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« le Moulin de Pologne », un curieux livre, qui par plusieurs aspects tranche avec le reste de l'oeuvre. Jean Giono nous présente un morceau d'histoire de la famille Coste ; une famille frappée de malédiction dont les membres meurent tous d'une manière ou d'une autre, mais tous de mort violente…

Le Moulin de Pologne n'est autre qu'une riche propriété à l'extérieur d'un gros bourg provençal qu'on imagine sans peine être inspiré de Manosque, la ville que Giono ne quitta guère. Un narrateur sans nom décrit la vie sur quasiment un siècle de la famille maudite.
Tout d'abord, l'installation du père Coste, un veuf, et de ses deux filles ; il a perdu sa femme et ses deux fils dans des circonstances tout à fait particulières. Aussi, veut-il s'assurer qu'il n'arrivera pas malheur à ses filles et cherche à les marier à des garçons auxquels « rien n'arrive jamais » …
Il finira par les trouver : deux frères, effectivement sans histoires. Il n'en faudra pas plus pour que le destin s'acharne contre leurs familles génération après génération ; désespérant... Restera Julie, la jolie Julie, initialement, mais à demi défigurée au moment du récit.
Elle vit en dehors de tout et de tous… Jusqu'à l'arrivée de M. Joseph. Il vient de s'installer au bourg. Sous leurs efforts conjugués, le Moulin de Pologne semble revivre. La malédiction qui frappe la famille Coste serait-elle à jamais conjurée, ou ne cherche-t-elle qu'une occasion pour frapper à nouveau ?

« le Moulin de Pologne », un ouvrage particulier dans l'oeuvre de Giono, certes, mais un des mes préférés. Il dépeint, en arrière plan, la médiocrité extraordinaire des gens ordinaires. Giono, délaissant ici son art de magnifier sa chère Provence, nous livre un texte fort qui ne laissera pas le lecteur indemne.
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Un Moulin en Provence qui doit son nom à un pèlerin polonais allant à Rome qui y installa sa cabane, et Coste, un gars du pays revenu du Mexique après la chute de l'Empire qui fait construire un maison de maître, achète des terres et des dépendances...Il est veuf et a déja perdu son épouse + 2 fils, mais il lui reste 2 filles : Anaïs et Clara et, il va contacter Mademoiselle Hortense qui doit lui trouver 2 gendres vigoureux et sains avec la certitude de ne plus avoir de malheurs...
Mais, après ces mariages, les décès vont frapper de nouveau la famille et, d'après le narrateur anonyme qui va nous conter sur un siècle le destin des Coste : la malédiction s'abat encore sur les habitants du Moulin. La seule survivante est Julie, défigurée, moquée par les villageois !
Entre temps : un homme inconnu, nommé Joseph est arrivé au bourg, il intrigue et même fait peur à ces médiocres qui ne vivent que de ragots, de mesquineries ordinaires...
Au moment que l' on n'attend le moins, le destin envoie cet homme fort, habile qui va épouser Julie, la venger de tous, il va même retaper le Moulin, valoriser les terres et lui donner un fils : Léonce, par la même occasion : il fait revivre le village...
Jean Giono, dans ce conte provençal reprend son thème favori : le destin, l'homme providentiel ( comme dans " Que ma joie demeure " ). Un inconnu, venu de nulle part vient apporter la vie, la lumière, la joie dans ce monde fermé, noir et rabougri par l'obscurité, la petitesse des âmes ! Ce Moulin est le symbole de la tragédie humaine, de la fragilité des certitudes, des valeurs, des vanités mais aussi la victoire de la nature qui finit par avoir toujours la main sur les destinées !
L.C thématique de septembre 2022 : un LIEU dans le titre.
Challenge ABC des titres 2022/2023 .
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Que vient faire la Pologne en Provence ?
On n'en saura rien car ce n'est absolument pas le sujet.
Ce roman est écrit dans un style magnifique au service d'un cynisme à toute épreuve. En donnant la parole à l'un des personnages très engagés dans le récit, Giono donne une profondeur savoureuse aux mesquineries des uns et des autres dans un village où chacun s'épie.
On est entre Balzac et Pagnol, c'est un régal.
C'est ma première lecture de Jean Giono. Ici, pas de description de la Provence comme j'en ai souvent entendu parler. Mais un portrait de la nature humaine avec juste ce qu'il faut d'ironie, une acuité qui force le respect.
Je me suis régalée.
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Un souvenir extraordinaire de lecture!

