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Les loups de Walburg tome 1 sur 5

Lucile Kos (Autre)
EAN : 978B085VFDHRK
316 pages
Juno Publishing (07/05/2020)
4.12/5   12 notes
Résumé :
Germanie, Province de Walburg, 1360. Huit années après la fin de l’épidémie de peste.

Arn est apprenti-bottier dans la ville fortifiée de Walburg, capitale de la Province du même nom.

Ou plutôt, il l’était.

Surpris en plein ébats avec Günther, il est contraint à fuir la ville en pleine tempête de neige tandis que son beau forgeron est fait prisonnier par la Garde de la Ville. La justice de la Ville, sous la houlette de Ma... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
« S'appuyant sur des contextes historiques documentés retraçant cette époque particulière de l'histoire, George J. Ghislain nous fait rêver aux amours impossibles, aux quêtes improbables, avec le souci de l'authenticité émotionnelle qu'on lui connaît. Il aura pour ce faire des alliés inattendus. Les Loups de Walburg… et leurs loups. »



Merci de nouveau à Maïwenn des éditions Juno Publishing pour m'avoir envoyé ce premier volet. le fait que ce soit un historique et qu'il y a une histoire de loups m'a attiré. Il s'agit bien d'un historique et non d'un fantastique, donc nous restons dans la réalité. Une réalité qui fait froid dans le dos car dans un sens elle a existé, il y a bien des années et probablement pire que celle écrite.

En 1360, alors que la peste a fait rage il y a une dizaine d'années, Arn, orphelin des suites de cette maladie noire, est apprenti Bottier à Walburg, en Germanie, pour un homme qui compte lui donner son entreprise lorsqu'il arrêtera de travailler. Günther, l'un des fils du forgeron, se rapproche de lui, d'une manière que les bien-pensants, clergé et autres personnages qui ont le droit de tout détestent. Comment un homme peut aller avec un autre homme alors qu'il y a des femmes prêtent à écarter les cuisses de gré ou de force, bien entendu ? Arn et Gübther s'aiment et font ce qu'ils peuvent pour que personne ne s'en rende compte. Sauf que Günther a un frère, Otto, qui est au courant et préfère prévenir la garde du prince-évêque pour les amener en prison. La prison, ce lieu de perdition où les gardes font ce qu'ils veulent : torturent, viols en groupe, tout est bon pour mettre l'être humain au rang de rat, et même plus bas que terre. Jusqu'à la pendaison, ou le feu au choix ! Günther est une force de la nature et le soir où ils sont découverts, il jette son amant par la fenêtre pour qu'il est une chance de s'en sortir. Alors que lui-même sait ce qu'il va subir.

Arn est sauvé, mais à quel prix ? Il fuit sa ville, son métier, ses amis, son amant pour la forêt profonde, enneigé, gelé, glaciale. Sa vie ne tient qu'à un fil, celle de rester en vie pour Günther, pour que son choix, pour que son sacrifice ne soit pas vain. Et peut-être, oui je dis bien peut-être que Arn arrivera à aller le sauver ? Arn est encore tel un enfant, à peine vingt ans, il a pourtant eu de la chance depuis sa naissance, étant le seul a avoir survécu de la peste, retrouvé par un vieil homme qui lui a appris à travailler le cuir, lui mettant un métier en or entre les mains. Et puis il a trouvé l'amour, le véritable, celui qui est capable de se sacrifier pour l'autre. Cette nuit, Arn se rend compte de tout ce qu'il a vécu, les souvenirs affluent, les bons comme les moins bons, mais ce qui restent le maintient en vie. Jusqu'à ce qu'il tombe et soit retrouvé par des loups. L'aventure commence de nouveau pour ce jeune homme qui se demande ce que l'avenir peut bien lui réserver.

