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3,83

sur 1784 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après mon coup de coeur pour l'excellent de force, j'ai voulu me replonger dans l'univers de Giebel avec un engouement que je ne cache pas.

Au premier abord, le résumé de l'histoire m'a beaucoup attiré. Puis, j'étais surtout intriguée par le personnage principal : Jeanne, une jeune femme de 28 ans solitaire, fragile, timide et maladroite qui jongle entre sa mère avec qui elle vit et son boulot de secrétaire dans un commissariat de Marseille.
Pas très ragoûtant comme vie !
Mais il y a ces fameuses lettres qu'elle trouve dans le train qu'elle prend quotidiennement. Certes, écrites par un meurtrier récidiviste nommé Elicius mais dont la beauté de l'écriture la laisse totalement sous le charme.
Terrible dilemme : le dénoncer ou continuer de fantasmer cet amour qui rempli sa misérable vie de bonheur ?

Bon, ici le coup de coeur n'était pas au rendez-vous mais j'ai tout de même passé une agréable moment.
Une réflexion sur la solitude est abordée à travers le personnage de Jeanne.
J'ai pris plaisir à la suivre dans son quotidien, toujours dans l'attente de sa prochaine lettre qui chamboule à chaque fois ses émotions. Giebel met bien en avant les différents sentiments qu'éprouve son personnage selon les situations.
Petite faiblesse quant à l'enquête suivie par le beau capitaine Esposito qui n'est autre qu'un collègue de Jeanne. Je m'attendais à ce que les ficelles soient un peu plus solides.
Par contre, j'ai aimé le sentiment de tiraillement que ressent Jeanne entre Esposito et Elicius, c'est ce qui renforce le dilemme et l'intrigue. La fragilité de son aspect psychologique met le lecteur dans le doute en permanence. Entre ses TOC, sa voix intérieure qui la tourmente, sa méfiance de l'extérieur et son passé qui la ronge, on s'interroge sur son vrai fond.
Certains passages sont un peu fleur bleue mais rien de bien gênant à mon sens.

La fin est plutôt pas mal également. Pas de gros suspense à faire frémir mais c'est un petit roman psychologique qui est vraiment plaisant à lire... et dans le train si possible !
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Jeanne est une femme tourmentée par son passé qui ne connait ni l'amour ni la vie douce. Sa carrière dans la police n'a guère plus de saveur que son quotidien. Jusqu'à ce qu'un tueur en série décide de lui écrire des lettres. Un joli roman signé par Karine Giebel qui se dévore rapidement et tient en haleine. Pas son meilleur mais un excellent thème avec de bons sentiments ambiguës. Pas de gore ni de trash dans celui-ci.
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Jeanne, le personnage principal de ce roman prend le train pour aller au travail, même heure, même place tous les jours, même tic de vérifier que son sac est bien fermé. Une routine bien établie. Moi aussi j'ai une routine, train pris à la même heure le matin, dans le même wagon et bien souvent à la même place avec un roman ou ma liseuse dans les mains pour passer le temps durant ce trajet routinier.

C'est ainsi dans le train que j'ai fait connaissance de Jeanne, c'est aussi dans le train que je rédige cet avis sur mon portable, sur ce premier roman de l'auteure ou est déjà présent une vraie maîtrise du suspense et un vrai travail sur la psychologie de son personnage principal. le style est très simple : sujet, verbe, complément. Des phrases courtes, percutantes. L'auteure sait où elle va et elle m'a emporté dans son intrigue jusqu'à la fin.

C'est dans le train que la vie millimétrée de Jeanne va être totalement chamboulée, une lettre, une lettre d'amour d'un inconnu qui lui est destinée, à elle, personnage effacé qui cache sa beauté, que personne ne remarque ou presque. Personnage instable frappé d'un drame dont elle ne s'est jamais totalement remise. Une lettre d'amour qui contient aussi un aveu, celui d'un meurtre.

