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EAN : 9782246122838
262 pages
Grasset (05/11/2008)
4.05/5   50 notes
Résumé :
Natalia Ginzburg raconte son enfance et son adolescence : un père fantasque et une mère plaintive, des amis promis à la gloire ; Turin, l'antifascisme, les arrestations, la guerre, la déportation, l'assassinat d'un mari aimé.
Tandis que les parents parlent et résument le monde en quelques jugements lapidaires, les enfants découvrent la résistance de la vie qui leur oppose les énigmes meurtrissantes de l'amour, de la guerre, de la mort. Le comique des mots con... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Lu en V.O.
J'ai beaucoup aimé ce livre...
Natalia Ginzburg nous fait revivre toute sa famille : son père Giuseppe, scientifique, professeur d'université, d'origine juive, colérique, quelque peu tyran, sa mère Lidia, ses frères et soeurs, ses grands-parents, oncles et tantes mais également les amis tous ces personnages.
Le milieu dans lequel ils évoluent est celui d'intellectuels, de personnages célèbres, écrivains, scientifiques, profondément antifascistes.
Il y a donc énormément de personnages - lors de ma lecture je me suis fait un petit arbre généalogique et ai recensé les amis de chaque membre de la famille.
Les portraits sont dessinés avec beaucoup de pudeur : l'auteure se garde de porter de jugement (à de rares exceptions près).
Le roman se déroule durant la montée du fascisme, les lois raciales, la guerre mais ces événements sous-jacents sont à peine esquissés et pourtant ils sont importants dans la vie de Natalia Ginzburg qui verra son mari arrêté, torturé et tué en prison !
Elle ne parle pas d'elle, pas de ses sentiments, quelques brefs mots nous apprendront la mort de son mari, une simple phrase nous apprendra son remariage !
Pourquoi avoir aimé ce livre alors que le contexte de l'Italie en ce temps n'est pas développé, que tout cela pourrait paraître superficiel ?
Pour de nombreuses raisons :
je citerai d'abord les expressions utilisées par les personnages, le père surtout, mais également la mère, la grand-mère utilisent des phrases, des expressions qui deviennent culte dans sa famille, et qui sont répétées, donnant un rythme au livre et lui apportant beaucoup d'humour. Ces phrases expliquent tant le titre italien (Lessico famigliare) que le titre donné à l'édition française.
J'ajouterai que le milieu est particulièrement intéressant, Natalia Ginzburg fait le portrait de personnages importants : des écrivains comme Cesare Pavese, Carlo Levi, des personnages comme Adriano Olivetti.
Dans la relation de ses souvenirs d'adulte, le livre se fait moins léger, les événements, même s'ils ne sont que légèrement évoqués, nous en sommes conscients.
J'ai apprécié le style, très fluide.
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J'avais beaucoup aimé les Voix du soir et là, j'ai dévoré Les Mots de la tribu, prix Stega 1963.
Natalia Ginzburg (1916-1991) raconte sa famille depuis les années 30 jusqu"au début des années 50 à travers les mots, les expressions ressassées ou les anecdotes ressurgis du passé qui font d'eux une tribu singulière. La narratrice est la petite dernière. Sa voix semble effacée. D'abord derrière celle des grands, dans l'enfance. Puis contrainte au secret durant toute son adolescence et sa vie de jeune femme, marquées par le combat clandestin anti-fasciste de ses frères puis les persécutions anti-juives et l'arrestation tragique de son mari, Leone Ginzburg. L'écriture est limpide.