1360... Une période sombre pour tout le monde. Les femmes sont mariées de force pour un échange de bout de terre ou pour renflouer une dette, les enfants envoyés au travail, les paysans sont martyrisés, les nobles ont beau avoir de l'argent et du pouvoir, ils sont sur le fil du rasoir d'une lame qui peut leur tomber dessus sans bruit. Et ceux qui n'aiment pas le sexe opposé ne vivent pas vieux et leur fin de vie est si horrible que la mort devient une délivrance. Sans oublier que la population vient voir ces morts, par pendaison, par le feu afin de penser qu'ils sont encore en vie et que c'est une chance d'être en bas et non sur l'échafaud. Ce n'est une vie pour personne et l'auteur le fait très bien ressentir. Les mots qu'ils utilisent sont à la fois forts, durs et compréhensibles. Ils sont là pour rapporter les faits, même si l'histoire racontée n'est pas tirée de faits réels, mais cela aurait pu. Ce récit aurait pu être le récit de ces milliers d'hommes et de femmes qui ont vécus en marge de la société, qui ont subis les outrages de ceux qui pensaient que la "normalité" devait être respectée.

Respectée, respectable, ce ne sont que des mots pour camoufler le mal-être. J'ai déjà visité certains musées des horreurs, ces fameux musées où des appareils de tortures sont toujours en place et où des schémas indiquent leur façon de fonctionner. Cela fait partie de l'histoire, une de celle dont nous aimerions probablement oublier. Mais il s'avère que je ne veux pas oublier ce qui s'est passé avant notre naissance. L'homme est un loup pour l'homme est parfait pour ce récit dans le sens où l'animal le plus dangereux n'est pas celui que l'on aurait pu penser. L'être humain est capable du meilleur comme du pire. Dans ce premier tome, nous découvrons l'âme humaine dans toute sa splendeur. D'un côté nous avons Marcus qui n'hésite pas à violer une enfant devant son père pour qu'il soit acquitté de ses dettes, ou forcer la population à combattre des hommes et des femmes qui vivent en paix par ses mensonges... de l'autre nous avons les loups de Walburg, des hommes et des femmes qui ont réussi à s'enfuir avant ou après le passage dans la salle des tortures.

Marcus est obsédé par lui, lui et uniquement lui. Il a un pouvoir sur les autres parce qu'il leur inspire de la crainte. La peur est une pièce maîtresse et il a de nombreux gardes à ses côtés. Si certains changent d'avis à un moment de l'histoire, ils sont coincés dans cette mainmise. Celui ou celle qui osera affronter cet homme se verra tué sur le champ, à défaut mis dans une cellule et oublié. C'est un personnage qui se multiplie à volonté dans différents endroits, sous des noms autres que Marcus, mais nous en revenons toujours au même. La différence ne fait pas partie de la "normalité", donc il faut enfouir le tout sous un tas de merde. Créer la peur pour maintenir la population sous son joug est un jeu auquel il est doué, jusqu'à un certain point. Les gens peuvent penser ce qu'ils veulent tant qu'ils ne le disent pas à haute voix et ne le montrent pas.

Les loups de Walburg ont crée leur village, leur société. L'entraide est un point commun envers ses hommes et femmes, jusqu'à ce qu'un malheur arrive... jusqu'à ce que les souvenirs remontant à la surface soient trop forts pour être oubliés et engendrer un "problème". Arn est recueilli, reconnu et aidé. Ce qui est "magique" ce sont les loups, les véritables loups qui cohabitent avec ce village. Leur dominante, car oui il s'agit d'une louve, prend Arn comme leur chef de meute. Plus le temps passe, plus Arn se sent bien auprès d'eux tous, même s'il lui manque sa moitié. Ce n'est que le début de l'aventure et la suite promet beaucoup de chamboulements. Arn est l'un des personnages qui évoluent le plus. Enfantin, un peu naïf aussi bien des choses de l'amour que de la vie car souvent protégé par les autres, il découvre que le monde n'est pas toujours beau. Cette laideur l'a touché lui et Günther et le renforce dans ses convictions, celles de ne plus souffrir, de pouvoir vivre comme n'importe qui, de se battre pour ce qui est juste et l'amour est juste et ce avec n'importe quelle personne. C'est un sentiment fort qui ne doit pas être sali. Arn reste malgré tout ce qui va se produire humble, honnête et amoureux.

