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EAN : 9782330118204
304 pages
Actes Sud (06/02/2019)
3.63/5   23 notes
Résumé :
Les enfants sardes ne pleurent jamais, la douleur et la misère sont inséparables de la pudeur. Au lendemain du jour où l'homme débarque pour la première fois sur la Lune, le corps de Bachisio Trudìnu, berger sarde, est retrouvé non loin du village de Telévras, dans le sud de l'île. Quelques jours plus tard, son fils Matteo, un enfant surdoué que le curé du village a pris sous son aile, disparaît mystérieusement.

Jouant avec des points de vue différen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Gesuino Nemus est un pseudonyme. Nemus en sarde, cela signifie "personne". Dans ce premier roman d'un auteur venu à l'écriture sur le tard, le personnage principal s'appelle également Gesuino Nemus. C'est un gamin la plupart du temps, mais certains passage du roman montrent au lecteur Gesuino Nemus en clinique psychiatrique, la cinquantaine bien frappée... comme l'auteur du roman... J'espère que vous suivez... Ajoutons que le petit Gesuino Nemus du roman écrit des "livres"... et on aura compris que la réalité et la fiction s'entrechoquent pour la plus grande mystification du lecteur.

Gesuino et Matteo sont deux enfants de choeur. Ils aident Don Cossu, le curé. Matteo est surdoué. Gesuino est plutôt attardé. Il parle à peine. Il connaît cependant tous les bois des environs. Il sait débusquer un sanglier. Trouver des champignons. Et bien des choses encore avec des herbes, plus ou moins légales.

Les "livres" de Gesuino consistent en une seule page le plus souvent. le tout écrit en sarde. Il y révèle ce qu'il sait... Et ce qu'il sait, Don Cossu s'empresse de le faire disparaître. Car cela relèverait presque du secret de la confession. le père de Matteo est un malfrat en cavale. Enfin, en cavale "à la sarde"... c-à-d que tout le monde ou presque sait où il est à tout moment. Sauf les carabinieri, et encore! D'ailleurs, les seuls étrangers dans le village, ce sont les carabinieri. Car on ne va jamais remplir le poste de gendarmerie avec des locaux. On prend un Milanais, ou un du Nord en tout cas.

Mais un jour, le père de Matteo est retrouvé, mort. La mère de Matteo se suicide et c'est l'omerta qui s'installe. Qui? Comment? Et qui a vu quoi? Qui sait quoi? Tout le monde va se regarder et se jauger "à la sarde".

Jouissif mais complexe, voilà un roman policier qui ne dit pas vraiment son nom. Lecture pas évidente du tout. Mais très intéressante. On pase d'un narrateur à un autre. de Gesuino jeune à Don Cossu, puis d'un narrateur omniscient à Gesuino adulte, pour revenir sur Carlo, un journaliste touristique qui vient couvrir les beautés des paysages sardes...

Ce roman est aussi un sacré plaidoyer pour la Sardaigne. Entre le vin, le peccorino, les plats typiques et l'âme sarde... quel ravissement.

Perturbant et fascinant à la fois.
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Est-ce un roman policier?

Certes, il y a d'abord un disparu, une femme qui attente à ses jours, un autre disparu, un enfant….Nous suivrons l'enquête que mènent les autorités. Les autorités? le Maréchal, un gendarme piémontais dans un village de la campagne sarde est un parfait étranger, il ne parle pas la même langue, se heurte à l'omerta et se trouve plus souvent moqué que de raison.

Une chronique villageoise?

Le petit village est presque coupé du monde à l'heure où l'homme pose son pied sur la lune. Ses habitants vivent dans la misère :


A Telévras, le médecin est vétérinaire, et le curé Don Cossu sont les notables avec l'instituteur, un propriétaire terrien, le chauffeur de l'autocar….En dehors de la mortalité non élucidée, les évènements les plus notables sont les parties de chasse au sanglier et les soirées à boire le vin local : le cannonau ou d'alcool loccal plus fort le fildeferru.

Le sanglier est une prière. Avec les chiens c'est un rosaire. Sans chiens, un Te Deum. Sans chiens, de nuit et
illégalement, c'est l'Hosanna. C'était, à peu de chose près, l'incipit du texte contenu dans le cahier noir à liseré rouge, qu'il avait provisoirement intitulé Théologie du sanglier (selon Cossu don Egisto). Une oeuvre unique, écrite sous forme de journal intime qui, en d'autres temps, eût été vouée au bûcher.



