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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
. Les chroniqueurs judiciaires ont actuellement la cote en librairie, en télévision , en radio . du coup , il m'a paru intéressant de retourner auprès d'un grand ancien qui le fut occasionnellement . Jean Giono , puisqu'il faut l'appeler par son nom , s'intéressa , en voisin, à cette affaire qui mobilisa l'opinion et dont j'entendis abondamment parler dans mon enfance. L'ouvrage se présente en deux parties : des notes prises pendant le procès et mises en forme et un texte intitulé « Notes sur le caractère des personnages » . Mais il n'est pas sans risque de confier les rênes à un romancier de ce calibre , car il aura tôt fait de repeindre le monde à ses couleurs : voilà que les protagonistes de ce sombre drame se mettent à ressembler furieusement aux personnages d' « Ennemonde » ou « Colline ». A lire donc non pour la chronique judiciaire (cependant les remarques sur la barrière linguistique entre justice et accusé sont fort intéressantes) mais pour la virtuosité du verbe.
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" A l'aube du 5 août 1952, Gaston Dominici trouve le corps d'un homme assassiné à une centaine de mètres de sa ferme de la Grand-Terre à Lurs dans les Basses-Alpes (aujourd'hui Alpes-de-Hautes-Provence). Arrivés sur les lieux, les gendarmes découvrent deux autres cadavres. Il s'agit d'un couple d'Anglais, Jack et Ann Drummond, tués par balles, et de leur petite fille de dix ans, Élizabeth, tuée à coup de crosse. Commence alors l'une des affaires judiciaires les plus mystérieuses du XXe siècles. L'enquête dure un an et demi et aboutit à l'emprisonnement et la condamnation de Gaston Dominici." Extrait à l'aube du 5 août 1952

La célébrité de Sir Jack Drummond, éminent biochimiste anglais, et le profil du coupable idéal de la personne de Gaston Dominici, agriculteur "frustre et taciturne", vont déchainer la presse française et étrangère. Cette passion populaire international va engendrer divers films et livres notamment celui de Jean Giono.
Giono interroge le lecteur, revient et appuie sur les zones sombres de ce dossier. Des éléments pertinents-percutants ont été volontairement laissé de côté, l'absence de preuve flagrantes vont mettre au premier plan la présomption d'innocence, sur lequel les journalistes exercent un pouvoir fort. Les notes de Giono nous plonge au coeur même de l'affaire avec des témoignage pris sur le vif. On découvre un procès qui se base sur le langage n'ayant aucunes voir très peu de preuves physiques. " Il y a des preuves formelles qui démontrent la culpabilité de l'accusé que de preuves formelles qui démontrent son innocence"
L'accusé Gaston Dominici, paysan de 76 ans, utilise un vocabulaire réduit à l'essentiel, le sien. Il est inadapté, incompréhensible et se compose entre 35 et 40 mots en tout et pour tout. Il comprends si peu qu'il ne sait pas qu'il ne comprends pas.
""Le Président s'adressant à l'accusé - Etes-vous allé au pont? (il s'agit du pont du chemin de fer)
L'accusé - Allée? il n'y a pas d'allée, je le sais, j'y suis été""
Ces malentendus idiots irriteront les deux parties au point de ne plus s'entendre. On décrit l'Accusé comme brutal, cruel, sujet à de terribles colère et solitaire. Mais on ne prendra pas en compte son état de solitude, on en vient même à s'attacher à ce personnage tout à fait commun.

Un livre exceptionnel qui met en lumière les failles de la justice française.
En 114 pages, Giono soulève des questions auxquelles personnes à ce jour, n'a encore répondu. Et surtout une : Gaston Dominici est-il réellement coupable?
A vous d'en décider...
Lien : http://lavaguelitteraire.blo..
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Une nuit de l'été 1952, un couple de Britanniques et leur fille de dix ans en vacances dans le sud de la France sont assassinés lors d'une halte à proximité de la ferme de la famille Dominici. le patriarche, un paysan de 75 ans, est accusé. Il sera condamné à mort, puis gracié trois ans plus tard.

