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Critique de bdelhausse


Je rejoins le cortège des sceptiques. J'ai trouvé ce livre facile, complaisant, creux, superficiel, faisant l'apologie d'une violence que l'autrice semble vouloir dénoncer, mélangeant esclavage, violence domestique, vengeance, sans le moindre recul, ni la moindre prise de position.

Je ne rechigne pas à la violence dans un roman. Brett Easton Ellis ou James Ellroy comptent parmi mes auteurs favoris. Leurs romans sont remplis de violence. Et même de violence gratuite (comme dans le roman de Karine Giebel). Mais cette violence gratuite perpétrée par les personnages du roman, elle a un but dans l'esprit de l'auteur. Ici, j'ai été incapable de trouver ce but.

Les 200 premières pages m'ont paru tout à fait digestes et "correctes", car j'avais l'impression de suivre la dénonciation de l'esclavage moderne. le passage à un ex-flic pétri de vengeance, puis à la violence conjugale (sur l'air du "oh je te cogne car j'ai été cogné dans mon enfance", ce qui est un peu court quand même), et à la violence liée aux activités de bandes mafieuses... ce passage m'a laissé tout à fait à quai. L'autrice veut-elle dresser un portrait des violences? Il en manque, alors. Non, j'ai l'impression que l'autrice n'a pas voulu traiter correctement le sujet qu'elle prétendait vouloir traiter. Alors on met un tueur en série. Alors on met de la romance à 2 balles (et pas du 6.35). On met des malfrats qui s'entretuent. Puis on fait une petite courbe rentrante en fin de roman pour remettre un peu d'esclavage moderne dans le gloubi-boulga que le roman est devenu.

Je lis des "cela se lit vite" un peu partout. Normal, car Karine Giebel fait un découpage en petits chapitres décrivant des scènes déconnectées les unes des autres, elle utilise les monologues des personnages principaux, elle mélange narration en "Je" et narrateur omniscient (ce qui est bien commode) et elle décrit l'action. Tous ces procédés conduisent à du prémâché pour le lecteur qui peut avance gaiement à toute vitesse dans le roman. Si le rythme était moins rapide, le lecteur se poserait trop de questions, et il verrait les ficelles, les écueils et les incohérences du récit. Un peu comme quand on fait du surplace avec une bicyclette, on tombe...

En ce qui me concerne, je pense que les 200 premières pages laissaient augurer d'un vrai roman sur l'esclavage moderne. Botter en touche ensuite n'apporte rien. Pire, cela déforce la tentative de démonstration. Sur 675 pages, moins d'1/3 traitent réellement de l'esclavage moderne, et encore ! uniquement via l'angle des sévices corporels. Il y a tant à dire sur ces pratiques d'un autre âge. le double coup de grâce (et je ne suis pas loin de penser que l'on atteint des abîmes d'obscénité) vient en page 669 et en page 685. La première rappelle la loi de 2013 qui fait entrer l'esclavage et la servitude dans le code pénal français. La seconde remercie l'Oganisation internationale contre l'Esclavage Moderne... histoire de se draper dans une légitimité que ce roman ne mérite pas.

Je laisse 2 étoiles pour ces 200 premières pages, prometteuses même si putassières et raccoleuses.
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