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EAN : 9782330082222
Actes Sud (04/10/2017)
3.8/5   38 notes
Résumé :
Dans une petite ville du Minnesota sauvage où les rivières deviennent lacs et les lacs rivières, le vieux Harry Eide fugue, désertant son lit de mort pour la forêt profonde. On ne le retrouvera pas. Les deux êtres qui l’ont le plus aimé – Gus, son fils, et la discrète Berit, son grand amour longtemps resté en lisière de sa vie – se racontent cet homme qui gouverna leur monde tout en leur échappant. Sous le règne implacable de la nature, souple, fluide, silencieux ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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En cette journée terriblement froide d'hiver, Harry Eide, un homme âgé devenu sénile, fugue vers la forêt septentrionale. Son fils, Gus, est venu annoncer la triste nouvelle à Berit, sa compagne depuis 30 ans. Malgré les empreintes repérées en amont de la rivière, malgré les recherches effectuées aussi bien par le shérif et son équipe que les bonnes gens de Gunflit, l'homme reste introuvable au bout d'une semaine. Gus, lui, est certain qu'on ne le retrouvera pas. Sur son insistance, les recherches s'arrêtent, laissant Harry au monde sauvage. de visites en visites, Berit et Gus se rappellent l'homme qu'il a été mais aussi ce fameux hiver de 1963, 33 ans plus tôt, où Harry décida d'emmener son fils en expédition en canoë, vers le Nord, pour y passer l'hiver...


C'est en plein coeur du Minnesota sauvage et glacial que Peter Geye nous entraine sur les pas de Gus et de son père, Harry. Depuis la fugue de ce dernier, son fils, en compagnie de Berit, remontera au fil des visites son aventure lors de l'hiver 1963. Que cherchait vraiment Harry lors de cet hivernage ? Fuyait-il aussi quelque chose à cette époque ? Un épisode qui marquera à jamais père et fils : de terribles conditions de survie, une nature hostile et impitoyable, des silences assourdissants, une solitude pénétrante. L'auteur dépeint avec force et finesse cet environnement sauvage ainsi que les sentiments si intenses qui animent chacun des protagonistes. Alternant passé et présent, ce roman d'aventure oscille entre la tragédie de cette expédition et les confidences de Gus et Berit. Un récit habité par des personnages rustres, taiseux, fuyants, au passé lourd. La plume de Peter Geye, envoûtante et descriptive, nous plonge dans une ambiance âpre, rugueuse et glaciale.
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Je reviens d'un long voyage dans la région des lacs, dans l'état du Minnesota. J'ai ralenti la lecture comme on ralentit pour avancer dans la neige, quand celle-ci entrave les pas, pour observer les alentours, les arbres, les étendues d'eau qu'il faut franchir coûte que coûte, pour m'imprégner des mots, des sensations, des odeurs transmises par l'écriture, pour être au coeur de cette nature majestueuse et indomptable.

Harry disparaît, il se réfugie dans ses forêts, dans ses terres d'eau, ses rivières et ses lacs car même au coeur de la maladie qui emporte ses pensés, il a encore l'intuition qu'il peut choisir la façon dont il va quitter sa vie.
Gus, son fils, sans espoir, part pour le retrouver, tous le cherchent, une traque pour essayer d'être plus rapide que la décision qu'a prise Harry. Ils ne retrouveront que son bonnet dont le pompon a été remplacé, par son propriétaire, par un flotteur en liège : ultime signal envoyé, dernier mot d'adieu, dernière évidence d'une décision librement choisie.

Gus et Berit - celle qui a toujours su qu'elle attendrait à jamais la présence d'Harry dans sa vie, évoquent leurs souvenirs : ce père et ce compagnon qu'ils ont aimé, attendu, qu'ils ont parfois davantage deviné que compris. Gus évoque "le" Harry de ce temps passé en pleine nature pour hiverner loin de tout, dans la cabane au milieu de cette forêt, de l'importance de cette cartographie qui les a amenés jusque là, alors qu'il n'avait pas encore dix-huit ans et Berit fait revivre  "le" Harry jeune homme, celui qu'elle a tant espéré et aussi l'homme mur qu'il est devenu et dont elle a enfin pu partager l'existence au lendemain de cette hivernage tragique.

Le même personnage mais vu par des regards différents qui sculptent un être secret, farouche, volontaire, opiniâtre, parfois ambivalent, nimbé de mystères. Ces mêmes regards et souvenirs ressuscitent la petite ville de Gunflint, ses habitants, ses destins d'émigrés, ses jalousies, la corruption, la violence, la cruauté et même la folie qui l'habitent.


C'est un magnifique récit choral qui laisse la nature souvent hostile et dangereuse prendre possession de notre âme, provoquer les rencontres avec ses occupants : ces animaux que l'on admire, que l'on craint, que l'on accueille en partage pour survivre, si différents de la rencontre humaine qui n'est que violence et abjection, ces indices que l'on croise qui sont autant de clefs pour comprendre Harry.
C'est la rencontre d'un homme, d'une communauté, de destinées souvent marquées par la solitude et le chagrin.
C'est la rencontre d'un fils et d'une femme éprise, d'une famille qui se reconstruit au fil des souvenirs empreints de nostalgie.



