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sur 397 notes
« Si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais, s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle ».

Le titre de cet ouvrage autobiographique fait référence à l'Evangile selon Saint Jean, et exprime la dualité de l'auteur, qui aurait pu, tel le grain de blé ne pas mourir et poursuivre le destin tracé par son éducation puritaine, alors que renonçant à celle-ci, il révèle sa personnalité enfouie.


Dans une première partie, Gide évoque une enfance de sale gosse, celui qui mord la joue qu'on lui tend, qui écrase les pâtés de sable de ses petits camarades et se cache sous les tables pour des jeux interdits, sévèrement corrigés au nom de la décence instrumentalisée par le médecin de famille.
Derrière les souvenirs incertains, modifiés par la reconstruction de l'imagination qui mêle les époques et les lieux, se dessine le bonheur des premières impressions dans un monde qu'on découvre et interprète à l'aune d'une expérience minimale.

On y découvre aussi une scolarité totalement anarchique, dispensée par des précepteurs éphémères et des cours de piano médiocres qui n'ont pas découragé l'enfant amoureux de la musique.

Inévitablement cette enfance « confinée » ne développe pas la sociabilité et fait le lit du désespoir des années de lycée, qui auront malgré tout permis la rencontre d' amis fidèles .

C'est dans la deuxième partie, qui relate un voyage en Afrique du Nord avec son ami Paul Albert Laurens qui lui fait tourner la page de son éducation protestante, qu'il prend la parti d'assumer son homosexualité.

Gide ne fait pas le fanfaron, il porte un regard sévère sur ses obsessions, et sur l'enfance à la fois privilégiée, (au moins jusqu'à la mort de son père) et ne s'accorde pas de remises de peines.

Bien entendu, malgré une pudeur relative, les pages qu'il consacre à ses relations charnelles avec de jeunes prostitués algériens ne peuvent que choquer. Elles sont à remettre dans leur contexte mais restent inexcusables et inacceptables, par cette recherche de plaisir sans aucune considération pour l'être humain instrumentalisé et avili. Elles sont le témoin d'une évolution des consciences qui ne peut aller que vers l'amélioration du genre humain.

Autobiographie sans complaisance, rédigée avec sincérité et simplicité, qi permet de comprendre un peu mieux l'oeuvre et l'auteur.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Autobiographie ou confessions ? André Gide se raconte sans pudeur depuis son enfance à la scolarité capricieuse, l'amour qu'il voue à sa cousine Emmanuèle, ses rencontres jusqu'à son émancipation en Afrique du Nord où il recroisera la route d'un certain Oscar Wilde.
Il dresse une frontière infranchissable entre les aspirations de sa chair et les élans sentimentaux de son esprit. Il écrit d'alors qu'il se trouvait au chevet de sa mère : « Une fatalité me menait ; peut-être aussi le besoin de mettre au défi ma nature ; car, en Emmanuèle, n'était-ce pas la vertu que j'aimais ? C'était le ciel, que mon instable enfer épousait ; mais cet enfer je l'omettais à l'instant même : les larmes de mon deuil en avait éteint tous les feux ; j'étais ébloui d'azur, et ce que je ne consentais plus à voir avait cessé pour moi d'exister. »
Lire un ouvrage de Gide est comme écouter du Bach, chaque mot choisi est à sa place et il y a une place choisie pour chaque mot, le Verbe est porté haut, il brille au pinacle des plus belles lettres de la littérature française.
Editions Gallimard, Folio, 372 pages.
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C'est une autobiographie de sa jeunesse qu'André Gide nous offre.
Qu'est-ce encore que ce titre bizarre ?
Si le grain ne meurt fait allusion aux versets de l'Évangile selon Jean :
« Si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais, s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle. »
Il exprime ainsi tout l'enjeu de la vie de Gide : « L'enfant obtus » qu'il reconnaît en lui-même, oppressé et paralysé par l'éducation puritaine et sévère de sa mère, doit mourir et céder la place au jeune homme épanoui, créatif et libre d'esprit.
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Par bien des côtés, ma jeunesse personnelle ressemble à la sienne :
Obtus, fils unique, père prof, mère « tu comprendras plus tard », naviguant entre mes familles maternelle et paternelle, me sentant différent comme il le fut, tabassé par les élèves, solaire,…, passant des heures à regarder un petit être vivant (moi fasciné par les têtards et pieds de tomates, lui plein d'insectes ou de jeunes plantes ), trimbalé à droite-à gauche par mes parents, et d'établissement en établissement, prenant des notes….. Mais peut-être le seul point différent est que je n'ai jamais eu de tendance homosexuelle, bien au contraire.
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Pourtant, malgré l'identification, ce livre qui est aussi une re-lecture, ne progresse pas dans le nombre d'étoiles : trois, je ne sais pourquoi… Sans doute qu'une telle jeunesse, malgré notre enthousiasme, celui d'André et le mien, n'est pas visible dans cette biographie ?
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André Gide n'a point fait mystère de son homosexualité; mais lorsqu'en 1923 il publie Si le grain ne meurt, les esprits de l'époque ne sont sans doute pas prêts à cette forme de confidence. C'est donc avec la pleine conscience du trouble qu'il va susciter qu'il affirme préférer l'insuccès plutôt que s'écarter des libertés de conduite et de pensée qu'il s'octroie, en butte à une éducation puritaine et à une mère certes aimante, mais possessive.

