De toute façon, il ne sait plus où aller.
Au bureau ? La culpabilité et la honte l’empêcheraient de franchir les murs du commissariat.
Chez lui ? Même leur appartement lui semble un refuge bien dérisoire.
Le seul refuge dont il rêve, ce sont ses bras. Mais elle n’est plus là. Partie en fumée.
Tout ce qu’elle était se résume à ça. Tout ce qu’ils ont vécu se termine comme ça ;
Normal, en somme. La mort est le seul point final jusqu’a preuve du contraire.
C’est juste arrivé plus tôt que prévu.
Se laver d'une tentative de suicide, ça prend du temps. Se laver d'avoir voulu la mort, plus que toute autre chose.
Constamment en mouvement, comme si ça l'empêchait de penser. [...] Courir, toujours. Pour éviter de s'arrêter et d'être englouti par les sables mouvants.
Réussir, toujours. Pour oublier qu'un jour on a échoué.
Il roule vite, simplement parce qu'il aime la vitesse. Parce qu'il aime défier le destin.
Si seulement un pneu pouvait éclater et m'envoyer dans le décor. Me tuer, sur le coup de préférence. J'ai envie de mort, pas d'agonie. La vie, c'est déjà une lente agonie et rien d'autre. Une marche forcée vers l'issue fatale.
L'aube ne tardera plus, mais ne lui fera pas l'aumône du moindre réconfort.
Ce moment si particulier entre la nuit et le jour.
Entre deux mondes si différents.
L'heure ou les ombres se détachent de l'obscurité.
Bientôt, tout cela sera terminé.
Cloé, Valentine, sa carrière.
Sa vie.
Tout n’est qu’illusion. Puisqu’elle est morte.
Il respire, il fume, il mange, il boit, il bande. Il a le cœur qui bat, parfois un peu fort. Il a des souvenirs plein la tête, qui surnagent au milieu du désastre.
Mais tout cela n’est qu’un mirage.
Puisqu’il est mort.
Un agréable frisson la traverse, un sourire trahit son désir.
Là, juste sous sa peau.
Elle réécouterait le message qu’il lui a laissé en fin de matinée. Sa façon de lui dire Je t’embrasse fort… Comme s’il voulait lui dire Je t’aime sans se dévoiler.
Mourir pour elle, il s'y croyait prêt. Mais finalement, il préférerait vivre. Avec elle.
Je joue avec toi, comme le félin avec sa proie. Tu sais, juste avant de le dévorer...
Gamin, il aimait arracher les ailes des papillons. Aimait les regarder ensuite, collés au sol, se débattre et agoniser lentement.
Devenu un homme, il s'est mis à arracher celles des anges.