Une fois le livre refermé, Berit, vous êtes toujours assise auprès de moi... Et pour longtemps, vous y resterez, je pense. Je ne vous oublierai pas.
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Gunflint, dans le Minnesota, un matin d'hiver affichant une température bien négative, Gus vint frapper chez Berit. Déjà, en novembre, il était venu lui annoncer que son père, Harry, était parti dans les bois. Un départ sans retour possible selon lui, persuadé dès lors que les recherches seront vaines. Cette fois-ci, dans ses mains, le bonnet de laine rouge de son père, un bonnet privé de son pompon habituel remplacé par un flotteur en liège. Ce simple objet retrouvé brise le coeur de la vieille Berit, pour elle il représente « la preuve de l'ultime peine de coeur » qu'elle peut encore ressentir si intensément pour le seul homme qui ait compté dans sa vie.
Se réchauffant de tasses de café, assis à côté de Berit, Gus veut tenter de comprendre ce départ. Celui-ci peut-il être, enjambant toutes les années traversées depuis, un pont suspendu vers un autre hiver, alors que lui-même était tout jeune, à peine dix-huit ans, trente-trois ans plus tôt ?

Alors Gus parle et Berit donne forme aux souvenirs de ce fils qu'elle aurait pu avoir si Harry l'avait choisie, elle, dès le début. Face à Gus qui lui renvoie l'image de son père, avec ce même sourire, ce choix identique des mots, ces mêmes gestes, elle retourne aussi dans le passé, son passé, ce temps où elle attendait le bonheur qu'elle espérait tant et qui a fini par venir après le divorce d'Harry.

Mais revenons au récit de Gus, celui qui emmène le lecteur, alors que l'hiver 1963 pointe son nez, dans une expédition vers le Nord. Pourquoi, subitement, cette proposition d'un père à son fils de partir hiverner ? Harry avait planifié ce départ de longue date mais Gus en ignorait tout. Est-ce juste une aventure, le désir de partager une excursion avec son fils, ou bien une envie d'échapper à une vie devenue difficile, une fuite ?
Nous guidant magnifiquement « au fin fond du monde sauvage », Peter Geye nous confronte à ce duo plutôt mutique, nous laissant alors tout le loisir de saisir cet espace fait de rivières, de lacs, de gouffres et de précipices. Les canoës chargés sont poussés sur la rivière. Des eaux indomptables, des pagaies plongées dans le courant, des bois dénudés où le souffle glacé nous transperce. La voix puissante du père entonnant des chansons françaises, la mandoline de Gus au coin du feu, les étoiles apparaissant au-dessus de leurs têtes. La ligne lancée pour que quelques filets de brochets complètent le riz dans les assiettes en étain.
Les chutes qui se succèdent nécessitent de nombreux portages, les avancées suivent les sinuosités de la rivière vers le Bois Brûlé puis au-delà, vers les régions frontalières avec le Canada, jusqu'à une cabane où ils poseront leurs sacs.
Derrière eux, de plus en plus loin, la vie à Gunflint, le clan des Aas et leurs affaires douteuses…

Berit vient compléter l'histoire d'Harry, ses propres visions et sentiments envers cet homme diffèrent de ceux de Gus. Son regard sur ses proches, et surtout sur ses ascendants est empreint d'indulgence. Car dans tous les souvenirs évoqués, les conflits et mésententes intergénérationnels se transmettent au sein de cette famille d'origine norvégienne. Les générations précédentes ont laissé des séquelles ressenties dans l'histoire présente, laissant filer aussi de tristes solitudes. Et pour Berit, rien n'est plus beau que le privilège d'être aimée.

Ce roman, c'est un père, un fils, au beau milieu d'un monde sauvage, une femme fidèle à son tout premier sentiment amoureux qui fait ressurgir, avec émotion, tout le passé d'un homme. C'est aussi la répercussion d'ondes provenant des ancêtres, les secrets des uns et des autres rejaillissant dans les vies d'aujourd'hui.

La nature humaine s'affronte dans une nature accidentée qui donne tout son relief à cette lecture magnétique.
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Un genre littéraire qui n'est pas fait pour moi. Je le savais dés le départ. Mais j'aime les challenges. Je m'ennuie souvent même si la nature est bien décrite, les personnages attendrissants et une plume agréable.
Un homme disparaît Harry. Son fils et sa compagne vont retracer la vie de cette homme pas comme les autres. Pourquoi a t'il choisi de tout quitter et abandonner les personnes qui l'aiment le plus. Pourquoi faire ce choix de mourir seul et en pleine nature?
Un choix de vie pour Harry que sa famille aura du mal à comprendre.
De très beaux paysages décrits où la nature joue un rôle essentiel dans ce roman. Peter Geye fait vivre cette nature tantôt calme, silencieuse, hostile.... Harry va jouer avec cette nature qu'il considère comme sa maison. Il veut la comprendre, la manipuler....
Malgré histoire profonde, je n'accroche pas. C'est trop soporifique pour moi. désolée pour Peter Geye.
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Je pense que ce roman ne se serait jamais retrouvé entre mes mains, s'il n'avait pas été mis en avant par le Picabo River Book Club, un club de lecture sur Facebook consacré à la littérature nord-américaine. "L'homme de l'hiver" fait partie de ces livres "discrets" noyés dans l'avalanche de titres de chaque rentrée littéraire et je suis très contente de l'avoir découvert.

