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4,2

sur 186 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Comment parler de ce livre de plus de 600 pages aux multiples facettes ? L'auteur, journaliste au Rolling Stone magazine, est le frère de Gary Gilmore, condamné à mort. Il y décrit l'enfance de leur mère mormone, communauté pleine de violence, sa rencontre avec son père âgé de 24 de plus qu'elle qui a déjà été marié sept ou huit fois, le nombre d'enfants difficile à déterminer. de ce couple naîtra quatre garçons élevés dans une cellule familiale mêlée d'amour et de violence, de non-dits, d'absence du père. Né le dernier, l'auteur sera le préféré du père et ne subira pas les flagellations. Mais se sentira aussi exclu de la fraternité. Quand il revient sur le passé de Gary, il constate qu'avec les années d'enfermement en prison et la violence qu'il y a subit, lui aussi serait devenu un meurtrier. Son frère refuse de faire appel et demande à être fusillé, ayant déjà été trop enfermé. Constat d'une famille américaine du 20ème. Des pages d'émotions et de questionnements, mi journalistiques, mi psychanalytiques. Inoubliable !
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De 1967 à 1977, il n'y eu aucune exécution capitale aux Etats-Unis. La cour suprême avait bloqué l'application de la peine de mort dans tout le pays, considérant qu'il s'agissait d'un châtiment cruel et exceptionnel. Pourtant le 17 janvier 1977, Gary Gilmore est fusillé dans la cour de la prison de Draper dans l'Utah.

L'homme âgé de trente-six ans avait refusé tous les recours judiciaires et demandait à être exécuté. Multirécidiviste emprisonné pour violence et vol à main armée, il avait exécuté de sang-froid deux jeunes hommes lors d'une sortie conditionnelle.

La vie de Gary Gilmore qui fut un long ratage à l'ombre d'un père violent, au sein d'une famille dysfonctionnelle, a été raconté par Norman Mailer dans « le chant du bourreau » qui obtint le prix Pulitzer en 1980.

Un roman qui marqua l'histoire de la littérature américaine par son réalisme et par sa crudité.Mikal Gilmore, le plus jeune frère de Gary, avait refusé, à l'époque, de rencontrer l'écrivain pour évoquer son enfance. Critique musicale et journaliste pour le magazine Rolling-Stone il pensait qu'en se faisant oublier, il effacerait de sa mémoire cette effroyable histoire.

Hélas on n'échappe pas aussi facilement à son passé et au poids de son héritage. de phases de dépression en histoire d'amour chaotiques, Mikal se rend à l'évidence, pour enfin être en paix avec lui-même il va devoir affronter le fantôme de Gary.

Il va alors tirer le fil de sa vie et celui de l'histoire du clan Gilmore pour mettre enfin des mots sur ses angoisses et écrire « Un long silence ».

Dans ce récit intimiste bouleversant et d'une intensité incroyable, Mikal Gilmore ne raconte pas simplement une saga familiale, il nous livre aussi l'histoire d'une Amérique patriarcale faite de bruit et de fureur.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un long silence

Un livre bouleversant, poignant, un long cri de douleur et de souffrance, cri qui s'éteint dans un silence affreux, le pire qui soit, celui d'un frère qui demande une mise à mort sanglante, une exécution froide, inhumaine, laquelle ne pourra jamais réparer les crimes commis, laquelle ne pourra jamais restituer une humanité à l'assassin ainsi liquidé.
L'auteur, Mikal, est le plus jeune frère (d'une fratrie officielle de quatre garçons) de Gary Gilmore, le dernier exécuté à mort dans l'état de l'Utah aux Etats-Unis par balles, un peloton d'exécution de cinq hommes armés de fusils. Pour des crimes commis, admis mais inexplicables, inexpliqués, on dirait gratuits.
L'affaire qui date de 1977 avait fait grand bruit alors. Personnellement je n'en ai aucun souvenir, en revanche je me souviens particulièrement du dernier exécuté politique de Franco en Espagne par étranglement au garrot peu avant en 1975.
Si je fais ce rapprochement, c'est pour énoncer que ce livre n'est pas du tout l'histoire de Gary Gilmore, histoire qui a été mis en mot grâce à la plume de Norman Mailer et du journaliste Schiller.
Cet émouvant écrit est l'histoire de Mikal, le jeune frère, qui a très peu connu son grand frère, en raison de l'écart d'âge, en raison des relations paternelles – Mikal est emmené par son père dans ses voyages commerciaux et est ainsi éloigné de la fratrie et de sa mère - et en raison du parcours précoce de Gary, ce grand frère délinquant, qui dès 16 ans, est enfermé dans des centres de redressement, des centres pénitentiaires, jusqu'à son exécution.

