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Mattéo tome 5 sur 6
EAN : 9782754807463
64 pages
Futuropolis (20/11/2019)
4.24/5   120 notes
Résumé :
Récit romanesque de haute tenue, composé de quatre époques, "Mattéo" raconte la destinée singulière d’un homme qui, de la guerre de 14 à la Seconde Guerre mondiale, en passant par la révolution russe, le Front Populaire et la guerre d’Espagne, traversera époques tumultueuses et passions exacerbées... Finalement, comme malgré lui, Mattéo sera de toutes les guerres, celles qui auront embrasé les premières décennies du XXe siècle en mettant à mal son pacifisme militant... >Voir plus
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J'ai bien fait de relire le quatrième tome avant d'aborder cette cinquième époque de Mattéo car sinon, j'aurais été un peu perdue.
Rappelons-nous : Matteo et ses amis républicains détiennent un petit village espagnol et Amélie vient de disparaître...
C'est un album très touchant, qui, selon moi, laisse la place à l'expression de sentiments profonds bien plus qu'à l'action elle-même.
J'ai bien aimé cette sorte de parenthèse dans le temps lors de laquelle Mattéo va faire face à de nombreuses émotions : sa complicité ambigüe avec Amélie, ses amours avec Aneshka qui n'hésitera pas à mettre à mal ses convictions pacifistes et puis cette relation si particulière qu'il entretiendra avec Don Figueras, le vieux patriarche allié aux phalangistes chez qui il s'est installé.
Dans cet album, les rapports humains prennent le pas sur l'action historique et c'est plutôt réussi !

Le dessin et les textes de Gibrat sont toujours aussi enchanteurs. Un petit bémol quant aux traits des personnages masculins : j'ai parfois du mal à les identifier tant certains se ressemblent, notamment Mattéo et Robert. Quant au visage d'Amélie, celui qu'on retrouve dans bien des albums de Gibrat, il ne prend pas une ride...

J'ai hâte de connaître la suite. Elle ne devrait plus tarder ?

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Amélie et Mermoza partis à bord de l'avion de ce dernier pour effectuer des relevés topographiques dans une zone où s'affrontaient phalanges franquistes et Républicains n'étaient pas rentrés de mission à la fin du quatrième volume de Mattéo et leur sort était resté en suspens tandis que le héros éponyme s'était installé chez le notable du village, Don Figueras. le cinquième tome nous apporte des réponses et, formant diptyque avec le précédent, conclut superbement l'épisode de la guerre civile espagnole en narrant les aventures de nos héros de septembre 1936 jusqu‘à la retirada de janvier 1939.

Depuis le début de la série, Jean-Pierre Gibrat alterne entre des tomes qui couvrent une longue période (14-18 pour le tome 1, la révolution bolchevique pour le 2 et la guerre espagnole pour le 5) et des moments beaucoup plus courts (15 jours en 1936 pour le tome 3 et quelques semaines pour le 4) et il profite de ces différents tempos pour installer les petites histoires des protagonistes dans la grande Histoire…

Ce tome 5 se déroulant dans un quasi huis-clos, le village d'Alcetria, a déjà des allures de conclusion. Sous le soleil plombant espagnol, les espoirs politiques se délitent, les personnages des premiers volumes se retrouvent pour mieux se perdre et c'est le tome des révélations sans happy end. Les relations s'étoffent et acquièrent une vraie densité. Pourtant, Gibrat n'a jamais été aussi peu disert que dans ce volume : il laisse place à toute l'expressivité de son dessin en nous proposant des doubles pages muettes et de nombreuses vignettes de visages en gros plan en champ contrechamp dans lesquelles les regards et les expressions extrêmement travaillés en disent beaucoup plus que de longs discours. Il fonctionne par litote en montrant par exemple la belle Amélie, ex-otage des phalangistes, préférer un Mauser à sa sacoche d'infirmière. L'auteur ne tombe jamais dans la grandiloquence ni dans le pathos. Soit il manie l'ironie (le sentimentalisme des retrouvailles entre Amélie et Matteo quand elle lui tombe dans les bras au moment de l'échange est immédiatement mis à mal par la scène quasi identique dans laquelle le curé abattu finit dans les bras du général) soit il pratique l'art de la retenue. Il use de l'ellipse et de la symbolique aussi comme dans ces grandes cases symétriques dans lesquelles Robert part à la conquête de Saragosse, la fleur au fusil, par une belle journée d'été pour revenir battu et dépité deux pages plus loin – et quelques mois plus tard- à Alcetria un soir d'hiver enneigé.

Dans cette oeuvre très construite, le long monologue de Matteo comme la phrase gimmick d'Aneschka « là y a pas rien » acquièrent une valeur particulière, presque musicale : en devenant point d'orgue et variations. La légèreté initiale se mue en gravité. Petit à petit l'étau se resserre autour des héros : c'est la débâcle historique et la déroute des sentiments. On est loin du « pessimisme sifflotant » des premiers tomes et les confrontations acquièrent ici une grandeur tragique. Gibrat, au sommet de son art, ne semble rien laisser au hasard : le moindre détail est signifiant et ce qui apparaissait comme une digression s'avère finalement capital. On ne sera pas surpris d'apprendre qu'il a en tête le scénario du tome 6 - dont il a déjà écrit la dernière réplique - qui réorchestrera toute la petite musique mélancolique de la série.