L'histoire commence avec la disparition de Harry Eide qui a fugué et ne sera jamais retrouvé. Il est atteint probablement de la maladie d'Alzheimer, même si ce terme n'est jamais utilisé. Nous sommes dans le Minnesota, à Gunflint une petite ville perdue entre quelques milliers de lacs, près de la frontière canadienne. On fait connaissance avec Gus, le fils de Harry, et Berit, celle qui l'a toujours aimé. C'est grâce aux échanges entre Gus et Berit que nous connaîtrons l'histoire de la famille Eide. Berit se remémore son arrivée dans le Minnesota où elle a été envoyée par son père pour travailler dans un bureau de poste et s'occuper de la mère de Harry. Gus se rapelle l'hiver 1963, l'année où son père a décidé de l'emmener dans une longue excursion à la découverte de la nature sauvage.

J'avoue que je n'ai pas été conquise dès le début. Il m'aura fallu un peu de temps pour entrer dans cette histoire entrecoupée de nombreuses descriptions de la nature tout aussi belle et majestueuse que hostile et impitoyable. En semaine où je n'ai pas beaucoup de temps pour lire ma lecture a été souvent interrompue ce qui m'a probablement empêchée de l'apprécier dès les premières pages, d'autant plus que le rythme est plutôt lent. le roman m'a vraiment captivée au moment où cette escapade dans les contrées sauvages a pris son sens. A partir de ce moment-là je suis allée au bout d'une seule traite ce que l'arrivée du weekend a rendu possible.

J'ai aimé Berit, son dévouement et son amour infaillible pour Harry, j'ai aimé son histoire et celle de la famille Eide, étroitement liée à l'arrivée des immigrés norvégiens au XIX siècle. J'ai été prise d'affection pour Gus, son courage et son admiration pour son père. J'ai finalement pris goût à pénétrer dans une Amérique qui m'est peu connue et que l'auteur, originaire du Minnesota, décrit à merveille.
Lien : https://edytalectures.blogsp..
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
20 avril 2022
Peter Geye poursuit l’histoire du clan Eide dans un roman où l’aventure prend diverses formes. Envoûtant.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Je suis convaincue que pour chaque personne, il existe, à partir de l'endroit ou de l'instant où la vie emprunte enfin – pour le meilleur ou pour le pire – sa voie prédestinée, un moment ou un lieu où convergent les quatre points de la boussole. Pour certains, (…), ce fut un moment paisible. (…) Mais d'autres, sans doute plus nombreux, sont pris au dépourvu par l'événement. Non seulement ils ne le voient pas venir, mais parfois ils ne sont même pas capables de suivre son sillage ni de se rendre comte qu'il a eu lieu. J'ignore quelle approche est la meilleure, et s'il est parfois bénéfique de ne rien savoir du tout.
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Indomptable, ingouvernable, impitoyable, la nature se fichait de lui et de ses pensées présomptueuses. Ce n'était pas une chimère. C'était réel et il devait l'habiter, pas seulement la visiter. Non, pas l'habiter. Y survivre. Il devait survivre. Il prit donc sa boussole, l'orienta une fois dans chaque direction, et estima que le monde était simple si on le laissait en paix.
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Au bout d'une heure il atteignit le bord de la falaise, découvrant un lac à ses pieds. De vastes ondulations grises se déployaient devant lui. Il estima qu'il pouvait voir à cinquante kilomètres. La moitié de la distance qui le séparait de chez lui, à vol d'oiseau. Même sous ce soleil éclatant, le monde était terne, dénué d'espoir, et pour la première fois depuis sa naissance il en perçut la réalité. Il vit ce qu'il représentait.
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-"Je déteste cet endroit, dit Gus au bout d'un moment. Je le déteste parce qu'il (mon père) le haïssait. Tout ce que j'aime ou déteste. Tout ce que je sais. Tout ce que je ne sais pas. Tout cela, c'est à cause de lui.
- Ca ne peut pas être vrai.
- Ca l'est des choses qui comptent le plus."
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C'est vrai, ils [les enfants] nous apprennent à aimer d'une manière dont nous n'aurions jamais cru être capables, n'est-ce pas ? (…) Ce commentaire est resté gravé dans ma mémoire et je me suis souvent demandé ce que j'avais manqué en ne devenant pas mère moi-même.
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