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sur 297 notes
- Hum, dis-moi toi, ça te dirait de tenter l'aventure Victorienne ?
- J'sais pas trop, elle est sympa cette Victorienne ?
- Victorienne, l'époque, tête d'ampoule.
Tiens, j'ai envie de te faire rêver là. Imagine une femme consacrant sa vie entière à l'étude des mousses, alléchant non ?
- Tu m'étonnes, blonde, brune, blanche, ambrée, j'ai toujours fait preuve d'une réelle curiosité à leur égard !
- Huuumpf !!!
Les bryophytes (du grec bruon, mousse et phytos, végétal), ou mousses, sont un embranchement du règne des végétaux. Les plantes de cet embranchement sont des végétaux terrestres caractérisés par l'absence de système vasculaire.Elles ne disposent donc pas de racines, mais de structures appelées rhizoïdes qui ne servent qu'à l'adhésion au substrat. Les rhizoïdes peuvent aussi absorber de l'eau, mais l'ensemble de l'appareil des bryophytes en est capable. de mémoire Futura-Sciences...
- Ah ouais quand même. C'est vrai que là, tout de suite, je me sens pas a fonds sur le truc. Et c'est bien payé ?
- Trois mousses maintenant, trois de plus à la livraison.
- Pouvais pas l'dire tout de suite...

D'Elizabeth Gilbert, je ne connaissais que Mange, Prie, Aime, vu au cinoche du coin. Pas un enthousiasme de folie au sortir de la séance. Mais là, là, comment dire. Voici typiquement le bouquin que j'aurai royalement ignoré, pensant bêtement n'y trouver aucun intérêt. Un vilain a priori balayé dès les toutes premières pages.

Un siècle survolé en compagnie d'Alma Whittaker, jeune héroïne qui le sera beaucoup moins à la fin, de par le fait.
Issue d'une famille bourgeoise, mère distante, père privilégiant les affaires aux sentiments, soeur adoptive aussi belle que mutique, Alma devra se construire seule, trouvant refuge dans la botanique, science à laquelle elle vouera sa vie entière.

L'Empreinte de toute chose est d'une beauté féroce avec de vrais morceaux de tristesse à l'intérieur.
Un pavé qui vous saisit dès les toutes premières lignes et vous transporte de sa plume lyrique et érudite.

Gilbert affectionne visiblement les portraits de femmes fortes et indépendantes. La vie d'Alma, parfait antagonisme d'un long fleuve tranquille. Elle aura connu l'amour, même si rien ne la prédisposait à cela, aura parcouru le vaste monde et touché du doigt la célébrité sans jamais se départir d'un certain fatalisme à l'égard de sa condition de femme vouée au malheur éternel.

Gilbert fait montre d'un style flamboyant lorsqu'il s'agit de décortiquer la complexité des rapports humains et les conséquences funestes susceptibles d'en découler. Non contente de passionner en évoquant la botanique de façon didactique et légère, elle y intègre un certain Darwin et sa théorie confidentielle, poussant même le bouchon jusqu'à " l'opposer " à notre botaniste préférée sans que l'on n'y trouve à redire.

Intelligence des mots, émotions à tous les étages , Alma chaviré mon p'tit coeur !
L'Empreinte de Toute Chose se doit d'être découvert impérativement. Et si vous ne le faites pas pour moi, faites-le pour vous.
Pour tout bouquin acheté, une mousse offerte !
De la famille des Bryidées, la mousse, pour finir de vous convaincre...

4.5/5

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Prêts pour parcourir cette fantastique période que fut le dix-neuvième siècle, guidés par une femme exceptionnelle? Alors pas d'hésitation, tournez la première page de L'empreinte de toute chose, au risque de ne pas lâcher ce roman avant la 615ème page!

Alma nait avec ce siècle. Son illettré de père est alors riche, pour avoir compris et exploiter le filon gage de prospérité, et apanage des nantis de ce monde, l'assemblage de collections botaniques. C'est l'époque où la mondialisation végétale bat son plein, au gré des humeurs des graines et plants supportant avec une facilité variable le transport et l'acclimatation. La mode est à l'exotisme, les palmiers traversent les océans, la vanille s'exporte d'île en île, la Hollande assoit sa réputation dans le domaine du végétal.