Mikal, dans cet ouvrage à la fois très intime et très pudique, a voulu, plus de quinze ans après la mort de ce grand frère, reconstituer tout ce qui pourrait apporter une explication au double crime impardonnable et paradoxalement inexplicable, mais aussi à tout ce parcours autodestructeur (et destructeur).
Un parcours de souffrances continues.
De fait, il ne réussit à expliquer. Il apporte tous les éléments, l'histoire de la famille, la religion, l'ancrage social, la précarité puis une richesse vite diluée, le poids de ceci et de cela.
Ce que j'ai vu, à travers tous ces éléments reconstitués, car Mikal fait une oeuvre de mémoire époustouflante et incroyablement émouvante, c'est un enfant tel une minuscule mouche dans une immense toile d'araignée, tissée par ses propres parents (abominables, pitoyables, toxiques, égotistes, pervers, et pourtant un peu aimants), une société étatsunienne délitée (et nous sommes dans les années cinquante et soixante), entre l'appât du gain, les croyances religieuses débiles, l'absence d'éducation, l'abandon social et psychologique, la déficience abyssale des structures socio-éducatives.
Ce qui est magnifique et douloureux, c'est que Mikal ne met rien en cause, excepté les centres de rétention pour adolescents, il a tout juste essayé de comprendre le pourquoi de cette fin, à la fois ce double crime odieux commis par son frère et cette demande d'expiation par le sang.
Et ce qui est déchirant est que Mikal n'a pas les réponses. Il ne les aura jamais. Il ne réussira pas à percer les ultimes secrets de famille.
Son oeuvre n'est pas tout à fait un roman, elle est constituée de témoignages, de récits de mémoire, d'introspections, de restitutions de faits réels, mais elle est construite si clairement, malgré les allers et retours entre un présent et des passés, ainsi elle nous emmène inéluctablement vers l'inéluctable, d'une manière à la fois douce, car elle nous y prépare, et brutale, cruelle et définitive.
Une lecture inoubliable, car tant de souffrances reposant sur la tête et dans le coeur d'un enfant, ne laissent pas de marbre. Mais dira le grand frère, j'ai vécu les mêmes souffrances, dans les mêmes conditions, et je ne suis pas devenu un assassin.
Les deux frères survivants de cette famille absolument incroyablement épouvantable n'ont pas eu de descendance.
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Reçit autobiographique d'une famille de l'Amérique profonde autour de l'exécution de Gary Gilmore qui souhaitat être exécuté après que le tribunal l'aie condamné à mort. L'auteur de ce livre est son frère qui retrace tous les méandres de cette famille maudite marquée par la violence. Ce livre est d'une noirceur et d'une beauté incroyable.. Au delà de l'histoire familiale et de ses secrets, on assiste aux efforts ( vains?)du narrateur pour échapper à cette malédiction. Une oeuvre majeure de la littérature américaine !
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Gary Gilmore est exécuté le 17 janvier 1977 dans l'état de l'Utah. Il n'y avait plus d'exécution capitale aux États-Unis depuis quelques années déjà. Et celle-ci fut la première d'une longue liste.
Le père, un escroc notoire et alcoolique, change de nom et de lieu de vie régulièrement, au gré de ses arnaques (et lorsque ça commence à sortir le roussi). Et accessoirement de femmes, à qui il laisse parfois des enfants au passage. Lorsqu'il rencontre Bessie, la mère, il mettra quelques années pour décider de se ranger, s'apercevant qu'une activité honnête peut être aussi lucrative. Ils auront quatre garçons, dont le deuxième, Gary, est déclaré sous un nom d'emprunt à sa naissance. En attendant, le couple et les trois premiers garçons déménagent souvent, dans un climat de violence conjugale, d'alcool, d'arnaques et d'instabilité.
Mikal, le petit dernier, connaitra la dernière période du couple, lorsque les parents se sont enfin installés, et vivent à peu près normalement. Car le couple continue régulièrement de se disputer violemment. Il verra ses trois grands frères entrer peu à peu dans la délinquance, les problèmes de drogue et d'alcool (surtout dans l'état mormon de l'Utah). Seul l'éloignement lui permettra de s'en sortir, quitte à trahir les siens.
Des années après, et notamment après une longue carrière à Rolling Stone, Mikal Gilmore revient sur ses fantômes du passé et tente de décortiquer en détail cette affaire qui fit de son frère “l'homme le plus détesté d'Amérique”. Et l'on s'aperçoit que le processus qui envoya Gary au peloton d'exécution (il avait le choix entre cela et la pendaison) fut long, tant la famille avait un passif et un parcours complexe. Un parcours intime que l'auteur assume jusqu'au bout, malgré les révélations et détails parfois scabreux.
Un texte fort sur un sujet fort, sans doute essentiel à l'auteur afin de retrouver un nouvel équilibre dans sa vie. Détonnant.
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Quelle claque que ce livre là!!!

