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EAN : 9782876235182
268 pages
Michel de Maule (03/10/2013)
4/5   1 notes
Résumé :
Il y a encore quelques mois, je ne savais rien ou presque de l'histoire de mes ancêtres. Il m'a fallu ouvrir ces cartons anonymes qui s'entassaient dans un grenier familial pour y découvrir, nichée dans mon ascendance, une véritable histoire du judaïsme français. Mon arbre généalogique, au départ si mystérieux, s'est transformé au gré de mes recherches en une série de destins qui donnait à voir la naissance et l'épanouissement d'une élite israélite, à qui il est pro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
C'est clair ! Ce n'est pas un roman policier ! (Bon, là, déjà, je viens de perdre tous les likes potentiels des inconditionnels de la Série Noire.) Mais... A l'instar des polars, c'est à la toute fin, à la lecture de l'épilogue, que le lecteur, déjà bien nourri de l'oeuvre, de ses thèmes et de leur traitement et s'apprêtant à fermer le livre et à réfléchir à sa prochaine critique d'enfer, est surpris par un rebondissement plutôt inattendu.

Première morale de l'histoire : IL FAUT TOUJOURS LIRE LES LIVRES JUSQU'AU BOUT !

Cet imprévu est de l'ordre du sentiment de la page qui se tourne. En effet, le récit essentiellement historique de l'ouvrage est centré sur l'impérieuse quête de reconnaissance et d'intégration de grandes familles juives du 18e au 21e siècle dans la nation et la société françaises. Or, ce qui est remarquable, c'est qu'au fil des générations et indépendamment de leur région d'appartenance, cette volonté se manifeste avec la même force, et surtout qu'elle va de pair avec une autre résolution tout aussi forte, celle de vivre librement leur judaïsme. Or, il apparaît que sur ce point de la religion, les ultimes rejetons du 21e siècle – dont un des auteurs fait partie –, ne semblent pas avoir la même ferveur que leurs ancêtres. Bien sûr, ils continuent de se revendiquer juifs mais ne le sont plus stricto sensu et en ont perdu de facto la pratique. Leur judéité n'est plus le judaïsme. Elle est donc plus du domaine de la culture, des racines et de l'histoire familiale que de la religion.
Au regard de leur généalogie exemplaire, cela interroge un tantinet :
· Y a-t-il véritable fidélité à cet héritage ?
· le fait de gagner cette reconnaissance citoyenne impliquait-il peu ou prou la dilution, l'assimilation ?
· de telles conséquences étaient-elles finalement inéluctables ?
· Les aïeux ont-ils joué avec le feu ? Ont-ils finalement échoué ?
· le judaïsme peut-il se pratiquer au sein d'une société laïque ?

On pressent l'existence de quelques dilemmes pour ces dernières générations ; dans le livre ils se traduisent notamment dans l'emploi de termes à leur égard comme ‘juif non-pratiquant', ‘juif laïc', ‘Français d'origine juive'. En tout cas, l'auteurdernierrejeton souhaite montrer par cet ouvrage, à la fois dans son contenu et à la fois par l'existence même de celui-ci, que la réponse à ces questionnements est positive, et qu'il s'inscrit bien dans la continuité de ses ancêtres.
On peut ne pas être d'accord.

Deuxième morale de l'histoire : Y A PLUS DE JEUNESSE !

Au-delà de ces débats, on peut toutefois reconnaître que la fierté de l'auteur envers ses ancêtres est totalement légitime. En effet, l'histoire de ceux-ci est édifiante. Particulièrement par leur volonté d'exemplarité et d'excellence. Leur foi absolue dans la France et dans l'intuition que ce pays est le leur et celui de leur liberté, a toujours perduré malgré les hauts et les bas, les discriminations, les rejets qui ont jalonné ces parcours. Cette certitude s'exprime notamment au travers du pari du légalisme que tous pensent être LA solution de leurs démarches.
Leurs multiples réussites semblent être là à la fois pour témoigner de leur engagement total au service de cette vision et pour en valider la justesse. En effet, ils ont de tout temps et partout contribué très fortement au développement de la vie politique, industrielle, commerciale, financière de la France (rien de moins !). Ils ont également occupé les plus hautes fonctions de l'Etat (ambassadeurs, généraux, députés, hauts fonctionnaires...) et reçu les plus hautes distinctions. L'histoire de ces familles est donc bien au coeur de l'Histoire de France.

