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Christiane Besse (Traducteur)
EAN : 9782264045522
480 pages
10-18 (16/04/2008)
4.02/5   160 notes
Résumé :
À l'embouchure du Gange, le pays des marées cisèle terre et mer. C'est au cœur de cette région sauvage et hostile que se rencontrent un homme d'affaires, un modeste pêcheur et une étudiante américaine ; trois destins étrangement liés, trois visages subtils de l'Inde, lancés à la découverte de cette jungle indéchiffrable des rapports humains ...


"Des personnages aux prises avec l'inconnu, un safari aux allures de quête initiatique, des fracas d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Deux personnages, deux trames. Kanai, un traducteur de Calcutta, se rend chez sa vieille tante dans les Sundarbans, cette région marécageuse à la frontière de l'Inde et du Bangladesh, où le Gange et le Brahmapoute rencontrent l'océan Indien et ses tempêtes. C'est un endroit quasi magique, où des iles apparaissent et disparaissent au gré des marées, avec des forêts de mangroves, une végétation luxuriante et des animaux sauvages… Complètement dépaysant ! C'est le pays des marées. En cours de route, il croise Piya, une cétologue américaine d'origine indienne qui effectue des recherches sur les comportements des dauphins d'eau douce. Ceux du Gange sont-ils réellement éteints ? Elle n'en voit aucune trace, jusqu'à ce qu'elle se fasse aider de Fokir, un pêcheur illetré (quoique que sa culture orale est remplie de légendes fascinantes) qui se fie davantage à la déesse protectrice des eaux qu'à autre chose.

Ces deux destinées se croisent dès le début dans le train, s'éloignent puis se croisent à nouveau, fort intéressant. D'un côté, un travail scientifique prenant, un mystère de la nature à percer, rempli d'obstacles (les autorités indiennes peu collaboratives, voire obstructives, les caprices de la météo…). de l'autre, la découverte de son passé, de soi-même, de ses espoirs et de ses rêves. Ces deux trames finiront dans une quête quasi mystique. J'aime bien cette dimension spirituelle à l'oeuvre. Après avoir peu aimé le dernier roman d'Amitav Ghosh, mon opinion s'améliore un peu. J'ai bien aimé ce voyage exotique.

Ceci dit, si l'intrigue est intéressante, elle est un peu longue. D'autant plus qu'il n'y a pas de grandes surprises, on sent venir les coups. Vers le milieu du bouquin, j'avais hâte d'arriver à quelque chose d'un peu plus concret. C'est que Kanai se met à lire les papiers de son défunt oncle, une sorte de testament spirituel. Ils relatent entre autres une série d'événements datant de quelques décennies, de migrants bengalis, de lutte contre les autorités qui souhaitaient préserver des espaces naturels pour les animaux. C'est qu'il était révolutionnaire, le vieil oncle. Cette trame supplémentaire complexifie inutilement et rallonge le livre. À ce point, je veux savoir si Piya réussira à localiser ses dauphins et je veux que Kanai la retrouve, pas qu'il passe son temps à lire l'histoire de sa famille !

Le récit du vieil oncle permet de lier davantage Fokir à l'histoire de Kanai et Piya (même si ce n'était pas absolument nécessaire) et, surtout, de soulever d'excellentes questions. Qu'est-ce qui est mieux ? Soumettre la nature aux besoins des humains ou préserver l'environnement ? Quel est le prix des vies humaines ? La disparition des dauphins ? Et après, celle des tigres du Bengale ? L'auteur ne donne pas de réponse à vous d'y réfléchir. Ceci dit, il aurait pu l'aborder d'une autre façon que ce long détour.

