceux qui en ont le plus besoin: Sabine et ses enfants. Sans vraiment le vouloir, il aura une grande influence sur la famille, ce qui mettra le patriarche en rage.
L'auteur s'applique à perdre son lecteur dans une toile de sentiments, de sensations, de pressentiments, dans un puzzle où on ne se doute pas qu'une toute petite phrase («Surtout, ne riez pas!»), est une des pièces maîtresses. Cette phrase qu'on peut interpréter de plusieurs manières selon le contexte, mais dont on ne découvre la réelle signification qu'au dernier chapitre.
Beaucoup de choses sont ainsi dans ce roman. Dans le même ordre d'idées, l'auteur raconte une scène selon deux points de vue différents, et on se rend compte que la première personne a tout interprété de travers. Et pourtant, ce sont les mêmes faits. J'adore ce genre de récits. le lecteur est lancé dans une espèce de jeu de pistes, de jeu de miroirs aussi. Alors qu'on se dit que, finalement, on ne saura rien, Sylvie Germain explique les errances, les hésitations, les étrangetés de ses personnages, et surtout celles de Pierre. le tout écrit en un style parfois fleuri, parfois poétique, parfois coupant, mais toujours juste et fluide. L'auteur, à l'instar de Marie, joue avec les mots afin d'en faire ressentir la musique aussi bien que la portée. On sent que son texte est travaillé, que ses mots sont méticuleusement choisis.
[...]
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Lien : http://www.lalivrophile.net/..
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Sylvie Germain excelle dans l'art d'écrire des jours et des contre-jours, des zones lumineuses et des zones d'ombre. Ce roman en est l'illustration. "L'inaperçu" n'est pas "l'invisible". Il est plus subtil; il est ce qui ne s'aperçoit pas ou ne s'entrevoit qu'en lisière, et encore si on s'y attarde un peu.
le héros du livre est un homme venu de nulle part et qui, un soir de décembre, entre dans la vie de Sabine déguisé en Père Noël, un job temporaire s'il en est, exercé par quelqu'un d'un peu trop inconsistant en apparence pour l'être vraiment. Très vite il gagne la confiance de la jeune femme et elle l'embauche dans l'entreprise familiale qu'elle dirige depuis le décès accidentel de son mari.. Pendant une dizaine d'années, Pierre Deleuze va vivre au coeur de cette famille, mais il reste toujours "en lisière", puis il disparaît subitement et sans explication.
Huit ans plus tard, il revient vers cette famille, un retour incertain mais mûri après un long chemin intérieur vers son enfance et sa jeunesse, comme pour révéler ce qui n'avait pas été dit auparavant.
De très belles pages d'écriture émaillent ce roman tout en finesse.
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La famille Bérynx de 1967 aux années 1990 en quelques sauts de puce. Sabine est veuve, son mari Georges est décédé à trente-quatre ans dans un accident de voiture. La jeune femme élève seule ses trois fils et sa fille Marie, tout en s'occupant du commerce de jardinerie, sous la surveillance lointaine mais vigilante de son beau-père. Un homme au passé mystérieux, Pierre, viendra l'aider...
Ce roman n'a pas la lourdeur d'une saga. L'auteur, en zoomant successivement sur quelques événements, quelques personnages, évoque le poids de la famille dans les destinées individuelles... On s'attache à Marie, enfant difficile, intelligente et tourmentée, à Zélie, son double de papier, à Edith, qui tait un amour inavouable, à Pierre, si doux et aimant, mais dont personne ne s'approche suffisamment pour soulager les blessures...
Un charme étrange - que j'ai du mal à le définir - émane de ce récit. J'ai été envoûtée par une atmosphère de contes sensibles, parfois poignants, cruels. Une belle surprise coup de coeur, donc ! Je suis ravie d'avoir découvert cette auteur que je ne connaissais pas, j'ai hâte de lire ses autres ouvrages.
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Sabine élève seule ses quatre enfants depuis la mort brutale de son mari. Quand elle fait la connaissance de Pierre, un peu par hasard, elle sent intuitivement qu'elle peut lui faire confiance et l'embauche pour l'aider à s'occuper de son magasin. Mais le patriarche de la famille, père de son défunt mari, voit d'un très mauvais oeil l'arrivée de cet intrus dont on ne sait rien, dans l'entourage de sa belle-fille…



C'est une histoire de famille que nous propose Sylvie Germain. L'écriture est travaillée, comme dans ses précédents romans et nous retrouvons ses thèmes habituels : le destin individuel face à la grande histoire, le poids de l'histoire familiale dans la construction d'un être humain… Différents personnages gravitent autour de Sabine, on apprend à les connaître au fil de l'histoire, des petits secrets sont dévoilés au passage et à la fin du roman, on découvre le mystère des origines de Pierre…


En partant d'une histoire assez simple, Sylvie Germain nous propose un roman et intelligent et captivant. Il se dit que ce roman n'est pas aussi bon que Magnus, son précédent (l'écriture pompeuse, l'histoire trop banale...). Ce n'est pas mon ressenti, la magie a tout autant opéré pour moi (presque plus ?). Les personnages ont su me toucher, y compris les personnages secondaires comme celui de la tante Chut, une vieille fille qui gardera pour elle toute sa vie, le petit secret qui lui est cher. J'ai lu le livre quasiment d'une traite, dimanche dernier, dans mon jardin. L'après-midi était ensoleillé, comme le tableau du peintre américain Rothko "Fenêtre sur l'inexploré de ce monde" qui orne les murs de la chambre de Pierre…

Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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