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sur 144 notes
Différents délits que les jurés sont amenés à juger sont exposés dans ce court récit : viols, atteintes à la pudeur, meurtres, incendies. On découvre alors la difficulté de démêler parfois le vrai du faux, la fragilité des témoignages, la capacité intellectuelle des jurés à comprendre les affaires et le poids du président du tribunal. Il arrive que les jurés aient de la compassion pour tel ou tel inculpé et même si l'affaire est entendue, qu'il n'y a pas d'équivoque sur la culpabilité, ils peuvent être amenés à ne pas déclarer le prévenu coupable car telle est la façon dont fonctionne la justice : pour que la peine soit légère, il faut voter non.
Et puis, parfois, la victime ne semble pas très sympathique, ce qui plaide en faveur de l'accusé.
Gide passe en revue toutes sortes de cas aussi pathétiques les uns que les autres.
Finalement, le crime n'est rien sans le regard bienveillant ou malveillant que l'on porte sur les protagonistes. Souvent, on juge à la tête du client et la justice, dans tout cela, est malmenée !
Récits lapidaires, l'exercice de Gide est efficace et à mettre dans les mains de tous, surtout les futurs jurés.
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Le dicton nous dit : l'habit ne fait pas le moine.
André Gide corrige : l'habit fait le condamné. En effet il ressort de ce court texte qu'il est bien plus aisé d'être acquitté si l'on ressemble à un prince russe qu'a un misérable en guenilles.
Et pour leur malheur ce sont ces derniers qui sont toujours assis sur le banc des accusés car la société n'est guère douce pour eux.
En 1912 André Gide fut appelé à être juré au tribunal de Rouen.
Il nous décrit différentes affaires avec le constat amer que la justice des hommes est le plus souvent aléatoire et tyrannique.
Il ne faisait pas bon en ces temps-là d'être du mauvais côté du manche. Ne pas naitre bourgeois vous condamnait à l'esclavage par le travail au mieux.
Au pire une peccadille vous envoyait au bagne le restant de vos jours, aussi sûre que la pluie mouille.
On peut penser que cette expérience marqua l'auteur aux sympathies dreyfusardes et que ses luttes futures s'en sont nourries.
Un texte d'à peine soixante pages (version La Pléiade) qui vous fera apprécier la parfaite maitrise narrative d'un auteur en pleine maturité.
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Nous sommes en 1912, et André Gide, que je ne connais que de nom, grâce à ma culture plus que limitée en ce qui concerne la littérature classique, est nommé juré pour quelques jours dans un tribunal normand.

Ce petit ouvrage est donc un simple recueil des impressions de Gide durant son expérience citoyenne, au gré d'affaires assez hétérogènes.
C'est principalement par curiosité que je me suis lancé dans cette lecture, pour découvrir le système judiciaire de l'époque, et faire un peu de voyeurisme sur les moeurs et la délinquance du début de siècle dernier. Bon, j'en ai eu pour mon argent (2 euros exactement), même si tout n'est pas passionnant.

Quant à l'interprétation de l'auteur de ce qu'il a été témoin durant ces quelques jours au tribunal, c'est plus compliqué. Parfois présentant des points de vue intéressants, Gide peut également être perturbant sur certaines réflexions.
Sa critique est acerbe et n'épargne pas grand monde. Certes, les exemples de dysfonctionnement sont plutôt nombreux dans les quelques cas que nous suivrons ici, mais rien ne semble trouver grâce aux yeux de l'écrivain dans cette machine judiciaire. Tout le monde en prend pour son grade, des autres jurés en passant par les victimes et prévenus, sans bien sûr oublier les juges, les avocats et les gendarmes.

Humainement parlant, j'ai eu du mal à cerner Gide, le sentant parfois plus ému par le sort du coupable que celui de la victime.
Par exemple, l'auteur semble étonné qu'un prévenu, ayant poignardé plus d'une centaine de fois sa maîtresse, ne bénéficie pas de circonstances atténuantes, pour la raison qu'il n'aurait donné que des petits coups de couteau, peu profonds...
Ok André.

