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Critique de AMR_La_Pirate


noé, publié en 1947, est le roman du romancier puisque c'est l'auteur lui-même qui en est le héros. Giono se met en scène dans sa maison, dans sa bibliothèque, à la fois dans son univers familier et dans sa posture d'écrivain ; il nous rappelle que la lecture est liée à la création. noé nous fait entrer dans l'atelier de l'écrivain, dans sa fabrique de l'imaginaire et de l'inconscient romanesque.
Giono a constitué sa bibliothèque au fur et à mesure que ses moyens financiers le lui permettaient, du moins durant sa jeunesse avec ses premiers salaires d'employé de banque. En effet, il était d'origine modeste : son père était cordonnier et sa mère repasseuse. Il a quitté l'école à 16 ans après le collège et est entré dans la lecture en autodidacte. Plus tard, grand admirateur de Montaigne, il a voulu un bureau, une « librairie » à son image. Gide avait vu la bibliothèque de Giono à l'époque de Colline et l'avait félicité sur ses choix littéraires.
Giono nous invite dans son intimité, dans sa maison de Manosque, nous y parle de ses autres romans, dont Angelo, du cycle du hussard qu'il est en train d'écrire et de son projet de roman intitulé Noces qui, en fait, ne verra jamais le jour. L'univers des livres en gestation se superpose avec la réalité dans une continuité idéale entre l'écriture et la lecture. Giono nous associe avec bonhommie et simplicité à sa vie quotidienne : culture des oliviers, ballade en tramway dans Marseille, visites d'amis… Mais attention, la longue description de la cueillette des olives est en fait toute une métaphore de l'activité de lecture.
J'ai trouvé ce livre étonnant, déroutant et paradoxalement, très moderne dans sa composition où un auteur se livre à son public dans son intimité. Mais pour comprendre ce livre, il faut connaître l'univers de Giono car toutes sortes de personnages apparaissent au fil des pages et si l'on n'a pas lu ses oeuvres avant, on ne peut pas les reconnaître ; ils sont une métaphore de l'intertextualité. noé est une auto fiction de la création littéraire au style à la fois poétique et familier, plein de sous-entendu, d'allusions et d'ellipses…
Oui, la lecture de ce roman est très ardue ; l'épigraphe, un extrait d'un poème de Giono, nous prévient qu'il n'y a pas d'arche matérielle, seulement le coeur de noé qui abrite ce qui permettra au monde de renaître. L'écrivain et sa bibliothèque deviennent les sauveurs de la beauté dans l'écriture…
Il faudra sans doute le relire encore pour tout comprendre. Je le recommande cependant aux lecteurs avertis en lien avec la lecture des autres oeuvres de Giono.
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