Cette ouverture sur le monde, à travers le prisme du naturalisme, Alma la vit passionnément, sans pour autant bouger du grand domaine familial. Il faudra plusieurs décennies pour que cette intellectuelle atypique s'expatrie au delà de la Pennsylvanie. Cinquante ans d'études de réflexions, de solitude également, pour cette femme que la nature n'a pas doté d'un physique avenant. C'est cependant une histoire d'amour, pas simple, qui la sort de cet univers étriqué, au cours d'un double voyage, géographique mais aussi intérieur (le voyage pour se retrouver : Elisabeth Gilbert nous a déjà embarqués dans cette sorte de pèlerinage…)

Nous vivons, le temps d'un roman, dans l'intimité de ce personnage, partageant la moindre de ses questions, les champs nouveaux que lui font entrevoir ses explorations littéraires, y compris le monde des plaisirs solitaires. Sa robuste constitution physique masque une âme tourmentée, mais aussi obstinée et jamais prête à renoncer. Audacieuse au point de réussir à publier sous son nom des articles scientifiques.

Sa longue vie nous permet de parcourir avec elle tout le siècle, qui fut celui de toutes les remises en cause, effaçant les certitudes d'un univers immuable, stable comme il semblait l'être au jour de sa création. Temps bénis pour les esprits curieux.

L'histoire n'est pas sans rappeler celle que nous narrât Tracy Chevalier dans Prodigieuses créatures (même époque, héroïne intelligente et seule, luttant pour se faire entendre dans un monde dominé par les hommes.

Elisabeth Gilbert est une formidable conteuse, qui sait nous entrainer et nous lier corps et âme aux destins de ses personnages, tout en distillant ça et là des messages spirituels qui donnent de la profondeur au récit

Merci à Babelio et aux éditions Calmann-lévy pour ce partenariat très apprécié

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Alma est une jeune fille qui grandit dans une famille aisée à Philadelphie au XIXè siècle. Elle bénéficie des connaissances botaniques de son père et de l’éducation rigoureuse de sa mère hollandaise. Intelligente, rigoureuse et passionnée, elle comprend vite qu’elle ne brille pas par sa beauté. Elle va subir des déceptions, mais elle continuera d’avancer.

Elle ressemble à un rocher moussu et non à une orchidée, comme sa sœur Prudence. Elle va alors préférer ce monde microscopique, lent et discret. Ces mousses qui dissimulent leur beauté avec une élégante réserve deviendront l’objet de la passion d’Alma.

Observant la nature et les personnages qui l’entourent, elle comprendra que la lutte pour la vie crée la diversité de la vie. Cette lutte explique la transformation, l’extinction et la différenciation des espèces.

« Ce n’est pas toujours le plus gracieux, le plus original, le plus brillant qui gagne. Parfois c’est le plus dénué de scrupules, le plus chanceux ou le plus têtu. Le monde n’est pas idyllique, il n’est rien d’autre qu’un chaudron d‘épreuves qui bouillonne sans fin, de calamités. »

Ainsi, son père s’est enrichi et est devenu un homme craint et respecté. Alors qu’Ambrose, qui vit dans le monde divin, trop fragile pour vivre dans le temps humain, aura un autre destin. Prudence reste une énigme pour sa sœur Alma. Elle n’entre pas dans le cadre de la loi de l’évolution de la nature. Et pour Alma ce n’est pas logique.

Alma peut paraître parfois insensible au monde qui l’entoure. Elle en oublie parfois l’effroyable réalité de l’esclavage. Elle n’a pas le temps de s’en préoccuper, le temps humain est trop bref et il y a tant à découvrir. Tant de miracles à élucider pour qu’ils n’en soient plus. Elle vit dans son monde des mousses, moins criard et plus rassurant.

