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Critique de Presence


Ce tome fait suite à The Camelot war (épisodes 8 à 13) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 14 & 15 de Justice League 3000, ainsi que les épisodes 1 à 6 de Justice League 3001 et le Sneak Peek, initialement parus en 2015, coécrits par Keith Giffen et John-Marc DeMatteis. Andy Kuhn a dessiné et encré l'épisode 14. Howard Porter a dessiné et encré le Sneak Peek, l'épisode 15 de JL3000, et les épisodes 1 à 3 et 5 de JL3001. Keith Giffen a réalisé le découpage des pages des épisodes 2 et 3 de JL3001. Scott Kolins a dessiné et encré l'épisode 4 de JL3001. L'épisode 6 de JL3001 a été dessiné et encré par Colleen Doran. Il faut avoir lu les 2 tomes précédents pour comprendre qui sont ces gugusses, ainsi que leur situation.

Épisoe 14 - Ice (Tora Olafsdotter) a refait surface à Camelot. Elle raconte son histoire à travers les siècles, pour le bénéfice de Flash, Superman, Spectre, Green Lantern (Hal Jordan) et Ariel Masters. Épisode 15 - Etrigan le démon déclenche l'offensive sur Camelot, menée par Fire (Beatriz de Costa). Dans les coulisses, Lois effectue son retour à la tête d'un groupe ennemi de la Justice League.

Épisodes 1 à 6 - Pour commencer, cette Justice League très particulière (Superman, Batman, Flash, Wonder Woman, Green Lantern version Guy Gardner) est dépêchée sur la planète Wodin 12, pour mettre fin à une infestation de Starro. Mais en fait cette intelligence collective dispose d'une autorisation de réduire la population en esclavage, délivrée par le Bureau de la Bureaucratie Insondable. Blue Beetle et Booster Gold sont toujours perdus quelque part sur Terre. Ariel accepte une interview pour une émission holographique. Une superhéroïne arrive en direct de la Terre du vingt-et-unième siècle. Un autre Batman fait son apparition, ainsi qu'un individu transformé en tortue anthropomorphe géante. Il ne manque plus que L-Ron qui justement…

En 1986, dans des conditions éditoriales assez particulières, John-Marc DeMatteis et Keith Giffen réinvente la Justice League, dans une forme de comédie de situation, avec des dialogues aux petits oignons. C'est la naissance de la Justice League International, avec des personnages plus drôles que vraiment efficaces. 30 ans plus tard ces épisodes ont conservé un charme indéniable, et régulièrement Giffen & DeMatteis collaborent ensemble pour retrouver cette magie. Ça ne marche pas à chaque fois et il leur faut un peu de temps pour retrouver le rythme d'antan. Cette fin de première saison de cette itération à nouveau très particulière de la Justice League, accolée à la première moitié de la deuxième saison, en atteste encore.

Le lecteur comprend vite que ces 2 créateurs connaissent bien l'histoire de l'univers partagé DC et que l'environnement qu'ils ont conçu leur donne une grande liberté pour en user. C'est ainsi que l'histoire de Tora Olafsdotter est l'occasion d'évoquer Kamandi (de Jack Kirby) en lui collant une sorte de tutrice (idée à la fois pertinente et absurde) et les Atomic Knights et de lier leur histoire avec audace et pertinence. Non seulement, ils utilisent des personnages des différents futurs de l'univers partagé DC, mais ils n'hésitent pas non plus à récupérer des personnages dans l'époque actuelle (Starro, ou Booster Gold). Ils évoquent également leurs propres épisodes de la Justice League International (le retour de l'inénarrable robot L-Ron), les Super Buddies de Formerly known as the Justice League. La présence d'un certain personnage menaçant rappelle également que Keith Giffen a longtemps apporté son grain de folie aux aventures de Légion des SuperHéros, en particulier pour The great darkness saga.

Parmi les différents dessinateurs, Howard Porter est celui qui est le plus au diapason des coscénaristes. En y prêtant attention, le lecteur remarque qu'il y a beaucoup de figurants à l'apparence singulière qui fréquentent les bars. Il aperçoit ainsi Ambush Bug (apparition fugitive et discrète), les bras de Mister Fantastic et d'Elongated Man (Ralph Dibny) effectuant des arabesques en arrière-plan, Darth Vader, Alien, Predator, Doctor Manhattan. de même les membres de cette Justice League vont prendre un verre dans un bar appelé Ralf & Sue Grill (comme Sue & Ralph Dibny qui ont fait partie des Super Buddies).

Les auteurs ne se contentent pas de vivre sur leur passé en le ressassant avec plus ou moins de variations. En fait, ils racontent une histoire ambitieuse qui compte au moins 5 fils narratifs différents. Il y a (1) les aventures de la JL3001 proprement dite, (2) les manigances d'Ariel Masters (sous les quolibets de L-Ron), (3) Fire & Ice essayant de préserver Camelot, (4) Blue Beetle & Booster Gold tentant de survivre à ce futur bizarre, (5) Green Lantern (Hal Jordan) & Spectre essayant de donner un sens à leur nouvelle vie. Même en 8 épisodes, les auteurs ont bien du mal à développer autant d'intrigues, d'autant que toutes comprennent au moins 2 personnages, chacun avec leur histoire personnelle, et parfois 2 histoires personnelles (par exemple Ariel Masters et Flash) du fait de la nature de ces versions des personnages.