Et ce dernier de conclure avec ses idées d'améliorations, qui se limiteront quasiment à un plan sur papier de la scène du crime, ou, plus perturbant, de n'accorder le devoir de juré qu'à une certaine élite, éliminant les moins instruits, et ceux "inaptes à la critique", selon ces propres termes, ce qui selon moi remettrait légèrement le concept d'un jury citoyen en question, mais bon, passons.

Une oeuvre sympa pour pratiquer le voyeurisme et se plonger dans l'univers pénal d'avant guerre, mais plutôt flippante quant à certaines réactions et positions de l'auteur, tout n'étant toutefois pas à jeter.
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André Gide nous donne son ressenti sur la justice après s'être retrouvé juré sur plusieurs affaires, mais aussi après avoir été confronté à la misère sociale, la misère intellectuelle de certains prévenus et aux présupposés tant de la magistrature que des témoins et même de certains justiciables.
Toute la misère du monde réunie dans cet institution qui dit le droit.
Le livre est scindé en affaires successives plaidées avec plus ou moins d'humanité.
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Rouen 1912, André Gide siège en cours d'assises.
Intéressé par le monde judiciaire, il écrit ces quelques souvenirs en plaçant l'écrivain qu'il est derrière l'humaniste et l'observateur des misères humaines rencontrées lors de ces journées.

Des faits de vols, d'infanticides, de crimes… dans une société de province voire rurale où les conditions de vie médiocres, l'éducation bafouée n'avantagent pas les accusés.

La constitution des jurés est également soumise à des manquements (comme celui qui, analphabète, savait à peine écrire oui ou non aux questions posées).
La notion des circonstances atténuantes et les conséquences des réponses données est mise en exergue dans une justice où le président influence trop les jurés, où il arrive avec une opinion déjà faite, où les explications sont balayées voire inexistantes.

Le chapitre IX est un modèle du genre (voire un sketch) sur la stupidité et l'importance inutile accordée à de petits faits.

Quant à l'épilogue, il donne froid dans le dos tant les réflexions des uns et des autres peuvent se retrouver dans notre société actuelle (exprimées différemment mais avec un contenu de même ordre).

Gide remet en cause le fonctionnement de la justice et fait appel au bon sens, à la rigueur, à l'humanité de celle-ci.
Le témoignage d'une époque certes mais un témoignage observateur des petitesses de l'homme, de ses faiblesses et de ses limites.

Petit livre se situant entre histoire sociétale, réflexions (« ne jugez pas »), humanisme, nécessité de se remettre en question…
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Un premier texte d'André Gide pour ma part sur un sujet qui m'intéresse.
Certes, il y a des réflexions intéressantes sur la position de juré et ce que les décisions impliquent. Cependant, il s'agit d'un témoignage sans grandes proses.
Une écriture simple, un texte simple. Plaisant mais sans plus.
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Quel mépris de l'auteur !

De tous les personnages de ce témoignage, c'est lui le seul qui ne soit pas un imbécile.

Les autres, tous les autres, les co-jurés, le président de la Cour, les témoins, même les avocats de la défense, sont des idiots et des flemmards. Aucun n'est capable de bosser le dossier.

Ou ce sont des salauds trop obnubilés par l'idée de débarrasser la société d'individus identifiés comme nuisibles pour s'intéresser aux faits soumis à leur examen.

L'auteur est le seul, rigoureusement le seul, à essayer de suivre les affaires, de comprendre les faits en discernant le vrai du faux pour établir justement les responsabilités.

Il est peu surprenant que l'on donne ce petit ouvrage à lire dans les grands lycées parisiens ou les classes prépas. C'est un petit bréviaire du mépris de classe.
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Ce court texte écrit en 1913 est extrait de Souvenirs et voyages. Il relate l'expérience de juré de cours d'assises de l'auteur mais également sa connaissance de ce domaine en tant que spectateur au sens noble du terme, sans voyeurisme.

"De tout temps les tribunaux ont exercé sur moi une fascination irrésistible. En voyage, quatre choses surtout m'attirent dans une ville : le jardin public, le marché, le cimetière et le palais de justice. Mais à présent je sais par expérience que c'est une tout autre chose d'écouter rendre la justice, ou d'aider à la rendre soi-même. Quand on est parmi le public on peut y croire encore. Assis sur le banc des jurés, on se redit la parole du Christ : Ne jugez point.