Première lettre d'une longue série, début d'une sorte de romance épistolaire macabre marquée par une série de meurtres et un grand débat intérieur pour Jeanne. Dénoncer le tueur, ne rien dire. Mélange de peur, fascination, amour, et culpabilité, autant d'émotions qui traversent Jeanne et bien malin le lecteur capable de savoir qu'elle choix finira par faire celle-ci.

Quel choix va faire le personnage, comment cette histoire va se finir pour elle qui n'avait rien demandé, quel sort lui réserve l'auteure à la fin de son histoire et quelles sont les motivations des meurtres. Autant de questions qui poussent à dévorer ce court roman. La fin est cohérente et met par ailleurs en avant la mise en avant d'un délit pénal dont on parle peut-être trop peu mais qui peut pourtant détruire des vies.

Tout n'est pas parfait cependant, quelques réactions m'ont parfois semblé très peu crédibles et j'ai trouvé un personnage très cliché là où le personnage de Jeanne était travaillé, unique. Pour ce qui était alors un premier roman, rien de très méchant cependant et cela ne m'a pas empêché de prendre plaisir à découvrir ce thriller.

Je n'irai pas au terminus de ma ligne de RER mais mon billet lui arrive bien à sa fin. Je conclurai en vous disant que Karine Giebel est une auteure que je continuerai à découvrir et en remerciant chaleureusement Siabelle avec qui j'ai lu ce roman en lecture commune pour tous nos échanges très intéressants autour de cette lecture. N'hésitez pas à aller découvrir son avis.
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Karine Giebel a un pouvoir étrange sur moi qui hais la violence sous toutes ses formes.
Lorsqu'elle me sert à toutes les pages des tortures tant physiques que psychologiques, comme dans « Purgatoire des innocents » ou « Meurtres pour rédemption » j'en redemande encore et encore, jusqu'à la nausée parfois.

Bref, je suis atteinte de « Giebelite aigüe » et n'ai aucune envie de me soigner.

Je viens de terminer la lecture de son premier roman « Terminus Elicius ».
Il n'y a ici aucune violence physique mais un climat angoissant qui s'installe peu à peu.
J'ai aimé y retrouver ce sentiment d'enfermement que procure la peur. L'héroïne se sent prise dans un piège d'autant plus terrifiant qu'il lui est incompréhensible.

Comme toujours l'auteure réussit à jouer sur l'ambigüité des sentiments.
Son héroïne profondément humaine et vulnérable peut devenir lâche et bornée face à l'évidence et nous l'aimons et la détestons à la fois.

L'écriture est précise, les mots font mouche, le suspense est constant.

Ce premier opus laisse présager du meilleur et nous y avons eu droit, roman après roman.

Je suis définitivement accro.

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"Terminus Elicius" est le premier roman de Karine Giebel, publié en 2004, puis réédité en 2016. C'est le second pour ma part, après "Jusqu'à ce que la mort nous unisse" lu l'année dernière.

Jeanne est engluée dans une routine monotone mais rassurante, se composant de ses trajets en train, son travail et sa mère. Jeanne est une personne très discrète, très réservée, qui passe inaperçue et insignifiante aux yeux de tout le monde. Un jour, installée dans le train qui la ramène chez elle, toujours à la même place du fond dans le dernier wagon, elle trouve une enveloppe à son nom. C'est une déclaration d'amour d'un dénommé Elicius. Pour elle, si transparente d'habitude, c'est la lumière au bout du tunnel. S'en suivront d'autres lettres dans lesquelles Jeanne apprendra que son amoureux mystérieux n'est autre que le tueur en série qui sévit à Marseille...

256 pages, je trouve ça plutôt court pour un thriller psychologique. Je l'ai donc commencé en m'étant préparée à y trouver un manque d'approfondissement quelque part. Finalement non, l'intrigue est plutôt bien construite, le personnage de Jeanne bien creusé et le suspense bien présent. Mais si Jeanne est un tantinet agaçante, j'ai adoré la façon dont les événements sont menés.