J'ai adoré me plonger dans le récit de la vie de la famille Gilmore, racontée par Mikal Gilmore, le petit dernier de la famille aidé par les souvenirs de son frère ainé Frank Jr.

Récit très clair, très fouillé grâce à des recherches et enquêtes personnelles - tentant de comprendre -sans excuser- les actes de leur frère Gary (36 ans)tout juste sorti de prison, tueur de sang froid de 2 jeunes hommes deux soirs consécutifs lors d'un été de 1976 après avoir passé la majeur partie de sa vie en prison. Gary sera l'objet d'une couverture médiatique incroyable par son obstination à réclamer l'application de sa peine : La Mort . Rédemption en plein coeur du pays mormons où le sang doit être versé pour être pardonné.

Parfaitement raconté, sans pathos, nous faisant partagé les révélations liées au passé chargé de sa famille depuis plusieurs générations au fur et à mesure de ses découvertes.
Le plus bizarre en lisant ce livre, c'est qu'on en vient à comprendre comment on fabrique un monstre tueur de sang froid!...et même à l'apprécier.

On est plongé dans différentes époques parfaitement rendues, au coeur d'événements familiaux dérangeants expliquant la majeure partie des faits et gestes des descendants de cette famille maudite!

Je lis actuellement "le chant du bourreau" de Norman Mailer, qui a fait des centaines d'heures d'entretiens avec les protagonistes de cet événement : passionnant. Je pense qu'il est plus clair de lire en 1er "Un long Silence" qui dégrossi déjà la trame des faits avant d'entrer dans les détails dont Mailer nourrit cette histoire, ne serait ce que pour ne pas se perdre avec les personnages.

Je vous le conseille grandement, car on ne ressort pas indemne de cette lecture (sans galvauder cette expression très utilisée).
Je me demande même si je pourrais me plonger avec autant de passion dans un roman "fictif" tant la dimension réelle de ce fait divers prend aux tripes!
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Gary Gilmore... un nom qui dit quelque chose, mais quoi ? Bon, ça finira bien par revenir à la lecture d'Un Long Silence de Mikal Gilmore, le frangin dudit Gary.

Et en effet, ça revient vite, Gary Gilmore, voleur, cambrioleur, malfaiteur... en bref, le mauvais garçon typique qui se retrouve à passer plus de temps en centres de redressement et autres maisons de correction que sur les bancs de l'école.
Pas con pourtant Gary, loin de là même, mais il peut pas s'empêcher (il semble même y mettre un point d'honneur) de toujours faire les mauvais choix, ceux de la délinquance et de la violence jusqu'au jour où, et c'était fatal, il passe définitivement de l'autre côté en assassinant par deux fois, de sang froid, des jeunes types qui ne lui demandaient rien.
Retour une fois de plus à la case prison où Gilmore demande à être exécuté ; ultime provocation : "Vous ne me tuerez pas par punition puisque c'est moi qui demande à mourir".

Gary le mauvais, Gary le tueur, son histoire pourrait s'arrêter ici si elle nous était contée du seul point de vue des faits , on n'aurait aucune empathie pour ce mec et terminé !
Mais non, en plus des faits, Mikal, le plus jeune frère d'une fratrie qui en compte quatre, va y ajouter de l'affect en nous racontant ce que fut (pour autant qu'il l'ait jamais su lui-même) Gary Gilmore, un être complexe, déprimé, mal-aimé, enfant battu et humilié par un père brutal et une mère effacée. Rendre à la société ce qu'il avait lui-même subi lui a semblé être sa seule possibilité de réponse avec dans l'objectif, la mort pour seule rédemption.

