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Petit traité d'histoires naturelle... tome 1 sur 2
EAN : 9782213711935
288 pages
Fayard (13/11/2019)
3.4/5   15 notes
Résumé :
L'architecte Nicolas Gilsoul nous offre un bestiaire érudit et original des animaux peuplant nos villes. Une manière de nous reconnecter au vivant, pour dessiner de nouvelles perspectives sur l'art de concevoir la ville de demain avec le génie animal.
La moule zébrée va-t-elle sauver New York ? Le scorpion terroriser les habitants de São Paulo ? Les kangourous s'ébattre dans la forêt de Rambouillet ? Savions-nous seulement que ces bêtes vivaient si près de ch... >Voir plus
Que lire après Petit traité d'histoires naturelles au coeur des cités du monde, tome 1 : Bêtes de villesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Sans doute avez-vous eu l'occasion d'entendre parler de ces animaux sauvages qui s'introduisent dans nos villes, renards et coyotes en quête de nourriture, ours se hissant sur des vérandas, cerfs cherchant un refuge pour échapper aux chasseurs… Mais la plupart d'entre nous sommes pourtant bien loin d'imaginer la richesse et la diversité de la faune avec laquelle nous cohabitons en zone urbaine, souvent sans le savoir.
L'essai de Nicolas Gilsoul nous en donne un bel aperçu.

Insectes, mammifères, batraciens ou oiseaux, grosses bêtes ou minuscules organismes, animaux familiers ou raretés de la nature… : il nous emmène, à travers un tour du monde urbain, à la découverte de cette diversité, et ce faisant nous instruit et nous étonne, nous attriste et nous réjouit.

Sans surprise, il y est beaucoup question des aberrations délétères liées à notre mode de vie déconnectée du reste du vivant, et à notre incapacité à le considérer comme aussi légitime que nous à occuper un espace que l'on s'est approprié. Nous avons détruit ou réduit à peau de chagrin les habitats de multiples animaux, qui en meurent et qui, contraints de se rapprocher des villes pour survivre, sont jugés trop invasifs -et donc à abattre-, car détruisant nos belles pelouses et nos beaux ronds-points ! L'architecture urbaine tue parfois directement, perpétrant de véritables génocides. Chaque année aux Etats-Unis, un billion -oui, un BILLION !- d'oiseaux migrateurs sont tués par la verticalité des villes.

Dans plusieurs pays, leur sort est lié à celui, quasi similaire, qu'ont connu les autochtones que la colonisation a relégué hors de leurs territoires d'origine, et qui vivaient en harmonie avec des espèces aujourd'hui considérées comme nuisibles. Ainsi le kangourou, avec qui les aborigènes ont cohabité sans heurt pendant 50 000 ans, ou le cagou de Nouvelle-Calédonie, qui a échappé de peu à l'extinction, alors qu'il est un oiseau totémique de la culture kanak.

L'urbanisation galopante induit des cohabitations souvent délicates qui réclament des politiques d'aménagement novatrices et éclairées. Or, comme le démontre l'auteur par de multiples exemples, on est souvent dans le domaine de la fausse bonne idée, où de la bonne idée trouvée après des tentatives aussi aberrantes que destructrices. Difficile de protéger les animaux quand on décide de le faire alors que le processus d'extermination est près d'arriver à son terme, et que le respect du vivant est souvent lié à son utilité (c'est-à-dire à sa valeur marchande) pour l'homme. Considérer qu'introduire des freux dans les aéroports pour qu'ils ramassent nos mégots est se comporter de manière éco-responsable me fait personnellement grincer des dents…

Nicolas Gilsoul enfonce peut-être des portes ouvertes (mais cela ne semble pas si évident pour tout le monde) : la meilleure idée est souvent de ne rien faire, la nature se chargera du reste… la simple réintroduction d'animaux dans les espaces d'où ils ont été chassés permet, sans autre intervention, de rééquilibrer des parties d'écosystèmes affaiblis ou déréglés par la main de l'homme si prompte à la bétonisation. Encore faut-il accepter de ne pas tout maitriser, tout dominer, tout comptabiliser… l'éducation est primordiale, notamment pour apprendre aux humains à sortir des préjugés de la bête sauvage forcément agressive, et les amener, par la connaissance, à admettre la beauté, l'intelligence, et le droit à la vie, tout simplement, de ces espèces qui oui, sont par ailleurs bien utiles, peut-être pas d'un point de vue pécuniaire, mais parce que sans elles, la survie de l'homme est elle aussi vouée à l'échec…

Et l'auteur s'emploie, avec ce recueil, à multiplier les raisons d'admirer ces animaux qui ont beaucoup à nous apprendre en matière d'inventivité, d'organisation et de résilience.

