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sur 397 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Autobiographie ou confessions ? André Gide se raconte sans pudeur depuis son enfance à la scolarité capricieuse, l'amour qu'il voue à sa cousine Emmanuèle, ses rencontres jusqu'à son émancipation en Afrique du Nord où il recroisera la route d'un certain Oscar Wilde.
Il dresse une frontière infranchissable entre les aspirations de sa chair et les élans sentimentaux de son esprit. Il écrit d'alors qu'il se trouvait au chevet de sa mère : « Une fatalité me menait ; peut-être aussi le besoin de mettre au défi ma nature ; car, en Emmanuèle, n'était-ce pas la vertu que j'aimais ? C'était le ciel, que mon instable enfer épousait ; mais cet enfer je l'omettais à l'instant même : les larmes de mon deuil en avait éteint tous les feux ; j'étais ébloui d'azur, et ce que je ne consentais plus à voir avait cessé pour moi d'exister. »
Lire un ouvrage de Gide est comme écouter du Bach, chaque mot choisi est à sa place et il y a une place choisie pour chaque mot, le Verbe est porté haut, il brille au pinacle des plus belles lettres de la littérature française.
Editions Gallimard, Folio, 372 pages.
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Si le grain ne meurt ne fait allusion à un vers de l' Evangile selon Jean :" Si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais, s' il meurt,
, il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour l' éternité .
Ce vers , qui est le titre du roman, exprime tout l' enjeu de la vie de Gide :" L' enjeu obtus" qu' il reconnaît en lui-même, oppressé et paralysé par l' éducation
puritaine et sévère de sa mère, doit mourir et céder la place au jeune homme épanoui, créatif et libre d' esprit .
Si le grain ne meurt est un roman autobiographique d' André Gide . Ce roman est divisé en deux parties des longueurs inégales. Dans la première
partie, l' auteur raconte ses souvenirs d' enfance : ses précepteurs, ses fréquentations, sa famille, la naissance de sa vénération pour sa cousine Madeleine, ses premières tentatives d' écritures .
Dans la seconde partie du livre, plus courte que la précédente, Gide retrace sa découverte du désir et de son homosexualité lors d' un voyage en Algérie.
Dans ce livre Gide se raconte avec une grande sincérité et se laisse voir tel qu' il était durant cette tranche de sa vie .

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« Je n'écris pas ces mémoires pour me défendre, je n'ai point à me défendre, puisque je ne suis pas accusé. Je les écris avant d'être accusé. Je les écris pour qu'on m'accuse », écrit Gide dans son Journal le 19 janvier 1917.

L'enfance, l'adolescence et le début de l'âge adulte, sorte de confession, d'André Gide jusqu'à ses fiançailles avec sa cousine Madeleine Rondeaux, appelée Emmanuèle dans le livre. A sa publication, en 1926, Gide a cinquante-six ans, il y travaille depuis 1916. le livre est construit en deux parties. de l'enfance jusqu'au baccalauréat pour la première, après le bac jusqu'à ses fiançailles pour la deuxième.

La religion est très présente chez Gide, son arrière grand-père maternel est catholique et son grand-père élevé dans cette religion épouse une protestante ; leurs cinq enfants (dont la mère de Gide) sont élevés dans la religion protestante mais l'oncle Henri se convertit au catholicisme. Son père professeur de droit romain lui fait des lectures : l'Odyssée, Molière, le livre de Job et l'appelle son "petit ami". Il lui montre aussi les galeries que creusent les insectes dans les livres. Gide à onze ans quand il meurt. Sa mère prend ensuite toute la place dans son affectivité. Son "éducation rompue", selon ses propres termes, est partagée entre l'instruction à domicile avec des précepteurs (souvent pasteurs) et la fréquentation en pointillés d'institutions comme l'école alsacienne ou le lycée Henri IV l'année du baccalauréat (un trimestre !). Il apprend également le piano (seul Marc de la Nux, ancien élève de Liszt lui laissera un bon souvenir). Sa géographie familiale le mène de Paris où vivaient ses parents et où demeurera ensuite sa mère, à Rouen et sa région (La Roque, Cuverville : côté maternel), en passant par le midi : Uzès entre autre, région de sa grand-mère paternelle. C'est en Normandie qu'il rencontre fréquemment ses cousines et notamment Emmanuèle (Madeleine Rondeaux).