Petite, c'est la voix du père qui domine ses souvenirs. Il tonitue, il vitupère, il éructe comme s'il était au théâtre avec une voix de stentor : « Ne faites pas d'inconvenances ! Ne faites pas de souillonneries ! Ne faites pas de nègreries !  »Le père est un universitaire, spécialiste d'anatomie comparée à l'université de Turin. Il dicte sa loi sur toute la famille, refuse que ses cinq enfants aillent à l'école primaire pour éviter les maladies, porte des jugements tranchés moraux ou esthétiques avec des mots hauts en couleurs, mâtinés de dialecte et d'argot. le monde est rempli d'ânes et d'ânesses. La mère en apparence docile le suit à distance. Elle est d'un naturel joyeux et optimiste, aime les arts et les lettres, chante Lohengrin à tue-tête volontiers à la fin du dîner et lit Proust, cet empoté. Derrière leur apparente opposition, qui nourrira la personnalité ambivalente de Natalia Ginzburg, on sent beaucoup de complicité et de tendresse entre les époux. Les mots des domestiques et ceux des parents à leur égard dessinent aussi le portrait de la bourgeoisie turinoise encore traditionnelle. On voit aussi les différences de traitement entre les garçons et les filles.

Ensuite, ce sont les mots des frères et soeur. Ils s'affrontent pour des peccadilles ou des choses qu'elle ne comprend pas. Ils ont des secrets, font des messes-basses. L'Histoire fait son apparition à travers les discussions des frères qui veulent agir contre la dictature et le père, plus intellectuel et plus pessimiste, qui veut d'abord les protéger. Ce sont toujours des anecdotes significatives qu'elle raconte, des mots vrais que les historiens n'utilisent pas. La famille cache Turati (grande figure politique socialiste que le père tient pour un ingénu). La narratrice l'a déjà vu une fois mais elle fait l'obéissante et l'appelle Paolo Ferrati. Cependant elle ne comprend rien au mensonge des parents. A la fin du séjour Turati/Ferrati lui demande de ne raconter à personne qu'il a habité chez eux. Et il part avec deux hommes et son beau-frère Adriano Olivetti, qui désormais sera aussi en fuite. Ce moment marque la fin de l'innocence. Les frères Levi et leurs amis du mouvement “Giustizia e Libertà”(Salvatorelli, Foa, Ginzburg) sont des « conspirateurs » avec de hautes responsabilités dans la lutte anti-fasciste. La narratrice les montre uniquement sur le terrain privé par rapport à sa vie de famille et les récits qu'elle a entendus...

Après-guerre Natalia Ginzburg travaille comme éditrice et s'impose comme traductrice (Proust) dans la maison Enaudi naissante. Elle raconte bien le besoin de mots, de débats, de polémiques après la chape de plomb fasciste. Elle trouve les mots justes pour évoquer la solitude intérieure de Cesare Pavese. Et puis elle revient aux mots de sa tribu.

Le livre est plein d'amour et de finesse. Un vrai bonheur.
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Petite deception.
De ma premiere lecture, d'avant le deluge, je gardais de bons souvenirs. Il faut croire qu'ils se sont fanes avec le rechauffement climatique.

C'est une tranche de vie que nous raconte Ginzburg, tres autobiographique, en appuyant fortement sur les mots et les phrases qu'avaient habitude de ressasser ses proches. A l'epoque j'avais trouve ca amusant et en meme temps emouvant, car l'auteur temoignait en fait, sans aucun pathos, des vicissitudes de sa famille (juive) et de ses amis (antifascistes) en l'Italie de la premiere partie du 20e siecle.
Cela a du merite, sans aucun doute, mais aujourd'hui j'ai trouve son ecriture tout simplement plate, sans grand interet; ses bons mots familiaux n'ont pas reussi a m'egayer tant soit peu et en certains moments de lecture je me disais que j'avais sous les yeux un document familial interne. Interne et trivial, chaque famille, partout et de tous temps, ayant un "lexique familial". La mienne aussi avait, a encore, le sien. Meme la retenue de l'auteur, quand elle raconte le cataclysme qu'a provoquee l'ascension fasciste et les malheurs de la deuxieme guerre mondiale ne m'a pas impressionne comme auparavant. J'y ai vu une froideur qui, en estompant les sentiments, peut estomper aussi les reactions du lecteur, ce qui a ete mon cas present.

J'exagere. C'est quand meme un bon livre. Il plaira certainement a beaucoup de lecteurs. Il en emouvra certains. Je l'ai simplement fait degringoler de quelques crans des cieux ou je l'avais juche en d'autres temps. Je deviens vieux? Je deviens vieux. Il faudra m'y faire. Mes lectures aussi devront s'y faire.
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Voilà une autobiographie hors du commun!