C'est un sacré voyage dans les tréfonds de la violence et de la maltraitance auquel nous convie Mikal Gilmore avec son Long Silence. Il n'excuse pas son frère, rien n'excuse la violence gratuite, mais il nous explique un peu, à sa manière, Gary Gilmore vu de l'intérieur. On n'est pas obligé de se sentir touché par son désastreux destin, on n'est pas obligé d'avoir ne serait-ce que le foetus d'un début d'élan de compassion, mais on est obligé de reconnaître que la vie de Gary Gilmore n'a été qu'un immense gâchis éclairé par les ténèbres et pas toujours par sa faute, non, pas toujours.














































































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Il semblerait que chacun d'entre nous porte en lui son histoire familiale, cachée dans quelques sombres recoins de son âme - ou de ses gênes -, avec ses secrets enfouis, ses non-dits fardés, masqués. Cette histoire abritée sous des décennies de voiles obscurs, de mystères ténébreux, de secret jamais levés, déterminerait plus ou moins nos actes - conscients ou non -, et nous mènerait tout droit à notre destin. Mikal Gilmore, quant à lui, aura tout fait pour échapper à cette malédiction filiale. Il faut reconnaître pour sa défense que le garçon partait avec un sacré handicap génétique. Un de ses frères n'était autre que Gary Gilmore, le condamné à mort le plus célèbre des États-Unis au milieu des années 1970 et qui inspirera à Norman Mailer son célébrissime "Chant du bourreau". Mais avant d'en arriver à se sauver de lui-même, Mikal Gilmore a voulu savoir, comprendre les tenants et les aboutissants de son histoire personnelle, originelle, intime, comme pour ne pas être englouti - à son tour - par celle-ci.

Remontant les fils emmêlés, embrouillés, intriqués de sa propre histoire, Mikal Gilmore va disséquer le passé intime de Bessie Brown, sa mère. Cette jeune femme, élevée dans l'idéologie mormone en plein coeur de l'Utah, au sein d'une fratrie de neuf enfants, poussera - sans beaucoup d'affection - comme une herbe folle.
Lien : http://dunlivrelautredenanne..
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"Les enfants commencent par aimer leurs parents;
en vieillissant ils les jugent;
parfois ils les pardonnent."
Oscar Wilde, le portrait de Dorian Gray

Cette histoire est celle de Mikal Gimore, petit frère de Gary Gilmore (qui a assassiné deux hommes en 1976, après avoir passé une grande partie de sa vie en prison ou derrière les barreaux, et dont Norman Mailer avait relaté l'histoire dans le chant du bourreau en 1981). C'est le témoignage poignant d'un homme qui cherche à comprendre son passé en racontant, sans larmoiement ni pathos, mais avec beaucoup de finesse et de générosité, ce qui a pu mener sa famille dans le gouffre de noirceur dans lequel elle a fini.

La transmission d'un sentiment de malédiction.
Mikal Gilmore raconte tout d'abord l'histoire de ses parents, Bessie Brown et Frank Gilmore. Sa mère est née "dans l'Utah mormon au début du XXe siècle- un lieu qui, à de nombreux égards, était formidablement différent de l'Amérique qui l'entourait. Les mormons possédaient depuis longtemps un fort et spectaculaire sens de l'altérité et de l'unité: ils se voyaient non seulement comme le peuple élu moderne, mais aussi comme un peuple dont la foi et l'identité avaient été forgées par une longue et sanglante histoire, et par le bannissement pur et simple. Ils formaient un peuple à part - un peuple doté de ses propres mythes et objectifs, et d'une histoire d'une violence ahurissante." (P.29).