La narration navigue entre aventures et comédie. Dans le premier registre, Giffen & DeMatteis font montre d'une imagination débordante pour concevoir des dangers nécessitant l'intervention de la Justice League. Il y a donc la Terre transformée en planète prison avec des trafics inquiétants, Camelot qui constitue un enjeu stratégique majeure, le retour de Starro, ou l'existence d'un deuxième Batman aux méthodes très expéditives, l'arrivée d'une horde de robots (Scullions) qui semblent indestructibles, et un complot pour assassiner les membres de la Justice League. Côté humour, les coscénaristes ont la possibilité de plus se lâcher que la première version de la Justice League International, en particulier parce qu'il ne s'agit pas des vrais Superman, Batman, Wonder Woman et autres. C'est ainsi qu'ils intègrent un commentaire récurrent sur la vie sexuelle de Diana, un autre sur la taille de l'engin d'Etrigan (et ses prouesses au lit), qu'ils se moquent sans pincette du déguisement à base de lunettes (celles de Clark Kent). Guy Gardner se retrouve dans un corps de femme, avec des modifications comportementales moins primaires qu'il n'était à craindre, concernant la condition féminine. le comique de situation lié à Starro et à son statut repose sur une idée reçue plus élaborée que la simple incompréhension basique.

Le dilemme psychologique de Teri Magnus donne lieu à des gags plus sophistiqués que la simple incompétence. DeMatteis et Giffen jouent aussi sur sa célérité pour une succession rapide d'émotions très directes (l'expression de son amitié pour Diana est irrésistible). L'esprit tordu de Giffen prend le dessus à quelques reprises, comme pour le troupeau d'animaux (très) sauvages qui sont le croisement de piranha + ours + dinosaure. le lecteur de la première heure de la Justice League International sent la nostalgie fonctionner à plein avec les remarques sarcastiques de L-Ron, comme au bon vieux temps, également savoureuses pour les nouveaux lecteurs, même sans l'effet nostalgique.

Le lecteur éprouve un petit pincement à l'oeil quand il découvre l'épisode 14. Andy Kuhn utilise un gros trait pour marquer les contours des personnages, avec des traits non jointifs, donnant lieu à des contours anguleux, un niveau de détails satisfaisant, mais des dessins plutôt laids. Il retrouve avec plaisir les dessins d'Howard Porter, en mode aussi à fond que ses épisodes de la Justice League écrits par Grant Morrison (voir JLA Vol. 1), avec de l'énergie qui crépite, des personnages qui courent, des costumes hauts en couleurs, un très grand niveau de détails (jusqu'à la texture des costumes de superhéros revêtue de minuscules hexagones pour rendre compte de leur matériau). Il est donc à l'unisson de la narration des coscénaristes, en ajoutant des petits détails discrets en arrière-plan.

Le château de Camelot est somptueux. L'architecture de la planète Wodin 12 permet des trajectoires spectaculaires de Flash. Les habitants de cette planète se déplacent comme des individus à moitié aveuglés par le Starro qui s'est attaché à leur visage. Les expressions des visages des protagonistes ne sont pas toujours très nuancées, mais elles transcrivent bien leur état d'esprit, en particulier le contentement de soi de Clark Kent, ou la brutalité de Diana. Ces dessins sont complétés par une mise en couleurs vive et minutieuse qui ajoute de la consistance, pour une expérience de lecture intense.

Scott Kolins a dessiné l'épisode 4, avec des traits de contour plus fins que ceux de Porter, la même énergie héritée de Jack Kirby, un sens du détail un peu moins consistant que celui de Porter. Il a le plaisir de retrouver le personnage de Flash dont il avait dessiné de nombreux épisodes écrits par Geoff Johns (voir par exemple Blood will run). Colleen Doran dessine d'une manière plus descriptive, sans l'exagération massive et énergétique de Porter, sans celle accélérée de Kolins. La lecture perd alors un peu en intérêt graphique. Les 3 dessinateurs sont confrontés à la même difficulté : des dialogues copieux, les coscénaristes ayant besoin d'amener beaucoup d'informations, tout en maintenant la personnalité des protagonistes au travers de leurs échanges.

Ce troisième tome des aventures de cette curieuse Justice League du futur ne peut se comprendre qu'en ayant lu les 2 tomes précédents. Les dessins rendent justice à la loufoquerie du scénario, aux batailles plus que nature, aux superpouvoirs, et aux caractères marqués des personnages. Keith Giffen et John-Marc DeMatteis racontent une histoire dense, aussi bien sur le plan de l'intrigue, que de l'univers partagé DC, ou de l'humour. La lecture s'en trouve allongée d'autant et parfois un peu pesante quand ils perdent le sens du rythme.
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