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Philippe Delerm (Autre)
EAN : 9791097469108
266 pages
En exergue éditions (21/09/2021)
4.08/5   24 notes
Résumé :
Après deux ans de vaines recherches, l'entraîneur Julius Henckel apprend qu'on a cru reconnaître dans un vendeur de journaux de Munich son poulain Stefan Volker, un des meilleurs coureurs à pied d'avant-guerre, porté disparu en 1943. Henckel se rend à Munich et comprend pourquoi Stefan n'a pas cherché à le revoir une fois la paix rétablie : le jeune athlète n'est plus qu'une épave farouche au visage balafré qui cache sa détresse sous un faux nom. Le laisser comme St... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Moi, le sport, ce n'est pas mon fort (le contraire de Nelson) (ha ha), mais ça ne m'empêche pas de m'y intéresser, de regarder les matchs ou les compétitions à la télé, et si j'en réprouve les excès (l'argent, le dopage, la violence, etc.), je sais en reconnaître les vertus, le dépassement de soi, l'esprit d'équipe, la loyauté dans la compétition, le respect de l'adversaire, etc.
Ces valeurs, on les retrouve parfois dans quelques livres, souvent témoignages de sportifs, et aussi parfois romans. C'est le cas de la ligne droite, d'Yves Gibeau. Cet auteur honorable (1916-1994) nous a laissé quelques titres intéressants : Et la fête continue (1950) (sur la guerre à Marseille en 1943), Allons z'enfants (1952) (sur la vie des enfants de troupe), Les gros sous (1953) (Prix populiste), et bien sûr La ligne droite (1956) (Grand prix de littérature sportive)
La façon dont je suis arrivé à lire ce livre est tout-à-fait insolite, et mérite d'être contée.
C'était je pense vers 1964 ou 1965. Nous étions, mon frère Henri et moi, en colonie de vacances au lac de Mouriscot, près de Biarritz. Un soir nous eûmes droit à une animation un peu spéciale. Nous étions tous assis par terre dans une immense salle, dans une quasi obscurité. Seule une tache de lumière, dans un coin de la salle, loin devant nous, révélait une présence. Eclairé seulement par une bougie, un homme, barbu, assis sur une chaise, fumait la pipe ; si l'on discernait à peu près son visage et la main qui tenait la pipe, le reste de sa personne se noyait dans la nuit. Nous nous demandions ce qui allait arriver, lorsque, d'une voix posée, ce fabuleux conteur - qui avec le recul ressemblait un peu à Jean-Pierre Chabrol, par la silhouette et l'accent -, commença à nous raconter une histoire. C'était l'histoire vécue d'un coureur allemand, appelé Siegfried . Grand champion avant la guerre, il perdit l'usage d'un bras lors d'une bataille. A l'armistice (les vainqueurs disent la victoire, les vaincus disent l'armistice), il était presque une loque humaine, presque un clochard, lorsque le hasard lui fit rencontrer son ancien entraîneur qui petit à petit lui fit reprendre goût à la vie, et confiance en soi, jusqu'au point de reprendre l'entraînement et la compétition, et même de redevenir champion. L'histoire était passionnante et nous tint en haleine toute la soirée. Il faut dire qu'elle était racontée à merveille. Bien plus tard j'appris que l'histoire était l'adaptation d'un roman d'Yves Gibeau, La ligne droite, où je retrouvais intacte l'aventure de ce fameux Siegfried, que nous n'avions jamais oublié. Dans le roman, il s'appelait Stefan Volker, mais c'était bien la même histoire. Nous en eûmes aussi la preuve en voyant à la télé un film de 1962, réalisé par Jacques Gaillard, avec dans les rôles principaux Jean-Claude Massoulier et Daniel Ivernel.
Sur ce très beau sujet, Gibeau décline ses valeurs d'humanisme et de paix entre les peuples, et prône avec le même enthousiasme le dépassement de soi et l'amour de la vie - qui passe ici par le sport. C'est aussi une très belle histoire d'amitié.
Un livre à lire et à faire lire, qu'on soit sportif ou pas.
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Stefan, jeune athlète prometteur, est appelé à la guerre. Il revient de celle-ci mutilé, blessé, mais surtout découragé, n'espérant plus rien de la vie qu'il désire vivre seul.