Bessie était différente de ses frères et soeurs, moins docile et plus rebelle. Elle ne voulait pas rester "enfermée" dans les lois et règles strictes des mormons mais rêvait d'un ailleurs, et c'est Frank Gilmore, beaucoup plus âgé qu'elle, qui lui a donné le sentiment qu'elle pourrait échapper à sa propre famille.
Le problème est que Frank Gilmore avait aussi ses zones d'ombres. D'ailleurs, Mikal raconte qu'il reste encore des mystères à propos de son père, dont personne n'a voulu lui expliquer la teneur.
Frank et Bessie ont fini par avoir des enfants, une "tragédie" en soi pour l'auteur, et n'ont eu de cesse de se déplacer et de changer de noms en passant d'un état à l'autre. Pourquoi? On apprend que Frank Senior était un escroc notoire. Lorsque Gary né dans les année 40 au Texas, ses parents le déclarent sous un autre nom. Et puis il y a autre chose, le passé trouble de ce père étrange. Seule Bessie était au courant de ce secret et jamais elle n'en a parlé à ses enfants. Quoi qu'il en soit, des hommes mystérieux poursuivaient la famille, mettant Frank Sr. dans un état de nervosité et de peur incroyables. Tous ces mystères ont bien sûr nourri les fantasmes des enfants, et certains d'entres eux ont commencé à avoir des problèmes avec la justice, Gary en particulier, puis ensuite Gaylen.
Au bout d'un certain moment, la famille s'est posée, après que cette fuite en avant étrange et suspecte ait cessé. Frank Senior a réussi à gagner un salaire honnête grâce à la vente d'un livre mais malgré tout, les choses ne se sont pas améliorées pour les fils Gilmore. Frank Junior, Gary et Gaylen, les trois aînés (Mikal est né plus tard, en 1951) étaient régulièrement battus par leur père sans aucun motif, hormis de la méchanceté et une paranoia déplacée. Gary s'est retrouvé dans une maison de correction, pour en ressortir un an et demi après, changé ... en pire. Il était sur la voie du crime.
Comme se le demande Mikal, sans ce passé, sans cette famille et sans la violence de son père, aurait-il fini en prison et dans le couloir de la mort? Question sans réponse, car il est impossible de trouver l'origine du crime et du mal, même si la situation dysfonctionnelle et le malaise constant qui régnait dans la famille Gilmore ont sans nul doute laissé des traces indélébiles dans l"inconscient de la progéniture. Chacun des fils a été détruit à sa façon, et aucun n'a voulu avoir d'enfants, de peur de transmettre la malédiction.

Ce qui se remarque aussi dans l'histoire de cette famille, c'est tous le folklore, les mythes, les fantasmes qui ont été transmis au fil du temps par les parents Gilmore à leur enfants, qui eux-mêmes les avaient hérités de leurs propres parents. Par exemple, à la base du drame familial maternel semble se situer une mort, celle d'Alda Brown, la soeur de Bessie, dont la fratrie ne s'est jamais remise. de cette mort est née beaucoup de malheur et de tristesse. du côté paternel, Franck Gilmore Senior ne connaissait pas clairement son père. Encore de la souffrance. Ainsi, toutes ces histoires de morts, de fantômes, de drames ont hanté l'histoire de la famille Gilmore, comme si le passé réclamait son dû. Gary Gilmore en a-il été la victime?(consciemment?)
Cela rappelle Shakespeare (Les péchés des ancêtres viennent hanter la vie des vivants, la malédiction des anciens rejailli sur leur descendance.) C'est ce qu'évoque sans cesse le narrateur, et on le comprend, tant il a peur de transmettre lui-même ce malheur. Mikal Gilmore ne croit pas aux fantômes, ni aux esprits, mais veut affronter ses démons intérieurs, et pourtant, tout reste compliqué...

Ce texte est très émouvant, car il est sensible et on sent la peur suinter du texte, comme si même l'écriture ne pouvait venir à bout du malheur. Point positif s'il en est, Mikal Gilmore est devenu rédacteur en chef du magazine Rolling Stone aux Etats-Unis, signe que la "résilience" existe malgré tout.
A lire, magnifique...
Une note? 10/10, car ce texte me parle, comme m'avait parlé celui de Delphine de Vigan ( Rien ne s'oppose à la nuit, voir avis ici) qui cherchait elle aussi au fond d'elle-même une réponse.
Bravo à M. Gilmore!
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Ce livre nous parle de Gary Gilmore célèbre meurtrier américain qui défraya la chronique en obligeant l'Utah à exécuter sa sentence... le 1er à réclamer sa mise à mort ! J'ai découvert son histoire il y a une vingtaine d'années en lisant "le chant du bourreau" de Norman Mailer et j'ignorais en ouvrant "un long silence" qu'il s'agissait d'une biographie de la famille Gilmore ! Son jeune frère Mikal remonte son arbre généalogique et nous livre de façon très crue toutes les histoires familiales ! de ses grands-parents mormons en passant par son père à la vie digne d'un thriller jusqu'aux erreurs adolescentes des 4 frères...
Franchement une vraie pépite quand on aime les récits de vies... de vies cabossées, meurtries, déchirées.... avec en toile de fond les grands espaces américains !
D'ailleurs ça m'a donné envie de relire le chef-d'oeuvre de Norman Mailer !

Et vous, vous connaissez une des ces deux oeuvres ? (Voir les 2?)
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