L'année où j'ai fait la traversée des Alpes, un soir, j'ai trouvé ce livre dans un refuge et je ne l'ai pratiquement pas lâché avant de l'avoir fini. Je ne parlais plus à mon frère, je lisais, captivé, j'aurai voulu lire tout d'une traite. Il fallait bien dormir et j'ai dû l'interrompre, mais j'avais bien calculé, au petit matin je n'avais plus qu'une dizaine de pages à lire. En petit-déjeunant, j'ai fini juste au moment où il fallait partir pour une longue journée de marche. Une lecture parfaite!

Je dirais que j'ai eu la chance de l'oublier complètement (?), et je l'ai relu récemment avec la même passion qu'autrefois.
Il est question de cette grande ombre : le Destin…
Trois personnages vont l'affronter avec trois approches :
- le père Coste qui le défiera.
- Mademoiselle Hortense qui prétendra l'endormir.
- Monsieur Joseph qui jouera aux échecs avec lui.

Tous perdront avec du malheur, de la cruauté, des morts horribles…
Les victimes et la société qui les entourent tissent une sorte de linceul de malédictions qui renforce et provoque les tragédies sur plusieurs générations.
Le narrateur qui ne s'exclue pas de ces médiocres, nous glace en décrivant une stupéfiante scène de lynchage où l'on ne sait plus qui est victime.
Au moment où l'on se trouve désorienté en pensant : «…Et si c'était possible?»; on tombe sur cette phrase énigmatique enfouie dans le roman :
«Le destin n'est que l'intelligence des choses qui se courbent devant les désirs secrets de celui qui semble subir, mais en réalité provoque, appelle et séduit.»
… Que j'interprète comme : on porte en soi le Destin, mais il est écrit en runes indéchiffrables. On peut comprendre comment il fonctionne, mais en aucun cas le maitriser.
Tout le récit est palpitant, on veut lire plus vite, on oublie de respirer…et de gouter ce style inspiré qui vaut bien celui de Flaubert pour rendre les sensations…

Ne ratez pas «Le Moulin de Pologne»!
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Ne cherchez pas : si vous vous attendez à des hussards assoiffés sur fond d'envolées chopinesques, vous n'y êtes pas du tout. Point de Pologne ici : nous sommes aux alentours d'une petite ville, un gros bourg, disons, qui ressemble – tiens donc – à Manosque. le Moulin de Pologne est le nom d'un domaine. Une belle propriété déjà ancienne, qui porte sur elle comme fatalité. le nom viendrait d'un pèlerin polonais en route vers la Terre Sainte, qui y aurait bâti sa cabane. Un nommé Coste, revenant des guerres de l'Empire, s'y serait installé. Avec lui, c'est la guigne, la mouise, la poisse qui s'installent sur le domaine. Après avoir perdu sa femme et ses deux fils dans des circonstances tragiques, il lui reste deux filles à marier. Il y arrive grâce à une entremetteuse mais la malédiction du domaine continue : de génération en génération, les morts violentes se succèdent, on en arrive à la dernière survivante, Julie, qui, non seulement est victime de la sale réputation de scoumoune de sa famille, mais en plus est défigurée et tenue à l'écart de tous. du moins jusqu'à l'arrivée de Monsieur Joseph...
« le Moulin de Pologne » fait partie de ces « Chroniques » dont la caractéristique principale est de déconcerter le lecteur : ici le narrateur (il n'y en a qu'un, cette fois) nous raconte l'histoire du domaine depuis Napoléon : au résumé que j'en ai donné, on pourrait croire que le thème principal est la fatalité, comme dans les tragédies antiques. Il y a un peu de ça, mais pas seulement : Giono ici ne se réfère pas spécifiquement à Virgile, ni à Eschyle, Sophocle ou Euripide, la fatalité est seulement un argument de romancier.
Et le romancier tient la première place : c'est lui qui tire les ficelles, qui longuement décrit la machination de la fatalité au cours des années, et qui, par un artifice qui lui est familier, (l'intrusion d'un homme providentiel, ici Monsieur Joseph), dénoue l'intrigue.
Mais, cette tragédie, Giono décide de la traiter en opéra-bouffe : il mélange comédie et tragédie comme Shakespeare, ou comme dans le « Don Giovanni » de Mozart (deux références absolues pour le poète de Manosque).
Cette situation est parfaitement analysée par Janine et Lucien Miallet (Présentation du roman dans La Pléiade) :
« Ainsi la chronique si complexe du « Moulin de Pologne », que le mode d'écriture adopté nous convie à contempler avec le détachement et la passion que l'on accorde en même temps au pur spectacle, peut-elle offrir, de façon peut-être encore plus totale qu' « Un roi sans divertissement » la fusion du comique et du tragique […] Mais le comique est comme englobé dans le tragique, et tous deux se répondent en écho […] Giono joue avec le lecteur, et nous conseille finalement de cultiver nos fleurs, si nous pouvons. Nous attendons, d'un bout à l'autre du livre, une révélation qui nous est dérobée – puisqu'il n'y a pas de vérité. Cette démarche un peu frustrante nous propose, sans insister, une vision du monde proche du désespoir et une esthétique de l'ironie »
C'est un peu le sentiment qui ressort de la lecture de ce roman : autant on reste toujours admiratif de la prose de Jean Giono, toujours aussi fluide et aussi « parlante » (bien qu'il y ait peu de descriptions et peu de dialogues), autant on a l'impression d'être resté spectateur, de n'être pas véritablement entré dans le roman.
Chacun des romans de Giono (dans sa deuxième manière) est quelque peu expérimental. Et celui-ci en est une preuve indiscutable.
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Ce qui est cool avec le challenge solidaire, c'est de replonger dans les classiques.
Dans ce livre, on aborde le monde des bien-pensant de province, avec leurs petits complots et leur cruautés.
Un famille est poursuivie par une malédiction, de génération en génération, et périssent tous de mort prématurée.
L'arrivée d'un homme va peut-être changer le cours des choses !
C'est tellement bien écrit...Les portraits des habitants de la bourgade sont truculents. J'ai dégusté cette plume avec bonheur.
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Je suis surprise que le Moulin de Pologne soit si peu commenté et cité.