La nature est une création continue. Le monde n’est pas parfait et la nature, si elle veut survivre, doit évoluer pas ses propres moyens, s’adapter. Si elle veut laisser son empreinte sur cette terre, elle ne peut compter que sur elle-même. Pour le comprendre et l’accepter les « philosophes naturels » devront céder la place aux scientifiques, afin de faire une séparation entre le monde de la nature et celui de la philosophie. L’étude du monde naturel remet en question trop de vérités bibliques.

Ce livre laissera une empreinte dans mes souvenirs. La vie d’Alma est pleine de surprises, celle d’une femme qui a su trouver sa place dans ce monde d’hommes, y laisser son empreinte, en toute discrétion, mais durablement, comme les mousses. Un sacré défi pour l'époque !

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"L'empreinte de toute chose" est un formidable roman multiple, dans le sens où tout au long des 600 pages, nous découvrons la vie d'une femme extraordinaire : la botaniste Alma Whittaker.
Nous voyageons en compagnie d'explorateurs, de marchands, de découvreurs, nous évoluons dans des lieux aussi exotiques qu'enchanteurs, nous assistons à la naissance d'une magnifique histoire d'amour, nous apprenons des centaines de choses sur la botanique et les sciences en général, sur la maladie mentale, sur le commerce des remèdes médicinaux, sur la force des liens d'amitié, sur l'impact de la volonté dans une destinée....bref, il y a mille et une vies dans ce roman superbement écrit, à la façon des grands romans victoriens.

Démarrant dans le célèbre jardin botanique de Kew Garden en Angleterre, l'histoire va se poursuivre à travers plusieurs pays et continents (les Etats-Unis, Amsterdam, Tahiti, l'Inde...) et nous faire partager la vie d'une famille de passionnés de sciences naturelles, et ce, pendant plus d'un siècle. On y rencontrera des spécialistes des orchidées, des férus de mousses ou d'arbres, des découvreurs de plantes aromatiques...
Les avancées technologiques, la politique internationale ou le sort des esclaves servent de toile de fonds à cette fresque gigantesque où les personnages sont tous décrits à merveille.

En un mot, j'ai adoré me plonger dans cet univers scientifique où l'humain a toute sa place, j'ai tourné chaque page un peu comme on entre à petit pas dans un endroit nouveau, magique et secret à la fois, les yeux écarquillés, et surtout jamais déçue par ce que j'y ai trouvé.
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PASSIONNANT !!! Tout d'abord quand je l'ai eu entre les mains je me suis dis qu'il avait intérêt à être intéressant parce que 616 pages à lire en 3 jours (j'avais rendez-vous avec l'auteur à la présentation de ce roman et comme je ne conçois pas de faire semblant d'avoir lu un livre ...). Je l'ai commencé et la magie a opéré. En effet, j'ai été porté par l'histoire d'Alma que l'on suit depuis son enfance et qui deviendra une célèbre botaniste. On va la suivre ainsi que sa famille pendant un siècle.

Mais quelle aventure !!! On voyage au milieu des scientifiques, des botanistes, des chercheurs, des explorateurs. On change de pays, de continents... C'est étourdissant, un vrai tourbillon, je me suis laissée porter par ce roman. Il y a plusieurs livres en un et les personnages sont attachants et vraiment bien construits.

L'écriture est soignée tout comme l'histoire, je pense que l'auteur a fait beaucoup de recherches car les références à la botaniques sont précises et nombreuses. On y parle beaucoup d'orchidée et c'est ma fleur préférée. Moi qui aime la science c'est très plaisant car on apprend quelques notions. On suit les avancées technologiques, les découvertes, les évolutions du commerce, de la société et de la politique.

J'ai tourné les pages avec plaisir, curieuse de découvrir le destin de ces personnages tous attachants à leur manière. A aucun moment je me suis dit qu'il y avait un relâchement. le roman est beau du début à la fin, maîtrisé et profond. Il y a une réelle puissance narrative.

Cela m'a donné envie de lire les autres romans de l'auteur moi qui n'avais lu que le célèbre Mange, prie, aime. L'empreinte de toute chose est déjà en cours de traduction dans une vingtaine de langues et c'est mérité. Je le vois bien en adaptation cinématographique.

Vous l'aurez deviné j'ai adoré !!!