Centrée sur l'intimité d'une famille, d'un clan noyauté par ses rites et singularisé par ses idiomatismes, la narration évite pourtant tous les pièges de l'exhibitionnisme, de la confidence , de l'épanchement propres au genre autobiographique.

Avec une grande pudeur, et beaucoup d'humour-la politesse du désespoir?- . Natalia Ginzburg évoque les silhouettes de ses parents, de sa mère, intellectuelle un peu fofolle et généreuse, dépourvue de tout sens pratique, son père, un physicien adepte de courses en montagne épuisantes, tyran domestique et maître à penser acerbe et haut en couleurs, ses frères, sa soeur,et tous les amis, célèbres- Einaudi, les Olivetti, Leone Ginzburg, Cesare Pavese, Balbo...- faisant partie de cette intelligenzia turinoise, juive et athée, farouchement opposée au fascisme, et qui fut la première cible des chemises noires: comme le marquent les nombreuses arrestations, tortures, relégations et morts qui très discrètement jalonnent le récit.

Car c'est autour du lexique familier et familial que fait mine de s'articuler toute la narration:néologismes cocasses, expressions idiomatiques, anecdotes savoureuses- c'est tout un folklore privé, cher au coeur de la narratrice qu'elle ressuscite avec tendresse et ironie, masquant avec légèreté et élégance une période terrible -arrestations et morts la frappent de plein fouet à plusieurs reprises...

De beaux portraits: un magnifique et discret hommage à son mari, Leone Ginzburg, torturé et tué par les fascistes, Pavese, le désespéré à la pipe, Olivetti le riche industriel , ami du père...

je n'ai pas lu ce livre en français, et j'ai du mal à imaginer comment ont été traduites toutes ces images et créations verbales si pleines de saveur en italien.. Je vais néanmoins "poster" cette critique dans les deux versions: c'est un tel plaisir de lire ce livre original, drôle et subtil, léger et grave...le lire, même en français vaut qu'on s'y arrête!
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Voilà une autobiographie hors du commun!

Centrée sur l'intimité d'une famille, d'un clan noyauté par ses rites et singularisé par ses idiomatismes, la narration évite pourtant tous les pièges de l'exhibitionnisme, de la confidence , de l'épanchement propres au genre autobiographique.

Avec une grande pudeur, et beaucoup d'humour-la politesse du désespoir?- . Natalia Ginzburg évoque les silhouettes de ses parents, de sa mère, intellectuelle un peu fofolle et généreuse, dépourvue de tout sens pratique, son père, un physicien adepte de courses en montagne épuisantes, tyran domestique et maître à penser acerbe et haut en couleurs, ses frères, sa soeur,et tous les amis, célèbres- Einaudi, les Olivetti, Leone Ginzburg, Cesare Pavese, Balbo...- car faisant partie de cette intelligenzia turinoise, juive et athée, farouchement opposée au fascisme, et qui fut la première cible des chemises noires: comme le marquent les nombreuses arrestations, tortures, relégations et morts qui très discrètement jalonnent le récit.

Car c'est autour du lexique familier et familial que fait mine de s'articuler toute la narration:néologismes cocasses, expressions idiomatiques, anecdotes savoureuses- c'est tout un folklore privé, cher au coeur de la narratrice qu'elle ressuscite avec tendresse et ironie, masquant avec légèreté et élégance une période terrible -arrestations et morts la frappent de plein fouet à plusieurs reprises...

