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EAN : 9782213619149
450 pages
Fayard (10/03/2004)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
De son exil argentin, Witold Gombrowicz, cherchant à publier son deuxième roman et une pièce de théâtre écrits après la guerre, entame une relation épistolaire avec le directeur de la revue polonaise Kultura, Jerzy Giedroyc. Durant ces années d?isolement et d?incompréhension, avec une conviction inébranlable et une lucidité rarement en défaut, il associe celui qui devint son éditeur à tous ses efforts pour conquérir d?abord un public polonais réticent, puis une audi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un document capital pour comprendre la genèse d'une bonne partie de l'oeuvre de Witold Gombrowicz. Il faut rappeler, qu'en 1939, Gombrowicz, fait un voyage en Argentine, à l'initiative du ministère de la Culture polonais, avec d'autres écrivains, et c'est Giedroyc, haut fonctionnaire, et membres de différents cabinets ministériels d'avant guerre en Pologne, qui avait proposé son nom. Lorsque la deuxième guerre mondiale a éclatée, l'écrivain est resté en Argentine, et suite à l'installation du gouvernement communiste sous l'emprise directe de Moscou, il ne rentre pas non plus au pays. Il survit difficilement, travaille dans une banque, et n'a plus vraiment la possibilité d'écrire ni de voir éditer ses oeuvres, malgré quelques tentatives, en particulier des traductions en espagnol de ses écrits d'avant guerre.

Dans ses diverses tentatives de reprises de contact avec les milieux littéraires, il écrit à un moment à Jerzy Giedroyc. Ce dernier a passé l'essentiel de la guerre dans l'armée polonaise à l'étranger, et la fin de cette dernière le trouve en Italie. Il ne souhaite pas rentrer dans la Pologne sous domination soviétique, et il choisit comme moyen de lutte, de fonder une revue culturelle, qui s'appellera Kultura, dont le premier numéro paraît en 1947. Dès 1948 il transfère la revue en région parisienne, à Maison Laffitte. Et c'est là qu'elle paraîtra jusqu'à 2000, c'est à dire la mort de son créateur. Il faut dire que cette revue a été tout simplement le fait le plus important de la culture polonaise de la deuxième moitié du XXème siècle. La plupart des écrivains, essayistes ou historiens polonais y ont publié à un moment ou un autre, d'autant plus qu'à la revue d'origine s'est ajouté la publication de livres et une revue d'histoire contemporaine. le politique y était abordé, mais d'une autre façon. Giedroyc a développé une position très particulière, en refusant de s'aligner sur la position d'organes telle que Radio Free Europe, financée par les Américains, et s'alignant complètement sur leur politique, ainsi que celle de l'opposition liée à l'ancien gouvernement polonais installé à Londres, à qui il reprochait son passéisme, son nationalisme chauvin et son manque de capacité à comprendre le monde d'après guerre. Il a voulu développer dans ses publications en toute indépendance une compréhension de la situation nouvelle et proposer des perspectives. Il a voulu initier une réflexion sur l'Etat et les institutions qui garantiraient la liberté et un fonctionnement satisfaisant dans un futur libre, et les relations souhaitables avec les états voisins. Kultura était une revue très exigeante, d'une lecture complexe, une partie était diffusée en Pologne d'une façon plus ou moins clandestine suivant les périodes, elle avait une retentissement énorme parmi les intellectuels, et était très mal acceptée par le pouvoir communiste, mais aussi par toute une partie de l'émigration.

En 1950, lorsque Gombrowicz adresse sa première lettre à Giedroyc, on est juste au début de cette histoire. Giedroyc apprécie beaucoup les écrits de Gombrowicz et très vite, lui suggère d'écrire un journal qui sera publié régulièrement dans Kultura. Il est donc à l'initiative de cette immense oeuvre, qui au départ n'enthousiasmait pas Gombrowicz, et qui sera pourtant une de ses oeuvres les plus importantes, et qu'il poursuivra jusqu'à sa mort. C'est aussi pour publier Gombrowicz que les premiers livres indépendants de la revue seront publiés, Ferdydurke et le premier volume du journal. Toute oeuvre de Gombrowicz sera ainsi publiée en polonais, et les proches de Kultura vont promouvoir Gombrowicz, comme d'autres écrivains polonais, auprès d'éditeurs et de revues étrangères, et c'est ainsi qu'il finira par être publié un peu partout dans le monde.

Gombrowicz ne sort certainement pas grandi de cette correspondance. Egocentrique, exigeant, soucieux essentiellement de lui-même, mesquin avec les autres, ne pouvant pas se refuser un bon mot, même s'il blesse les autres, il est exactement tel que je l'imaginais. Lorsqu'il se met à avoir du succès, il se permet de négliger Kultura, écrivant moins et plus irrégulièrement par exemple.

Mais cela me renforce dans l'idée que l'ouvre et l'artiste en tant que personne sont deux choses différentes, et que peut être il vaut mieux ne pas connaître les artistes pour pouvoir apprécier l'oeuvre sans interférences. L'attitude de Giedroyc, qui finalement ne s'en étonne pas, accepte les différentes exigences ou les prises de distance avec beaucoup de classe, une certaine ironie désabusée, est probablement très sage, et donne l'image d'un homme se faisant peu d'illusions sur les hommes en général et les artistes en particulier. Tout en se démenant pour eux.
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Vidéo de Jerzy Giedroyc
Dans le cadre d'un cycle de rencontres consacré à la nation ukrainienne, une demi-journée d'étude revient sur les grandes figures de la littérature ukrainienne des années 1920 qui furent réprimées par les Bolchéviques. En clôture, le film documentaire Slovo House de Taras Tomenko sera projeté.
Au lendemain de la Révolution de 1917, une nouvelle génération d'hommes et de femmes de lettres en Ukraine, portée par un espoir d'émancipation nationale, inaugure une « Renaissance » de la littérature ukrainienne. Ainsi se multiplie, dans les années 1920, comme jamais, le nombre d'oeuvres publiées en Ukraine ; on assiste aussi à l'éclosion de plusieurs groupes littéraires, dont le plus célèbre est Vaplitè, l'Académie libre de littérature prolétarienne.
La répression bolchévique qui suivra dans les années 30 fera disparaître ces écrivaines et écrivains du champ culturel ukrainien soit à la suite de leur assassinat, soit à la suite de leur mort littéraire, conséquence de leur (auto)censure ou de leur exil.
Lors de cette après-midi consacrée à la « Renaissance fusillée », quelques grandes figures de cette génération sont présentées : l'écrivain Mykola Khvylovyi, chef de file et théoricien littéraire de Vaplitè, Mikhaïl Semenko, initiateur du futurisme ukrainien ou Iouri Ianovski, membre de Vaplitè dont le roman Les Cavaliers (1930) sera adapté par Louis Aragon en 1957. Une anthologie du même nom, publiée par Iouri Lavrinenko et Jerzy Giedroyc en 1959, constitue un monument qui fait oeuvre de mémoire pour cette littérature qui a payé le prix du sang pour exister. Des documents remarquables, issus des collections de la BnF, sont mis en regard des interventions. de spécialistes.
En savoir plus sur cette demi journée d'étude : https://www.bnf.fr/fr/agenda/la-renaissance-fusillee-en-ukraine-annees-1920-1930-figures-dune-intelligentsia-sacrifiee
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