Jean Giono est mandaté par le journal Arts pour couvrir le procès, retentissant. Sans connaître personnellement l'accusé, les témoins et les jurés, Giono connaît leurs semblables, les habitants de la Haute-Provence où il a vécu toute sa vie. Giono témoigne des audiences par le prisme de son regard d'homme de lettres. Il insiste notamment sur les limites langagières du vieux Dominici (son vocabulaire compte moins de trente-cinq mots en français), tout en le décrivant comme un individu charismatique et plus grand que nature, comme le serait un personnage de roman. L'auteur assiste au ballet des mensonges et ses doutes sur la culpabilité de l'accusé demeurent.

Un court texte que j'ai beaucoup aimé. Les notes sur l'affaire Dominici, qui se veulent une transcription objective des faits et des paroles, sont suivies de l'Essai sur le caractère des personnages, une interprétation plus subjective. En complément, j'ai écouté une émission de France Culture (Giono et Welles dans l'affaire Dominici, 2017), dans laquelle j'ai appris qu'Orson Welles s'est aussi intéressé à l'affaire en réalisant un téléfilm, jamais achevé.
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J'ai ouvert le livre en juriste et j'ai été replongée dans ma Provence natale, sauvage et intraitable.

Dans les années 1950, dans la région de Manosque, un couple d'anglais et leur petite fille sont retrouvés assassinés. Gaston Dominici, paysan frustre est condamné. Il sera gracié mais on ne saura jamais ce qui s'est réellement passé et qui a commis le crime.
Des témoignages douteux, des indices qui disparaissent, d'autres éléments troublants laissés de côté, une enquête bâclée.
Ma mère m'en parlait, mon grand-père, juriste, la suivit avec passion comme de nombreuses personnes du cru et mit de côté un paquet de coupures de journaux.

Giono est envoyé pour couvrir le procès par un hebdomadaire. Il nous livre un ouvrage qui va au-delà du simple rapport d'audience, partisan et arbitraire.

Deux moments dans ce livre: le procès, la justice et la Provence, mais loin de la Méditerranée ensoleillée et désinvolte. Deux portraits donc, l'un sur la justice, ce qu'on en attend et l'autre sur la Provence, dans ce qu'elle de plus sombre, au travers des notes de l'auteur sur le procès et son « essai sur les caractères des personnages ».

Il est à lire pour comprendre aussi bien les enjeux de ce qu'on appelle la « vérité judiciaire » que la Provence, lorsque l'on est étranger à ces deux univers, étranger dans le sens où l'on ne travaille pas dans ce monde formel, avec ses propres règles parfois obscures et si l'on a pas vécu en Provence, au-delà d'un simple passage de vacances en famille.

Giono est impressionnant de justesse par les questions qu'il pose dans ses compte-rendus, questions qui auraient du être posées pour s'approcher de la vérité, qui diffère de la vérité judiciaire, relative, livrée par le délibéré. il y a de nombreuses thèses, discussions sur l'enjeu du procès qui n'est n'est pas seulement la recherche de la vérité mais aussi une sécurité juridique avec l'obtention d'une chose jugée, qui participe à la paix sociale indirectement. Avec les notes de Giono, nous avons justement une autre vision du procès

Mais il y a donc aussi la Provence au travers de son étude de caractères, peu reluisants, qui renvoient à une Provence sombre, et rude. Dominici a vécu non loin de Valensole et ses champs de lavande, hautement intsgramables, mais dans un village qui avait à peine 3h de soleil en hiver.
Giono nous livre un portait sans fard de la région, loin des bars à pétanque, et de la côte d'azur : « j'habite Manosque depuis soixante ans. Je connais un pays sauvage (…) il existe de vastes régions où la civilisation n'a pas pénétré (…)on ne me croira jamais si je dis que la Provence est une terre inconnue »
« ces silences de hautes Provence. Là on est jamais distrait de soi-même. C'est la vieille condition humaine qu'il faut constamment supporter ».
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