Je n'ai pas mesuré la hauteur de ma nostalgie avec un astrolabe, ni sa profondeur avec une sonde. Car l'amour, surtout l'amour qui se confond avec le mal du pays, épuise tout instrument servant à mesurer et à sonder le temps.
La goutte de rosée réfléchit la lumière parce qu'elle ne fait qu'un avec la lumière, et vous reflétez la vie parce que vous et la vie ne faites qu'un.
Le soleil apprend à toutes choses qui poussent comment leur ardent désir brûle pour la lumière. Mais c'est la nuit qui les élèves vers les étoiles.
"Dans vos rêves éveillés, lorsque vous plongez dans le mutisme pour être à l'écoute de votre moi le plus profond, vos pensées, comme des flocons de neige, se laissent choir en virevoltant pour revêtir d'un blanc silence tous les sons de vos espaces.
Et que sont les rêves éveillés sinon des nuages qui bourgeonnent et fleurissent sur l'arbre céleste de votre coeur? Et que sont vos pensées sinon des pétales de fleurs que les vents de votre coeur sèment à la volée par-dessus champs et collines? [...]"
Celui qui ne dépense pas ses jours sur le théâtre des rêves,
demeure l'esclave des jours.
Je vous révèle votre plus grand moi qui contient l'humanité tout entière.
"Mes amis et compagnons de route,
Ayez pitié de la nation qui abrite mille croyances, mais qui est dépourvue de religion.
Ayez pitié de la nation qui porte un habit qu'elle n'a pas tissé, mange un pain qu'elle n'a pas pétri et bois un vin qui ne prévient pas de son pressoir.
Ayez pitié de la nation qui acclame un tyran comme un héro et trouve que le conquérant glorieux est bienveillant.
Ayez pitié d'une nation qui méprise une passion dans ses rêves et s'y soumet pourtant à son réveil.
Ayez pitié de la nation qui n'élève la voix que quand elle suit une procession funéraire, ne se glorifie qu'au milieu des ruines et ne se rebelle que quand le cou se trouve entre l'épée et le billot.
Ayez pitié de la nation dont le politicien est un renard, dont le philosophe est un bateleur, et dont l'art est l'art du rapiéçage et du pastiche.
Ayez pitié de la nation qui accueille son nouveau dirigeant avec des trompettes et le chasse avec des huées, uniquement pour en accueillir un autre avec, de nouveau, des trompettes.
Ayez pitié de la nation dont les sages deviennent muets avec le temps et dont les hommes forts sont encore au berceau.
Ayez pitié de la nation divisé en plusieurs parties, chaque partie se considérant elle-même comme une nation."
Lorsque vous aurez atteint le coeur de la Vie,
vous trouverez de la beauté en toutes choses,
même dans les yeux qui sont aveugles à la beauté.
Quand vous rêvez éveillés, si vous vous taisez pour être à l'écoute de votre moi le plus intime, vos pensées, comme des flocons de neige, tombent et tourbillonnent, recouvrant d'un blanc silence tous les bruits de l'espace qui vous entoure.
La Vie chante dans nos silences, les rêves dans notre sommeil.
Même lorsque nous sommes défaits et accablés, la Vie triomphe.
Lorsque nous pleurons, la Vie sourit au jour et elle reste libre quand nous traînons nos chaînes.