Et certes je ne me persuade point qu'une société puisse se passer de tribunaux et de juges ; mais à quel point la justice humaine est chose douteuse et précaire, c'est ce que, durant douze jours, j'ai pu sentir jusqu'à l'angoisse. C'est ce qu'il apparaîtra peut-être encore un peu dans ces notes."

Dans l'actualité, pas une semaine sans que la justice (et sa réforme) ne soit abordée, ses manquements, ses abus, ses failles, ses incompétences…

Ce livre écrit en 1913 m'a semblé très actuel, j'ai d'ailleurs eu part moment l'impression de revoir, au fil de ma lecture, « 10eme chambre d'instance » de Raymond Depardon, à la différence que les délits jugés par la la cour d'assise sont sans commune mesure avec ceux jugés par la 10eme chambre et que plusieurs décennies séparent ces deux oeuvres. Les mêmes problématiques, une justice qui parle un vocabulaire que beaucoup de prévenus ne comprennent pas, une justice de l'esbroufe en fonction du talant de votre avocat, une justice où on voit apparaitre des peines « du doute » bien trop pour un innocent, trop peu pour un coupable, des jurés qui subissent la pression médiatique, une justice engorgée…

"Les cultivateurs, de beaucoup le plus nombreux sont décidés à ce montrer très sévères ; les exploits des bandits tragiques, Bonnot, etc., viennent d'occuper l'opinion : « Surtout pas d'indulgence », c'est le mot d'ordres, soufflé par les journaux ; ces messieurs les jurés représentent la Société et sont bien décidés à la défendre."

"Le malheureux fait de grands efforts pour suivre le réquisitoire de l'avocat général, dont on voit qu'il ne comprend de-ci de-là que quelques phrases."

A la fin de la lecture on comprend mieux la difficulté d'être juré, le poids de devoir porter sur ses épaules une part de responsabilité d'une condamnation ou d'un acquittement dans une justice qui ne semble pas d'une fiabilité sans faille.


Lien : http://mespetitesidees.wordp..
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Ce petit texte, publié il y a 110 ans (1913) contient le résumé de plusieurs affaires entendues par André Gide en tant que juré de la Cour d'assises, ou de simple spectateur. Il s'agit principalement de vols, d'attentats à la pudeur (viols) et de meurtres.

Si les descriptions sont brèves et très factuelles, on ressent le côté aléatoire de cette justice populaire, avec l'importance de l'aspect physique et vestimentaire des accusés, des a priori et du passé des accusés.

J'ai regretté ce côté très factuel, assez détaché et répétitif, sans développement plus poussé sur la justice telle qu'elle était organisée et mise en oeuvre à l'époque.

Ce texte ne m'a pas laissé un sentiment de justice équitable, mais au contraire d'arbitraire, de doutes et de difficultés. Il doit être bien compliqué de se prononcer sur le comportement d'un individu que l'on doit juger avec, parfois, bien peu d'éléments et beaucoup d'incertitude.
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Les chroniques d'André Gide en tant que juré de cour d'assise ; un rôle dont il se faisait une haute-conception et qu'il prit assurément avec beaucoup de sérieux. Un livre fort court qui voit défiler les affaires sordides favorisées par la misère et le manque d'éducation : vols, recel, agressions, homicides, infanticide, viol d'enfants et incestes souvent dissimulés pudiquement derrière l'euphémisme "attentat à la pudeur", justement.
L'auteur reste parfois très factuel, et ce sont les parties du livre qui m'ont le moins intéressé. En revanche, quand il prend un peu de hauteur, analysant les rouages de la justice, l'influence parfois délétère du président, ses manques de discernement, la tâche parfois impossible du jury avec les pièces qui lui manquent pour statuer, les a priori et le manque d'instruction de certains jurés, là il devient passionnant.
Un livre qui tord le coup à la conception impitoyable que l'on a parfois de la justice du début du XXe siècle ; une justice qui peut se montrer très dure, mais aussi compréhensive, par exemple en acquittant une misérable femme de chambre qui a étouffé son foetus sous l'influence du géniteur et de son niveau d'éducation déplorable.
Un livre dont on ressort plus persuadé encore, si tant est que cela soit possible (en tout cas en ce qui me concerne) de l'importance absolue et primordiale de l'éducation populaire pour prévenir la délinquance sous toutes ses formes.
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