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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une biographie peut-elle être imaginaire ? Evidemment non ! Et pourtant…

Jean Giono tend à nous démontrer le contraire dans « le déserteur » (1966), un des textes de ce soimptueux recueil.
Abandonnant sa chère Provence, il nous invite à découvrir la vie d'un peintre d'images pieuses au coeur de la Suisse, à Nendaz, Valais.
Charles-Frédéric Brun, dit le Déserteur a réellement existé, il est français et a réellement peint à Nendaz pendant vingt ans… Mais c'est à peu de chose près les seules informations dont Giono disposait pour composer la biographie de ce « drôle de paroissien ».

Déserteur… d'où et de quoi ?
Français et peut-être Alsacien…
Notaire ? Peut être pas… On prétend qu'il pourrait s'agir d'un soldat meurtrier de son capitaine !

Quoi qu'il en soit, il faudra tout l'art de Jean Giono pour ne pas répondre aux questions posées tout en profitant de l'occasion pour faire de son héros, un grand personnage de roman : au final, un déserteur d'abord de la vie ordinaire, mais aussi et peut-être surtout de lui-même.

« le déserteur », un recueil posthume qui outre le texte éponyme comprend également : « La pierre » (1955) et « Arcadie...Arcadie » (1953), où l'on retrouve l'auteur dans une certaine Provence, la sienne, qu'il n'hésite pas à définir comme le « contraire d'un pays à idées fixes » ou comme « ce qu'on appelle bêtement la Côte d'Azur ».
Un recueil qui comprend également « le grand théâtre » (1961) : en fait de grand théâtre, on retrouve dans les chaudes nuits d'août, Jean Giono, dix ans et son père juchés sur le toit de l'étable du boucher du village devenu le Grand Théâtre de l'Univers…

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Recueil de récits de qualité inégale pour moi....j'avais acheté ce livre il y a bien 15 ans au moment où je lisais beaucoup Giono ,particulièrement attiré par les écrits sur la guerre ( refus d'obéissance et le grand troupeau);avec le déserteur je m'attendais à une histoire également sur la premier guerre mondiale.pas du tout!!! cela se passe en 1850 et le déserteur est un personnage sans papier fuyant la gendarmerie française...tres beau récit ,vraiment . Dans les autres récits, je retiendrais particulièrement les 20 pages consacrées à l'Olive et l'huile produite....( ceci est dans le récit "Arcadie...Arcadie".... à picorer donc!
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Il serait dommage de lire ce livre sans aller voir les illustrations qui l'accompagnent,
Giono est le roi de l'imaginaire, capable d'inventer même sa biographie ! Aussi quand j'ai commencé le Déserteur j'ai cru qu'il s'agissait de fiction, mais au fil des pages j'ai eu un gros doute et bien sûr après recherche j'ai découvert que ce déserteur là avait bel et bien existé et que Giono l'a mis en lumière à la demande d'un artiste-éditeur
Il était ce qu'on appelle un peintre itinérant, il travaillait sur commande et réalisait des ex-voto, des images pieuses, des portraits. Il a fait tout ça sous un nom d'emprunt : Charles Frédéric Brun, or cet homme n'a jamais existé si l'on en croit les registres de l'Etat civil et pourtant il est bien réel.

C'est là que le talent de Giono opère, certes on ne sait que peut de chose de ce peintre mais Giono lui crée une vie, fabrique une identité à cet homme sans passeport qui arrive dans le Haut Valais en 1843 par des chemins empruntés par les contrebandiers ou les hors la loi.
Si comme moi vous connaissez la région on est du côté de Nendaz, d'Hérémence mais aussi la vallée d'Abondance.
En lisant le roman on pense immédiatement à Jean Valjean, il faut dire que Giono quand il écrit le Déserteur vient de relire les Misérables.
Charles Frédéric trouve le gîte chez l'habitant, dans les granges ou les raccards « On lui a fait un lit avec des vieux sacs à côté du poêle » Il vit simplement, frugalement et il peint.
Il fait halte dans le Chablais, on le voit passer à Vallorcine. Il va par les sentiers muletiers, s'arrête dans les hameaux.
Mais c'est dans le Valais qu'il est le mieux accueilli et pourtant « Ce n'était pas facile en 1850 de se faire adopter par un village de montagne du Valais »
Ses peintures plaisent « Elles ont été conservées ici parce qu'elles plaisaient au coeur populaire » Il ne fut jamais dénoncé, il a une place dans le coeur des villageois qui lui passent commande ainsi le portrait de Mme Fragnière :
« Marie-Jeanne Bournissay de son nom de jeune fille, préside son ménage. On ne peut pas distraire un quignon de pain et un quart de fromage de ses placards sans qu'elle en soit avertie. »
Le peintre se diversifie « il voudrait tout enrubanner de rose, fleurir ces neiges livides et réchauffer ces autans, donner à tout le monde le paradis naïf qui s'émerveille en lui. »
Il peint des saints, des vierges à l'enfant, les rois mages et autres scènes bibliques et il peint même Geneviève de Brabant, voilà qui aurait plu à Proust
« la robe de Geneviève a des plis, son voile de mariée est brodé d'un liséré de fleurs et sa couleur imite la transparence, etc., rien n'est passé au pochoir, tout est peint délicatement »

J'ai trouvé d'occasion un livre qui outre le texte de Giono rassemble les oeuvres du peintre et c'est magnifique de couleurs, de vivacité et d'une foi naïve de celle qu'on appelle la foi du charbonnier. C'est grâce à un curé de campagne qui commença à collectionner les oeuvres et récolta ces peintures colorées auprès de ses paroissiens que ce livre put se faire.
Vous pouvez voir certaines des oeuvres de ce peintre au musée de Sion en Suisse mais aussi à la Chapelle Saint Michel à Nendaz
Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Dans son dernier livre, René Frégni fait l'éloge de Jean Giono et il en assura la plaidoirie orale lors de son récent passage de l'émission La Grande Librairie.

Je trouvai dans la bibliothèque une édition Folio de ce roman, lu en 1989 et dont je n'avais gardé aucun souvenir. Je n'avais d'ailleurs pas gardé une passion particulière pour cet auteur, trop aride à mon gout, à l'époque.

Mais Fregni emporta la conviction et je repris ce roman, qui pour une fois, ne se passe pas en Provence mais en Valais, région qui, somme toute, présente bien des similitudes avec la région natale de Giono.

J'ai découvert trente ans plus tard, un autre auteur, un autre style. Cette redécouverte est bien la preuve qu'il ne faut pas se défaire de ses livres mais les garder dans la bibliothèque : ils pourraient connaître la résurrection littéraire.

Ce déserteur est étrange, par son calme, sa retenue - on l'imagine - et ses activités de peintre. J'ai aimé ce récit dont l'encre provient d'un encrier précieux qui donne un Français soigné, riche en évocation de la nature mais aussi de l'âme humaine. On s'attendrait au rejet de l''étranger mais l'on y découvre l'ouverture, l'accueil et la bienveillance de ces paysans de montagne. Giono - comme Zweig récemment relu - ont un talent admirable pour nous raccommoder avec le genre humain et écrire de telle façon, que leurs textes, quelques décennies plus tard, ne prennent pas de rides.
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