« Matteo » est une somme et une oeuvre rare dans la bande dessinée parfaitement orchestrée scénaristiquement et splendide graphiquement…déjà un classique dont on attend, avec une impatience mêlée de tristesse, le dénouement.
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Mattéo et ses troupes républicaines tiennent un petit village espagnol. Malheureusement les franquistes gagnent du terrain.

Bizarrement, la guerre, bien qu'omniprésente, semble assez éloignée. Quelques escarmouches mais pas de combats. de quoi développer les relationsentre les personnages.
Dans ce tome où l'on bascule de la guerre d'Espagne à la seconde guerre mondiale, Mattéo subit toujours la vie, ballotté par ses sentiments et les horreurs qui déchirent son monde.
Le texte est toujours aussi juste et poétique. Ce qui se reflètent aussi dans le coup de crayon de Gibrat rehaussé de la douceur de l'aquarelle.
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Illusion-désillusion, c'est le dos d'âne qui attend Mattéo à chaque moment de sa vie. D'abord avec Juliette, puis avec la révolution à Pétrograd, maintenant avec la guerre d'Espagne. Stationnés de façon étrangement statique dans un village qu'ils ont conquis, les républicains commandés par Mattéo suivent les hauts, puis les bas de leur cause finalement d'assez loin.
Le héros aura le temps d'y développer une relation émouvante et inattendue avec le vieillard nationaliste et handicapé dont il a occupé la villa, beau symbole des paradoxes relationnels qui peuvent se nouer même dans une guerre fratricide comme la guerre civile espagnole.
Mais la défaite, inéluctable, est au bout du chemin, et après avoir suivi cela de loin, le groupe de Mattéo voit les franquistes se rapprocher dangereusement, avant de se retrouver menacé d'encerclement.
Mattéo, l'éternel blasé (on se demande toujours par quel tour de force Gibrat a réussi à rendre criante de vérité l'histoire d'un éternel blasé qui participe à deux tentatives de révolution à l'étranger !) se mue bientôt, suprême disgrâce, en Mattéo la scoumoune, qui voit mourir tout le monde autour de lui en se demandant avec une nostalgie mêlée d'épouvante pourquoi il en réchappe encore. À cet égard, la scène de l'exécution sommaire par les franquistes est particulièrement poignante.
Un album bien moins verbeux que les précédents, qui laisse les dessins – toujours aussi excellents – exprimer les non-dits avec une précision d'orfèvre.
J'avais déjà remarqué que Gibrat refusait les onomatopées, ce qui a pu parfois induire quelques micro-problèmes de compréhension immédiate, quand on se demande par exemple si un fusil a tiré ou non, mais je viens ici de me rendre compte qu'il dédaigne également les visions sanglantes ou violentes, préférant habilement les suggérer. C'est un parti pris intéressant, mais qui amoindrit ici la tension dramatique, par exemple lorsque tel personnage est touché au sol par un avion nationaliste et qu'on la déclare ensuite "intransportable", alors qu'à aucun moment on ne verra sur elle la moindre goutte de sang.
Mattéo doit maintenant approcher les 50 ans. Dans un an et demi, l'Allemagne occupera la France et les anciens républicains espagnols resteront bien souvent parqués comme des moutons par le régime de Vichy, et pour certains connaîtront un destin tragique sous la botte de la Milice ou des SS. Les paris sont ouverts pour ce qui sera la suite, mais ce sera peut-être l'occasion pour Mattéo de mener sur le territoire de son propre pays ce qui aura été malgré tout le combat de sa vie, même s'il a toujours un peu donné l'impression de l'avoir mené malgré lui.
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Suite directe du quatrième volume, sans ellipse, nous retrouvons Mattéo toujours au coeur de la Guerre Civile d'Espagne en compagnie des anarchistes au sein d'un village... le village de son père.

Mêlant révélations intimes et peinture histoire, ce dernier album de la série Mattéo est pour moi un véritable coup de coeur. le précédent volume introduisait simplement la guerre en Espagne à travers l'attente de la prise d'un village par les anarchistes menés par Mattéo. Cet album conclût cette prise de septembre 1936 à janvier 1939 tout en ouvrant une nouvelle étape dans la vie de Mattéo tandis que vont apparaître les heures les plus sombres de la Seconde Guerre Mondiale.

Cette cinquième époque est riche en couleurs. On ne le dira jamais assez mais Jean-Pierre Gibrat est l'un des meilleurs artisans de la colorisation qui soit sans passer par la case du numérique, tout en couleurs directs et utilisations d'encres acryliques. Un titre dans lequel Gibrat fait "chanter les couleurs" comme il le déclare lui-même dans une interview pour le site Forbes.