VERDICT

Lisez-le, offrez-le vous ne le regretterez pas
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Alma Whittaker est une jeune femme qu'une éducation rigoureuse a plutôt isolée et pour qui les relations ne sont jamais simples. Botaniste, elle a hérité de la passion de son père et deviendra une grande scientifique. Mais cela suffira-t-il à faire de tous ses espoirs et ses désirs des projets potentiels ?
Lu dans le cadre de Pioche dans ma PAL grâce à JaneEyre, ce long et lent roman couvre une grande période. le rythme m'a parfois paru un peu mou, les descriptions un peu ennuyeuses, mais j'ai aimé l'ensemble et l'ambiance qui s'en est dégagé...
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Emportée dès le début de la narration, j'ai été séduite par le personnage peu habituel d'Alma Whittaker, probablement la première femme botaniste connue au XIXème siècle.

D'un caractère trempé et déterminé, sous une apparence stricte et froide, Alma est formée à rude épreuve par sa mère Béatrix, hollandaise de souche et originaire d'une famille de botaniste reconnue. Poussée par l'érudition de sa mère, Alma n'a de cesse d'apprendre et d'emmagasiner des tonnes de connaissances, que ce soit dans le domaine des langues, que celui de la botanique, en passant par l'apprentissage de la tenue d'une jeune fille en société.

Très attachée à son père, qui lui rend un amour profond et sincère, Alma grandit dans une famille peu chaleureuse bien que profondément et sincèrement préoccupée par son éducation,

Confrontée à la présence de sa soeur adoptive Prudence, arrivée dans la famille dans des circonstances douloureuses, elle n'arrivera jamais à nouer avec elle une relation humaine sincère et proche et n'arrivera jamais à comprendre le choix de vie de celle-ci dans sa vie d'adulte.

Son érudition sera le pendant de sa vie de femme, au demeurant bien vide et terne. Se retrouvant contrainte, par la force des choses, de gérer l'immense domaine familial et les sociétés dont son père n'étant plus à même de s'occuper de part la maladie et la vieillesse, elle se consacre entièrement à sa passion : la botanique et notamment l'étude des mousses.

Les hasards de la vie vont l'amener à sortir de cette routine et à connaître le bonheur d'aimer et d'être aimée. Amour à nulle autre pareil, dont elle ne comprendra les tenants et les aboutissants qu'après de longues et patientes recherches qui l'ont amenée sur le sol Tahitien, sur les pas de son époux. Recherches dont le fruit la plongera dans des abîmes de souffrances.

Botaniste reconnue de ses pairs, cette victoire professionnelle ne comblera cependant pas l'abîme personnel dans lequel elle se sera enfermée pendant de nombreuses années.

Personnage hors du commun et hors de son temps, Alma nous entraîne dans une vie tumultueuse, où l'équilibre incertain de ses sentiments et mis en balance avec sa soif de connaissance et sa volonté d'apprendre toujours plus, cette dernière n'étant peut-être que la facette d'une tristesse incommensurable qu'elle n'arrivera jamais, au fond, à conjurer.


L'histoire aurait cependant gagné en intérêt sans le "chapitre" (je mets le mot entre guillemets, car il contient presque 200 pages) dont l'histoire se situe entièrement à Tahiti. Il a été dans ma lecture, un chapitre en trop, qui, tel qu'écrit et présenté, n'amène rien d' intéressant sur l'histoire d'Alma, alors qu'il est évident qu'il est consacré à la recherche d'une "certaine" vérité dont elle a besoin de connaître les tenants et les aboutissants. Les longueurs de cette partie ont presque réussies à me faire arrêter ma lecture.
Souhaitant connaître la fin de cette destinée hors du commun, je suis quand même allée jusqu'à la fin du récit, mais sans la curiosité initiale qui m'avait happée au début.