Mais c'est sans compter sur son ancien coach qui va faire tout pour remotiver Stefan, l'aider à se reconstruire et à courir de nouveau.

Un livre sur la reconstruction après un traumatisme.

Un roman intéressant sur les dégâts moraux et physiques provoqués par la guerre, la reconstruction de soi, qui, dans ce cas-ci, est une reconstruction mutuelle aussi bien de Stefan que de son coach.

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La ligne droite, ou l'objectif sportif de Stefan Volker, le but ultime de Julius Henckel. La ligne droite, ou le réapprentissage des relations de confiance et d'abandon (de soi). La ligne droite, ou le réapprivoisement des hommes abîmés.
Stefan Volker, revenu de la guerre, manchot, se reconstruit un avenir travailleur et modeste à Munich ; Julius Henckel, lui, n'est pas parti à la guerre, il n'est que le petit artisan de son jardin, à la retraite dans sa campagne de Mielberg. Et pourtant, ces deux hommes ont tant, voire tout partagé, puisque le premier était le coureur à pied le plus prometteur d'Allemagne avant-guerre et que l'autre était son entraîneur, le préparateur des sportifs le plus couru du pays. La guerre les a séparés, la vie à reconstruire va les réunir à nouveau.
Tenace, orgueilleux, Julius va recueillir Stefan, le ramener à la maison contre son gré, à la vie, à celle qui comptait, au sport et au désir du surpassement. Longue route qu'ils vont emprunter, non sans heurts ni obstacles, avec la complicité de Helga, épouse douce, sensée et tempérée.
Quelle leçon de vie ! Quelle claque émotionnelle où les pages du livre suivent le retour sur le 800 mètres, tant attendu par le héros ! Beau récit d'humanité, de courage et de détermination, où réapprendre à vivre, apprendre à soutenir et tolérer sur un terrain sportif mais aussi sur le plan humain, apparaît comme vital, si ce n'est primordial. Hormis un prologue peu amène, les chapitres s'enchaînent au rythme des progrès ou difficultés de Stefan et de son coach, avec une narration soutenue dans le questionnement des émotions et ressentis, intense dans les interrogations sur les doutes et hésitations de chaque personnage. La fin, vite arrivée, comme on arrive au bout de la course, s'avère inattendue et pleine d'abnégation.
J'ai aimé ce récit d'Yves Gibeau, que je connaissais de renom ; j'ai aimé me considérer comme le témoin privilégié de cette reconstruction humaine, de cette défense de valeurs aussi sportives qu'idéologiques. MERCI beaucoup à Babelio pour ce livre, reçu lors d'une masse critique "Littératures". Merci à son auteur, merci à son éditeur En Exergue. Inoubliable !

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Je sors à l'instant du stade de Berlin où a été couru un magnifique 800 m qui a tenu le public en haleine !
Jamais ne n'aurai cru être ainsi prise par une histoire d'athlétisme, mais j'ai ressenti les émotions qu'on a quand on regarde de grandes courses, ce qui dit le talent d'écrivain d'Yves Gibeau, dans « La ligne droite », roman qui a reçu en 1957 le Grand Prix de l'Association des écrivains sportifs.
Le prologue m'a d'abord décontenancée, plongeant le lecteur dans la fin de la seconde guerre mondiale, dans un combat perdu entre Allemands et Russes. On comprendra que Stefan Volker y sera gravement blessé puisqu'il en sortira amputé d'un bras et défiguré. Il a dit adieu à sa carrière d'athlète promise avant la guerre.
La souffrance -physique et psychologique- de cet homme ne peut que toucher le lecteur. Les efforts de son ancien entraîneur Julius Henekel pour le retrouver et lui redonner goût à la vie, font à la fois notre admiration et nous interrogent : pour qui lutte-t-il, lui ou Stefan ? Comment aborder le handicap ? Comment redonner du sens à la vie ? Ces deux hommes se font grandir mutuellement, apprennent à s'adoucir, à transformer leur orgueil en force. Helga, l'épouse de Julius, n'est pas pour rien dans ces changements. Elle est un personnage attachant, discret mais efficace dans son discours.
J'ai pris vraiment beaucoup de plaisir à lire cette oeuvre, découverte grâce à masse critique, à me laisser porter par un style efficace, sachant rendre compte des tempéraments dans les dialogues, tenir en haleine dans les descriptions, faire vivre le suspens des courses. Une oeuvre qui montre l'importance des rencontres, du poids de la confiance que l'on peut mettre dans l'autre, de la vertu de l'effort. Une oeuvre qui fait du bien.
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À l'heure des sessions de courses athlétiques au bénéfice des Restaurants du Coeur et de l'avènement des jeux olympiques 2024, lire LA LIGNE DROITE de Yves GIBEAU tombe à pic !

