« Que Michel de Ghelderode (1898-1962) soit une des hautes pierres émergeantes […], qu'il soit pour certains le plus grand dramaturge depuis Shakespeare, ne nous occupe ici qu'en vertu des rapports que ses Contes Crépusculaires entretiennent avec le théâtre, avec son théâtre.
[…] Ghelderode est un homme de décors. […]
[…] Pour qui connaît l'homme, ses tics, ses goûts, ses itinéraires, il n'y a pas à douter. Voilà le montreur de marionnettes qui, las de tirer anonymement les ficelles, bondit sur la scène […] ; il voudrait fuir, mais les murs du décor se sont refermés sur lui, et le voilà prisonnier des phantasmes qu'il a créés. Presque damné...
[…] « ... le conte, m'écrivait Ghelderode, a une valeur de confession, dans mon cas, et qui a bien lu ces récits sait tout de mon âme, si lisible, si désarmée devant le Mystère, au seuil de l'univers métaphysique. » (Henri Vernes)
« […] Ceux qui m'ont connu savent que j'apprécie tout ce qui s'éclaire par le sourire de la Folie. […] » (Michel de Ghelderode, le jardin malade)
« […] Il existe d'extraordinaires crachats, montés des profondeurs – marbres, métaux, émaux, huiles saintes, gemmes ; d'admirables, pour peu que le soleil veuille luire dessus. Mais il y a longtemps que l'astre de Josué s'est détourné de moi, qui suis un type dans le genre du vieux Job.
[…] » (Michel de Ghelderode, L'odeur du sapin)
0:00 - L'écrivain public
30:02 - Générique
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Bandes sonores originales : Pavlina Roscakova and Denis Bango - Improvisation 3 | Swelling - Night I | Haunted Me - Clearing At The End Of The Path | Hinterheim - Catch the rain
Improvisation 3 by Pavlina Roscakova and Denis Bango is licensed under a Attribution-NonCommercial-ShareAlike License.
Night I by Swelling is licensed under a Attribution License.
Clearing At The End Of The Path by Haunted Me is licensed under a Attribution-NonCommercial License.
Catch the rain by Hinterheim is licensed under a Attribution-NonCommercial-NoDerivatives 4.0 International License.
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#MichelDeGhelderode #Sortilèges #LittératureBelge
Michel de Ghelderode/5
3 notes
Résumé :
Tel que le fit aux anciens jours Messer Kwiebe-Kwiebus philosophe des dunes
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Critiques, Analyses et Avis (2)
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Comme il est agréable de retrouver ici mon cher ami Michel de Ghelderode, ami oui !, cet écrivain qui a peuplé ma jeunesse de tout l'imaginaire et la sapience littéraire belges. Oui, inspiré je l'ai été par ce théâtre faussement vieillot, baroque aux racines profondément ancrées dans l'histoire et l'âme de mon plat pays et de notre ville natale. Oui inspiré par ces contes fantastiques qui sentaient l'antiquaire empaillé ou les souvenirs trop longtemps prisonniers d'une malle ou un coffret inviolable.
C'est la première édition que j'ai en mains (trouvée à Montéral - pourquoi pas ! - le vieux sorcier m'aurait-il suivi jusqu'ici ?), illustrée de façon truculente par Victor Stuyvaert.
Ghelderode nous raconte une fable, nous retranscrit un voyage imaginaire mais bien réel aussi.
Parcours d'un philosophe qui veut voir du pays, va de déception en désillusion et se console dans la quiétude de sa solitude retrouvée.
Fable car la morale toute évidente de modération et recul nécessaire face à la folle histoire du monde ambiant se tire tout au long du périple. Réel car les décors qu'il nous emmène visiter sont bien ceux de la Flandre, de la côte belge au Brabant.
Voyage imaginaire surtout parce que les lieux évoqués, les personnages mis en scène sortent tout droit des tableaux des grand maîtres (Brueghel en tête), des proverbes et légendes du temps passé, des dictons du plat pays.
Pour terminer je vous confierai un secret : les villes flamandes sont magiques, si, si ! Si vous ne me croyez pas relisez un de mes Dentelles des Flandres !
C'est la première édition que j'ai en mains (trouvée à Montéral - pourquoi pas ! - le vieux sorcier m'aurait-il suivi jusqu'ici ?), illustrée de façon truculente par Victor Stuyvaert.
Ghelderode nous raconte une fable, nous retranscrit un voyage imaginaire mais bien réel aussi.
Parcours d'un philosophe qui veut voir du pays, va de déception en désillusion et se console dans la quiétude de sa solitude retrouvée.
Fable car la morale toute évidente de modération et recul nécessaire face à la folle histoire du monde ambiant se tire tout au long du périple. Réel car les décors qu'il nous emmène visiter sont bien ceux de la Flandre, de la côte belge au Brabant.