De beaux portraits: un magnifique et dicret hommage à son mari, Leone Ginzburg, torturé et tué par les fascistes, Pavese, le désespéré à la pipe, Olivetti le riche industriel , ami du père...

je n'ai pas lu ce livre en français, mais j'ai du mal à imaginer comment ont été traduites toutes ces images et créations verbales si pleines de saveur en italien.. Je vais néanmoins "poster" cette critique dans les deux versions, c'est un tel plaisir de lire ce livre original, drôle et subtil, léger et grave...le lire, même en français vaut qu'on s'y arrête!
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Nous sommes cinq frères et sœurs. Nous n’habitons pas la même ville, certains d’entre nous résident à l’étranger: et nous ne nous écrivons pas souvent. Il arrive que, quand nous nous rencontrons, que nous nous montrions, les uns envers les autres, indifférents ou distraits. Mais il suffit, entre nous, d’un mot. Il suffit d’un mot, d’une phrase; une de ces phrases maintes fois entendues et répétées dans notre enfance. Il nous suffit de dire « Nous ne sommes pas venus à Bergame pour rigoler » ou « De quoi qu’ ça pue l’acide sulfurique ? » pour retrouver tout à coup nos ancien rapports, notre enfance et notre jeunesse, indissolublement liées à ces phrases, à ces paroles. L’une quelconque de ces phrases ou de ces paroles nous permettrait de nous reconnaître dans l’obscurité d’une grotte, au milieu de milliers de personnes. Ces phrases sont notre latin même, le vocabulaire de nos jours, elles sont comme les hiéroglyphes des Égyptiens ou des Assyro-babyloniens, le témoignage d’un noyau vital qui a cessé d’être mais survit dans ses textes, sauvés de la fureur des eaux et de la corrosion du temps. Ces phrases constituent le fondement de notre unité, une unité qui subsistera jusqu’à notre mort, qui se recréera et ressuscitera dans les endroits les plus divers de la terre, quand l’un de nous dira :
- Illustre monsieur Lipmann, et que, sur-le-champ, résonnera à notre
oreille la voix impatientée de mon père :
- Finissez-en avec cette histoire ! Je l’ai entendue des centaines de fois !
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Ma mère, elle, était optimiste de caractère et elle attendait quelque magnifique coup de scène. Elle s'attendait à ce qu' "on renversât", un beau jour, Mussolini.
Ma mère sortait le matin, en disant :
- Je vais voir si le fascisme tient toujours debout. Je vais voir si l'on a renversé Mussolini.
Elle recueillait des allusions et des racontars dans les magasins et elle en tirait de réconfortants auspices. A table, elle disait à mon père:
- Il y a du mécontentement dans l'air. Les gens n'en peuvent plus.
- Qui te l'a dit? hurlait mon père.
- C'est mon marchand de légumes qui me l'a dit, répondait ma mère.
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Le Dément dans sa clinique, avait un fou qui se prenait pour Dieu. Chaque matin, le Dément lui disait:
- Bonjour, illustre monsieur Lipmann.
Et le fou répondait alors :
- Illustre, peut-être bien, mais Lipmann, sûrement pas.
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Moi aussi je trouvais bien belle la poésie des roches noires et je me consumais de jalousie de ne l'avoir pas écrite moi-même. C'était tout simple : des prés verts, des roches noires. Combien en avais-je vu moi aussi en montagne ! Il ne m'était jamais venu dans la tête qu'on pouvait en faire quelque chose : je les avais regardés et c'est tout. Les poèmes, c'était donc ça : de simples images, faites de rien, faites des choses que l'on regarde. Je regardais autour de moi avec des yeux bien ouverts : je cherchais ce qui pouvait bien ressembler à ces roches noires, à ces prés verts et, cette fois, je ne voulais pas me les laisser échapper.
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Nella mia casa paterna, quand’ero ragazzina, a tavola, se io o i i miei fratelli rovesciavamo il bicchiere sulla tovaglia, o lasciavamo cadere un coltello, la voce di mio padre tuonava: - Non fate malagrazie!
Se inzuppavamo il pane nella salsa, gridava: - Non leccate i piatti! Non fate sbrodeghezzi,! non fate potacci!
Sbrodeghezzi e potacci erano, per mio padre, anche i quadri moderni, che non poteva soffrire.
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Video de Natalia Ginzburg (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Natalia Ginzburg
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Quand vous écrirez le récit de votre vie, faudra-t-il tout dire ? Pas forcément. Savez-vous quelle grande romancière a écrit son autobiographie sans le moindre épanchement ?
« Les mots de la tribu » de Natalia Ginzburg, c'est à lire chez Grasset.
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