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La trilogie de Pan (Giono) tome 3 sur 3
EAN : 9782253004028
178 pages
Le Livre de Poche (30/11/-1)
  Existe en édition audio
4/5   1028 notes
Résumé :
Regain ou l'éclatante première manière de Giono : mystique, solaire, animale. Aubignane se meurt.
Seuls trois fidèles occupent encore ce village devenu un nid de spectres. L'hiver finit par chasser le vieux forgeron, et la veuve du puisatier disparaît au printemps, avec la promesse qu'elle avait faite à Panturle de lui trouver une femme.
Au village, désormais, ne reste plus que ce chasseur qui devient peu à peu fou de solitude. Une femme surgit, par de... >Voir plus
Que lire après La trilogie de Pan, tome 3 : RegainVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (115) Voir plus Ajouter une critique
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sur 1028 notes
Le régal est à nouveau au rendez-vous car lire Jean Giono, c'est retrouver une simplicité et une beauté dans le style comme dans les décors et les personnages qu'il campe. Tant pis si je ne lis pas dans l'ordre La Trilogie de Pan (Colline, Un de Baumugnes, et Regain) puisque le troisième opus me tombait sous la main, je n'ai pas hésité et je ne l'ai pas regretté.

La description très vivante de ce village d'Aubignane, pas très loin de Manosque, quelque part du côté de Banon, rend vite nostalgique d'une période pas si lointaine mais, à la réflexion, que la vie y était dure ! D'ailleurs, le village se meurt. Gaubert, le vieux forgeron, s'en va chez « l'enfant ». le Panturle a perdu sa mère, « victime du mal » et la Mamèche qui a vu son homme enseveli au fond du puits qu'il creusait pour fournir de l'eau au village, est un peu folle…
Pourtant, le Panturle est encore jeune et plein de vie, à quarante ans. Aussi, la Mamèche promet de lui trouver une femme, avant de disparaître mystérieusement. Pendant ce temps, Giono nous présente Gédémus, un rémouleur. Il part de Sault avec une jeune femme, Arsule, connue auparavant sous le nom de Mademoiselle Irène. Comme par hasard, c'est elle qui tire la carriole… enfin, quand c'est son tour !
L'auteur nous gratifie alors de scènes magnifiques sur le plateau, en plein vent avec des apparitions bizarres jusqu'à ce qu'on se retrouve près d'Aubignane mais là, il ne faut plus rien dire afin de ne pas divulgâcher la fin de l'histoire, les moments les plus savoureux de lecture.
Son roman étant divisé en deux parties, la seconde est formidable d'espoir, c'est le Regain ! j'ai adoré ces scènes de travail dans les terres remises en culture, celles de la foire de Banon et les remarques concernant ce blé d'Inde imposé par certains conseillers agricoles bien intentionnés, blé qui ne supporte pas le climat sec et chaud de ce qu'on appelle aujourd'hui les Alpes de Haute-Provence. Je pense que ce qu'écrit Jean Giono entre les deux guerres mondiales devrait bien faire réfléchir aujourd'hui.
L'auteur gratifie même son lecteur d'un retour improbable d'un certain Gédémus et d'une fin très morale. Je le répète, lire Giono est un véritable délice car il raconte si bien, faisant revivre une époque où l'homme vivait en harmonie avec la nature, souffrait avec elle mais savait la respecter pour en obtenir la nourriture indispensable à sa subsistance.

Formules savoureuses, expressions d'autrefois donnant une langue ô combien moderne et chantante qui charme toujours le lecteur près d'un siècle plus tard, c'est Giono !
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Je suis une nouvelle fois tombé amoureux fou de cette écriture qui vous enlace et vous agace les sens, c'est "ce vent, page 48, qui entre dans son corsage comme chez lui. Il lui coule entre les seins, il lui descend sur le ventre comme une main ; il lui coule entre les cuisses ; il lui baigne toutes les cuisses, il la rafraîchit comme un bain. Elle a les reins, les hanches mouillées de vent."


Clôturant la trilogie de Pan, Jean Giono nous livre avec Regain, à travers des fresques magnifiques, ce délice de langage, une sensualité vibrante, un récit qui vous prend aux tripes, un monde qui nous invite à redécouvrir la terre, comme à flâner dans l'herbe sous le murmure du vent.