La disparition de son père dans sa prime adolescence le livre à l'amour de cette mère que l'on peut qualifier de castratrice : "Et je sentis soudain tout enveloppé par cet amour qui désormais se refermait sur moi." Et Lorsque cette dernière rend son dernier soupir, il avoue "s'abimer dans un gouffre d'amour, de détresse et de liberté." C'est à cette étape de sa vie en 1895 qu'il clôt cet ouvrage ; bien avant le succès dans sa carrière d'écrivain et la consécration avec le prix Nobel en 1947.

Si ce n'était la qualité de l'écriture, que la préciosité rend malgré tout un brin désuète même pour ce début de vingtième siècle, cet ouvrage autobiographique me rendrait le personnage fort peu sympathique. On y découvre un auteur qui ne cherche pas à plaire, à qui la liberté de ton est permise du fait de l'aisance matérielle dans laquelle le place sa famille ; et dont la liberté de moeurs, si elle pouvait être réprouvée par la morale de l'époque, serait condamnée par la justice d'aujourd'hui.

La culture classique indéniable et la qualité d'écriture ne sauraient être suffisantes à m'encourager d'approfondir la découverte de cet auteur. Mais peut-être n'ai-je pas commencé par l'ouvrage ad'hoc pour cela ?
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Si le grain ne meurt ne fait allusion à un vers de l' Evangile selon Jean :" Si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais, s' il meurt,
, il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour l' éternité .
Ce vers , qui est le titre du roman, exprime tout l' enjeu de la vie de Gide :" L' enjeu obtus" qu' il reconnaît en lui-même, oppressé et paralysé par l' éducation
puritaine et sévère de sa mère, doit mourir et céder la place au jeune homme épanoui, créatif et libre d' esprit .
Si le grain ne meurt est un roman autobiographique d' André Gide . Ce roman est divisé en deux parties des longueurs inégales. Dans la première
partie, l' auteur raconte ses souvenirs d' enfance : ses précepteurs, ses fréquentations, sa famille, la naissance de sa vénération pour sa cousine Madeleine, ses premières tentatives d' écritures .
Dans la seconde partie du livre, plus courte que la précédente, Gide retrace sa découverte du désir et de son homosexualité lors d' un voyage en Algérie.
Dans ce livre Gide se raconte avec une grande sincérité et se laisse voir tel qu' il était durant cette tranche de sa vie .