Ce sont donc les écrits de Don Cossu qui ont donné le titre au livre. Don Cossu est un jésuite lettré, humaniste qui essaie de donner une bonne éducation à Matteo, le fils d'un bandit, et véritable prodige, et Gesuino, incapable de s'exprimer à l'oral qui a une vocation d'écrivain.


J'ai beaucoup ri et j'ai apprécié la couleur locale alors que j'ai lu ce livre en Sardaigne. Les nombreuses phrases en sarde ajoutent encore à la saveur du livre. La construction un peu compliquée avec des sauts dans le temps m'a un peu perturbée, mais pas plus que cela!

Une lecture très dépaysante!
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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« La théologie du sanglier » de Gesuino Némus . En juillet 1969 pendant que l'homme pose le pied sur la Lune , on découvre des cadavres à Télévras au Sud de la Sardaigne . Les carabiniers mènent l'enquête en vain , seul Don Cossu sorte de Don Camillo sarde ,et deux enfants Matteo dont les parents sont les victimes et Gesuino ,fils de personne, sont à même de résoudre l'énigme . Un roman sidérant , qui plonge le lecteur dans les arcanes d'une société à la fois fruste et raffinée , où l'étranger qui y débarque est d'une certaine façon sur la Lune aussi. le livre est aussi remarquable par son humour corrosif et l'étrange poésie portée par une langue et une culture fascinantes.
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Voilà un ouvrage qui vous transporte dans une narration aussi déconstruite qu'intelligemment structurée, avec un jeu sur la langue qui offre des logorrhées exceptionnelles ! Chapeau bas à la traduction, soit dit en passant. Avec ce roman, vous plongez dans un univers aussi festif qu'ambigüe, tout en vous offrant une intrigue de roman policier malgré tout, un vrai tour de force ! Cela m'a rappelé que j'avais un compte Babelio, alors hop, une petite critique pour remettre en avant un ouvrage qui le mérite. Grouik !
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Magnifique voyage en Sardaigne, on y mange beaucoup et picole aussi pas mal chez le curé (très) haut en couleur de ce petit village.
J'ai adoré les personnages hyper attachants, le roman pour moi est constitué de deux parties. La première est d'emblée intéressante même si il faut un petit temps d'adaptation au style, la seconde est superbe et émouvante.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Moi je crois que toutes les cultures sont subalternes, en soi. C'est seulement le moment historique qui fait s'imposer celle liée à l'économie la plus forte. Aujourd'hui, nous sommes pétris d'américanismes, mais ça passera. Ce n'est même pas la faute de la culture. C'est nous qui identifions le bien-être au modèles culturels, et nous pensons qu'en les singeant, nous pourrons obtenir les mêmes avantages concernant notre niveau de vie...
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Le carabinier Piras Jacheddu était un homme très simple et il fit simplement tout ce qu'un bon enquêteur doit faire dans ces cas-là: contaminer le plus possible la scène du crime.
Il commença par monter sur l'escabeau, prit Elvira par les pieds, desserra le noeud coulant et tomba avec ce petit bout de femme sur lui. Il fit en même temps toutes les erreurs possibles, réalisables et imaginables, polluant la scène avec ses godasses et ses doigts sales de sueur et de graisse de jeep parce que, si tu veux vraiment résoudre une affaire comme celle-ci, tu dois faire en sorte que personne ne puisse la résoudre
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Qu’ils vous disent que c’est leur cousin qui a volé des brebis ? Ici, ils sont tous parents. Au pire, ils se les volent entre eux, les brebis. À Pâques, ils mangent celles qu’ils ont volées à Noël et à Noël celles qu’ils ont volées à Pâques. Ils s’invitent entre eux, ça leur évite de s’entretuer.
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Il s’était mis à boire même pendant le travail, et il tenait beaucoup à ce que personne ne le sache, car il ne voulait pas que le village se moque de lui.
Il buvait dans la montagne, en silence, là où il avait commencé en tant que berger dépendant ; il le faisait comme tout le monde, à cause de la misère, parce que tu trouvais du vin bon marché et que souvent, c’était sous cette forme qu’on te payait les journées de travail.
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Les enfants sardes ne pleurent jamais
Parce que leurs pères et leurs mères
ont déjà trop pleuré pour eux
Mais moi je suis un enfant chanceux
Parce que je n'ai pas de père
Parce que je n'ai pas de mère
Et je demande pardon à tous d'être vraiment chanceux
Parce que pour moi le mistral pleure.
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