"C'est, d'abord, un coup de vent aigu et un pleur de ce vent au fond du bois ; le gémissement du ciel, puis une chouette qui s'abat en criant dans l'herbe.
Voilà l'aube. Page 81."

L'ayant lu à mon adolescence, je l'ai repris à l'occasion d'une virée autour de Manosque, j'ai retrouvé l'ambiance chaude et parfumée des collines de Haute-Provence, de ce pays balayé par les vents, doux ou ardents qui vous distillent une musique à vous donner des frissons.


Regain comme renouveau, comme une renaissance, comme une métamorphose, comme les herbes qui repoussent après la première coupe, plus puissante alors, celle qui va s'épanouir tout le printemps.

Le regain n'est pas seulement une image il est l'essence même de la trilogie de Pan.

Dans ce roman, nous percevons dans la première partie tout un passé qui s'éteint, un passé très lourd, où les hommes ont fini par baisser les bras devant une nature rebelle âpre sauvage, balayée par des vents qui dessèchent les âmes et assèchent les ruisseaux.


Mais la magie de ce roman, est de nous prendre à témoin, nous conter comment revivifier cette terre, la rendre de nouveau nourricière, imaginant une autre façon d'être et de vivre en harmonie avec cette nature, en la respectant, en la faisant s'épanouir.

On a parlé ironiquement d'un retour à la terre, ce n'est pas un retour, c'est la suite et le point d'orgue des deux premiers romans de la trilogie de Pan, réinventer la vie. le destin de Panturle et d' Arsule sera de créer un art de vivre en communauté, restaurer un ordre immuable, revivifier la façon d'être avec les éléments naturels qui les entourent, le rythme de la terre vivante et perceptible par tous nos sens.

Dans "Colline" les 12 personnages et le simplet sombrent dans la peur et l'affrontement, dans leur perception d'une nature hostile qui va tout emporter, comme l'affirme Janet le personnage central des Bastides Blanches, inlassablement il prédit la fureur de la nature, le déchaînement des éléments. le vieux Janet devenu invalide, les yeux fixés sur le calendrier, annonce les futures catastrophes

Dans le deuxième roman, "Un de Baumugnes", c'est l'écoute qui devient le fil conducteur de l'intrigue, l'écoute d'Albin, son chant intérieur qui le ronge, l'écoute du vent comme une plainte que seuls les amours savent dévorer. L'écoute des bruits de la Douloire, comme celui de la flûte de Pan, va produire l'effet le plus extraordinaire, devant Pancrace le vieux va s'effondrer pour laisser place à ce quelque chose que l'on pourrait appeler la compréhension ou l'acceptation.


Après la fronde et la peur, après l'acceptation de l'autre après l'acceptation de la nature parfois rebelle, parfois prophète, que faire ? Sinon planter la vie, tailler la terre et semer les graines.


Demain un enfant, le blé, et le bon pain seront portés par la présence de Pan , appelé parfois vent de printemps, pour investir complètement la nature, la joie entrouverte faire jaillir le regain l'émerveillement d'un couple de paysans.
Panturle l'exprime par ces mots, « je l'ai revue je l'ai comprise, cette quête mystérieuse de l'enfant ; ce besoin qui me faisait regarder en face le coin du ciel d'où naissait le vent ».
Ou encore, "je l'ai comprise cette terreur, et pourquoi dans la colline, j'arrêtais mon pas, je regardais peureusement derrière mon épaule pour saisir l'étrange présence, et seul, le large dos de Lure montait au fond de l'horizon."


Éblouissement des gens de la terre semble peut-être puéril pour ceux qui s'imaginent encore, que la nature est belle et docile. C'est un tombereau de clichés pourraient dire certains, qui ne s'en privent pas, mais qui n'ont jamais, travaillé la terre, comme un paysan. Est-ce un cliché, d'exprimer page137, "celui de s'attendrir devant le premier tranchant de l'araire, quand la terre s'est mise à fumer. C'était comme un feu qu'on découvrait là-dessous."