Dans tous les cas, on retourne éventuellement à l'intrigue principale. Kanai retrouve Piya et décide de l'accompagner dans ses recherches. Mon intérêt a décuplé d'un coup ! J'imaginais une romance prendre son envol, des péripéties à droite et à gauche, un brin de mystère. Dès le début de ce nouveau segment, on assiste à une scène étrange : sur la rive, des villageois émeutés allument des torches et mettent à mort un tigre. La scientifique d'une droiture remarquable doit se rappeler qu'elle n'est pas aux États-Unis. le groupe retrouve les criques et canaux où on avait aperçu les dauphins, le paysage a changé avec les marées, un nouvel ilot, il l'explore. Kanai y fait une expérience spirituelle puis une tempête violente se déclare…

Le pays des marées, c'est de l'aventure, un brin d'amour, de suspense et de mysticisme, quelques occasions de réfléchir à l'environnement et aux conséquences de l'activité humaine mais, surtout, une chance de découvrir une parcelle de ce grand pays qu'est l'Inde. À lire absolument !
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En Inde, sur le quai d'une gare de banlieue Kanai remarque une belle jeune femme, sans doute d'origine indienne mais de toute évidence étrangère, cela se voit à sa posture, à son attitude. Il ignore qu'il la reverra et les bouleversements qu'elle apportera dans sa vie.
Piya , née en Inde dont les parents ont immigrés aux Etats-Unis, cétologue, a entrepris le voyage pour observer les dauphins de l'Irrawaddy ; c'est une grande aventure qui débute.
Un roman dépaysant, agréable à lire, un roman instructif pour lequel l'auteur s'est très bien documenté — note de l'auteur en fin de livre. Un livre et un auteur que je conseille.
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Une fresque et une promenade dans les Sundarbans, cet endroit extra ordinaire où les eaux salées de la mer se mêlent aux eaux douces des fleuves, où les marées recouvrent les îles, où les tempêtes sont si féroces et si habituelles qu'elles servent à dater les événements.
Là, une nouvelle façon de vivre a été inventée, dans la pauvreté et la boue, l'âpreté des relations hommes/femmes, mais sans le système des castes. Les anglais sont passés, ont laissés quelques noms, et la littérature, la poésie. Nirmal vit dans cette poésie tandis que sa femme vit dans le monde réel, concret.
Amitav Ghosh nous promène avec Kanai de l'Inde des affaires à celle de la pauvreté, de l'égoïsme à la découverte des autres.
Kanai rencontre dans le train une jeune cétologue (spécialiste des dauphins) américaine d'origine indienne, Piya. Elle aussi est confrontée à la fois au monde rustre des hommes, et à celui de cet homme intrigant et curieux, dans lequel elle décèle une carapace.
Lorsqu'ils se revoient ils s'entraident et chacun cherche à mieux comprendre l'autre.
Et nous apprenons à suivre avec bonheur ce rythme lent et ce paysage brûlé de soleil, cette eau plate et calme dans les mangroves. Nous entendons les dauphins avec Fokir comme guide. le pêcheur illettré qui sait où sont les dauphins, toutes les routes qu'ils empruntent.
Un superbe voyage, une langue fluide et forte, des émotions qui sont celles de la vie.
Un magnifique roman.
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Nous voyageons dans l'archipel de Sundarbans, une région déshéritée de l'Inde, des îles qui vivent au rythme des marées qui submergent régulièrement les terres, et où une population pauvre tente de survivre tant bien que mal, entre les caprices des eaux, des crocodiles et des tigres. Les veuves sont légion et leur vie est encore plus difficile. Kanai, Indien cosmopolite, qui a vécu les années de jeunesse à l'étranger et qui a fondé une entreprise de traduction très prospère, revient dans la région où il a passé quelques mois dans son enfance. Sa tante lui demande de lire un texte laissé par son mari. Son chemin va croiser celui de Piya, une cétologue américaine d'origine indienne, mais qui ne parle que l'anglais, et qui ne semble avoir gardé aucune trace de la culture de ses parents, qui ne vient en Inde que pour étudier ce qui constitue sa grand passion, les dauphins. Elle va être aidée par Fokir, un pêcheur analphabète qui connaît les eaux de la région comme personne. Un quatrième personnage va se mêler au trio, Moyna, la femme de Fokir, qui veut s'élever dans la hiérarchie sociale, et permettre à son fils de connaître une autre vie. Entre passé (le carnet de l'oncle, qui évoque des événements du passé, et la mère de Fokir) et une situation présente complexe, émotionnellement en particulier (d'étranges attirances et liens se nouent), les personnages se retrouvent devant des mises en questionnement de leurs vies, de leurs choix.

