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3,79

sur 212 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quel roman passionnant ! Je l'ai dévoré.

Quand Lila retrouve des années plus tard celui qui l'a hébergée et aimée durant la seconde guerre, Ellie est un centenaire qui a dû changer son identité à l'époque pour sauver sa vie.
Si le roman s'ouvre sur la légèreté et l'allégresse de ces retrouvailles, très vite, il se révèle plus sérieux et tragique.

Franz-Olivier Giesbert, avec une imagination féroce relate ici la montée de l'antisémitisme jusqu'à l'ascension d'Hitler à travers deux familles. L'une juive, les Weinberger et l'autre allemande, les Gottsahl. L'auteur juxtapose avec subtilité et brio une part fictive et romancée sur le pan de l'Histoire tirée de sources authentiques. Il nous tient en haleine durant plus de quatre cents pages dans un roman historique où Hitler y est décrit dans ses plus notoires détails. Hitler le schmock. le plouc, le timide, le maladroit, celui à l'haleine de chacal. On s'immisce avec horreur et fascination au côté de cet homme et de ceux qui vont lui tourner autour de près comme de loin.

Il y a quelque chose de captivant et d'effrayant à la fois d'assister à un repas avec Adolf Hitler, de voir ses manies, sa façon de parler, son discours. Ou bien de le rencontrer début des années 1900 quand il peignait et était vagabond.
Vu que le roman s'ouvre au début des années 1900, on suit surtout la montée de l'antisémitisme, l'affaire Dreyfus, la crise économique qui a plongé l'Allemagne dans la misère. L'auteur dissèque chaque année avec un intérêt historique et psychologique des plus intéressants. Sans jamais perdre son lecteur ni alourdir son récit.

On ne pourra jamais pardonner ni oublier ces millions de vies arrachées ou torturées. On peut essayer de comprendre le psyché d'un homme qui aurait pu, peut-être être sauvé, sauvé l'histoire s'il avait osé accoster plus jeune par exemple comme le laisse à penser Giesbert, la demoiselle dont il était épris. L'amour peut tout.

En ouvrant le Schmock, l'Histoire est venue me hanter jusqu'à m'obséder. Impossible à lâcher ce roman tant il est parfaitement bien documenté et marie à la perfection la trame romanesque avec l'Histoire scrutée au peigne fin où les détails deviennent dérangeants.

Ce roman m'a rappelé mon énorme coup de coeur pour La part de l'autre d'EE Schmitt. Je le recommande pour tous ceux qui sont passionnés par la seconde guerre mondiale.
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« Il n'y a pas de hasard, il y a que des rendez-vous » ... ce rendez-vous là m'a marquée !
Rendez-vous prit, donc, avec « Le Schmock ». le Schmock ?! En Yiddish, ce mot signifie tout à la fois penis, con et salaud. le père de Franz-Olivier Giesbert appelait ainsi, ironiquement, Hitler.

Eh oui, si les rencontres de nos vies ne sont pas le fruit du hasard, les rencontres littéraires, à mon sens, ne dérogent pas à la règle.

A peine la lecture de l'avant-propos entamée, me voilà, déjà, quelque peu chamboulée.

D'abord, par la révélation des origines de l'auteur : « Je suis de sangs mêlés, normand, allemand, autrichien, juif, anglais, écossais, peut-être même antillais et amérindien si on en croit les légendes familiales ». Un père américain « héros » du débarquement, aux origines juives et allemandes dont de lointains cousins germaniques au passif nazi ... autant dire un certain malaise ambiant lors des rares visites familiales les réunissant.

Ensuite, par les questions soulevées : « par quelle aberration, à cause de quelles complaisances, quelles lâchetés, le nazisme fut-il possible ? Qu'était-il arrivé à l'Allemagne qui, avec l'Autriche, avait enfanté Jean-Sébastien Bach, Hildegarde de Bingen et Rainer Maria Rilke ? Comment cela a-t-il pu advenir ? »

Alors oui, les origines et ces questions là résonnent en moi, font écho à ma conscience car, moi aussi, je suis « de sangs mêlés » ...

