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sur 271 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Je termine cette année 2015 sur une franche déception. J'avais entendu parler en bien de Sylvie Germain et moi qui ne m'aventure quasiment jamais sur les pentes glissantes de la littérature actuelle, je crois désormais savoir pourquoi. Voilà qui ne m'encouragera pas à renouveler l'expérience.

La quatrième de couverture d'Albin Michel est pourtant fort engageante : « Tout en évocations lumineuses, habité par la grâce et la magie d'une écriture à la musicalité parfaite. » Il n'y a pas à dire, ils n'y vont pas de main morte chez Albin Michel. Mais moi qui ai l'habitude de lire quelques classiques, qui ai lu en doublette ce livre-ci avec un de John Steinbeck, et malgré l'outrage de la traduction, force m'est de constater qu'à l'aune de ma propre sensibilité, les évocations lumineuses sont plus à chercher chez Steinbeck que chez la brave Sylvie Germain.

Quant à la " magie d'une écriture à la musicalité parfaite ", excusez-moi encore Mesdames et Messieurs de chez Albin Michel, mais il m'a semblé lire récemment un roman de Flaubert qui en impose légèrement plus dans ce registre. Mais vous n'êtes absolument pas obligés de me croire sur parole alors j'ouvre le livre, par exemple à l'amorce du chapitre 17, je cite :

« Georges-Édouard Falaize, le père des jumelles. Un jour, il est là. Là, chez eux, à table. Il n'a pas revu ses filles depuis des lustres.
Un homme de haute taille, comme Gabriel, un peu plus jeune que lui mais le front déjà dégarni, alors que le père de Lili garde intacte sa chevelure roux cuivré, légèrement ondulée. »

Okay, alors c'est donc ça la " magie d'une écriture à la musicalité parfaite ", bon, j'avais cru que c'était autre chose. Mais peut-être, me direz-vous, ai-je choisi à dessein un extrait particulièrement creux et plat. Soit, prenons l'amorce du chapitre suivant, le 18, l'un des plus importants pour le déroulé de l'histoire :

« Il fait trop beau ce dimanche-là pour rester à la maison. Un jour de printemps précoce, frais et ensoleillé. Le père propose d'aller pique-niquer. Viviane emporte son appareil photo. La photographie est depuis quelque temps sa nouvelle marotte. " Faites-vous belles ! " a-t-elle dit aux quatre filles en prévision des prises qu'elle compte faire. Et elles jouent le jeu, même Chantal que son amourette rend maussade dès qu'elle n'est pas en compagnie de Gilbert. Elles s'habillent avec soin, choisissent leurs robes préférées, des foulards assortis. »

Ouh là ! effectivement ça dépote ! Mais bon excusez-moi de ne pas m'extasier devant une telle prose aux reliefs aussi prononcés que la Zélande, la Hollande et la Frise réunies. Et ce n'est pas l'emploi par moment surabondant et imbuvable d'un lexique ronflant qui fera de cette platitude un style au sens noble du terme. Une ponctuation sans âme vient couronner le tout.

Excusez-moi une dernière fois, Mesdames et Messieurs de chez Albin Michel mais pour la " magie d'une écriture à la musicalité parfaite " vous repasserez. Vendre des livres, c'est une chose, mentir sur la marchandise, c'est autre chose. Pourtant, je ne pense pas être insensible à la musique des mots ; quand je lis du Verlaine, par exemple, il m'arrive souvent de me faire la réflexion que sa langue a une musicalité parfaite, Corneille aussi. Curieusement, Sylvie Germain, au moins dans ce livre, n'a jamais suscité en moi de tels ébahissements. Alors sûrement que cela vient de moi, n'en doutons pas et n'en parlons plus.

Après la forme, le fond. Là, à cet endroit précis, une vraie critique vous sortirait une phrase bien sentie, un petit truc percutant qui vous ferait saisir en un mot les qualités de l'œuvre. En ce qui me concerne, le premier et le seul mot qui me vient à l'esprit c'est : PFFFF !

Qu'est-ce que j'ai trouvé ce livre pénible, mal construit, grosses ficelles, fourre-tout et sans intérêt ! Toutes proportions gardées, j'avais l'impression que l'auteur faisait avec son héroïne comme Stephen King dans Shining quand il rajoute louche sur louche pour bien nous spécifier que c'est de l'horreur qu'il s'agit. Avec Sylvie Germain, on fait dans le misérabilisme à deux balles.