Gide se décrit sans complaisance comme un enfant nerveux s'inventant aussi des troubles qu'on qualifierait aujourd'hui de psychosomatiques, se voit comme un enfant peut-être stupide, "en jachère", "pareil à ce qui n'est pas encore né", "je ne comprenais pas ce que l'on me voulait, ce que l'on attendait de moi" p. 64 (zéro de conduite à l'école alsacienne dont il sera renvoyé trois mois pour "mauvaises habitudes" ! entendez masturbation notoire en public en dégustant des pralines. (C'est en rhétorique à l'école alsacienne qu'il se lie avec Pierre Louis (Louÿs). Il aime le Buch der Lieder de Henri Heine et lit un livre par jour l'année du bac !). le temps des vacances le ramène du côté de Rouen, auprès de ses cousines, où il a la révélation du "secret de sa destinée" : rendre heureuse l'une d'elles, Emanuèle, et l'épouser un jour (pour la consoler du chagrin qu'elle a eu en prenant connaissance de l'infidélité de sa mère, motif repris dans « La porte Etroite »). Après son bac qu'il obtient au rattrapage il part en voyage en Bretagne suivi par sa mère. Il a déjà en projet d'écrire un livre ce sera Les Carnets d'André Walter (qui paraîtront en 1891). C'est un flop. Il envoie son livre à Emmanuèle et la demande en mariage : refus. Ensuite, il entre dans "une selve obscure" selon ses mots (et le lecteur dans les entrelacs de ses conflits intimes) jusqu'à son voyage en Afrique avec Paul Laurens. Il fréquente toujours Pierre Louis qui le met en contact avec les milieux littéraires du Parnasse et du Symbolisme (Mallarmé, Heredia et consorts). Il succède à Léon Blum comme critique littéraire à la Revue Blanche, s'occupant des livres de prose.

« La morale selon laquelle j'avais vécu jusqu'à ce jour cédait depuis peu à je ne sais trop encore quelle vision plus chatoyante de la vie. Il commençait à m'apparaître que le devoir n'était peut-être pas pour chacun le même, et que Dieu pouvait bien avoir lui-même en horreur cette uniformité contre quoi protestait la nature, mais à quoi tendait, me semblait-il, l'idéal chrétien, en prétendant mater la nature » p. 275.
La deuxième partie est beaucoup plus courte, mais plus dense. Ici, Gide fait le récit de son premier voyage en Afrique en compagnie de Paul Laurens. Il est malade mais ne sait pas trop de quoi. Tuberculose ? Tunisie d'abord. Ce voyage prend des allures initiatiques en lui révèlant son orientation sexuelle pendant les six jours à Sousse. A Biskra, une tentative de "normalisation" avec une jeune Oulad Naïl, Miriem, s'avère infructueuse et rapidement suivie de ce que Gide appelle un "retombement". Mme Gide, inquiète de l'état de santé de son fils, les rejoint puis repart ! Les deux amis rentreront en France par la Sicile et l'Italie. Gide va se faire soigner en Suisse, puis après un bref séjour à Montpellier chez son oncle Charles il décide de repartir en Algérie. À Blidah il rencontre Oscar Wilde et lord Alfred Douglas (qu'il avait fréquenté à Paris et rencontré à Florence). Il a une aventure décisive avec un jeune musicien arabe, Mohamed. Rentré en France, il passe quinze jours avec sa mère qu'il retrouvera mourante en Normandie peu de temps après alors qu'il était parti la rejoindre et se fiance avec Emmanuèle. Tout à fait intéressant pour découvrir Gide dans tous ses paradoxes et dans la limpidité de style rare qui le caractérise. A lire sans aucun doute pour comprendre le « contemporain capital ».
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Si le grain ne meurt /André Gide (1869-1951) Prix Nobel 1947
La cinquantaine passée, Gide décida d'entreprendre l'écriture de ses mémoires. Tenant un journal depuis toujours, c'est sa vie privée ainsi notée qui lui a été un tremplin pour trouver l'inspiration. Cette autobiographie, écrite dans un style remarquable très classique, s'étend de l'enfance de Gide jusqu'à ses fiançailles et nombres des éléments vécus et relatés dans cette oeuvre ont inspiré « La porte étroite » et « L'Immoraliste ».
Dans ce récit, il raconte sans fard les 26 premières années de sa vie. Lors de sa parution en 1926, le livre scandalisa ses contemporains. On parla d'audace provocante. Cela a toujours été dans la nature de Gide de provoquer, obsédé qu'il fut d'être foncièrement sincère.
La jeunesse de Gide n'a pas connu ce qu'il appelle « l'exotisme de la misère », mais plutôt la « simplicité archaïque » de la vie huguenote notamment lors de ses vacances à Uzès, berceau de la famille paternelle.
« Mes parents avaient pris coutume de passer les vacances d'été dans le Calvados, à La Roque Baignard, cette propriété qui revint à ma mère au décès de ma grand-mère Rondeaux. Les vacances de nouvel an, nous les passions à Rouen, dans la famille de ma mère ; celles de Pâques à Uzès, auprès de ma grand-mère paternelle. »
Dès le début du récit, Gide fait part de ce vif sentiment qu'il éprouvait d'être divisé par sa double origine normande et languedocienne. Difficile alors pour le jeune homme de se sentir enraciné quelque part même s'il est fier d'être le petit fils du pasteur Tancrède Gide et s'il se sent touché par la vie évangélique d'une famille paysanne. Il est certain que l'atmosphère régnant au sein de cette famille a eu un impact déterminant sur son enfance. Il reconnait son côté obtus et oppressé, paralysé par l'éducation puritaine et sévère de sa mère et fera tout pour que ce côté disparaisse et cède la place à un jeune homme épanoui et libre d'esprit et de corps.
« Mon éducation puritaine encourageait à l'excès une retenue naturelle où je ne voyais point malice. Mon incuriosité à l'égard de l'autre sexe était totale…Je vivais replié, contraint, et m'étais fait un idéal de résistance ; si je cédais, c'était au vice… »
L'amour de Gide pour Madeleine Rondeaux, sa cousine, (Emmanuelle dans le récit) a eu une importance capitale dans la vie de l'écrivain. Elle devint sa femme en 1895. On retrouve Madeleine sous divers noms dans son oeuvre, que ce soit dans « L'Immoraliste » ou dans « La porte étroite ». Il apparait que cet amour se tournait vers un être faible, victime d'un drame familial et qu'il souhaita protéger.
L'ouvrage se divise donc en deux parties : dans la première, il raconte ses souvenirs d'enfance : ses précepteurs, ses écoles où il ne fut guère assidu, pour une scolarité globalement anarchique, sa famille, ses mauvaises habitudes, ses jeux, sa solitude puis son amitié avec Pierre Louÿs, sa vénération pour sa cousine et ses premières tentatives d'écriture. Dans la seconde partie, Gide retrace sa découverte du désir et de sa pédophilie et son homosexualité, lors d'un voyage en Algérie. Affidé à Pierre Louÿs, Oscar Wilde et Paul Albert Laurens, il vogue avec Ali sur des vagues d'oaristys en route vers l'empyrée…
Il faut bien retenir que Gide porte un regard sévère sur ses obsessions et cette absence de complaisance se traduit par une confession écrite sincère et sans pudeur en une langue aux mots choisis et précis. Un critique disait : lire Gide, c'est comme écouter du Bach.