Tenter d'expliquer l'inexplicable une lourde tâche rendu possible dans un subtil mélange de fiction et de réalité historique. Franz-Olivier Giesbert n'est jamais loin. Omniprésent dans le récit, il s'immisce et délivre au lecteur des précisions historiques, rétablit des vérités. Il décrypte, de manière très factuelle, le contexte de la montée du nazisme en Allemagne.
S'appuyant donc sur la fiction : l'histoire d'une amitié qui traverse la première et seconde guerre mondiale. L'amitié de deux familles munichoises : Les Weinberger et les Gottsahl. Les premiers sont juifs. le lien est fort, fragilisé certes, par cette montée en puissance du nazisme mais il résiste tant bien que mal.
L'équilibre est fragile et le choix du camp parfois incertain. La limite entre les deux est parfois floue ... qu'elle soit consciente ou inconsciente ...
Avec l'ascension progressive de Hitler, le destin des deux famille les emmène vers le pire : la proximité avec le « monstre ».

L'auteur, via le récit du quotidien de ces deux familles met, donc, l'accent sur le peuple allemand face au « Schmock ». Ce roi de la perversion, capable des pires manipulations, jouant de sa grande faculté d'orateur :
« Modérant son antisémitisme frénétique devant les industriels qu'il s'employait à séduire, il le jetait le même jour, comme un os à ronger, dans ses discours devant la populace en transe. »
Hitler, l'immonde anguille se faufilant dans la brèche discrètement ... inoculant alors son venin ... s'enfonçant dans les eaux troubles de l'horreur ... destination finale : l'enfer ... concentration, extermination ...

L'histoire d'un « Schmock », d'un peuple ... notre histoire à tous !

À vous, Franz-Olivier Giesbert, cette première rencontre fut éprouvante, certes, mais quelle rencontre ! Merci à vous pour ce roman magistral, ce travail de documentation titanesque et votre grand respect des victimes et rescapés des camps dont, volontairement, vous n'abordez pas le quotidien et vos raisons sont des plus humbles ...

À toi, Rolf, mon grand-père ... Berlin, 1938, tu as seulement 17 ans lorsque tu rejoins la résistance contre le nazisme. Ta vie entière vouée aux autres et à la réconciliation Franco-allemande.
Tu étais là, dans mes pensées, tout le long de ma lecture.
À ta mémoire, mon extraordinaire grand-père, je te dédie ce billet ... peut-être, parviendra-il jusqu'à toi ...
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« le sommeil de la raison engendre des monstres ». Francisco de Goya.

« Un Hitler, il n'y en a même pas un par millénaire, dit Magda Goebels la bouche pleine de poulet frit ».

Et heureusement, car c'est bien de ce monstre qu'il s'agit dans ce roman que j'ai lu avec avidité grâce à Magali (LadyBirdy) et son commentaire comme je les aime, enlevé, passionné…

Dans ce roman impertinent, j'ai voyagé dans l'oeil intemporel d'un drone scrutateur au-dessus de l'Allemagne nazie naissante assis sur mon trône du vingt et unième siècle tel un sénateur.
J'ai vu Munich comme si j'y étais, l'antisémitisme y devenir indécent, le crime incandescent.
J'ai vu la guerre, la victoire au bout de leurs fusils. J'ai vu les représailles après le traité de Versailles, la folie d'un peuple humilié se réfugier sous la bannière d'un illuminé de ténèbres.
J'ai surtout vu la fureur et les cris de deux familles entrelacées, enchevêtrées, empêtrées entre amour et haine, entre judéité et aryanité.
Quel talent vous avez M. Giesbert à faire ressurgir les idéaux des uns, les craintes des autres avec toute la truculence de votre humour vert de gris et de votre verve macabre quoique salutaire.
Vous avez l'érudition d'un conteur et la gouaille d'un baratineur.
C'est un bonheur de lecture où coule une rivière d'informations accrochant follement vos lecteurs aux haillons de ces temps. Ils avaient une étoile jaune au côté droit.
Bien que cette sombre période soit révolue, prenez les quelques heures nécessaires pour faire revivre l'invivable, pour finalement espérer l'éloigner à jamais. Pour ne plus envisager un instant que les bas instincts de chacun puissent refaire surface et nous éclater à la face, pour ne jamais apprendre de soi qui l'emporterait entre le jus de héros ou le Judas.
Saisissant et bluffant, passionnant et émouvant. Que de vies dans le sang, avilies !
« On ne se méfie jamais assez des imbéciles. On ne les voit pas venir. Ils ne ressemblent à rien, c'est ce qui les distingue ».
Le pire est-il à craindre pour demain ?
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Si un jour on vous traite de schmock, prenez l'air fâché, car c'est une pure insulte, juive. Hitler en a écopé, et lui, il faut dire qu'il le méritait !