Jeanne est ce que l'on peut qualifier de personnage très particulier. Elle est, d'une part, quelqu'un de totalement inintéressant : personne ne la remarque, car repliée sur elle-même, toujours habillée et coiffée sobrement, introvertie, effacée. D'un autre côté, on découvre petit à petit une jeune femme angoissée, très ordonnée (à la limite du TOC), un peu parano, désespérée. Et puis surtout, il y a cette voix dans sa tête, qui n'est que très rarement d'accord avec elle. On a donc là un personnage très complexe, qui aurait pu être plus intéressant si elle n'était pas tombée plus ou moins amoureuse d'un homme qui connaît tout d'elle sans qu'elle l'ait jamais vu, qui la suit et l'observe partout, sans que ça ne l'inquiète vraiment, qui trouve ça normal puisqu'il est amoureux d'elle. Consciente qu'il est également un tueur aux méthodes implacables, elle m'a souvent gonflée à constamment prendre sa défense, à lui trouver des excuses. Elle est certes "dérangée" et amoureuse, mais j'ai mes limites, je n'y ai pas cru...

On ne peut, en revanche, reprocher à l'autrice de ne pas avoir travaillé son personnage principal, qui ne m'a certes pas tellement plu, mais qui pourtant est sacrément bien abouti. Les autres manquent un peu de profondeur, mais entre Jeanne et l'intrigue, ça ne m'a pas interpellée.

J'en viens donc à l'intrigue, fort bien menée et qui a su me tenir en haleine jusqu'au bout. L'autrice maintient le suspense, et ce jusqu'à la toute fin. On veut savoir de quoi veut se venger Elicius, pourquoi il a choisi Jeanne pour confidente, quel lien les unit véritablement. L'autrice nous donne très peu d'éléments et il faut vraiment attendre les dernières pages pour que tout s'éclaire. C'est ainsi qu'elle m'a tenue.

J'ai juste un petit truc à lui reprocher, et c'est encore une fois parce que j'ai la fâcheuse habitude de tout retenir, jusqu'aux moindres petits détails... Il n'est pas expliqué comment Esposito a su determiner l'endroit où a lieu la dernière scène, lui permettant d'intervenir au moment opportun... J'aurais aimé comprendre comment il a pu savoir, sachant qu'il n'a pas été fait mention de cet endroit précédemment.

Karine Giebel use d'une plume plutôt concise, incisive, mordante. Les chapitres sont relativement courts. Il y a beaucoup de dialogues. La narration nous offre de temps à autre, en dehors de celui de Jeanne, la possibilité de percevoir les événements du point de vue du Capitaine Esposito, de plus en plus nombreux au fur et à mesure qu'on approche de la fin. La lecture a donc une très bonne dynamique.

Pour résumer, même si j'ai eu un peu de mal avec Jeanne, j'ai passé un très bon moment.
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Ma vision des trains se résumait à deux choses : les nombreux retards de la SNCB (certains trajets sont moins rapide en 2014 qu'en 1934, c'est vous dire) ou Jean Lefebvre dans la 7ème compagnie et ses chipoteries dans la loco afin de trouver les freins, ponctuées de sifflet de cette même loco, additionné de "Non, c'est pas ça. Ça, c'était "touche pas à ça, p'tit con". C'est vous dire que je m'y connaissais, en réseau ferroviaire !

Maintenant, je pourrai frissonner en repensant aux petits mots glissés à côté du siège de Jeanne, personnage central du roman de Giébel.

Premier point qui m'a saisi lors de ma lecture, c'est que le personnage principal, Jeanne, n'est pas vraiment le genre de personnage que je m'attendais à trouver. On est loin d'un personnage habituel (le personnage fort).

Voyez pas vous-même : elle vit encore chez sa mère qui est limite castratrice, bien qu'elle travaille au commissariat de Marseille, elle n'a pas de vie sociale car pas de relations amicales avec ses collègues, dans le train, elle s'assied sur un siège solitaire.