Le narrateur, dont on ne saura jamais le nom, homme aigri et condescendant, nous raconte l'histoire des Coste, famille frappée par une malédiction : tous les membres de cette famille meurent les uns après les autres, le plus souvent par des accidents.

Cette malédiction semble s'apaiser avec l'arrivée d'un errant dans cette petite ville, qui ressemble à Manosque. Errant qui sera longuement observé, épié, décortiqué par la communauté... C'est là que se voit l'ironie du narrateur lorsqu'il décrit cela (entre autres). Ironie qui va parfois jusqu'à la cruauté.

Mais malgré le passage de cet errant, cette famille se désintégrera. On se retrouve donc face à l'inexplicable, au destin, au supérieur.

Roman lu dans le cadre de ma licence, que je recommande. Soulignons aussi le style d'écriture de Giono (que j'ai découvert par ce roman) qui est tout simplement excellent.
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Un roman sur le destin : la famille Coste subit au fil des générations un sort digne des Atrides ou des Lagides . La dernière représentante , Julie, résume la lignée: jolie fille rendue hideuse par une mauvaise farce , moquée de tous dans sa petite ville ( Il y a du Carrie au bal du Diable là) elle est prise sous la protection d'un protection d'un mystérieux M.Joseph ( le malicieux Giono a certainement pensé à l'Eminence Grise de Richelieu) .Mais pourra-t-il contrecarrer le fatum? Un étrange roman de Giono , où la seule nature est la nature humaine , avec son narrateur minable et ces citadins odieux . Amer , très amer , comme le parfum des buis après la pluie.
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Jean Giono, à la suite d'une lecture récente de Regain, fut une redécouverte après un ennuyeux Provence (ok, c'est un essaie), il y a longtemps. Puis le Moulin de Pologne vient confirmer une chose, c'est que Jean Giono pourrait me parler de n'importe quoi, j'aimerais.

Parce que le Moulin de Pologne n'est pas un roman très rythmé. Il faut attendre longtemps (proportionnellement à la taille du roman) pour qu'on comprenne quel est le ressort dramatique. Et encore, y en a-t-il un? Oui, mais ce n'est pas l'essentiel. Dès le début Jean Giono nous tient en haleine avec un narrateur avec un ton original qui nous annonce le drame à venir. Un leasing réussit. Et il raconte, en partant du début. On a hâte de savoir.

Puis, l'histoire e la famille va s'installer, tranquillement, méthodiquement. Jean Giono va prendre le temps de poser une ambiance, les rumeurs d'un microcosme. C'est à ce moment que le style de l'auteur fait tout. On ne s'ennuie pas. Il nous fait naviguer entre lourdeur et légèreté, entre le drame et la farce. On ne sait plus quoi penser sur cet univers refermé sur lui-même, cette petite communauté ayant ses propres codes, ses propres valeurs.
La suite sur le blog…
Lien : http://livrepoche.fr/le-moul..
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Un Giono, pris négligemment pour une lecture aléatoire (un Giono de plus !), et au final, j'ai dévoré ce livre où le sens d'observation de l'être humain de l'auteur est au meilleurs de son acuité.
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