Entre Arn et les loups, il s'agit de respect mutuel et de rapport de dominant/soumis. Les loups sentent quelque chose en lui, c'est ainsi qu'il devient leur chef de meute. Une place qui n'est pas la meilleure, mais pas la pire. Les liens créent sont forts et sans en dire plus, ce lien va énormément les aider. Quant à son amant, Günther, je n'en dirais pas plus que cela : ils sont adorables tous les deux ensembles et leur façon de se protéger mutuellement est un vrai plaisir à lire. Leur histoire fait partie du contexte, déclenche des ondes de chocs. le récit ne peut fonctionner sans ce couple phare, car sans eux, nous n'aurions pas connu ces loups. La cruauté a beau être présente, l'amour qu'ils se portent sera toujours plus forte. Il faut du temps, non pas pour oublier, mais pour tenter de s'approcher du pardon. Un pardon que bien des gardes vont tenter d'obtenir d'une manière ou d'une autre.

Le livre se termine comme s'il n'y avait pas de suite prévue. Au vu du titre de la série "Les loups de Walburg" il doit probablement s'agir des autres couples qui se sont formés lentement, mais inexorablement lors de ce récit. Il est clair qu'il y en a quelques uns que j'aimerais suivre. Dans tous les cas, j'ai vibré avec eux, leur aventure n'est pas la plus facile dans un monde cruel qui a malheureusement existé et qui continue d'une manière différente. le courroux du bottier raconte une histoire qui aurait pu arriver et qui a sûrement dû se produire dans un sens ou l'autre. le combat de personnes mises de côté pour avoir le droit de vivre comme tout le monde ne devrait pas exister car les personnages devraient vivre comme ils le désirent. Les loups, les répressions, les sentiments, j'ai adoré ce premier tome qui nous plongent dans une période bien sombre, et qui garde une lueur d'espoir malgré toutes les épreuves que les personnages subissent.

http://chroniqueslivresques.eklablog.com/les-loups-de-walburg-tome-1-le-courroux-du-bottier-george-j-ghislain-a196875068
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Arn est apprenti bottier à Walburg, en 1360 l'Allemagne se relève avec peine d'une épidémie de peste qui a désertifié des villages entiers. Les princes ecclésiastiques corrompus profitent de la négligence de l'empereur pour prendre le pouvoir dans les provinces et d'imposer lourdement les populations tout en montrant de l'index des minorités à persécuter sous prétexte de religion afin de détourner l'ire du peuple.
Le jour où Arn est surpris en pleins ébats avec Günther, le fils du forgeron, sa vie va changer. Fuyant dans la neige il est recueilli par des trappeurs accompagnés de loups, et Arn va éprouver une incompréhensive affinité avec ceux-ci …


Un prince ecclésiastique persécute les homosexuels, ils sont torturés, violés, émasculés et exécutés, lorsque Arn et Günther sont dénoncés ils avaient peu de chance d'échapper à l'échafaud, mais les circonstances ont fait qu'ils se sont retrouvés hébergés dans un village où se sont réfugiés des gens comme eux. Ce village a ceci de particulier que les loups vivent en harmonie avec les humains et pour une raison inconnue ils ont choisi Arn comme chef de meute …


De la romance m-m mitigée de romance historique, ça sort un peu des ornières habituelles, mais force est de reconnaître que l'auteur, malgré des efforts notables a des difficultés a donner de l'épaisseur aux personnages ou de rendre l'atmosphère de l'environnement. de plus l'écriture est assez plate et monotone, même dans l'action, et il y a des longueurs favorisées par des redites tout du long du récit.
J'apprécie un roman historique lorsque j'apprends quelque chose sur les coutumes ou les techniques, ici à part la peste et quelques rares rappels basiques la localisation et l'époque sont peu marquées, pire les tirades moralisatrices d'Arn tiennent d'avantage de la fin du siècle dernier qu'autre chose, nous sommes très loin des réalités du moyen-âge

.
Un livre qui pourrait être valorisée en éliminant les multiples redites, en posant d'avantage l'époque, et en ayant une écriture plus nerveuse. En l'état je n'ai pas pris grand plaisir à ma lecture, mais nul doute que ce livre conviendra à d'autres …
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Une nouvelle saga qui est loin de ma zone de confort, le Moyen-Âge. C'est aussi une romance MM avec des scènes explicites.