La complexité de leurs organisations collectives et individuelles, leur capacité à contourner et résoudre les difficultés, à trouver des richesses dans les territoires que l'humain, les trouvant « pauvres », dédaigne, donnent lieu à des prouesses que l'homme n'atteint qu'à l'aide de machines ou d'équipements ultra perfectionnés. En se focalisant sur les bêtes de villes, Nicolas Gilsoul met en évidence leurs extraordinaires capacités d'adaptation, la nature mettant en oeuvre des stratégies inédites pour survivre en milieu hostile.

En se transformant radicalement et rapidement, le milieu urbain et la confrontation croissante avec les hommes qu'il entraîne, accélère l'évolution du vivant. Les animaux sauvages devenus citadins ont appris à se nourrir et s'abriter au coeur des villes, à en supporter le bruit. Mais la mutation va parfois bien plus loin. Depuis qu'il est interdit de tirer sur les ourses accompagnées de leurs petits, les scientifiques ont remarqué qu'elles ont rallongé la durée de leur « congé maternité »… dans certains endroits d'Afrique où le commerce de l'ivoire fait des ravages, ce sont dorénavant 98 % des éléphantes qui naissent sans défenses, contre 2 % il y a quelques années (ce qui n'est pas sans danger pour l'espèce ainsi fragilisée).

C'est avec autant de tendresse que de fascination que Nicolas Gilsoul évoque ces êtres qui occupent les villes de manière plus ou moins visible, sans hiérarchisation affective, vantant la beauté des crapauds comme l'ingéniosité du scorpion mortel et quasi indestructible devenu le cauchemar de certaines villes sud-américaines, réhabilitant des « affreux », rendant visible le microscopique. Entremêlant science, anecdotique et poésie, son ouvrage est par ailleurs empreint d'un humour qui le rend d'autant plus accessible et réjouissant.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Les animaux et les villes, voici un sujet qui a tout pour m'intéresser, d'autant plus que l'auteur est à la fois architecte, paysagiste et grand connaisseur en biologie animale. Les chapitres abordent chacun un animal, des plus connus aux plus improbables, des petites bestioles aux grands mammifères. L'écriture en est vive, ne manquant pas d'humour ni d'anecdotes édifiantes. On apprend énormément de choses, en vrac, sur la moule zébrée à New York, le scorpion de São Paulo, les kangourous de la forêt de Rambouillet, le merle de l'aéroport de Madrid… Tiens, le voici :
« Près de l'aéroport de Madrid vit un merle mélomane. Vu le grondement sourd des moteurs, il privilégie les sifflements à basse fréquence et adapte ses horaires de chant à ceux des décollages et des atterrissages de grandes lignes. »
Plusieurs thèmes se développent au fil des chapitres. Tout d'abord les dégâts causés par les constructions humaines sur la biodiversité. Mais aussi, les facultés d'adaptation des animaux qui tirent le meilleur parti de leur cohabitation forcée. Il ne s'agit pas seulement pour eux d'aller vider les poubelles pour se nourrir, mais aussi de réagir positivement aux polluants divers, de s'adapter au bruit, à la lumière, aux grandes surfaces bétonnées ou vitrées, de tirer parti des friches et autres endroits abandonnés… Comment la souris de Brooklyn résiste aux polluants lourds, l'escargot d'Amsterdam combat la chaleur, l'hirondelle de la Côte Est évite les gratte-ciels…
Ensuite, le livre imagine comment les architectes doivent réfléchir à tous les habitants des villes lors de leurs projets. Et même, à réutiliser les bonnes idées résultant de l'observation des animaux bâtisseurs et éventuellement les mettre en oeuvre dans leurs projets.
Impossible de résumer tout, tellement c'est foisonnant, et rempli d'empathie pour les petites bêtes ! Parfois le style est un peu brouillon, mais avec des chapitres courts et bien différenciés, ça passe très bien.


Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Le-bon-heur! Quand le fond et la forme se rejoignent, c'est le coup de coeur assuré!

Pour faire vite, disons que Nicolas Gilsoul est architecte (ainsi que paysagiste et docteur en sciences à l'Institut des sciences et industries du vivant et de l'environnement à Paris, et j'en passe). le versant architecte de son CV lui permet d'offrir une vision originale des relations entre bestioles et humains.