En plus, elle a des tocs, parle toute seule ou plutôt à son autre moi et rase presque les murs. Bref, une femme transparente - ce qui m'a déstabilisée - m'attendant à une femme plus dans les normes.

Par contre, c'était une merveilleuse idée de la faire ainsi, la Jeanne, parce que cela faisait d'elle une personne plus facilement impressionnable, ce qui ajoutait un "truc" en plus dans le déroulement de l'histoire et ce fut une surprise bien agréable !

Surprise aussi que dès la deuxième lettre, le mystérieux Elicius lui avoue d'emblée qu'il est le meurtrier qui sévit dans la région et dont les policiers du commissariat de Jeanne cherche désespérément à arrêter.

Y a pas à dire, l'auteur a vraiment le don de me surprendre et de me mettre sur mon fondement sans perte de temps inutile. Je ne m'attendais pas à cette révélation, pensant que Elicius allait jouer un peu plus avec Jeanne avant de tout révéler. Ben non, et ce fut encore plus jouissif.

Le roman est court, juste 250 pages : pas de temps mort. Suivre les pensées, les interrogations, les angoisses, les joies et la vie minable de Jeanne furent un moment fort, impossible de décrocher.

Tandis que l'inspecteur Esposito ne sait plus où donner de la tête avec les meurtres qui se succèdent sans qu'il semble y avoir un mobile apparent ou des points communs entre les victimes, le coeur de Jeanne vibre d'amour pour son mystérieux Elicius.

Mais Jeanne ne nous livre pas toute sa vie, il reste des parts d'ombre et on s'interroge : comment tout cela va-t-il évoluer ? Se terminer ? Et les pages défilent plus vite, l'adrénaline nous faisant lire plus rapidement, avec fébrilité.

J'avais deviné un tout petit morceau du mobile, pas "toute l'affaire", loin de là, et puis hop, j'ai encore ei droit à des surprises à la fin !

Une belle écriture, un scénario bien pensé, bien pesé, un personnage central différent de ce que l'on pourrait croire, un récit bien rythmé et des palpitations cardiaques avec Jeanne, dans le train.

Madame Giébel vient encore de me faire passer un bon moment !

Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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Le secret de l'hameçonnage qui dès les premières lignes ferre le lecteur me semble tenir à la personnalité du personnage principal. Jeanne est une jeune femme fragile, mal dans sa peau, inhibée, en proie à des manies compulsives. Pour ne rien arranger, elle est amoureuse du beau capitaine du commissariat où elle travaille comme secrétaire. Une petite vie, trop étroite, trop angoissante, pour peu de plaisir, et surtout pas celui de retrouver jour après jour sa mère chez qui elle habite.
Alors le jour où elle trouve une lettre sur la banquette du train qu'elle prend chaque jour, à son intention, sa vie bascule. Il faut dire que l'auteur n'est ni plus ni moins le serial killer qui perturbe le train-train du commissariat et fait naitre l'angoisse dans la population de Marseille.

Les meurtres se succèdent, Jeanne recueille les confidences du tueur, et au delà de l'horreur, les liens qui se tissent entre ces deux-là sont très ambigus. de toute façon, Jeanne ne peut en parler, sous peine de représailles. Ce n'est que lorsque le meurtrier la met au courant du meurtre à venir que Jeanne se décide et révèle la correspondance à qui de droit.

Quant au beau capitaine, qui semble avoir décelé le charme de la jeune fille , bien caché sous un aspect austère, l'enquête lui pose de gros problème, car la hiérarchie se lasse de l'absence de progression de l'enquête : 6 crimes, avec un mode operandi identique, l'affaire n'est pas simple. Quel est le lien entre toutes ces victimes?

On a déjà lu ou vu des intrigues de ce type sur le thème d'une vengeance différée. C'est ici la psychologie des personnages qui constitue le véritable intérêt. le dénouement est bien amené : je n'ai rien vu venir.