Ce roman bouillonnant et alerte est parti d'une réflexion que se faisait l'auteur depuis toujours : comment cela se peut-il que des Allemands polis, cultivés, nourris de littérature et de musique par d'illustres maitres, puissent supporter un Schmock tel qu'Hitler, pataud, laid, grossier, malade mental et aux décisions effroyables ?
Il faut dire que l'auteur lui-même compte dans sa famille au sens large des sympathisants nazis et des victimes des camps de concentration.
Alors, je comprends tout à fait qu'il ait voulu mettre les points sur les i et analyser cette situation que beaucoup d'Allemands ont finalement vécue.

Avec l'humour qui le caractérise, Franz-Olivier Giesbert nous entraine dans l'histoire bouillonnante de deux familles (et même trois) d'ascendance juive ou mi-juive, allemandes, depuis l'aube du vingtième siècle jusqu'à des décennies plus tard. C'est vif, vrai et vivant, avec d'innombrables références historiques de toute sorte et plein de personnages connus, aimés ou exécrés, Hitler n'en est pas le moindre et celui-là, je peux vous dire qu'il en prend pour son grade!

Avec son esprit caustique, l'auteur m'a fait sourire tout en me cultivant. Quoi de mieux, finalement, qu'apprendre sans en avoir l'air, tout en avalant les atrocités commises au 20e siècle ?
Hitler ? Ah oui, ce schmock au nez tellement gros qu'il s'est fait pousser la moustache pour ne plus qu'on le voie ! Ce schmock à l'haleine satanique, tellement nauséabonde qu'on en tomberait dans les pommes ! Ce schmock qui fait des gaz à qui mieux mieux et à côté duquel il ne vaut pas mieux se tenir de peur d'être asphyxié ! Ca fait du bien, de lire des choses pareilles, l'auteur s'est défoulé, et je lui donne entièrement raison.
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Dès le début, F-O G donne le ton. Retrouvailles à 118 ans d'un gradé nazi et de Lila, 90 ans, gamine juive qu'il avait sauvée, une amourette platonique qu'ils sont bien décidés à consommer!

L'écriture de F-O G est impériale, un mélange explosif d'horreur et d'humour juif qui au travers de deux familles allemandes retrace intelligemment la montée du Nazisme et d'Hitler.

