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Critique de Bibliozonard


Un ouvrage en 3 parties. La crise — la chance — le choix. Les thèmes vastes redondants pour les proches ou parfois les plus éloignés de la crise de la quarantaine. Des sujets inoffensifs pour les plus jeunes ou les trop vieux. Très imagée, car ces termes concernent tous les âges évidemment, toute personne refusant sa condition imposée ou choisie malgré elle est atteinte par la question du choix et de l'orientation que peut prendre le hemin d'accès au bonheur. Qui ne regarde pas en arrière ? Qui n'a pas l'arrière qui le bouscule tellement il était vide ? Avez-vous connu une crise de conscience ? le regret inévitable et évitable. Auriez-vous désirez une autre vie ? Alors, un coup d'oeil dans cette aventure reposante dans sa majorité devrait vous soulager, vous donner une idée, vous rassurer ou vous réveiller.
Alors qu'elle connait une vie parfaite depuis 20 ans, Sophie est envahie par un goût d'amertume le jour de ses 40 ans. Des détails, comme sa chambre décorée avec passion (un copier-coller d'images des magasines de décoration), semblent différents. Quelque chose n'est plus pareil. C'est en scrutant la haie du jardin que son malaise se dessine, prend vie, se confirme nettement. Belle en apparence et vide à l'intérieur. « Sa vie ressemblait à cette haie : une beauté de surface, une intimité creuse et sèche » (p20). Sa vie se résumait au sourire qu'elle récoltait pour service rendu aux amis et à la famille. Après cette illumination soudaine émergeant d'un sommeil de près d'une ½ vie, Sophie décide de partir. Un voyage au soleil, dans ses bagages : sa naïveté et son besoin de changement. Ses péripéties donneront-elles raison à son initiative audacieuse ? Rencontrera-t-elle ce qu'elle recherche ? Sa voie, son rêve, sa liberté ? Et sa famille, qu'en pensera-t-elle ?
Sa famille justement. Ses amis justement.
Rendre un service à quelqu'un doit-il être considéré comme un service acquis ? Sophie s'est effacée pour le bien être des autres. L'opportunisme égoïste aboie des arguments manipulateurs qui permettent à la culpabilité d'envahir l'espace restreint de la personne attachante et serviable. Elle est trop gentille ! Disent-ils. Toujours là pour dresser la table. Vous connaissez bien cela. Mais que se passe-t-il quand il est l'heure de réagir. L'individu lésé de son confort qu'il ne mérite pas transfère ses erreurs de comportements sur la victime qui pose un halte là. A un moment donné ce n'est plus de l'égoïsme de penser à soi. Non ce n'est pas mérité, ce serait reconnaître que l'on s'accorde une récompense pour avoir été respectable pour tous au détriment de soi même. C'est plus que mérité, c'est une obligation de déguster l'air au même prix que tout le monde. Savoir dire non et se refaire une beauté, s'offrir un weekend thalasso, seule ou seul, un cinéma, deux semaines de congés, changer de vie devrait être compréhensible sans à débattre sur la question du mérite.
Après le premier chapitre, une quinzaine de pages:
Dès les premières pages, un a priori tombe directement. Celui de plonger dans une chick lit à la K Pancol (voir la célèbre trilogie crocodiles-tortues-écureuils) ou A Gavalda (la consolante), cela n'engage que moi, question de goût.
Une écriture aérée, très légère. Un texte sans insistance sur le décor. L'intérêt se joue sur l'intrigue,le personnage de Sophie évidemment, l'accroche du lecteur, la promesse d'une belle histoire.
« Mais que fait donc cette femme sur le bord d'une route dans le désert à des milliers de kilomètres de son nid douillet alors que rien ne la prédisposait à se retrouver dans une telle situation ? » Cela augure les prémices d'une bonne histoire que l'auteur prend plaisir à raconter. Je suis à l'écoute, je reste attentif.