Je vais essayer d'étayer mes réactions et impressions à cette lecture. le style est simple, des phrases courtes, une syntaxe et un vocabulaire qui ne recherchent pas le complexe. Cela permet une fluidité sans doute, mais a au final donne un côté impersonnel qui a fini par provoquer chez moi une certaine frustration.

L'essentiel est donc le récit. Je l'ai trouvé prenant au début, Amitav Ghosh a une incontestable habileté à tisser sa trame, à inventer des petites choses qui vont maintenir l'intérêt, entre des récits croisés, et des petits détails qui auront leur importance par la suite. Et il transmet dans son livre un vrai intérêt pour la région dont il parle, qui n'est pas l'endroit le plus connu de l'Inde, et qu'il semble bien connaître et aimer. C'est peut être au final le protagoniste principal, et à mon avis le plus intéressant.

Mais voilà, au bout d'un moment, j'ai trouvé ce récit un peu sans surprise, tous ces petits indices qui nous montrent bien le chemin que nous allons suivre. Et le côté de nous montrer un peu ce que nous nous attendons à voir, ce que l'on voudrait ne pas rater dans un tel voyage : les tigres, les crocodiles, et les dauphins en prime. Et le cyclone comme pièce de résistance final. Qu'on sentait venir depuis très longtemps, et qui provoque une nouvelle situation bien sûr chez certains personnages.