Dans les pas de Giono, Serge Joncour a créé avec Chien-Loup une véritable symphonie autour de la découverte du bonheur de côtoyer un village déserté, très haut sur les collines, à Orcières, et d'affirmer que ces lieux encore préservés, invite à des relations harmonieuses, mais aussi à instaurer entre les hommes des relations fondées sur le respect de la parole donnée.


Giono appellera cela, la civilisation paysanne. Face à la barbarie des temps modernes la civilisation paysanne a encore des valeurs à partager, mais pour cela, il est impératif de ne plus parler de cliché.
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♬ Ils quittent un à un le pays
Pour s'en aller gagner leur vie, loin de la terre où ils sont nés ♬

Regain est ce court roman de Jean Giono qui vient conclure la trilogie de Pan. Je vous ai déjà chroniqué les deux premiers volets, Colline et Un de Baumugnes. Les trois récits peuvent se lire dans un autre ordre que celui proposé par cette trilogie et indépendamment les uns des autres. Ce sont trois histoires différentes, avec des personnages que l'on ne retrouve pas d'un récit à l'autre, sauf un seul : la nature dans ce décor à la fois éblouissant et rude de Provence...
Et puis, avec le recul de ces trois lectures, j'aperçois la beauté d'une fresque paysanne qui se dessine, magnifique et sensuelle, où la terre se désire et se livre dans les gémissements du vent et l'équilibre instable du ciel.
À force, les gens de là-bas ont fini par être façonnés par la nature, par lui ressembler. Ainsi, je ne suis pas prêt d'oublier Panturle qui ressemble à un morceau de bois et lorsqu'il ouvre les bras béants, il devient un arbre. Dire que sa mère n'était pas plus grande qu'une sauterelle !
Je ne suis pas prêt d'oublier non plus la vieille Mamèche. Elle sait qu'il faut une femme pour Panturle afin qu'il reste ici... Elle ne s'en ira pas avant... Un jour, elle s'efface et disparaît derrière le paysage comme par enchantement, elle devient une feuille morte qui glisse sous la porte, au moment de transmettre la suite de l'histoire. C'est une passeuse...
Ni Arsule, ni le vieux Gaubert, ni L'amoureux, ni Alphonsine, ni Gédémus...
Je crois les revoir défiler devant moi une dernière fois au moment où je referme ce livre qui clôt La trilogie de Pan. Je voudrais les emporter dans mes souvenirs.
Ce sont des personnages pétris d'amour et de fraternité, taiseux, secrets, suspendus à leurs destins.
Même ceux qui n'ont pas la bonté naturelle en eux se laissent parfois assaillir par la grâce d'un instant, le chant d'une fontaine, le feu dans l'âtre, un geste qui comprend et apaise...
On sent que les personnages sont habités par quelque chose de plus grand qu'eux.
Et puis, surtout, on y retrouve aussi le style inimitable de Giono : mystique, solaire, animal.
Regain, c'est une terre qu'on croyait ancienne, éteinte, peu à peu oubliée des femmes et des hommes, comme ce village qui s'appelle Aubignane, qui se vide et qui se meurt.
Ici, le tranchant d'un plateau cisaille le paysage en deux, avec des maisons qui se tiennent désormais presque au bord d'un vide sidéral, celui de l'oubli...
C'est un pays renfrogné, qui s'endort, balayé par des vents parfois enragés.
Savez-vous que la terre s'endort si des gestes doux et ancestraux finissent par s'éloigner d'elle ? Elle a besoin qu'on lui parle, qu'on la remue tranquillement, pas outrageusement...
Parfois il faut un peu de vie pour combattre la fatalité.
Regain, c'est une terre qui attend qu'on la délivre de l'oubli et du silence des landes.
Aubignane attendait peut-être ce peu de vie pour retenir ces pierres au bord du vide, écarter le genêt, affuter le soc d'une charrue... Aubignane attendait peut-être quelqu'un comme Panturle... ou d'autres encore...
Regain, c'est une joie qui dévale plus forte qu'un ruisseau.
Ce sont des chevaux qui tournent brusquement leurs têtes étonnées vers ces lointaines formes éblouissantes qui apparaissent dans le paysage, un vert pâturage hallucinant qui s'allume comme un brasier et enflamme le printemps. Comme j'ai aimé cette image ! Je ne connais que Giono capable de décrire un tel instant sidérant...
C'est une chanson serrée dans les lèvres de Panturle, entassée dans sa gorge et qui ne demande qu'à s'envoler...
Ce récit a quelque chose de magique et de mystérieux, d'attachant aussi, il y a une odeur de genêts, de pain chaud, de désir qu'on étreint dans la lumière de Provence.
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Probablement le meilleur livre de Giono que j'ai lu jusqu'à présent. Vous allez sans doute vous poser la question pourquoi je lis encore des romans qui ont été écrits en cette moitié de XXe siècle alors qu'il y en a encore des milliers à découvrir et qui sortent régulièrement. Eh bien voilà, j'ai décidé de lire cet ouvrage pour plusieurs raisons. La première étant que, faisant partie d'une association qui s'intéressent de très près à cet auteur puisque nous allons réaliser un livre de peintures (qui sera probablement publié début 2014) sur les paysages chers à Giono, je me devais de le lire. D'ailleurs, nous nous sommes rendus à Vachères pour peindre le clocher bleu et qui fait que lorsque l'on se trouve devant lui, "il est toujours midi".
La seconde raison qui m'a poussé à vouloir découvrir cet ouvrage est que le président de l'association avec lequel nous faisons ces stages a lui-même adapté ce roman en pièce de théâtre et le joue régulièrement sur des scènes (amateurs bien entendu) et enfin la troisième raison est tout simplement que l'action se déroule chez moi, en pleine Provence.