Voyage imaginaire surtout parce que les lieux évoqués, les personnages mis en scène sortent tout droit des tableaux des grand maîtres (Brueghel en tête), des proverbes et légendes du temps passé, des dictons du plat pays.
Pour terminer je vous confierai un secret : les villes flamandes sont magiques, si, si ! Si vous ne me croyez pas relisez un de mes Dentelles des Flandres !
Dans l'esprit d'un Rabelais, d'un Voltaire, d'un Diderot et de ces contes philosophiques entraînant et plein de sens et de non-sens qui font vriller l'esprit à l'air dans les airs, qui font traîner les pieds dans la terre, et tourner en bourrique.
On fait un tour de manège, côté Flandre, une fois.
Ghelderode a une langue, Ghelderode a un amour, Ghelderode est Belge.
Qui aime son pays, aime le monde ou qui aime le monde aime son pays.
Ghelderode a trouvé sa place, depuis longtemps. En dire autant est peut-être l'objectif d'une vie.
Cette critique ne ressemble à rien, tout à fait à côté, coeur de cible, coeur de boeuf, lisez si vous trouvez, vous n'en mourrez pas. Sinon.
On fait un tour de manège, côté Flandre, une fois.
Ghelderode a une langue, Ghelderode a un amour, Ghelderode est Belge.
Qui aime son pays, aime le monde ou qui aime le monde aime son pays.
Ghelderode a trouvé sa place, depuis longtemps. En dire autant est peut-être l'objectif d'une vie.
Cette critique ne ressemble à rien, tout à fait à côté, coeur de cible, coeur de boeuf, lisez si vous trouvez, vous n'en mourrez pas. Sinon.
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Mais il s'égara dans une région qui, de loin, lui avait semblé extraordinairement illuminée. « Où donc suis-je? » s'écria-t-il en atteignant la frontière. Une voix répondit :
«- Dans la république des chandelles !...
- Pourquoi république? demanda Kwiebus à l'invisible interlocuteur.
- Parce que nul en cet état ne voulut se laisser proclamer roi !...
- Et pourquoi chandelles ?...
- Parce que chandelles aident à clairvoyance ! »
«- Dans la république des chandelles !...
- Pourquoi république? demanda Kwiebus à l'invisible interlocuteur.
- Parce que nul en cet état ne voulut se laisser proclamer roi !...
- Et pourquoi chandelles ?...
- Parce que chandelles aident à clairvoyance ! »
Et il avisa contre le mur d'une église un guenilleux mendiant portant sur son ventre cet écriteau « Muet de naissance ».
Kwiebus, avec amertume, lui dit :
- « Que tu es heureux et sage de ne parler jamais ! Car si trop parler nuit, parler nuit encore. Vraiment, je l'expérimente, le silence est d'or ! »
- «A qui le dis-tu !... » s'exclama le muet mendiant qui comptait sa recette.
Kwiebus, avec amertume, lui dit :
- « Que tu es heureux et sage de ne parler jamais ! Car si trop parler nuit, parler nuit encore. Vraiment, je l'expérimente, le silence est d'or ! »
- «A qui le dis-tu !... » s'exclama le muet mendiant qui comptait sa recette.
Si j'en crois votre aspect, vous êtes, pour toute profession, cocus, citoyens de la république des chandelles. Je vous estime donc, car cocus sont gens bien-faisants, amitieux, débonnaires et méritoires, en raison directement proportionnelle de leur degré de cocufication. Je vous salue, compères cornards, et comment ! Vous m'êtes sympathiques en vos trophées.
Les écluses refermées, on s'en alla boire, et la bière piquante fut pour Kwiebus un nouvel émoi. Il en eût l'âme transfigurée. Et nul ne trouvait rien à dire, sin on que le temps avait passé et que, le temps passant, la vie passait de même. Et l'on rebut de la bière. lors seulement quelqu'un s'avisa de mander au benoît garçon si le métier de philosophe l'avait enrichi. Kwiebus faillit lui répondre que le but de la philosophie n'est pas de s'enrichir et que, d'ailleurs , les beaux esprits n'avaient pu - depuis qu'il existe des philosophes - définir la philosophie de manière agréée par chacun et trétous, mais il s'en garda bien !
Ayant parlé ensemble de la randonnée par les Flandres et ailleurs, ils conclurent que tout cela était fort indifférent et que les voyageurs futurs ne verraient pas autre chose. Et Kwiebus, le cerveau aéré par le vent, culotta de blanches pipes de Gouda, regarda les petites lampes sur la mer, et dormit quiètement, sans plus se préoccupe du siècle ni des hommes jusques à la dernière étoile pâlie. Les signes du zodiaque tournèrent bien des fois à la roue noire et bleue du zénith. Mais jamais plus Kwiebus n'eût le désir du monde.
ITA EST.
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