Extrait : « le motif secret de nos actes, et j'entends : des plus décisifs, nous échappe ; non seulement dans le souvenir que nous en gardons, mais bien au moment même. Sur le seuil de ce que l'on appelle : péché, hésitais-je encore ? Non ; j'eusse été trop déçu si l'aventure eût dû se terminer par le triomphe de ma vertu, que déjà j'avais prise en dédain, en horreur. Non ; c'est bien la curiosité qui me faisait attendre… »
Pour la petite histoire, le titre fait allusion aux versets de l'Évangile selon Saint Jean, 12,24-25 :
« Si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais, s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui qui aime sa vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle. »
Ce texte exprime donc de façon métaphorique la dualité de l'auteur. Commencé en 1916, ce récit à forme parfois de confession fait écrire à Gide dans son journal : « Je n'écris pas ces mémoires pour me défendre, je n'ai point à me défendre, puisque je ne suis pas accusé. Je les écris avant d'être accusé. Je les écris pour qu'on m'accuse ».
Pour la petite histoire encore, notons que André Gide eut une fille : Catherine Gide (1923-2013), écrivaine, fille naturelle et seul enfant d'André Gide et d'Élisabeth van Rysselberghe (fille de Maria et du peintre Théo van Rysselberghe). Elle fut reconnue par son père à la mort de Madeleine en 1938, épouse d'André Gide.




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Une super autobiographie qui se lit très facilement. Cette simplicité se retrouve dans le style très fluide et beau de Gide. J'ai pris énormément de plaisir à découvrir sa plume et j'ai hâte de me plonger dans d'autres oeuvres de l'auteur. Avoir commencé par ce livre me permet de mieux cerner l'auteur, on a ainsi l'impression de le connaitre et on souhaite retrouver son style comme celui d'un ami.
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Pureté, puritanisme, protestantisme, humanités...
Il faudrait bien des mots pour qualifier ces mémoires.
Je ne connaissais de Gide que plusieurs de ses romans, sans avoir eu la curiosité jusqu'à présent de découvrir sa vie.
Et quelle vie, quelle époque...
Des découvertes, des fréquentations de renom, une haute société avec ses codes.
Un univers totalement inconnu et captivant pour moi.

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Une enfance et une vie. C'est ainsi qu'on reconnaît les grands écrivains, lorsqu'ils nous parlent de choses banales, de quotidien, de décors d'endroits qu'on ne connaît pas, mais que, malgré ça, on ne peut pas lâcher le livre. On dévore les mots du Prix Nobel comme s'il s'agissait de notre vie.
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Ma pensée en terminant le livre :
"Maintenant je dois lire Paludes... "
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Bonne lecture... 🌻
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Excellent livre, j'ai adoré.

On s'identifie à bon nombre d'éléments de sa vie que ce soit à l'école ou même dans notre rapport aux autres.

Le seul reproche qu'on peut faire à ce livre est qu'il pose un diagnostic sur un bon nombre de maux de l'Homme mais n'y apporte aucune solution, laissant le lecteur pantois et en questionnement.
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