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Pour moi, Gide est encore une énigme. Qu'en sais-je ? Peu de choses. Je me souviens de deux livres de poche aligné sur l'unique tablette de mon lit cosy qui contenait tous mes livres à l'époque (Une centaine). Je devais avoir treize ou quatorze ans. Parmi ces livres, il y avait Balzac, Jules Verne, Victor Hugo, Anatole France, quelques livres de la collection spirales et d'autres de la bibliothèque verte des éditions Hachette. Dans mes souvenirs, il y avait deux livres de Gide : Isabelle et la Symphonie pastorale. Je me souviens bien de ce qui a motivé mon intérêt pour Balzac, Victor Hugo ou Jules Verne en revanche, je n'ai aucun souvenir qui puisse expliquer la présence de Gide. Sans doute, ai-je été attiré par le titre et l'illustration de la couverture du livre de poche, chose à laquelle je suis encore sensible aujourd'hui. J'ai lu ces deux livres à l'époque et ils m'ont laissé une bonne impression. Ils représentent pour moi, avec d'autres, une certaine nostalgie de mes premières lectures. J'ai gardé aussi un goût particulier pour les livres de poche dont les illustrations de couverture, souvent des aquarelles, étaient magnifiques. Elles invitaient à la lecture, au mystère, à l'aventure, j'ai rarement été déçu d'un texte dont l'illustration m'avait attiré.

 Quelque temps plus tard, j'ai acheté "les nourritures terrestres", les premières lignes m'ont rebuté. Les années ont passé et je n'ai plus jamais relu Gide, ni ses oeuvres ni sa biographie. Depuis, il est tombé un peu dans l'oubli. Pourquoi cette désaffection et ce regain pour Gide entre mon adolescence et aujourd'hui ? Gide n'est pas un auteur populaire et il n'a pas écrit beaucoup de romans. Il fait parti des grands écrivains, avec Proust et Valéry, qui ont dominé la période entre les deux guerres mondiales. Aujourd'hui plus personne ne lit Gide, même s'il est toujours considéré, du point de vue du style, comme un écrivain majeur du XXe siècle.

 Il est né à Paris en 1869 dans une famille de la haute bourgeoisie protestante. Il perd très tôt son père, à l'aube de sa douzième année. Il restera marqué par l'éducation stricte de sa mère contrastant avec le souvenir d'un père doux et compréhensif. La fortune familiale lui permet de bénéficier de précepteurs particuliers, il apprend à jouer du piano et deviendra un bon musicien amateur. Il s'intéresse à la science, à l'entomologie, mais surtout à la littérature et produira très tôt un premier recueil de poésie à compte d'auteur qui passera complètement inaperçu. A l'école Alsacienne à Paris, il se lit d'amitié avec Pierre Louys. Plus tard, il fréquentera les cercles littéraires parisiens et rencontrera Paul Valéry et Stéphane Mallarmé. Il obtient un grand succès avec la publication des nourritures terrestres dont le lyrisme est salué par une partie de la critique. Son roman le plus lu sera "La Symphonie pastorale" publié en 1919 qui traite du conflit entre la morale religieuse et les sentiments. Il est aussi connu pour son journal qu'il rédigera toute sa vie. Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1947 et meurt à Paris en 1951.

 Dans "Si le grain ne meurt" Gide raconte ses souvenirs de jeunesse et ses débuts littéraires. On découvre un personnage très complexe, tourmenté, incertain dans ses opinions (plus tard, il sera antidreyfusard sans doute par antisémitisme, puis reviendra sur ses convictions tout en restant un peu ambigu, il se fera le chantre du communisme en 1930 puis exprimera sa désillusion après son voyage en URSS en 1936). Son autobiographie est une sorte de confession. Ce qui frappe le plus c'est l'auto dénigrement de l'auteur partagé entre le souhait de contrôler ses sentiments et ses pulsions et l'envie d'y céder pour mieux les dépasser. Dans la deuxième partie de ce livre Gide, révèle et assume son homosexualité et raconte sans vergogne quelques expériences avec des enfants lors de son voyage en Afrique du Nord. Ce type de confession serait inimaginable de nos jours, ce qui montre bien la distance qui nous sépare de cette époque. Gide serait aujourd'hui considéré comme un pédocriminel (terme qui tend à remplacer celui de pédophile), même si ses déviances ont été peu nombreuses et limitées dans le temps. C'est ce type de comportement qui sera la cause de sa rupture avec Paul Claudel le porte-drapeau d'un catholicisme sans concession.