Au-delà de l'intérêt historique et des quelques questions déjà évoquées, cette saga a également une dimension sentimentale liée au fait qu'elle implique personnellement un des auteurs. C'est en effet la fierté de celui-ci qui est exprimée tout au long de l'ouvrage.
Ainsi, au fur et à mesure que l'Histoire se rapproche de notre époque, l'historien laisse la place à l'héritier. Et, ce glissement des rôles culmine évidemment avec la narration de la vie de son grand-père tant admiré. Cette admiration légitime semble être même l'origine de tout le projet du livre, comme si pour donner toute son importance à ce grand-père et le mettre suffisamment en valeur, il avait dévidé la belle pelote de la vie des ancêtres.

En conclusion, l'intérêt du bouquin est qu'il ne correspond pas qu'à un seul genre (livre d'Histoire, saga familiale), qu'il est guidé par un questionnement à la fois actuel et de toujours (qu'est-ce qu'être français pour un juif ?). Ces caractéristiques marient ainsi le côté instructif, une actualité sur quelques problématiques sociales et spirituelles ainsi qu'une dimension bien humaine, faite de chair et d'âme ; tout ceci concourant à en faire un livre plaisant et intéressant.

Troisième morale de l'histoire : CET OUVRAGE N'EST VRAIMENT PAS UN ROMAN POLICIER !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Pour les juifs de la péninsule ibérique, la fin du quinzième siècle marque donc la fin d’un âge d’or relatif et le début de leur dispersion en diaspora.
De nombreux juifs espagnols et portugais deviennent alors des « conversos » ou « marranes », se convertissant en apparence au catholicisme pour sauver leur vie et pouvoir continuer à demeurer dans les royaumes péninsulaires : tous s’efforcent alors de « servir dans leurs cœurs » la religion de leurs ancêtres. Mais, s’il leur est possible de rester fidèle aux principes du judaïsme dans le secret de leurs foyers, ils se voient imposer par le pouvoir royal l’obligation de porter en public des noms hispanophones, inspirés de ceux des grands d’Espagne ou des villes dans lesquelles ils résident. Après le baptême forcé, c’est là un second déchirement pour ceux « qui avaient conservé pendant les longs siècles de leur séjour en Espagne les noms que l’on retrouve dans la Bible et qui remontent aux temps les plus reculés. » Ils abandonnent alors les noms de Coen, Nahon ou Sarfati pour devenir des Almeida, Soria ou Léon.
Beaucoup de ces juifs convertis souffrent en outre des persécutions des inquisitions espagnole et portugaise (créée en 1536), qui, au cours des seizième et dix-septième siècles, les obligent à faire sans cesse la preuve de la sincérité de leur conversion et à pratiquer leur nouvelle religion selon les rites d’une orthodoxie catholique poussée à l’extrême.
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Du début du seizième siècle à la fin du dix-huitième siècle, la communauté juive autour de Bayonne voit sa taille augmenter de façon spectaculaire, attirant peu à peu les familles à Saint-Esprit par une lente rejudaïsation et par de remarquables perspectives économiques. En 1750, certaines sources avancent que 3 500 juifs vivent à Saint-Esprit, soit plus des trois quarts de la population... alors que la population juive déclarée n'était en 1633 que de 60 personnes !
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ce rôle de l'assimilation semble en même temps très limité car tous, nous nous sentons impérieusement juifs. L'héritage spirituel et historique transmis par nos grands-parents reste fondamental. Et si la génération de leurs arrière-petits-enfants ne suit aucun enseignement religieux, elle apprend l'importance du judaïsme dans sa propre histoire et mesure déjà la responsabilité qui lui incombe au regard de sa prestigieuse ascendance. Juifs non-pratiquants, juifs laïcs, Français d'origine juive : peu importe le qualificatif, si ce n'est que la religion de nos ancêtres reste un élément fondamental de notre identité.
En somme, se dessine là le portrait d'une famille française contemporaine, attachée à son histoire et à ses origines, fière de son passé et bien ancrée dans le présent. Une famille française normale ? Peut-être. Sans doute. Mes ancêtres, ces 'Français israélites' dont je vous ai raconté l'histoire, apprécieraient en tout cas ce qualificatif, eux qui se sont battus pour leur intégration.
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Malgré cet élan des juifs en faveur de la France, les années qui suivirent la défaite de 1870 furent celles de la naissance d'un véritable antisémitisme politique en France, fondé sur le mythe du complot juif. La défaite face aux Prussiens à "plongé la France dans le doute". L'antisémitisme et la peur des étrangers marquent la société française et l'époque se caractérise par une nouvelle façon de manifester la haine des juifs. Les préjugés les assimilent aux Prussiens et les accusent de représenter l'ennemi intérieur. Les israélites - environ 700 000 en France en 1890 - deviennent alors la cible privilégiée de la droite nationaliste, qui les considère comme un corps étranger, enclin à la trahison. À gauche de l'échiquier politique, l'antisémitisme existe aussi, les juifs représentant pour certains le "capitalisme apatride" qui opprime les travailleurs.
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