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Critique de bgbg


Ce sont des Mémoires écrites par l'auteur vers cinquante ans et couvrant son enfance et sa première jeunesse, qui s'étalent à la fin du XIXe siècle.
André Gide est issu d'une famille bourgeoise, protestante, rigoriste, père professeur de droit. Son enfance fut assez chaotique, entre Paris, la Normandie, Uzès, partagé entre ses familles maternelle (Rouen et alentours) et paternelle (Cévennes). Orphelin de père à 11 ans, sa scolarité est discontinue, entre renvois de l'École Alsacienne pour mauvaise conduite (comprendre masturbation) ou maladies sans support vraiment organique. Son éducation est alors et souvent assurée par des précepteurs ou professeurs particuliers. Enfant timide, mal intégré, il est cependant entouré de cousins et cousines, autant de compagnons de jeux l'autorisant à une certaine familiarité avec la nature - intérêt pour l'entomologie - et à un sens approfondi de l'amitié.
Gide s'éprendra de sa cousine Madeleine (nommée Émanuèle dans le récit), cultivant pendant des années une relation platonique, intellectuelle, sublimée. Après avoir été une première fois évincé, il finira par l'épouser après la mort de sa mère - à la toute fin du récit - (mais ce mariage ne fut pas consommé, selon certains). Cette relation fut fondatrice : ce que l'auteur aime par dessus tout chez sa cousine, c'est sa vertu, sa foi, sa moralité. Lui-même, à l'instar de l'influence portée par sa mère, est entièrement imprégné de rigueur protestante, de puritanisme sévère, et à la fois d'une sincérité brûlante.
Assez vite, André Gide se lie d'amitié avec Pierre Louis et se met à fréquenter des cercles littéraires dont celui de Stéphane Mallarmé.
Une évolution se dessine en lui, il découvre la diversité du monde, la richesse de la nature chez chacun, la possibilité que la vie soit moins uniforme, plus “chatoyante“ que ne le promettait sa morale rigoureuse.
Gide rejette son puritanisme jugé aliénant et adopte une liberté d'esprit émancipatrice qui trouvera son point d'orgue lors d'un voyage en Afrique du Nord en 1893-94, Tunisie puis Algérie (Biskra, Alger) avec son ami Paul Laurens, puis avec Oscar Wilde qu'il rencontre ensuite : là s'exprime son homosexualité, on dira plutôt son attrait pour de jeunes adolescents, qu'il “consomme“ plus qu'il n'entretient avec eux une relation amoureuse ou égalitaire. Il les respecte, mais ce sont des mineurs ! La tolérance à ces pratiques était alors différente, expliquant la possibilité d'aveux. Son homosexualité révélée, plus que sa préférence pour des adolescents, fit tout de même scandale à la sortie du livre.
Cet ouvrage est divisé en deux parties, d'importance inégale, enfance et milieux familial et intellectuel, imprégnation spirituelle dans la première, voyage en Afrique du Nord dans la seconde. On y trouve le plaisir qu'on rencontre dans ces mémoires d'une autre époque, immersion dans une nature explorable (si l'on ose dire), réflexions philosophiques et spirituelles intenses, amitiés étoffées. On y surprend un personnage d'intérêt, on peut découvrir Gide et avoir envie de mieux le connaître.
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