AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Magnus (133)

Très tôt, le corps de Magnus a été ainsi délesté, quand sa mère, l'inconnue de Hambourg, a brûlé sous ses yeux, lui calcinant un pan du cœur et lui pétrifiant la mémoire. Et May aussi lui a volé sa part de chair, sa part de cœur, les mêlant à ses cendres dispersées dans le bleu muet du ciel.
Commenter  J’apprécie          350
Chacun porte son poids de temps dans la discrétion ; rien n’est renié ni effacé, mais ils savent qu’il est vain de vouloir tout raconter, qu’on ne peut pas partager avec un autre, aussi intime soit-il, ce que l’on a vécu sans lui, hors de lui, qu’il s’agisse d’un amour ou d’une haine. Ce qu’ils partagent, c’est le présent, et leurs passés respectifs se décantera en silence à l’ombre radieuse de ce présent.
Commenter  J’apprécie          300
Écrire, c'est descendre dans la fosse du souffleur pour apprendre à écouter la langue respirer là où elle se tait, entre les mots, autour des mots, parfois au coeur des mots.
Commenter  J’apprécie          300
Il voit le ciel se déflagrer, se rompre comme une digue et des torrents de lave noire, de météorites rutilants, d’éclairs blanc soufré jaillir d’entre les brèches. L’orchestre fou joue du feu à outrance.
Il voit des humains et des bêtes se transmuer en torches vives, d’autres se fondre à l’asphalte liquéfié qui clapote dans les rues éventrées, d’autres encore être déchiquetés.
Il voit des arbres s’élancer à l’oblique, énormes javelots échevelés de flammes qui se fichent dans les façades des maisons tandis que giclent les vitres, volent les cheminées, les tuiles, les poutres.
 
Il voit l’eau s’embraser, dans le port, les canaux, les rivières, les bassins, les caniveaux. Partout l’eau prend feu et s’évapore en chuintant ; elle s’enflamme jusque dans les larmes sur les visages des égarés, des mourants.
Il sent l’âcre pestilence des chairs brûlées, la fadeur nauséeuse des chairs bouillies, la puanteur du sang et des viscères. Les pierres, les pavés, les charpentes ne sont plus que sable noir, gravier, bouts de charbon.
 
Il voit des torsades d’un jaune cru, des coulées vermeilles, des éclaboussures d’un orange aveuglant tomber du ciel, lacérer la nuit. Une orgie de couleurs à la fois visqueuses et limpides. De gigantesques crachats d’or et d’écarlate pour couronner la ville défunte.
Commenter  J’apprécie          270
Écrire,c'est descendre dans la fosse du souffleur pour apprendre à écouter la langue respirer là où elle se tait, entre les mots, autour des mots, parfois au coeur des mots.
Commenter  J’apprécie          250
Ils savent qu’il est vain de vouloir tout raconter, qu’on ne peut pas partager avec un autre, aussi intime soit-il, ce que l’on a vécu sans lui, hors de lui, qu’il s’agisse d’un amour ou d’une haine. Ce qu’ils partagent, c’est le présent, et leurs passés respectifs se décantent en silence à l’ombre radieuse de ce présent.
Commenter  J’apprécie          230
Le vin chantonne à l'aigu dans les verres, en fraîcheur dans les bouches, et bientôt chante en beauté dans quelques gorges enjouées.
Commenter  J’apprécie          220
Tant pis pour le désordre, la chronologie d’une vie humaine n’est jamais aussi linéaire qu’on le croit. Quand aux blancs, aux creux, aux échos ou aux franges, cela fait partie intégrante de toute écriture, car de toute mémoire. P 14
Commenter  J’apprécie          200
Elle dit, la femme qui se tient raide, mains enfouies dans les poches de son imperméable : « Je m'ennuie avec toi, je m'ennuie à mourir. Je ne t'aime pas. Je ne t'ai jamais aimé et jamais je ne t'aimerai. Je n'aime rien de toi, ni ta voix, ni ton corps, ni ta peau ni ton odeur. Tout en toi me dégoûte et m'insupporte. Je voudrais ne t'avoir jamais connu. Jamais. »
L'homme ne dit rien, il est abruti par ces mots qui ne demandent pas de réponse, qui frappent de nullité toute autre parole. Il recule de quelques pas devant cette lapidation verbale.
Commenter  J’apprécie          191
Les mots de sa langue d’autrefois se mettent à bouger au fond de sa gorge, à balbutier en sourdine, mais ils s’y nouent en une boule grumeleuse. Un caillot de vocables dont la beauté est obscurcie, craquelée.
Commenter  J’apprécie          190






    Lecteurs (2144) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Sylvie Germain

    Née à Châteauroux en ?

    1934
    1944
    1954
    1964

    10 questions
    28 lecteurs ont répondu
    Thème : Sylvie GermainCréer un quiz sur ce livre

    {* *}