Cet album est très saisonnier . Il signe la fin de l'été avant de plonger peu-à-peu dans l'automne et la période hivernale en glissant subtilement sur certains ellipses. C'est un album de fin de cycle qui signe aussi bien la fin de certains personnages que la fin d'une époque pour Mattéo.

Ainsi dans ce titre, sans spoiler, quelques protagonistes connaissent leurs fins, toujours sous les yeux d'un Mattéo qui reste et demeure un écorché vif survivant témoin de la mort des autres, témoin du temps... Jamais Mattéo n'a été aussi touchant dans son rapport avec les autres personnages, lui qui s'était emmuré dans une mélancolie sourde depuis la fin de son bagne se voit devenir complice avec le noble vieillard ennemi du village ou encore se confesse à Amélie. Les dialogues sont portés par des sentiments sincères toujours écrit avec justesse.

La discussion entre Amélie et Mattéo dans un petit fourgon militaire abandonné au bord d'une route est juste hypnotique... On se délecte de la qualité de ces planches sur lesquelles la neige tombe à gros flocons dans la noirceur bleutée d'une nuit, une noirceur uniquement rompue par la lumière d'une flamme allumant une cigarette. On respecte le silence désespéré quand Mattéo enterre l'un de ses proches sous cette même neige à l'aube d'un jour fatidique.

Encore une fois, tout est immersif, en tant que lecteur, on rentre totalement dans le quotidien de Mattéo et on partage ses peines. Un album plutôt bouleversant avec des personnages qui sont toujours aussi marquants à commencer par Amélie qui l'une des héroïnes de cette série à vraiment se métamorphoser. C'était déjà souligné dans le précédent tome et dans ce tome-ci, on devine que sa capture l'a rendue plus forte et vulnérable à la fois. On devine son trauma passé sous silence.
La vie d'Amélie fait écho à celle de Mattéo et nul doute que ces deux personnages se retrouveront tôt ou tard...

Ce cinquième et dernier opus de Mattéo paru à ce jour est sans doute la composition la plus bouleversante de la série. Il s'en dégage une véritable aura de fin de cycle avec cette mise en valeur d'un Hiver qui scelle aussi bien le destin de certains personnages que la fin d'une époque pour ce survivant qu'est Mattéo.

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critiques presse (3)
BDGest
19 novembre 2019
La chronique repose sur des textes finement travaillés qui ont le don de surprendre par leur ton poétique et leur humour espiègle. Les illustrations de Jean-Pierre Gibrat ont l’allure d’un crayonné magnifiquement mis en couleurs à l’aquarelle.
Lire la critique sur le site : BDGest
Sceneario
19 novembre 2019
Ce tome 5 est très réussi. L'histoire se lit toujours avec grand plaisir. L'auteur est un excellent conteur. L'autre plaisir dans ces pages, c'est le dessin et les couleurs. Le talent de Gibrat explose sur ces planches. C'est magnifique et très efficace.
Lire la critique sur le site : Sceneario
BDZoom
18 novembre 2019
Un scénario sur mesure écrit par le scénariste Jean-Pierre Gibrat qui offre de beaux morceaux de bravoure au dessinateur Jean-Pierre Gibrat. L’Espagne est sublimée par ses images aux décors superbes, ce qui ne l’empêche pas de proposer une somptueuse galerie de personnages aux trognes inoubliables. 64 pages aux couleurs sublimes pour le plaisir des yeux.
Lire la critique sur le site : BDZoom
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
(Mattéo) - Vous méritez le meilleur et vous me parlez du pire. L’été dernier je vous voyais presque heureuse avec Augustin..et je l’enviais d’avoir crocheté à son bras tant de finesse, de nobles dimensions...mais ma lucidité me protégeait d’être jaloux….

Si j’avais bénéficié d’une complicité supérieure à celle que vous m’accordiez, je l’aurais sans doute dégradée, comme tout ce que j’approche de trop près...et çà, je ne l’aurais pas supporté.

Vous êtres la femme d’à côté de ma vie ma chère Amélie et c’est parfait ainsi.

(Amélie) - C’est..c’est la première fois que vous parlez ainsi…

(Mattéo) -Mais c’est la première fois que vous demandez de vous éviter le pire.
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Dieu n'avait sans doute jamais vu autant d'anarchistes courir à l'église. Sans prendre cela pour un élan de conversion, il nous gratifiant d'un second miracle : il n'y eut aucun blessé. Ayant perdu un de ses serviteurs zélés, Dieu n'avait pas cédé à la vengeance... ça le plaçait au-dessus des hommes... ponctuellement...
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- Vous croyez me faire peur et vous me faites rêver.
- C'est le propre des révolutions.
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Des vies émiettées, ficelées sur des charrettes et des cauchemars encore vibrants dans toutes les musettes. Tout un cortège trébuchant vers un avenir sans boussole. Chaque carrefour était un affluent. L’estuaire des misères : Barcelone. Nous portions tous l’uniforme invisible des vaincus.

(Matteo, récitatif p. 56)
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— Mon fils ? C'est devenu un sale petit con.
— Mépriser ce que l'on a contribué à fabriquer, c'est un peu s'insulter soi-même.
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