 Quant au style, c'est celui d'un grand écrivain maîtrisant parfaitement son art. Il a porté à des sommets la concision et la pureté de la langue française. J'ai beaucoup aimé son respect absolu des règles de concordance des temps, il emploie volontiers l'imparfait du subjonctif : "...je les retrouvais pendant quelques semaines chaque été, soit qu'elles vinssent à la Roque, soit que nous allassions à Cuverville..." (Si le grain ne meurt page 94). Cette manière d'écrire est complètement dépassée aujourd'hui et plus un seul écrivain contemporain ne maîtrise le subjonctif.

 Je reste un peu secoué par les révélations de Gide dans son autobiographie, mais j'admire néanmoins la sincérité et l'honnêteté d'un homme qui n'a pas cherché à caché les misères de la condition humaine qu'il personnifiait à certains égards. Je ne peux pas dire que je connais André Gide, mais je commence à percevoir à la suite de ces quelques lectures un personnage étonnamment complexe et intriguant. Sans doute vais-je poursuivre ma découverte de Gide en lisant quelques-unes de ces oeuvres les plus connues comme l'immoraliste et les caves du Vatican, sans oublier son journal ou sa correspondance avec Paul Claudel.

Explication du titre, d'après Wikipédia :

Si le grain ne meurt fait allusion aux versets de l'Évangile selon Jean : " Si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais, s'il meurt, il porte beaucoup de fruit.Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle. "

Jean 12, 24-25

Ce choix de titre exprime l'enjeu de la vie de Gide :L'enfant qu'il reconnaît en lui-même, oppressé et paralysé par l'éducation puritaine et sévère de sa mère, doit mourir et céder la place au jeune homme épanoui, créatif et libre d'esprit.

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Ce récit autobiographique concerne les années d'enfance et de jeunesse de Gide, depuis sa naissance ("Je naquis le 22 novembre 1869") jusqu'au décès de sa mère Juliette en mai 1895 et l'annonce de ses fiançailles avec sa cousine Madeleine qui est ici appelée Emmanuèle. le récit, que Gide achèvera en 1924, se décompose en deux partie inégales : d'une part les années de formation (élève ou lycéen qui le plus souvent étudiait avec des précepteurs), qui couvre les trois quarts du livre, où il nous parle de ses liens d'amitié avec ses cousines ou avec ses condisciples tel Pierre Louis (qui écrira plus tard sous le pseudonyme de Pierre Louÿs) et d'autre part les années de découverte de sa sexualité et notamment de son penchant pour les jeunes éphèbes d'Afrique du Nord. Si la première partie est souvent ennuyeuse et ne brille que par le style de son auteur, d'un classicisme parfaitement maîtrisé, la seconde partie m'a touché davantage dans sa recherche d'une façon juste (sincère mais sans exhibitionnisme) de raconter sa première expérience homosexuelle et sur le bouleversement qui cela provoquait en lui. le passage où il raconte ses quelques soirées avec Oscar Wilde ne manque pas de sel non plus. Toutefois je reste étonné qu'André Gide qui deviendra quelques années plus tard un intellectuel engagé (contre le nazisme et le communisme stalinien en particulier) soit aussi silencieux sur les rapports de classes et qu'il n'exprime aucun scrupule à jouir de sa position de jeune bourgeois que la situation extrêmement favorisée de ses parents lui permettait d'avoir.
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« Je n'écris pas ces mémoires pour me défendre, je n'ai point à me défendre, puisque je ne suis pas accusé. Je les écris avant d'être accusé. Je les écris pour qu'on m'accuse », écrit Gide dans son Journal le 19 janvier 1917.