2ème essai transformé pour la découverte de cette jeune auteure, dont je vais explorer exhaustivement l'oeuvre
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Jeanne, jeune femme dans la fleur de l'âge, prend le train tous les matins pour se rendre au travail et reprend le même train, pour rentrer chez elle le soir. Jeanne prend le train, s'assoie toujours à la même place, toujours le même paysage qui défile sous ses yeux. Jeanne prend le train, toujours, son sac à ses pieds, en s'assurant plusieurs fois qu'il est bien fermé. Jeanne prend le train, et un soir, elle trouve une lettre, cachetée, à son nom. Sa vie alors réglée au quart de tour prendra une tournure qu'elle ne peut contrôler.
Elicius, le mystérieux, lui écrit. Il lui dit des mots d'amour, mais également des mots d'horreur. Il lui dit qu'il tue, qu'il assassine, toujours avec le même rituel. Il lui écrit qu'il assèche sa soif de vengeance. Jeanne fait vite le rapprochement : les meurtres qu'Élicius décrit correspondent à la vague d'assassinats qui fait régner la peur sur Marseille. S'engage alors entre Jeanne et Elicius une macabre correspondance qui place dans la place dans une drôle de position, partagé entre son travail au commissariat et l'obsession qu'exerce sur elle Elicius. D'autant plus que c'est la première fois qu'on dit des mots d'amour à Jeanne.
Une très bonne histoire, captivante et haletante. Pas de description sanglante inutile. Des phrases courtes qui donnent le rythme. Et Giebel amène son lecteur dans toutes les directions question de nous garde en haleine jusqu'au bout. A lire !
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Depuis que j'ai découvert Karine Giebel, je m'évertue à rechercher et à lire tous ses romans, pas toujours dans l'ordre de leur parution, mais qu'importe ! « Terminus Elicius » est le tout premier livre de l'auteur. le nom déjà, est énigmatique.
Karine Giebel nous offre un polar psychologique passionnant avec un portrait de femme, Jeanne, fragile, torturée et forte à la fois, embarquée malgré elle dans le sillage d'un tueur et confrontée à un dilemme.
Jeanne est donc une femme banale, presqu'invisible, dont la vie est ponctuée par les allers retours ferroviaires quotidiens, Istres-Marseille, entre son travail au commissariat et la maison où elle vit toujours avec sa mère. Jeanne, maniaque et pleine de tocs, reste en apparence impassible mais souffre des moqueries de ses collègues et du manque d'attention masculine.
Jusqu'au jour où elle découvre, à côté du siège qu'elle occupe chaque jour dans le train, les lettres qu'Elicius lui adresse personnellement. de courtes missives débordant d'amour à la fois touchantes et bouleversantes mais destructrices. Parce qu'Elicius est le serial-killer qui sévit à Marseille. Et c'est une véritable dépendance affective qui lie le tueur à la jeune femme. Karine Giebel a le chic pour nous laisser, comme l'héroïne, dans l'attente malsaine de cette lettre. L'enquête policière revient même au second plan par rapport à l'histoire et la personnalité de Jeanne.

L'auteur, avec sa plume fluide, utilise des phrases courtes, efficaces, donnant un style nerveux, rythmant les évènements et facilitant la lecture. Karine Giebel, comme souvent dans ses livres, nous entraîne dans les divagations de l'esprit de ses protagonistes, dans le doute, la peur, eux qui, souvent, sont à la recherche de l'amour, de la compréhension et de la confiance. Cette façon de dire et de faire ressentir, fait partie de son style très personnel.


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Embarquement immédiat pour, il me semble, le premier roman de Karine Giebel ! J'avoue que j'étais très curieuse de découvrir l'un de ses premiers écrits, que ce soit pour voir l'évolution de son style, si l'ambiance est déjà maîtrisée et si ses personnages ont déjà une petite touche « Giebel » ! Globalement, j'ai apprécié ce titre. Certes, tout n'est pas parfait toutefois, j'ai aimé le fait que son héroïne et son tueur ont quelque chose de complexe, discutable et noir.

