Depuis que ses parents ont divorcé, la vie
D Alexis connaît bien des tumultes. Il a dû quitter Bangkok et ses amis du lycée français où il était scolarisé. C'est à Marseille qu'il va habiter dorénavant avec sa mère. Et il ne retrouvera plus son école accueillante et son confort habituel. A la place, il découvre un collège en zone défavorisée et côtoie des ados en rupture qui le rejettent brutalement. Jusqu'au jour où son voisin de classe, un jeune Moldave sans papiers, disparaît. Alexis va tout faire pour le retrouver…
J'ai pu lire ce roman jeunesse grâce à Babelio, dans le cadre de l'opération « Masse critique ». Je ne connaissais pas l'auteure,
Isabelle Giafaglione, ni l'éditeur : les Editions du Jasmin.
J'ai beaucoup aimé ce livre, notamment le style de l'auteure, tout en retenue et en pudeur : elle a évité le piège de la caricature et du cliché facile. Pourtant, ce risque pouvait être présent dès le départ : le premier chapitre semble opposer deux mondes, un ado blanc, aisé, bon élève, face à des ados « de toutes les couleurs, sauf la sienne » (p. 9), d'un milieu défavorisé, en échec scolaire… Mais la suite montre qu'Alexis va s'ouvrir aux autres, au-delà de l'hostilité apparente qu'ils affichent.
Alexis va découvrir des réalités qu'il ne soupçonnait pas jusqu'alors : la misère, la drogue, les rackets, la mendicité, le drame des sans-papiers. A travers cette fiction, l'auteure a le souci de faire des liens avec la réalité : c'est ainsi que certains chapitres sont introduits par une citation, soit d'un article du Monde (daté), soit par des témoignages, qui font écho à l'intrigue (par exemple, p. 39, le témoignage d'une jeune majeure sans papiers, en 2009, rapporté par le Réseau Education sans Frontières).
Quand son voisin de classe disparaît, un jeune Moldave sans papiers, Alexis se mobilise, avec des copains de classe, pour venir en aide à son « ami en danger ». Les chapitres se succèdent, bien construits, avec des changements de point de vue. le suspens grandit, jusqu'au dénouement haletant… Bien des invraisemblances émaillent l'intrigue, mais là n'est pas l'important.
Un très beau roman jeunesse, à mon sens, qui ne tombe pas dans le pathos ni la caricature et qui dépeint très justement une réalité dramatique. Un seul bémol : la couverture du livre, et notamment l'illustration, qui ne me semble pas valoriser à sa juste mesure le contenu…
Un grand merci à Babelio et aux Editions du Jasmin pour cette belle découverte !