L'enfance, l'adolescence et le début de l'âge adulte, sorte de confession, d'André Gide jusqu'à ses fiançailles avec sa cousine Madeleine Rondeaux, appelée Emmanuèle dans le livre. A sa publication, en 1926, Gide a cinquante-six ans, il y travaille depuis 1916. le livre est construit en deux parties. de l'enfance jusqu'au baccalauréat pour la première, après le bac jusqu'à ses fiançailles pour la deuxième.

La religion est très présente chez Gide, son arrière grand-père maternel est catholique et son grand-père élevé dans cette religion épouse une protestante ; leurs cinq enfants (dont la mère de Gide) sont élevés dans la religion protestante mais l'oncle Henri se convertit au catholicisme. Son père professeur de droit romain lui fait des lectures : l'Odyssée, Molière, le livre de Job et l'appelle son "petit ami". Il lui montre aussi les galeries que creusent les insectes dans les livres. Gide à onze ans quand il meurt. Sa mère prend ensuite toute la place dans son affectivité. Son "éducation rompue", selon ses propres termes, est partagée entre l'instruction à domicile avec des précepteurs (souvent pasteurs) et la fréquentation en pointillés d'institutions comme l'école alsacienne ou le lycée Henri IV l'année du baccalauréat (un trimestre !). Il apprend également le piano (seul Marc de la Nux, ancien élève de Liszt lui laissera un bon souvenir). Sa géographie familiale le mène de Paris où vivaient ses parents et où demeurera ensuite sa mère, à Rouen et sa région (La Roque, Cuverville : côté maternel), en passant par le midi : Uzès entre autre, région de sa grand-mère paternelle. C'est en Normandie qu'il rencontre fréquemment ses cousines et notamment Emmanuèle (Madeleine Rondeaux).

Gide se décrit sans complaisance comme un enfant nerveux s'inventant aussi des troubles qu'on qualifierait aujourd'hui de psychosomatiques, se voit comme un enfant peut-être stupide, "en jachère", "pareil à ce qui n'est pas encore né", "je ne comprenais pas ce que l'on me voulait, ce que l'on attendait de moi" p. 64 (zéro de conduite à l'école alsacienne dont il sera renvoyé trois mois pour "mauvaises habitudes" ! entendez masturbation notoire en public en dégustant des pralines. (C'est en rhétorique à l'école alsacienne qu'il se lie avec Pierre Louis (Louÿs). Il aime le Buch der Lieder de Henri Heine et lit un livre par jour l'année du bac !). le temps des vacances le ramène du côté de Rouen, auprès de ses cousines, où il a la révélation du "secret de sa destinée" : rendre heureuse l'une d'elles, Emanuèle, et l'épouser un jour (pour la consoler du chagrin qu'elle a eu en prenant connaissance de l'infidélité de sa mère, motif repris dans « La porte Etroite »). Après son bac qu'il obtient au rattrapage il part en voyage en Bretagne suivi par sa mère. Il a déjà en projet d'écrire un livre ce sera Les Carnets d'André Walter (qui paraîtront en 1891). C'est un flop. Il envoie son livre à Emmanuèle et la demande en mariage : refus. Ensuite, il entre dans "une selve obscure" selon ses mots (et le lecteur dans les entrelacs de ses conflits intimes) jusqu'à son voyage en Afrique avec Paul Laurens. Il fréquente toujours Pierre Louis qui le met en contact avec les milieux littéraires du Parnasse et du Symbolisme (Mallarmé, Heredia et consorts). Il succède à Léon Blum comme critique littéraire à la Revue Blanche, s'occupant des livres de prose.