Bon, revenons maintenant à ce qui vous intéresse vous : tout d'abord, il faut que vous sachiez que Regain" est le troisième tome de la "trilogie de Pan' mais que, si comme moi, vous décidez de commencer par ce tome-ci sans avoir lu les deux premiers ("Colline" et "Un de Baumugnes") au préalable, vous ne serez nullement perdu. le décor : un petit village perdu :celui d'Aubignane où ne vivent plus que trois habitants. Après le départ ou le décès de deux d'entre eux ne résidera plus que Panturle, un pauvre paysan pour qui la vie paraît bien triste jusqu'au jour où arrive dans sa vie une femme. Cette dernière, Arsule, anciennement connu sous le nom de Mademoiselle Irène, a quitté le vieux Gédémus avec qui elle a fait tout le trajet jusqu'à Aubignane et avec lequel elle a vécu pendant deux ans afin de recommencer (pour la troisième et dernière fois) une nouvelle vie !

Voilà en ce qui concerne la situation, la présentation des personnages principaux (retenez simplement Arsule et Panturle) ; pour ce qui est de l'action, il s'agit simplement de la rude vie à la campagne (eh oui, désolée pour ceux où celles qui s'attendaient à quelque chose de plus mouvementé) et, pour moi qui ai eu des grands-parents paysans qui, toute leur vie, se sont tués à la tâche en cultivant leurs terres, je peux vous assurer que l'action est bel et bien là !
A cela, n'oublions pas de rajouter les magnifiques descriptions de la Provence et je vous assure que, vu à travers les yeux de Giono, cela vaut le détour ! A découvrir !
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Ils quittent un à un le pays
pour s'en aller gagner leur vie
Loin de la terre où ils sont nés

chante le poète

Dans le petit hameau, Panturle est bien seul depuis que Gaubert le forgeron a rejoint ses enfants. La Mamèche lui a promis qu'elle lui trouverait une femme, car elle sait que le solitude est une souffrance, elle qui a perdu homme et enfant. Il faudra du temps pour que Panturle comprenne comment elle a tenu sa promesse.
Le courage et la détermination, ainsi que le désir de rendre la vie plaisante pour sa jeune femme conduisent Panturle à redonner vie au village, à la sueur de son front. de la femme et par la femme, la vie surgit : en lui offrant le pain issu de son travail, Panturle jette les bases d'un renouveau :

«  je vois que la terre d'Aubignane va repartir. L'envie de pain, la femme… Je connais ça, ça ne trompe pas. Ça va repartir de bel élan et ça redeviendra de la terre des hommes ».