Piégé par le jeune frère de son amant, Arn a dû fuir dans la neige sans Günther avec ses souvenirs le maintenant en vie. Il a tout perdu du jour au lendemain. Après avoir errer dans les bois, il est sauvé par des hommes formant une meute, des hommes comme lui qui se ont fui les hommes du Bailli.
Les «Loups de Walburg» ont pour vocation d'aider les hommes meurtris, persécutés voire même mutilés par Marcus, le nouvel Prince-Évêque, qui terrorise les habitants. Ils vont aider Arn à sauver Günther.

Arn, 20 ans, est bottier. Il a perdu toute sa famille pendant la peste. Il ne comprend pas son attirance envers le fils du forgeron, tout c'est fait naturellement. C'est un homme peu ordinaire, qui n'a pas conscience de son côté dominant, très avenant et altruiste.
Günther, 25 ans, est forgeron au côté de son père et de son frère Otto. Il est trahi par son frère, et va protéger son âme soeur, Arn. C'est un homme charmant, admirable et très humain.

La narration est à la troisième personne, le point de vue est celui d'Arn.
L'intrigue est magnifiquement bien menée avec de belles idées, du suspense et de l'action, et surtout de beaux sentiments. La minorité est montrée du doigt, persécutée et insultée. L'homophobie est déjà en place à cette époque. Arn et ses compagnons veulent vivre en paix dans leur refuge, mais c'est loin d'être le désir du tyran et nouvel Évêque Marcus. Arn va rencontrer de nombreuses personnes et compagnons à quatre pattes.

La plume est fluide et très facile à lire. J'avoue j'ai eu peur en commençant cette saga, surtout à cause de l'époque. Et bien j'en ressors ravie de ne pas m'être arrêtée à des a priori. L'auteur nous apporte un très beau univers avec de merveilleuses idées comme la meute, les comportements humains, tout est dosé à la perfection. Les descriptions sont magiques, le lecteur part en voyage en même temps que les personnages. le rythme est accaparant suivant les péripéties d'Arn et de ses compagnons, ainsi que les rebondissements et les conséquences.

Les émotions sont parfaites. Arn est un homme timide et réservé, se cachant derrière les plus téméraires. Au fil du roman, il grandit et mûrit au contact des loups et des humains, il va se dévoiler comme un meneur. Il va apprendre à assumer ses désirs et ses envies, son couple est charmant et adorable. Les relations intimes sont belles et sensuelles, une réussite.

Les personnages secondaires sont nombreux, tenant tous une place importante. Malgré le nombre, nous ne sommes à aucun moment perdus, c'est très bien travaillé et intégré à l'histoire.

Destin, combat, légende, amour, esprit de meute. Une très belle histoire d'amour mais aussi d'idéaux et d'engagements pour une minorité pendant la période du Moyen Age. La plume est magnifique avec de belles idées, de l'action, des moments d'émotions et d'angoisse, un superbe ensemble. Je me lance le plus vite sur la suite. N'hésitez pas, et surtout ne vous arrêtez pas sur des a priori, lancez-vous !

