Citations sur La meilleure chose qui puisse arriver à un homme, c'est.. (20)
Le mensonge a besoin d'aménagement intérieur et de silence. Si nous avions ouvert ces portes, invité des copains, dansé, chanté, peut-être que dans un moment d'ivresse, par un regard, un geste, tout aurait été découvert, qui sait ? Il valait mieux être triste, c'était plus prudent.
Chez les Cassenti, les périphéries de l'existence, y compris le malheur, pouvaient se vivre à ciel ouvert, alors que chez moi chaque événement avait été recouvert d'une chape de plomb. Était-ce pour cela qu'ils exprimaient si librement leurs émotions ? Que ce soit avec violence pour le frère, ou fantaisie pour la soeur ? J'étais enclin à le croire. De leur point de vue, on pouvait à tout instant jouer du couteau ou esquisser un pas de danse. Seules comptaient l'intensité, la vérité du moment. Vivre était une improvisation permanente, tandis que pour moi chaque chose se pesait, se préparait avant d'être vécue.
Je n'arrive toujours pas à considérer l'entreprise humaine avec sérieux et je ne m'y implique qu'à hauteur d'éviter les inconvénients. Pour être tout à fait sincère, aucun rôle ne me semble indispensable à tenir, et rien n'a réellement d'importance à mes yeux, hormis cette précieuse récréation que je m'efforce de cultiver dès que j'en ai la possibilité.
Un scénariste est un peu comme un visiteur accueilli dans une maison. Il peut avoir un avis sur la décoration, voir aussitôt le gain qu'il y aurait à abattre tel ou tel mur, néanmoins il doit s'assurer de deux choses avant de formuler son point de vue : d'abord qu'il est invité à le faire, ensuite que sa réflexion ne sera pas perçue comme un jugement de valeur de l'existant, mais comme une suggestion que son interlocuteur sera libre de considérer, ou pas.
Il y a quelque chose d'incorrigible en moi. Les années passent, mais je suis toujours ce gamin qui se rendait à l'école par des chemins détournés et ne franchissait la grille qu'au tout dernier moment, quand la sonnerie retentissait. Dont l'unique préoccupation, durant les heures de classe, était d'éviter d'être interrogé, d'échapper au regard du professeur, jusqu'à se rendre invisible, l'oeil porté vers la cour, dans l'attente de la récréation. Rien n'a changé au fond. Et surtout pas avec ce que la vie m'a donné à voir.
Le malheur, les gens ont peur de l'attraper, c'est comme une maladie. Et puis des couples qu'on croyait indestructibles se sont séparés, d'autres sont morts dans un accident de voiture, des secrets sont sortis des tiroirs et le sourires ont fait place à des règlements de comptes. La vie a fait son oeuvre et la table s'est vidée, peu à peu. Ce que je croyais éternel ne l'était pas.
[...] il n'y avait pas que les enfants dans la vie, il y avait aussi les grands, quand ils étaient toujours des enfants.
Est-ce que ce n'était pas mon histoire ? L'histoire de tous les hommes, tellement appliqués à se protéger du monde qu'ils oublient de prévoir une porte ?
Elle était mon exact opposé, c'en était fascinant. J'avais été élevé dans un tombeau et elle dans un jardin ensoleillé. Elle avait vécu au milieu d'une foule de cousins et de parents proches, alors que nous ne fréquentions personne et que j'avais dû faire le mur pour partir à la découverte des vivants.
Définitivement, elle était mon contraire. Je le vérifiais encore, alors qu'elle se tenait dans la lumière et moi dans l'ombre. je gardais le monde à distance, alors qu'elle avançait vers lui, le défiait, le sommait de livrer bataille, et ceci quels que soient le danger et le nombre d'ennemis.