Jeanne, jeune policière, est très investie dans son travail. Hélas, elle est également très timide, souvent moquée par ses collègues, si bien qu'elle ne tisse pas de lien avec autrui. Sa mère entretient également une relation étrange avec elle, à la fois toxique, protectrice, attentive et collante. (Je pense, d'ailleurs, que l'on aurait pu développer ce lien déroutant !) Il s'est passé un drame terrible qui a mis à mal la petite Jeanne. À la dérive et dans sa bulle, celle-ci trouve refuge dans les médicaments et la solitude. Un jour, elle découvre une lettre s'adressant directement à elle : le tueur que son patron cherche à attraper lui laisse des missives dans les transports en commun. Peu à peu, ces courriers vont changer la vie de la demoiselle. IL est le seul à la remarquer. Même s'IL sème la mort, IL sait la toucher avec ses mots. IL parle d'amour et de futur. Dans son coeur, tout remue. Dans sa tête, la peur, les doutes, la justice et les valeurs se bousculent. On a donc une (anti)héroïne perdue dont les sentiments et les choix sont contestables ! Même si je ne me suis pas attachée à Jeanne, j'ai adoré toutes ses facettes. Elle correspond exactement à ce que j'apprécie et recherche chez les protagonistes de l'auteure.

Le tueur en série n'est pas en reste. Si l'on passe outre son côté vengeur et sanglant (ce que, personnellement, je suis incapable de faire), ce meurtrier est tout de même intéressant. Il a sa vision des choses et semble totalement déboussolé. Au fil des correspondances, on réalise qu'il souffre énormément. Il voit en Jeanne une âme aussi peinée que la sienne. Il la connaît. Il l'a observée. Il l'aime. Sera-t-il prêt à arrêter ses crimes par amour pour elle ? Changer pour quelqu'un. Aller au bout de ses convictions. S'attacher à un bourreau. Sauver le Mal. Ce tandem atypique, dérangeant et complexe fait assez froid dans le dos. Cela dit, je pensais un peu plus vibrer tout au long du récit. Hormis quelques passages et le dénouement, j'ai estimé que l'on aurait pu créer davantage de tension ou rajouter des instants avec le binôme.

Ma grosse déception vient du capitaine Esposito. Bellâtre qui fait chavirer les coeurs de ses collègues, il enquête sur ces nombreux morts sans compter les heures ou les cafés ! Lui aussi a repéré la beauté discrète de Jeanne. Peu à peu, il va également tisser un lien avec elle, ignorant qu'elle entretient une relation épistolaire avec celui qu'il traque… le capitaine m'a paru terriblement creux, fade, cliché et sans intérêt. Je n'étais jamais satisfaite lorsqu'il devenait narrateur à son tour. On était surtout sur du contenu « classique », avec peu de suspense. Je préférais de loin l'idylle interdite de sa collègue et de l'assassin !

Le rythme fait également défaut au récit. En effet, l'intrigue met du temps à décoller et les rebondissements ou indices sont disséminés trop ponctuellement. Par rapport à d'autres publications plus récentes, on sent que Karine Giebel en est à ses débuts. Depuis, elle a bien travaillé sur le dynamisme et sur l'atmosphère de ses textes. On notera également l'épilogue qui n'a pas été à mon goût. Cela dit, je n'ai pas tenu rigueur de cette lente cadence, car j'ai mis cela sur les débuts de l'autrice. Quant au dénouement, j'estime que cela dépendra des préférences du lectorat. Alors, oui, il y a des défauts… Mais, il ne faut pas oublier que c'est un premier roman. En outre, les éléments positifs ont pris le dessus sur le reste, si bien que je suis ressortie globalement satisfaite de « Terminus Elicius ».
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