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Ce roman nous emporte au coeur du saint Empire romain-germanique en 1360. Les souvenirs de la peste qui a ravagé les deux-tiers de l'Europe sont encore très présents dans le souvenir des protagonistes du roman.
Nous suivons ici les aventures d'Arn. Ce jeune homme réussit à échapper aux gardes du Bailli grâce au sacrifice de son amant, Günther. Il est alors sauvé par un groupe de trappeurs qui son comme lui, c'est-à-dire des argrr - le mot homosexuel n'existait pas à l'époque. Signe particulier de ce groupe : ils vivent avec des loups. C'est la quatrième génération de loups, depuis qu'un de leurs aînés avait sauvé une louve pleine: les hommes et femmes du village de réprouvés vivent depuis avec une meute. Les choses passent à un autre niveau avec Arn, ce gamin de vingt ans venu de la ville, grand échalas dégingandé, que la louve dominante qui vient de perdre son compagnon, reconnaît comme son alpha.
La lutte de ces hommes et de ces femmes pour voir reconnu leur droit à vivre comme ils le souhaitent peut paraître anachronique mais l'auteur a très bien mené sa barque: la vraisemblance historique est tout-à-fait respectée.
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J'ai découvert ce livre grâce à une critique lue. Je n'avais jamais lu de romance historique et j'avais peur de me lasser très vite. Et bien, waouw ! Cette histoire m'a vraiment plu ! On ressent toute la recherche de l'auteur afin que les faits historiques décrits soient corrects. Ce n'est absolument pas un cours d'histoire mais qu'est-ce qu'on en apprend ! de plus, la plume fluide de l'auteur permet d'être au coeur du récit, de le vivre avec ses tripes.
Après avoir commencé la lecture, il est très difficile de s'arrêter.
Je vais m'empresser d'acheter et de découvrir les autres sorties de George J. Ghislain !
En tout cas, je recommande déjà "Le Courroux du Bottier".
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Les semaines qui avaient suivi ces premiers émois, le beau Günther l’avait regardé avec un sourire doux. Sous la table, à l’abri des regards, il avait glissé sa main sur sa cuisse, et avait doucement pressé son entrejambe durci. Et après une courte hésitation timide, Arn avait placé sa paume contre le dos de celle de Günther, puis avait cherché son entrejambe.
Il n’avait jamais éprouvé le moindre désir pour qui que ce soit. Il avait presque vingt ans, Günther en avait cinq ou six de plus. Mais dans ces moments volés, c’était comme si tout s’expliquait. Il aimait les filles, bien sûr, mais pas pour coucher avec. Il avait toujours cru qu’un jour, l’une d’elles ferait bondir son cœur, comme cela se disait. Il s’était forcé à les désirer, par frustration. Comme si ces choses pouvaient se commander. Il trouvait les filles jolies et il aurait aimé en serrer dans ses bras, mais il se sentait plus comme un « grand frère » que comme un éventuel amant. De là à dire qu’avant Günther il avait désiré des garçons, c’eut été mentir. C’était tellement interdit par l’omniprésente religion qu’une chape dense sur son esprit avait occulté ce type de désir. Oui, cela lui arrivait d’apprécier les formes ou la belle gueule d’un garçon, mais c’était plus par jalousie, comme pour comparer son corps maigrichon, imberbe et élancé, à ceux nettement plus virils de ses camarades.
Mais là, tout prenait un sens.
Günther lui avait expliqué avoir tourné autour de lui depuis des semaines, voire des mois, et avoir multiplié les approches, toujours infructueuses.
Arn ne pouvait pas imaginer comment un bel homme comme lui, qui aurait pu avoir n’importe quelle femme parmi les plus jolies, les plus gentilles et peut-être même parmi les plus riches de la ville, pouvait être séduit par lui. Lui.
Un homme.
Et pas l’un des meilleurs spécimens avec ça.
C’était incompréhensible.
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Les trois loups étaient là, devant la porte, effectivement. Le mâle entra, après avoir reniflé son mollet et s’être frotté un instant la gueule contre sa cuisse. Les deux femelles attendaient. Mais attendaient quoi ?
— Elles ont fait une bonne prise.
Arn sursauta à la voix de Jörgen.