J'ai lu le livre dans sa version poche dont je trouve la première de couverture magnifique : lumineuse et douce à la fois, bien que le personnage d'Alma me paraisse être beaucoup plus dur que ne le laisse supposer son graphisme.
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Remarquable roman se déroulant durant un siècle avec son lot de découvertes en tout genre : celui d'un pays en construction (l'Amérique), d'une époque (le XIX siècle), d'une famille partie de rien et devenue richissime, de voyages incroyables, d'un peuple (Tahiti), une très grande part revient à la botanique, pour finir avec Darwin et Wallace. Enfin une très belle épopée où l'ennui n'est pas de mise.
Un roman qui se dévore, pris par le tourbillon des générations et des évolutions des êtres, sur un fond de romantisme, on s'attache aux personnages et on apprécie les beaux voyages qu'ils nous offrent.
Ce livre est riche et foisonne d'idées, de découvertes, écrit avec brio, et une plume des plus agréables.
Très complet et dépaysant puisqu'on navigue d'un continent à l'autre pour s'isoler un temps sur Tahiti (moment agréable aux coutumes parfois étranges pour tout américain débarquant à cette époque), j'ai adoré cet interlude coloré et chaleureux.
L'histoire s'achève à Amsterdam, avec regret, j'aurai bien continué l'aventure encore un peu aux côtés d'Alma, femme remarquable, déterminée, intelligente et courageuse.

Un roman qui me faisait de l'oeil depuis sa sortie, c'est son titre qui a attiré mon attention, maintenant je ne regarderai plus une noix comme une noix (un exemple parmi tant d'autres de la nature), mais une empreinte d'une chose non dépourvue d'intérêts comme un clin d'oeil de la nature qui ne fait rien par hasard.

Une pointe d'originalité aussi se dessine avec le magique personnage d'Ambrose, étrange personnage, venu d'une autre planète, sans doute né avant l'heure, et également de "Demain matin". Beaucoup d'idées sont soulevées ou approchées avec prudence car bien sûr Alma reste une scientifique pure et dure, mais ne peut nier ces choses qu'on ne sait expliquer ni démontrer, seulement le vivre, ou le ressentir.

Nul ne peut nier que l'existence est complexe et nul ne peut prétendre comprendre cette complexité qui n'appartient qu'au mystère de la vie.

Pour apprécier ce roman, il faut justement aller au-delà du roman, s'intéresser quelque peu aux sciences, aux énigmes de la vie, saupoudrer d'une saga familiale particulière, voyager, et le tour est joué.

Lecture qui restera dans ma mémoire...
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Agréable surprise .. J'avoue que je ne me serais pas vraiment arrêtée devant ce livre, un peu échaudée par l'adaptation cinématographique du best-seller de l'auteure, "Mange, prie, aime" qui ne m'avait pas emballée du tout. Mais il paraît que le film ne rendait pas non plus justice au livre et je suis prête à le croire compte tenu du bon (et long) moment que j'ai passé en compagnie de celui-ci. Portrait d'une sacré héroïne, totalement iconoclaste, bien en avance sur son siècle et bien loin des personnages féminins du XIXème siècle qui jalonnent habituellement la littérature.

A sa naissance, en 1800, Alma Wittaker est déjà une curiosité née de l'union improbable d'un jeune anglais sans le sou mais débrouillard et d'une hollandaise à la morale calviniste chevillée au corps. Ce qui les a rassemblés ? La botanique. Henry Wittaker, a su faire fructifier son expertise acquise auprès de son père grâce à un sens commercial inné. Une fois sa fortune faite avec notamment la commercialisation du Quinquina, il se choisit une épouse répondant à des critères très rigoureux, correspondant plus à un partenariat qu'à une histoire d'amour. Ce sera Béatrix van Devender qui sera reniée par sa famille - des botanistes également - mais partira avec Henry s'installer à Philadelphie, porte ouverte sur le Nouveau Monde. Lorsqu'Alma naît, Henry Wittaker possède la plus grande fortune et la plus grande propriété de la région. Pour leur fille, les parents ont un projet d'éducation bien précis : l'étude. Dès son plus jeune âge, l'enfant passe ses journées dans les livres, instruite par sa mère et son temps libre dans la nature. Passionnée de botanique - les chiens ne font pas de chats, n'est-ce pas ? - elle prend goût à l'étude du monde qui l'entoure et deviendra une experte reconnue dans son domaine, croisant même la théorie de l'évolution de Darwin à partir de ses propres observations des mousses.

