HR Giger

Grosse surprise en ouvrant le livre de tomber sur un texte en allemand et surtout grosse inquiétude avant de me rendre compte qu'il s'agissait d'une édition trilingue ; ce qui n'était pas indiqué sur la notice lorsque j'ai commandé l'ouvrage auprès de mon bouquiniste en ligne préféré, allemand justement.

Le format est un peu plus petit que les habituelles monographies bon marché consacrées aux peintres et graphistes chez Taschen. Mais vraiment plus petite : moitié du format, si je peux me permettre une évaluation sans utiliser une règle pour vérifier et, par la force du choix éditorial, les articles trilingues font que le texte lui-même est assez court.

Les illustrations, en revanche, sont abondantes. Ceci dit, réduire des oeuvres souvent très complexes, avec une infinité de détails, quoique répétitifs, en double pages de quatorze par vingt centimètres alors que les originaux sont, pour certains, quasiment monumentaux et recouvrent des murs entiers ; serrer jusqu'à quatre reproductions sur une unique page et plus encore quand il s'agit de photographies de sculptures ; ou encore caler une illustration sur un tiers de page à coté d'un texte ; c'est un peu frustrant.

Un point très positif, la part offerte aux croquis et aux dessins aux crayons qui sont rendus dans leur plus extrême dynamisme et leur puissance expressive malgré la petite taille des reproductions. On voit et ressent, une gestuelle très compulsive, très énergique mais totalement maitrisée même dans le fouillis le plus absolu. Un autre univers, loin, très loin, des œuvres peintes à l'aérographe, si lisses dans leur décomposition statique d'os, de chair, de tendons et de métal manger par la rouille.

Au final, tout cela est très morbide, avec une composante sexuelle très explicite (beaucoup plus encore dans les croquis et dessin), un cauchemar écœurant et fascinant en même temps, et offre une vue d'ensemble bien équilibrée sur une œuvre grotesque et souvent terrifiante qui joue avec les symboles de tout ce qui peut troubler, d'une manière ou d'une autre, les docteurs du temple de l'art qui ont un avis aussi rapide que radical et superficiel sur le genre fantastique en le classant dans le kitch sans autre forme de procès.