Je ne voudrais pas avoir l'air trop négative, parce que c'est un livre qui a d'incontestables qualités. Mais j'ai personnellement du mal avec ce genre de publications, il m'a manqué d'être surprises, déstabilisée, obligée de faire un certain effort. Là c'est un peu trop aisé, trop évident, trop lisse. Mais ce n'est que mon sentiment, bien sûr.
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"Quand les mammifères marins se mettent à disparaître d'un habitat établi, ça signifie que quelque chose va mal, très mal."
Les Sundarbans...c'est cette vaste région du delta du Gange, vaste région humide où se mêlent eaux douces et eaux salées au rythme des marées ou des crues du fleuve...Une région d'eaux troubles et de vase habitée par des pêcheurs qui régulièrement reconstruisent leurs maisons emportées par les crues. Des crues qui également,  font régulièrement disparaitre des îles et leurs habitants et en font surgir d'autres sur lesquelles d'autre pêcheurs s'installeront...pour combien de saisons? Eux et leur famille vivent dans des petites maisons et sont des proies faciles pour les crocodiles et les moustiques. Sans compter les tigres, qui tous les deux jours font leur repas d'un pêcheur ou d'un membre de sa famille.
Dans les innombrables bras du Gange, dans ces  mangroves et ce "labyrinthe aquatique" des innombrables bras du fleuve changeant au rythme des crues , de temps en temps, les pêcheurs aperçoivent ou capturent dans leurs filets des dauphins d'eau douce en voie de disparition, 
Kanai, directeur d'un bureau de traducteurs et d'interprètes à New- Delhi, rédige également des articles pour les journaux. Il prend le train pour se rendre chez sa tante Nilima qui dirige un hôpital, là dans les Sundarbans. Dans la gare il croise le regard de Pyia, une jeune femme. Il ne sait pas que elle aussi se rend dans le delta. Pyia est une cétologue née en Inde et émigrée aux Etats-Unis...Là-bas, elle était "la petite indienne" Pyia souhaite étudier les dauphins d'eau douce...des animaux de plus en plus rares du fait de la pollution des eaux et de l'importance des prélèvements occasionnés par les filets de pêche dans lesquels ils peuvent mourir noyés
Elle devra obtenir une autorisation afin d'effectuer sa mission, et sera de ce fait, accompagnée par l'un de ces pêcheurs pauvres...connaissant le fleuve et ses dangers.
Deux histoires parallèles ....en apparence
D'autres personnages composeront ce roman fait  de découvertes de la culture indienne, notamment par la découverte d'un livre lu par l'un des personnages, de rencontres, de riches comme des plus pauvres, d'illettrés et de gens instruits, d'indiens dans la tradition  et d'autres occidentalisés ...ils sont autant de personnages de cette Inde moderne, de ses rites et coutumes, un peu comme cette partie mouvante de  l'Inde, bousculée, mangée  et mouvante au rythme de marées, habitée par des réfugiés du Bangladesh, ses eaux boueuses sans aucune visibilité, riches en espèces variées...
Et si ce delta du Gange, jamais fixé, toujours en évolution, était une métaphore de l'Inde moderne?
Bref un dépaysement géographique et culturel qui se lit avec plaisir, nous fait découvrir cette région immense, nous permet d'agréables rencontres ...
Au fait, saviez-vous qu'Il y a plus de tigres en captivité en Amérique qu'en liberté dans toute l'Inde." ?
Triste monde, qui va de plus en plus mal !
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Kanak éclata de rire : «Moyna, c'est vrai qu'il est votre mari, mais, alors, pourquoi ne pas lui parler vous-même? Pourquoi voulez que je le fasse à votre place?
- C'est parce qu'il est mon mari que je ne peux pas lui parler, Kanai-babu. Seul un étranger peut traduire ces choses en mots.
- Pourquoi serait-ce plus facile pour un étranger?
- Parce que les mots ne sont que de l'air, Kanai-babu. Quand le vent souffle sur l'eau, vous voyez des ondulations et des vagues, mais la vraie rivière coule en dessous, sans qu'on la voie ni qu'on l'entende. On ne peut pas depuis le fond souffler sur la surface, Kanai-babu. Seul quelqu'un qui est à l'extérieur peut le faire, quelqu'un comme vous.»
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Car, là où elle avait vu un signe de Bon Bibi, je voyais, moi, le regard du Poète. J'avais l'impression qu'il me disait :

[...] un animal, une bête muette
lève vers nous les yeux,
et nous transperce calmement de son regard.
C'est cela que l'on nomme le destin ¹...

1. Rainer Maria Rike, "Huitième élégie", in Élégie de Duino, op. cit., p. 121.
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J'avais un livre à la main pour passer le temps et il me vint à l'esprit que, dans un sens, un paysage n'est pas sans ressemblance avec un bouquin – un ensemble de pages qui se chevauchent sans que deux d'entre elles soient jamais pareilles. Les gens ouvrent le livre selon leur goût et leur éducation, leurs souvenirs et leurs désirs : pour un géologue, l'ensemble s'ouvre à une page, à une autre pour un batelier et encore à une autre pour le barreur d'un navire, un peintre, etc. Parfois, ces pages sont striées de lignes invisibles pour certaines personnes alors qu'elles sont pour d'autres aussi réelles, aussi chargées et aussi explosives que des câbles à haute tension.
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Car le beau n'est rien d'autre
que le commencement du Terrible, quand c'est tout juste
si nous l'entendons encore,
et nous l'admirons parce qu'il dédaigne avec indifférence
de nous détruire¹.

1. Rainer Maria Rike, "Première élégie", in Élégie de Duino, op.. cit. p. 53.
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Dans leurs sourires, je lis les vers du Poète :

Vois, je suis vivant. Qu'est-ce qui me fait vivre ?
L'enfance ni l'avenir
ne s'amenuisent ... L'être qui jaillit dans mon cœur
m'est donné par surcroît ¹.

1. Rainer Maria Rike, "Neuvième élégie", in Élégie de Duino, op. cit., p. 135.
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