La mère morte, bling ! la grand-mère qui calanche sous ses yeux, bling ! l'exhibitionniste, bling ! la famille recomposée avec les méchantes jumelles qui prennent toute la place (façon Cendrillon), bling ! le décès de la sœur, bling ! le frangin qui veut rentrer dans les ordres, bling ! (elle a failli nous faire le coup de l'homo, elle y a pensé très fort et s'est retenu au dernier moment) le père qui couche avec la sœur, bling ! la sœur qui accouche d'un bébé " phoque ", bling ! l'amour pendant mai 68 et la vie en communauté, bling ! (on a échappé au Larzac mais c'était pas loin), l'ancien amour devenu malfaiteur (un peu à la façon d'Action Directe), bling ! le frangin qui en fait est un Juif et que sa mère a juste eu le temps de refiler avant de se faire assassiner sous les yeux de la belle-mère, bling ! le cancer, bling ! le village englouti avec tous les souvenirs à cause de la construction d'un barrage, bling ! etc., etc., etc.

N'en jetez plus Sylvie Germain, la cour est pleine ! Non, franchement, un peu de sérieux, c'est quoi cette surenchère de mauvais goût ?! C'est Forrest Gump à la sauce franchouillarde qui vit tous les événements de la seconde moitié du XXème siècle en y prenant une part active ou en y vivant quelque chose de fort et de significatif.

Sans oublier, bien sûr de combiner des origines très diverses, la grand-mère espagnole, la belle-mère roumaine, le père en Nouvelle-Zélande au milieu des Maoris, le frère juif devenu catho, la sœur en Allemagne, l'autre en Suisse. C'est vrai que vous n'avez pas eu peur, ma chère Sylvie, on se croirait revenu aux plus belles heures de la publicité façon Oliviero Toscani et du slogan " United Colors of Benetton ".

Que vais-je retenir d'un tel salmigondis ? Un grand moment d'ennui et une nouvelle désillusion générée par la littérature française actuelle, cruellement en quête d'auteurs dignes de ce nom, d'auteurs dont on parlera encore dans cinquante ou cent ans. En somme, en ce qui me concerne à propos d'une éventuelle réconciliation avec la littérature actuelle, comme dit le perroquet de L'Oreille Cassée : « Caramba ! Encore raté ! »

Mais tout ceci n'est bien évidemment que l'expression de mon avis, n'ayant rien de capital, autant dire qu'il ne représente pas grand-chose.
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J ' ai été très déçue par ce dernier titre de Sylvie Germain. J' avais apprécié "Magnus"et beaucoup aimé " L' inaperçu" et "Jours de colère". L' histoire m' a parue sans intérêt et le style fabriqué. Sylvie Germain fait du Sylvie Germain mais on a l' impression que c' est sans grande conviction et que la veine s'épuise Dommage...
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C'est l'histoire de Barbara alias Liliane abandonnée par sa mère dès la naissance et élevée par son père. Celui-ci se remarie avec un ancien mannequin Viviane qui a déjà plusieurs enfants et une nouvelle famille se construit avec ses joies et ses drames .
Je n'ai guère ressenti d'émotions à la lecture de ce livre même si l'écriture est magnifique (certaines phrases sont très belles) il ne m'a pas touché comme l'avait fait Magnus. L'auteur passe trop brutalement d'un personnages à l'autre et je ne suis pas parvenue à savoir réellement qui ils étaient. Sauf celui de Barbara mais il est traité d'assez loin, reste assez fade et je n'ai pas adhéré. La première partie est très bien mais la seconde est survolée. Beaucoup de thématiques pas assez fouillées. Et puis les nombreuses descriptions empêchent une lecture fluide du roman.
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Je n'ai pas accroché avec ce livre que j'ai trouvé fade et un peu vide. Pourtant j'ai bien aimé ces petites scènes de vie et l'écriture fluide mais trop creux à mon gout.Peut-être suis je restée une lectrice trop en retrait pour bien profiter des sentiments dégagés par cette narratrice en mal d'amour, seulement se faire happé par un livre ça ne se commande pas!
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