Ce qui est intéressant dans ce livre, c'est le personnage d'Alma. Un physique compliqué (grande, forte, des cheveux roux frisés et dressés sur la tête), une curiosité intellectuelle certes encouragée par ses parents mais prodigieusement développée, une loyauté sans faille vis à vis de sa famille mais une terrible solitude affective. Alma découvre la vie à travers deux prismes : la nature qu'elle observe au microscope et les livres qui imprègnent son esprit sans aucun effort. Pour le reste, l'expérimentation des relations humaines lui posera beaucoup plus de problèmes que ce soit vis à vis de sa soeur adoptive, de son amie ou de celui qui deviendra son mari et l'amènera - à la moitié de sa vie - à remettre en question tout ce qu'elle pensait savoir d'elle-même.

Sur les traces d'Alma, on ne s'ennuie pas. Mieux, on est constamment surpris par le tour que prennent les événements. Sa quête la mènera jusqu'à Tahiti avant son installation définitive en Hollande, sur les terres de sa famille maternelle. Un retour aux sources synonyme d'apaisement après pas loin d'un siècle de cogitations.

Malgré quelques longueurs par-ci par-là, notamment quelques passages un peu trop insistants sur la religion, l'ensemble demeure agréable et plutôt impressionnant d'un point de vue du contexte (la botanique, les théories scientifiques qui s'opposent aux théories religieuses sur les grandes questions de l'évolution...).

Un livre singulier, original, et qui n'oublie ni la touche de romantisme, ni la pointe d'humour aussi acérée que l'esprit de son héroïne.


Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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J'ai l'habitude de démarrer mes notes de lectures par un petit résumé permettant de situer l'histoire. Mais que dire de ce pavé de plus de 600 pages, qui est la biographie romanesque d'Alma Whittaker, dont nous suivons le parcours de botaniste de sa naissance en 1800 à sa mort, autrement dit presque tout un siècle pour ce pavé que j'ai dévoré avec infiniment de plaisir, et à qui je mettrais six étoiles si on n'était pas limité à 5!

Un récit tout simplement délicieux, qui doit beaucoup à l'écriture d'Elizabeth Gilbert et à sa façon de raconter cette histoire d'une femme éprise de science, au 19ème siècle.

Mais ce n'est pas que cela! Car les portraits des personnages qui gravitent autour d'elle sont vraiment exquis, à commencer par son père, homme né pauvre et quasiment illettré qui débute ce récit enchanteur et qui, grâce à sa roublardise, va réussir à faire fortune et transmettre son goût des sciences à son unique enfant. Mais aussi celui de Prudence, l'enfant recueilli, la presque demi-soeur avec qui les relations ne sont pas toujours évidentes, Retta l'amie fantasque, Hanneke de Groot, la gouvernante mais aussi de nombreux personnages masculins, à commencer par le précepteur. Les relations que ces différents protagonistes nouent entre eux nous offrent des pages d'amitiés atypiques, des histoires d'amour souvent ratées, avec toujours une grande subtilité d'analyse et une force d'écriture surprenante.

Passionnant, ce roman est un récit audacieux, que je vous recommande très chaudement. Ne vous fiez pas aux autres écrits de cette romancière, celui ci est d'une toute autre veine. Prenez le, commencez à le feuilleter et vous verrez que vous en tournerez les pages sans vous en rendre compte, subjugué que vous serez par tant d'habileté romanesque.

Ce fut ma première grosse et belle surprise de l'été (je vous en réserve d'autres!), de ces romans qui vous prennent comme par surprise, tant ils sont différents de ceux que vous avez lus jusque là. Et pourtant mon niveau d'exigence ne cesse d'augmenter, vu mon incroyable propension à lire toujours davantage. Un roman d'une fraicheur inouïe, qui m'a fait penser à "Prodigieuses créatures" de Tracy Chevalier, en raison d'une immersion réussie dans un monde de sciences, mais aussi d'une plongée dans un univers à part, dépaysant et fascinant. Une totale réussite!
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