L'absence d'étirement, de longue introduction est favorable pour inciter l'envie de poursuivre la lecture. Heureusement, car évoquer un sujet comme la crise de la quarantaine est un pari risqué à l'heure où le nombre de livres publiés sur le sujet n'est plus à démontrer. Cet ouvrage me paraît plus proche de la littérature populaire que du grand classique pointilleux sur les détails. Je peux me tromper, point de vue d'amateur, je précise.
Le choix d'utiliser le gigolo est très cliché. Ce qui n'entache pas le plaisir de Sophie de se laisser emporter, consciente, heureuse d'être submergée par le jeu de la séduction, de l'exotisme, de sentiments amoureux. Ce côté l'amour à la plage est proche d'une littérature pour adolescente. C'est une partie de l'intrigue qui ressemble à la grosse ficelle simple et facile qui permet de dénouer et poursuivre l'aventure. Pourtant, un vol, une arnaque plus fine auraient tout aussi bien fonctionné d'autant plus que Sophie ne parle pas l'espagnol, sans donner l'impression de rechercher la facilité. Un peu expéditif comme le personnage de Luis qui n'avait aucune profondeur.
L'atout de cette brève première partie : 82 pages qui sont composées de phrases courtes et qui rendent la lecture très active. Un tempo plus ralenti pour le cadrage des scènes. Néanmoins une fin qui se termine par une chute inattendue, une belle promesse pour la suite.
Un autre bémol flagrant, c'est directement en début de deuxième partie. « Tout à coup, son expression se figea » (page 92). Sophie réalise que son amant, Luis, ne l'emmènera pas à sa destination finale. Elle ne s'en rend pas compte sur le moment même, c'est un peu gros… Mais elle ne le réalise que quelque temps plus tard. Dans le nouveau contexte, cette phrase, cet état d'esprit ne cadre pas du tout. Sophie est naïve, mais pas simple d'esprit. Cette réaction soudaine aurait dû se présenter beaucoup plus tôt dans le texte.
Au fil de l'histoire, tel Candide, elle découvre le monde et vit de ses petites expériences initiatiques. Petit à petit, comme dans « le Peppe's kitchen », elle gomme sa crédulité et apprend l'essentiel de chaque chose. Elle savoure au fur et à mesure, elle change, elle se libère.
Chemin faisant, aidée par la chance, la deuxième partie encore, elle rentre au pays. Plus elle approche, moins elle souhaite ce retour. L'idéal aurait été pour elle, que plus elle approchait de sa destination, plus elle s'en éloignerait. Comme dans un rêve qui ne s'arrête jamais. Elle voulait courir sans avancer d'un millimètre. À son retour au Canada elle aura l'occasion de germer. Avec l'aide de Rachelle, une vieille dame. Elle découvre ainsi la campagne québécoise et tombe sous le charme. « Au printemps qui se montre enfin ! » (P167.) S'en suit une longue période d'acclimatation de Sophie dans son nouveau style de vie. Cette retraite justifiée est séduisante, hormis l'activité de jardinage imposant et fastidieux par moment. Dans cette situation, je préférerais récupérer ces heures laborieuses et augmenter mon temps de lecture. La confrontation familiale est très allégée et passe presque inaperçue. Je m'attendais à du rentre-dedans similaire à la première partie. Ce n'était pas un défaut, une conclusion plus douce et plus généreuse sentimentalement nous a été servie. le lecteur devra s'armer de patiente, ou vivre à pleine dent, ce long moment de répit et de découverte intérieure du personnage principal qui se maintient jusqu'à la fin du récit. C'est somme toute une histoire aux airs de petites maisons dans la prairie.
Un roman printanier. Coloré. Un personnage fleurit comme les bourgeons sur les branches nues des arbres. C'est l'histoire d'une renaissance d'une femme qui décide de s'assumer, de se lever. C'est en quelque sorte l'émancipation d'une femme qui décide de cultiver son jardin, à n'importe quel prix. Et elle a bien raison. Vivre son rêve, colorier sa vie, ça ne vous tente pas ?
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