Écrit, semble-t-il, dans un emploi parfait de la langue française (« écriture belle, académique et datée » pour citer les termes d'un lecteur), le témoignage de cette touchante démonstration de la volonté, du dévouement, de l'effort physique et mental, de l'endurance de l'athlète et de la force de conviction de son entraîneur est un véritable chef-d'oeuvre. La victoire remportée au terme de ce long parcours est une récompense également ressentie par le lecteur.
Le profil psychologique de chaque acteur est analysé avec maîtrise. Les jeux ou épreuves paralympiques n'existaient peut-être pas encore, le texte a maintenant (délicieusement bien) vieilli, mais cette oeuvre laisse malgré tout une marque indélébile avec une savoureuse brochette de personnages bien réels et très attachants.

Un livre à conseiller (que l'on soit sportif ou non) qui m'emporte en fait dans un passé éloigné
de 45 à 50 ans, à l'époque de son étude au cours d'un trimestre scolaire et resté depuis gravé dans ma mémoire.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Souviens-toi de ce que je t'ai toujours dit, Stefan. Le 800 mètres, c'est la course la plus belle et la plus dure qui soit. Plus dure que le 400, épreuve de vitesse prolongée, puisqu'il s'agit, comme le faisait Harbig, de couvrir quatre 100 mètres successifs à 11 secondes 5 de moyenne. Mais s'il suffit pour gagner un 400 d'être fort, bien sûr, de partir à fond dès le coup de pistolet et de ne pas céder d'un pouce jusqu'à l'arrivée, le 800, lui, réclame davantage. C'est une course de vitesse de longue haleine, où il y a temps, toutefois, pour la réflexion, l'habileté et l'intelligence. il faut donc en tirer parti au maximum. il faut regarder ses voisins, épier l'allure de ceux qui vous précèdent, jauger leur forme, écouter le souffle de ceux qui vous suivent, le bruit de leurs pointes, pesant ou léger, en déduire quelque chose de profitable, une indication, un avertissement, un soutien. Il faut lutter comme un diable pour se placer, et surtout à la meilleure place, penser à se dégager au bon instant, parer toutes les attaques, toutes les ruses. Il faut calculer l'endroit exact où il convient d'improviser, de se lancer soi même à coup sûr, avec toutes les chances, tous les atouts. Très bien, parfait, si l'on s'acquitte entièrement de ces tâches, si l'on se montre avisé et psychologue. II importe encore que que tous ces soucis ne nuisent pas à l'effort physique, à son épanouissement, et que la coordination soit totale. Je rabâche, d'accord ! Tu sais tout cela aussi bien que moi. Tu l'as prouvé. Mais tu sais de même que les bonnes habitudes se perdent mieux et plus vite qu'elles ne s'acquièrent, que la clairvoyance, l'audace, l'esprit de décision sont, comme le reste, simple affaire d'entraînement.
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Et tandis qu'il lui présente la flamme du briquet, des gouttes de sueur tombent sur sa main. "Malade, monsieur le lieutenant ? - Quelle idée ! crie Michael. Est-on malade un jour pareil, quand on a failli déjà mourir cent fois et qu'on touche enfin au bout de son existence! Quand la guérison est proche, pour vous et moi, pour bien d'autres, de toutes les maladies du monde....Qu'on doit au contraire profiter du répit, jouir de sa chair, de sa sueur, de ses glandes...Pas malade, non ! De la bonne façon. Comme il faudrait l'être, après tout. D'une colique, d'un vieux rhumatisme, d'un abcès au foie, à la rate, au derrière. D'une de ces choses bénies, inespérées, qui vous sauvent pour un temps. Et à quoi bon tricher ! Vous aviez raison, Scheffer. Je suis malade de peur. Voilà!"
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la fraternité sportive est une belle chose, mais la rivalité a plus de saveur.
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