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3,75

sur 723 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
A contre-courant de la majorité, j'apporte une note discordante sur un album que je n'ai pas du tout aimé. Et j'en suis assez surpris, mais avec des bonnes raisons.
Le gros hic que j'ai eu à la lecture (et qui me l'a ralentie sur plusieurs semaines) c'est d'avoir déjà entendu parler de l'histoire auparavant et d'en voir toutes les libertés que l'auteur à prises avec les faits historiques. Déjà, j'aime pas ça, je n'aime pas la récupération d'un évènement dans un but orienté pour parler de quelque chose de contemporain. C'est une pratique que je n'aime pas, surtout lorsqu'il y a d'énormes biais comme ici. Et ça, c'est le deuxième souci que j'ai eu avec cette histoire : les biais de l'auteur. Je comprends ses volontés et ses idées, mais qu'est-ce que c'est mal amené ! Lourdingue dans le propos, pas fin dans la réalisation, ça m'a sorti complètement de l'histoire.

Il faut dire que cette histoire à un propos orienté, mais pas qu'un peu : les blancs sont décrits extrèmement négativement, les femmes sont toutes des victimes, les religieux fanatisés, la plèbe suit comme des moutons les chefs... Pas mal de clichés qui m'insupportent totalement, à la fois parce qu'il y a là des contresens historiques bien réels, mais surtout parce que cela révèle une question d'Histoire fantasmée qui permet de mieux "comprendre" mais en fait surtout justifier des réalités contemporaines. Cette histoire ne s'embarrasse pas de crédibilité historique et c'est bien dommage. Parce que cette crédibilité aurait permis de tempérer sacrément le message de la BD. Par exemple, lors des fameux procès de Salem, des hommes aussi furent jugés et exécutés, certains d'entre eux (et d'entre elles, d'ailleurs) s'enfuirent avant d'être condamnées. Mais surtout, la vision de cette société est dans le courant d'une légende noire du Moyen-Âge, signe d'une méconnaissance du sujet assez handicapante : on est dans un fantasme de colonie américaine sous le joug d'un puritanisme religieux qui emballe une petite communauté. Or Salem était un village, mais les procès débordèrent ce simple cadre. Les protagonistes n'ont que peu de liens entre eux, alors qu'il s'agissait de réseaux de familles et de clientèles bien établies qui structuraient cette société. Il faut ajouter que ces liens expliquent sans doute le massacre que furent ces procès, semblant être une guerre intestine entre deux clans rivaux dont l'un fit tout pour massacrer l'autre avec la complicité d'autorités (notamment le curé). A ce sujet, voir la vidéo sur Salem de Occulture qui explique le conflit entre les familles Porter et Putnam, vidéo intéressante et qui permet de proposer une hypothèse bien plus simple, crédible et documentée sur l'origine de cette folie passagère.

Bref, je me suis retrouvé en but avec les intentions de cette BD, trop prévisibles et claires pour m'intéresser, usant de procédés que je n'aime pas et le tout dans des intentions que je n'approuve pas. Car si l'idée est de présenter une oppression de la femme dans ces années-là, le message semble bien plus porté sur notre société actuelle que sur celle de ces années-là. Et justifier par le passé une situation présente me semble assez dangereux. Je suis pratiquement certain que nous n'avons pas la même situation culturelle, sociale et politique. de fait, ça change pas mal la question du patriarcat.
A ce sujet, l'exemple de la taverne est assez parlant : deux femmes tiennent une taverne, ce qui est mal vu de l'Eglise et de la population. Pourquoi ? Parce que ce sont des femmes qui agissent seules, semble nous dire la BD. Sans se pencher sur la question de la gestion de l'alcool dans ces sociétés, où la violence était bien plus grande, les accidents nombreux dus à l'alcool et la consommation assez différente de la notre. Lorsque l'Eglise fustige l'alcool dans ses textes, c'est avant tout parce que l'ivresse entraine des violences, des conflits et des morts. Et m'est avis que cette question était plus importante que de savoir que deux femmes seules tenaient une taverne (ce qui me semble déjà assez peu crédible). C'est une façon de récupérer des enjeux et conflits actuels, transposés dans le passé sans tenir compte des écarts que cela peut engendrer.

Et puis franchement, ces idées auraient pu passer avec bien d'autres histoires que celles de Salem. Les chasses aux sorcières ne manquent pas dans L Histoire, en France comme en Espagne, et le cas spécifique de Salem est bien plus connue, documenté et étudié, mais ça ne me semble pas pertinent vis-à-vis du sujet. Surtout, ça renforce les clichés sur les religieux fanatiques (mais adeptes des pratiques crasseuses, bien entendues) qui maintiennent la population dans la peur et l'ignorance. Je ne suis pas adepte de la religion, je suis même plutôt dans une détestation de celle-ci, mais ma haine de ces structures culturelles ne me fait pas fermer les yeux sur des critiques que je trouve inutiles et malvenues. Là, le prêtre fait méchant de série B, monolithique et sans aucune dimension intéressante à comprendre. Critiquer la religion devrait être fait plus finement que juste montrer un méchant pas beau oppresseur et faisant des enfants à des femmes retardées mentalement. C'est trop facile comme attaque, et j'en ai déjà trop vu dans ce genre pour être intéressé.

Bref, c'est une BD que je n'ai pas aimé parce qu'elle me semble presque contre-productive sur son sujet. Alors que L Histoire regorge de moments qui pourraient être étudiés en ce sens, on a ici une déformation d'un évènement pour le faire coller à une pensée et une vision actuelle. Ce qui n'est pas du tout à mon goût et surtout me fait comprendre que même armé de bonnes intentions, on peut faire dire ce qu'on veut à L Histoire. Ça ne me plait jamais, quelque soit l'idée d'origine. Faire mentir L Histoire pour servir son propos, c'est vraiment quelque chose que je trouve inquiétant.

Je finirai sur un mot que ma copine à eu après avoir lu cette BD : "C'est dans le même courant que le néo-paganisme qui se réapproprie le mythe de la sorcière pour en faire une figure féminine qui lutte contre une oppression patriarcale, sans avoir de lien historique mais qui permet de créer des figures sur lesquelles s'appuyer dans un combat actuel". Mais je ne sais pas si elle aurait été aussi sévère dans sa note.
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J'ai été plutôt déçue par le graphisme et le scénario, pourtant j'ai attendu cette bd un bon moment. Je n'ai pas du tout accroché, j'avais sûrement trop d'espoir.

Ça reste sympa, je pense ne pas être la bonne cible. En revanche la couverture est incroyable.
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