Quelques mois après l'enquête menée dans
Germania, la vie de Richard Oppenheimer, ancien commissaire de la Kripo et juif ne s'est pas améliorée. Au contraire, la rafle des juifs dans Berlin s'étant intensifiée, Richard Oppenheimer est contraint de passer pour mort aux yeux des autorités, de changer d'identité et d'éviter au maximum les contacts avec sa femme Lisa. Ajouté à cela, des bombardements de la ville par les alliés toutes les nuits, des difficultés à se mouvoir dans la ville pour quérir de la nourriture et la peur de voir les Russes arriver afin de commettre les pires exactions, et vous êtes servi.
Malgré les dangers, Richard n'hésite pas à sortir de sa clandestinité afin d'aider son amie Hilde, accusée du meurtre de son mari. Cette enquête conduira notre enquêteur dans les pires horreurs perpétrées par les SS sur les prisonniers des camps où, la science prime sur l'humanité. le tout sous l'égide d'une secte mystérieuse....
Ce second volet des enquêtes de Richard Oppenheimer dans le Berlin de la Seconde Guerre mondiale est une véritable tranche de vie historique. En plus de l'enquête policière,
Harald Gilbers nous offre un condensé d'histoire via les descriptions du quotidien des Berlinois sous les bombes. Des habitants lassés, fatigués, usés et effrayés à la fois par la dérive de l'état de plus en plus cinglé sous l'égide d'Hitler et ses lubies et d'autre part par les bombardements incessants des alliés et l'approche des rouges. L'auteur nous relate la manière, dont certains, sentant le vent tourner commence à changer de camp ou à se dédouaner avant l'arrivée des alliés (voir "le dragon" logeant Lisa), d'autres se font passer pour d'anciens prisonniers voire d'anciens juifs. C'est écoeurant et passionnant à la fois.
D'ailleurs, heureusement que l'auteur maîtrise l'aspect historique de son roman via des journaux d'époque .... parce que l'enquête en elle-même m'a malheureusement déçue. Une fois le corps du mari découvert, j'ai su de suite comment l'histoire allait se terminer. Pour la révélation finale, nous pouvons donc dire que c'est loupé. Cette déception vient essentiellement de la rythmique de l'intrigue. Richard Oppenheimer se retrouve à mener l'enquête avec l'aide d'amis de Hilde, mais le tout de manière hachée et discontinue puisque l'auteur s'arrête par moment pour dériver sur les aspects historiques du conflit. Ensuite, l'aspect sectaire du roman avec ces hommes adulant Odin est à peine esquissé et peu utilisé au final. La secte apparait à certains moments sans prendre de réelle envergure dans le récit pour se voir détruite de manière brutale vers la fin grâce à Oppenheimer.... Dommage... un peu plus de mystère, de tension auraient été vraiment appréciés.
Au final, malgré un second roman moins attractif que le premier,
Harald Gilbers maîtrise totalement son sujet et sait comment appâter le lecteur. Une découverte de la Seconde Guerre mondiale au travers d'un point de vue berlinois des plus intéressants et passionnant. On en redemande surtout que le livre s'achève quelques semaines avant la capitulation de l'Allemagne. Vivement le tome 3.