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EAN : 9782705667030
300 pages
Hermann (29/09/2007)
3.89/5   9 notes
Résumé :
Depuis les textes célèbres que le sculpteur avait publiés de son vivant, jusqu’aux entretiens qu’il a donnés et au cours desquels il exposait ses vues sur l’art, en passant par les carnets et les feuillets inédits, ce volume rassemble les Écrits d’Alberto Giacometti.
L’édition précédente a été entièrement revue et corrigée, augmentée également de manuscrits et de feuillets inconnus et retrouvés depuis 2004.
Patiemment établi par l’équipe de la Fondatio... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce livre, recueil de textes et d'esquisses d'Alberto Giacometti, présente un double objectif recherché par l'artiste dans l'écriture.

Les écrits que le sculpteur, peintre et dessinateur nous laisse sont, en premier lieu, son invention de l'écriture. Ils lui permettent d'outrepasser la prise de conscience de l'impossibilité d'écrire. Leur discontinuité : avancées, reculs, permet une approche du réel.

Ils s'inscrivent ensuite comme le support qui relate les expériences de l'auteur. D'une part il nous transmet son ressenti sur la fuite du temps, l'errance, la difficulté, la question du passé, l'inachèvement. de l'autre il nous plonge dans son travail sur la matière, sur la poussière, sur le vide et sur la lumière ; ce travail animé des pulsions maîtresses qui régissent son oeuvre : l'enfance, la femme et la mort. L'enfance, berceau de l'apprentissage, des rêves et des jeux. La femme, fascination, plaisir et transgression. La mort, clarté à travers la chair.

Ils remettent notre vision en cause et nous projettent par intermittence dans le vécu de l'artiste et dans sa recherche de la réalité.

Les écrits d'Alberto Giacometti suscitent des questions en terme d'espace sans y donner, ou seulement partiellement, une réponse. Se remémorant une caverne qu'il avait trouvé étant jeune, il amène une réflexion sur plusieurs points. D'abord il pose le problème de l'entrée, « une fente juste assez large pour nous laisser passer » (p.7), et ainsi la limite entre intérieur et extérieur. Ensuite, il poursuit l'interrogation à l'intériorisation. La grotte devient une seconde peau, « il y pouvait à peine tenir » (p.7). Cette sensation qu'il recherche aussi lorsqu'il essaye, dans la neige, « de creuser un trou juste assez grand pour y pénétrer » (p.8). Ces mêmes questions posées dans La poétique de l'espace de Gaston Bachelard engendrent une réflexion en qualité spatiale, rapportée à des expériences propres. La recherche d'un abri intime, propice à l'immensité de la rêverie, aux méditations de l'âme.

L'intérêt de cette lecture réside de plus dans le fait qu'elle met en exergue deux processus de création de l'artiste. le premier marque ses premières sculptures, exécutées dans l'espace une fois leur construction mentale achevée : son oeuvre transite par sa réflexion avant d'être produite. le second anime la fin de sa vie : il interroge son regard afin d'y extraire le réel. A la fois l'importance et la subjectivité de l'oeil se détachent des notes relatives aux travaux de Giacometti. Comment regarder ? Que regarder ? Pourquoi le regarder ? Tout en prenant bien compte que regarder, c'est considérer ce que l'on voit, y prêter attention, l'examiner. le regard joue un rôle primordial.

À travers ces écrits, il nous en apprend davantage sur des points relatifs à la création, qui peuvent être résumés par quelques citations. Il cherche dans son travail à « faire un grand ensemble uni et complet de masses : une masse dont toutes les parties vont ensemble l'une avec l'autre » (p.112), afin de reproduire cette sensation du réel : « la seule partie que je regarde entraîne la sensation de l'existence du tout » (p.85). « L'espace n'existe pas, il faut le créer mais il n'existe pas, non » (p.198). Ces phrases-clés marquent l'esprit et permettent de développer une réflexion personnelle.

D'autres qui ne semblent pas s'adresser directement à l'architecture ont un impact important : l'architecture est une discipline ouverte, elle sait emprunter à d'autres. Par exemple quand Giacometti explique qu' « il y a toujours un espace de dimension indéfinissable qui nous sépare de la sculpture, cet espace qui entoure la sculpture et qui est déjà la sculpture même » (p.23), ou quand il prévient de la « relativité de toutes les choses » (p.114) : « le mystère existe en tout, sur tout » (p.129). « le seul élément permanent et positif, c'est le vide, le grand vide béant dans lequel les personnages gesticulent » (p.26).
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
A ce moment là, je commençais à voir les têtes dans le vide, dans l'espace qui les entoure. Quand pour la première fois j'aperçus clairement la tête que je regardais se figer, s'immobiliser dans l'instant, définitivement, je tremblai de terreur comme jamais encore dans ma vie et une sueur froide courut dans mon dos. ce n'était plus une tête vivante, mais un objet que je regardais comme n'importe quel autre objet, mais non, autrement, non pas comme n'importe quel autre objet, mais comme quelque chose de vif et mort simultanément. Je poussai un cri de terreur comme si je venais de franchir un seuil, comme si j'entrais dans un monde encore jamais vu. Tous les vivants étaient morts, et cette vision se répéta souvent, dans le métro, dans la rue, dans le restaurant, devant mes amis. Ce garçon de chez Lipp qui s'immobilisait, penché sur moi, la bouche ouverte, sans aucun rapport avec le moment précédent, avec le moment suivant, la bouche ouverte, les yeux figés dans une immobilité absolue
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Autrefois je voyais à travers l'écran des arts existants. J'allais au Louvre pour voir des peintures et des sculptures du passé et je les trouvais plus belles que la réalité. J'admirais plus les tableaux que la vérité.
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Seule la réalité est capable d'éveiller l’œil, de l'arracher à son rêve solitaire, à sa vision, pour le contraindre à l'acte conscient de voir, au regard. [p267]
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Je n'aime l'oeuvre d'un peintre que quand j'aime la plus mauvaise, la pire de ses toiles, je pense que chez tous la meilleure toile contient les traces de la pire, et la pire celles de la meilleure - et tout ne dépend que des traces qui l'emportent.
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J’écrirai des choses nouvelles, elles se formeront.
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Vidéo de Alberto Giacometti
Alberto Giacometti. Le nez
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