Je me suis régalé de ses maximes, bons mots célèbres, autodérision juive et en fin de compte ce peuple en ressort grandi!
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"Le Schmock" est un livre passionnant !
La tentative de Giesbert pour comprendre le nazisme est une réussite, vraiment ; c'est vrai que je ne partage pas tous les points de vue exprimés, sur les causes du nazisme, c'est vrai que la description que Giesbert fait d'Hitler est peut-être un peu simpliste, mais ce n'en est pas moins un beau roman.
Le nazisme permet à l'auteur de déployer des réflexions sur la politique, L Histoire, etc. Il s'agit de réflexions qui nous concernent tous, de réflexions parfois fines, pertinentes, et qui donne souvent à réfléchir.
Et puis il y a l'art de la formule, de Giesbert. Il trouve des façons originales de dire ce qu'il a à dire, il faut l'admettre.
Même si quelques scènes, quelques passages m'ont moins convaincu, ce livre m'a semblé intéressant, intelligent, puissant.
Les personnages sont très réalistes, leur psychologie fut très bien travaillée, cela se voir ; chacun de ses personnages semblent vivre, comme s'ils étaient réels.
Ce roman de Franz-Olivier Giesbert fut pour moi une lecture intense. Il appartient à la catégorie des livres qui ne laisse pas indifférents.
Un très beau roman !...
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Il faut le dire et le redire…
Il faut l'écrire et l'écrire encore….
Il faut le lire et le relire….
Personne n'a cru que Hitler pourrait atteindre le pouvoir suprême.
Trop paranoïaque
Trop hystérique
Trop antisémite
et surtout … pas au niveau ….
Et pourtant…..
Suite à la défaite de 1918 qu'il a vécue comme un véritable traumatisme, il entre en politique où, il fomente un dessein précis pour l'Allemagne qu'il mettra en oeuvre avec beaucoup de persévérance et d'habileté.
Une terreur sourde s'installe et l'incarnation du mal s'insinue dans toutes les sphères de l'Allemagne.
Et nous, aurions-nous vu ce qu'il se tramait ?
Aurions-nous eu le courage et aurions-nous réagit autrement ?
On ne sort pas indemne de cette lecture et le fonds documentaire indiqué à la fin de l'ouvrage nous invite à prolonger l'Histoire de cette sombre et terrible période.
Un grand merci à Céline et à son magnifique commentaire qui m'a donné envie de découvrir ce livre.
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Élie, « Harald » et Lila, eux de Dachau, elle de Ravensbrück. Trois survivants de la Shoah qui ne devaient, qui n'auraient pas dû, mais qui malgré leur purgatoire, leur passé fait de peur, de roussi, ont renoué après que leurs chemins se soient croisés, bien avant la dèche, une première fois, où ni « le schmock » de Franz-Olivier Giesbert, ni ses sbires belliqueux, n'auront su sonner le glas de leurs mains souillées, leurs idées de grandeur, de purge et d'infamie. Parole de Nietzsche le cacatoès, savoureux délire judaïque ficelé avec rythme, avec précision !
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Je viens d'achever le schmock et l'émotion me submerge encore.
Que dire ... que l'histoire a l'art de jouer les répétitions, que souvent on sous-estime les "idiots". Avec cet ouvrage, FOG nous rappelle comment Hitler et la montée du nazisme ont été sous-estimés, comment cette idéologie a bouleversé les esprits, comment un peuple qui a faim peut tendre vers la haine.
Un ouvrage pour méditer.
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Le Schmock - Franz-Olivier Giesbert

C'est sur le (très bon) conseil de mon papa que j'ai attaqué la lecture du « Schmock » de Franz-Olivier Giesbert. Un drôle de nom pour un sinistre personnage puisqu'il s'agit d'Hitler, un drôle de nom pour un roman que j'ai dévoré.

On le voit dans mes lectures la période de la Seconde Guerre Mondiale me passionne : elle est violente, elle questionne et elle est incompréhensible. Elle amène des lectures qui ont fait ma joie (je pense à « La part de l'autre » d'Éric-Emmanuel Schmitt qui fait partie de mes livres préférés, mais aussi aux « Indésirables » de Diane Ducret), et d'autres qui ont été une grande déception (« la goûteuse d'Hitler » de Postorino ou « Edmonde » de Dominique de Saint-Pern, livre commencé cet été et non achevé).

« le Schmock » entre sans conteste dans la première catégorie. Il est difficile à résumer mais il montre comment le nazisme est arrivé au pouvoir, comment des gens bons n'ont pas résisté, pourquoi beaucoup de gens en danger ont choisi de ne pas partir. Tous ces thèmes sont abordés sous le prétexte de suivre l'histoire de deux familles allemandes amies depuis le début du siècle jusqu'à la guerre. le livre est documenté et brillant, il est drôle également et intelligent.

Je ne peux que faire comme mon père et vous conseiller de le lire à votre tour.
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