C’est seulement là qu’il vit la biche. Une trace ensanglantée dans cette épaisse neige, rendue noire par la lumière bleue de la lune, se perdait au loin. Les loups avaient amené une si grosse proie jusqu’ici.
— C’est une offrande. Quand ce qu’on leur donne ne suffit pas, ils chassent tous les trois. C’est la mère des petits qui est la dominante. Son mâle est mort quand on est venu ici. Un ours nous a attaqués. Elle a mis bas prématurément et deux des cinq petits n’ont pas pu être sauvés. Malgré l’épreuve, c’est elle qui reste la cheffe. Elle va nous donner la biche. D’ordinaire, ce sont de petites proies. On mange, puis elle mange, puis les deux autres mangent et enfin les petits. Parfois un adulte, et pas forcément la mère, régurgite pour les petits avant leur tour. C’est un signe de respect pour qu’ils se sentent intégrés dans la meute.
Arn était impressionné par la hiérarchie en place. Ces loups semblaient si intelligents, supérieurs aux hommes.
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Leonhard murmurait des « Mon Dieu, il va se faire dévorer » et autres paroles rassurantes.
Arn les fixa, d’un air ferme, mais pas sévère.
Deux loups firent mine de bondir sur lui, mais stoppèrent immédiatement leur course. Lune grondait également, mais à leur encontre.
Il cibla ceux qui montraient le plus d’agressivité et les fixa intensément.
L’un d’eux se coucha sur le côté, l’autre détourna le regard. De là, tous les autres nouveaux venus se couchèrent sur le dos.
Lune avait pris Pinsel à la gorge, s’il se souvenait bien…
Il s’approcha et attrapa la gorge des loups couchés, et serra. Assez fort pour montrer de la fermeté, pas assez pour que cela fasse mal. Il passa de loup en loup jusqu’au dernier. Puis ils se relevèrent, se frottèrent à lui et continuèrent de faire la fête comme si rien ne s’était passé. Arn appela Günther près de lui et les loups se frottèrent à lui également. Le sens du couple voulait dire quelque chose pour eux. Ces bêtes étaient formidables.
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Il n’avait jamais éprouvé le moindre désir pour qui que ce soit. Il avait presque vingt ans, Günther en avait cinq ou six de plus. Mais dans ces moments volés, c’était comme si tout s’expliquait. Il aimait les filles, bien sûr, mais pas pour coucher avec. Il avait toujours cru qu’un jour, l’une d’elles ferait bondir son cœur, comme cela se disait. Il s’était forcé à les désirer, par frustration. Comme si ces choses pouvaient se commander. Il trouvait les filles jolies et il aurait aimé en serrer dans ses bras, mais il se sentait plus comme un « grand frère » que comme un éventuel amant. De là à dire qu’avant Günther il avait désiré des garçons, c’eut été mentir. C’était tellement interdit par l’omniprésente religion qu’une chape dense sur son esprit avait occulté ce type de désir. Oui, cela lui arrivait d’apprécier les formes ou la belle gueule d’un garçon, mais c’était plus par jalousie, comme pour comparer son corps maigrichon, imberbe et élancé, à ceux nettement plus virils de ses camarades.
Mais là, tout prenait un sens.
Günther lui avait expliqué avoir tourné autour de lui depuis des semaines, voire des mois, et avoir multiplié les approches, toujours infructueuses.
Arn ne pouvait pas imaginer comment un bel homme comme lui, qui aurait pu avoir n’importe quelle femme parmi les plus jolies, les plus gentilles et peut-être même parmi les plus riches de la ville, pouvait être séduit par lui. Lui.
Un homme.
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La promiscuité ne permettait aucune intimité, mais Günther, plus éveillé, avait souri en s’endormant dans les bras de son amant. Et plus tard, Arn avait descendu sa main jusqu’à son entrejambe, et il l’avait fermement tenu toute la nuit. Arn avait senti ses sanglots, contre son cou. Soulagement, traumatismes, ou les deux en même temps. Arn déposait des petits baisers partout où il pouvait atteindre sa peau. Il ne pouvait pas s’en empêcher, ni s’arrêter. Il savait qu’une fois totalement hors de danger, sa propre carapace tomberait et la peur accumulée depuis le jour où il avait fui la ville s’évacuerait en sanglots, comme son Günther en ce moment.
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