« La morale selon laquelle j'avais vécu jusqu'à ce jour cédait depuis peu à je ne sais trop encore quelle vision plus chatoyante de la vie. Il commençait à m'apparaître que le devoir n'était peut-être pas pour chacun le même, et que Dieu pouvait bien avoir lui-même en horreur cette uniformité contre quoi protestait la nature, mais à quoi tendait, me semblait-il, l'idéal chrétien, en prétendant mater la nature » p. 275.
La deuxième partie est beaucoup plus courte, mais plus dense. Ici, Gide fait le récit de son premier voyage en Afrique en compagnie de Paul Laurens. Il est malade mais ne sait pas trop de quoi. Tuberculose ? Tunisie d'abord. Ce voyage prend des allures initiatiques en lui révèlant son orientation sexuelle pendant les six jours à Sousse. A Biskra, une tentative de "normalisation" avec une jeune Oulad Naïl, Miriem, s'avère infructueuse et rapidement suivie de ce que Gide appelle un "retombement". Mme Gide, inquiète de l'état de santé de son fils, les rejoint puis repart ! Les deux amis rentreront en France par la Sicile et l'Italie. Gide va se faire soigner en Suisse, puis après un bref séjour à Montpellier chez son oncle Charles il décide de repartir en Algérie. À Blidah il rencontre Oscar Wilde et lord Alfred Douglas (qu'il avait fréquenté à Paris et rencontré à Florence). Il a une aventure décisive avec un jeune musicien arabe, Mohamed. Rentré en France, il passe quinze jours avec sa mère qu'il retrouvera mourante en Normandie peu de temps après alors qu'il était parti la rejoindre et se fiance avec Emmanuèle. Tout à fait intéressant pour découvrir Gide dans tous ses paradoxes et dans la limpidité de style rare qui le caractérise. A lire sans aucun doute pour comprendre le « contemporain capital ».
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Le petit Gide joue sous la table avec le fils de la concierge mais une fois qu'on lui demande d'embrasser sa cousine à la joue, il va la mordre...deux gestes par lesquels André Gide commence le récit de son enfance. Il creuse par là la genèse de ces choix dans sa vie d'adulte. Est-ce le remord? du regret? envie de se confesser? une haine de soi? En tout cas, cette autobiographie nous parle d'un homme partagé, troublé dans son for intérieur combien même il affirme ne pas avoir du regret sur ses choix mais les phrases de ce livre illustre bien son grand remord, et on le comprend! C'est le remord de l'époque! Cette époque où une déviation aux moeurs en vigueur était une damnation. En âge mûr, André Gide se revoit dans son enfance comme un enfant déjà en proie aux sensations exceptionnelles. A la mort de son père, le chagrin ne l'envahit pas d'une manière aussi poignante que lorsqu'il perd ses deux premières sensations d'amour. Un camarade de classe, beau et d'une frêle physionomie, à la limite efféminée avec ses longs cheveux, il se prenait pour le protecteur de cette âme fragile...puis un beau matin, ce garçon n'est plus jamais revenu à l'école. Il a éprouvé une attirance pour un garçon au cours d'un bal costumé, mais il se sentait niais dans son costume qu'il n'a voulu l'approcher. L'année suivante, lorsqu'il revient au bal dans l'espoir de retrouver le même garçon, celui n'est pas venu, c'est une fois de plus, un gros chagrin qui prend notre petit Gide.
Si le grain ne meurt est avant tout une quête d'identité d'un enfant controversé, un enfant obéissant mais dont la soif de liberté lui fait dire qu'il n'est pas comme les autres.
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Est ce toujours utile d'écrire son autobiographie....
Peut être. Gide en tout cas ici quitte le masque. Maître de la perversion, c'est sans détours qu'il nous livre son histoire. Celle d'un jeune en camisole spirituelle qui livre son combat. Ni contre dieu, ni contre le diable, mais contre lui même. Se dire, se nommer, faire face au miroir c'est l'exercice de ce livre. Comment a t il pu survivre à ces enchevêtrement de fausse moralité, de dogme, de puritanisme ? Comment en tenant si fermement les évangiles arrive t il en cette fin du 19e siècle à s'affranchir contre lui même ? Mieux vaut ici parler de mémoires. le terme "confessions" demanderait quelque pardon que nous ne pourrions pas accorder. Récit au rythme et à,la lumière d'une époque qui jettera Wilde dans une geole...
Si le grain ne meurt , c'est sans doute quelque fois grâce à l'ivraie...
Astrid SHRIQUI GARAIN
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