De courts chapitres, chacun consacré à une bestiole devant cohabiter avec les humains, proposent des solutions quand ça ne se passe pas trop bien, quitte à déplorer le comportement desdits humains, ou à s'amuser de l'adaptation des bestioles. Beaucoup d'informations, et surtout présentées avec pas mal d'ironie sous-jacente ont rendu cette lecture un vrai plaisir!

A Berlin, 35 000 sangliers dans les parcs. "En France, ils préfèrent jouer au golf. Avec le changement climatique et les sécheresses que subit notre pays, les golfs restent des havres de fraîcheur. Un arrosage abondant sur une pelouse désormais traitée sans pesticides dans les golfs municipaux convoque des vers de terre bien gras et 100% bio."

Manitoba, "à l'automne, les ours polaires envahissent les rues."(...) Les habitants ont même pris l'habitude de laisser les portières des voitures stationnées ouvertes pour permettre aux passants de se réfugier en cas de rencontre trop impressionnante."

Ces ours sont trop forts! En Suède, interdit de tirer sur une ourse accompagnée de ses petits. On constate que cette période est passée de 6 mois en moyenne à bien plus! "Le congé maternité prolongé augmente ainsi la survie de l'espèce".

Quant aux oiseaux, l'idée est de leur éviter les surfaces vitrées des hauts immeubles, mais ce n'est pas encore gagné. Cependant "les études d'impact préalables pour bâtir nos châteaux de verre doivent aujourd'hui prendre en compte les couloirs migrateurs."

Que faire de toute la terre creusée par les tunneliers? L'auteur suggère de "faire un stage chez trois maîtres terrassiers : Blaireau, Termite et Wombat."

Quant à la bernache, elle gêne pas mal... Surtout aux abords des aéroports. On va jusqu'à dresser un border collie à imiter la démarche d'un coyote pour les effrayer. Ou rendre plus lisses les façades des aéroports. "Fini les façades à perchoirs et les renfoncements pour nidifier tranquillement."
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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Un livre original mais dans l'air du temps.
On retrouve dans ce livre des tas de petits animaux (et moins petits) qui peuplent nos villes.
L'auteur nous apprend (car on apprend beaucoup, beaucoup en lisant ce livre !) au fil des pages des tas d'anecdotes sur ces animaux que nous pensons connaitre.
Il nous dévoile les incroyables capacités d'adaptation de ces animaux qui ont vu apparaître nos villes et nos comportements humains.

Loin d'être moralisateur, ce livre nous témoigne néanmoins de l'impact humain sur le règne animal.

Une lecture agréable, drôle, surprenante et terriblement essentiel.
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Des animaux sauvages qui s'adaptent à un milieu si spécifique à l'anthropocène. Des architectes qui s'inspirent des animaux. Des animaux qui quittent la scène urbaine, d'autres qui l'investissent...
Nicolas Gilsoul nous invite à observer, à comprendre, à laisser une place à ces bêtes ou à les inviter, à travers de nombreux exemples à travers le monde.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
 La fauvette à tête noire passait ses quartiers d’hiver sur la côte d’Azur ou en Afrique. Elle préfère aujourd’hui rejoindre le Sud de l’Angleterre, d’abord parce que traverser la Manche est bien plus facile que la Méditerranée, mais surtout parce qu’ici, au pays des scones et des muffins, les mangeoires des Britanniques, grands amoureux des oiseaux, sont bien garnies tout l’hiver. Le changement de cap de la fauvette est devenu incontournable. L’information est même inscrite dans les gênes des plus jeunes. 
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Cet essai n'est pas réservé à quelques spécialistes de l'oursin des sables, mais il invite avant tout le lecteur à voyager dans ce Nouveau Monde dominé par les villes, où grandissent déjà nos enfants. Il me paraît évident aujourd'hui qu'il nous faut le construire et le penser avec des alliés inattendus, fourrures, branchies et exosquelettes au garde-à-vous.

Rappochez-vous, ils sont stimulants.
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Près de l’aéroport de Madrid vit un merle mélomane. Vu le grondement sourd des moteurs, il privilégie les sifflements à basse fréquence et adapte ses horaires de chant à ceux des décollages et des atterrissages de grandes lignes.
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Videos de Nicolas Gilsoul (34) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nicolas Gilsoul
Nicolas Gilsoul vous présente son ouvrage "Peurs bêtes" aux éditions Fayard.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2927403/nicolas-gilsoul-peurs-betes
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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