Au coeur de la Provence , si les hommes vivent de peu, au rythme lent des ânes et des chevaux pour essayer de faire survivre les maisons et les terres peu à peu désertées, la nature elle, règne en maître. C'est un personnage en soi, au coeur de ce récit du terroir : vent et pluie sont plus vivants que les survivants d'une époque révolue :

« il y eu d'abord un grand peuplier qui s'est mis à leur parler. puis ça a été le ruisseau des Sauneries qui les a accompagnés bien gentiment en se frottant contre leur route, en sifflotant comme une couleuvre apprivoisée ».

La mythologie transparait à travers les thèmes abordés : ce n'est pas un hasard si les trois romans Colline, Un de Beaumugnes et Regain sont rassemblés sous l'égide de Pan.

La lecture peut être déroutante car le vocabulaire est d'un autre temps, le temps d'un savoir-faire disparu. Ne pas s'y attarder, c'est ce qui donne une tonalité authentique au récit.

C'est un chant d'amour pour la terre et une quête désespérée d'un ancrage en ce temps où l'obsolescence programmée n'était perceptible qu'à l'échelle d'une génération, créant un illusoire sentiment de permanence.

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Citations et extraits (129) Voir plus Ajouter une citation
Ce matin, c'est le grand gel et le silence. C'est le silence, mais le vent n'est pas bien mort; il ondule encore un peu; il bat encore un peu de la queue contre le ciel dur. Il n'y a pas encore de soleil. Le ciel est vide; le ciel est tout gelé comme un linge étendu.
Il y a du feu chez Panturle. Il se lève au blanc de l'aube. Il est là, debout, devant l'âtre, à regarder les flammes bourrues qui galopent sur place à travers des ramées d'olivier sèches. Il prend le chaudron aux pommes de terre. De l'eau et des pommes de terre c'est, tout à la fois, la soupe, le fricot et le pain.
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C'est une fontaine perdue et malheureuse. Elle n'est pas protégée. On l'a laissée comme ça en pleins champs découverts ; elle est faite d'un tuyau de canne , d'un corps de peupliers creux. Elle est toute seule. L'été, le soleil qui boit quand un âne, sèche son bassin en trois coups de museau ; le vent se lave les pieds sous le canon et gaspille toute l'eau dans la poussière. l'hiver, elle gèle jusqu'au cœur. Elle n'a pas de chance ; comme toute cette terre.
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Tu sais, l'orage couche le blé ; bon, une fois. Faut pas croire que la plante ça raisonne pas. Ça se dit : bon on va se renforcer, et, petit à petit, ça se durcit la tige et ça tient debout à la fin, malgré les orages. Ça s'est mis au pas. Mais, si tu vas chercher des choses de l'autre côté de la terre, mais si tu écoutes ces beaux messieurs avec les livres : "mettez de ci, mettez de ça : ah! ne faites pas ça. " En galère, voilà ce qui t'arrive!
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Le vrai, c'est qu'ils ont soifs d'être seuls dans leur silence. Ils ont l'habitude des champs vides qui vivent lentement à côté d'eux. Là, ils sont cimentés, chair contre chair, à savoir d'avance à quoi l'autre réfléchit, à connaître le mot avant qu'il ait dépasse la bouche, à connaître le mot quand on est encore à le former péniblement au fond de la poitrine. Ici, le bruit les a tranchés comme un couteau et ils ont besoin, tout le jour, de se toucher du bras ou de la main pour se contenter un peu le cœur.
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Si Gaubert avait eu les mains libres, il les aurait cachées ces trois larmes qui ont débordé de ses yeux ; mais ses mains sont clouées sur la canne et le visage ne peut pas se cacher, et là, la tête droite, il pleure avec des yeux éperdus.
Et, au bout d'un moment, que Panturle n'osait plus rien dire, Gaubert a reniflé comme un petit enfant.
- Non, c'est pas la Belline, cette fois ; ça a été plus fort que moi. C'est parce que je vois que la terre d'Aubignane va repartir. L'envie du pain, la femme, c'est ça, c'est bon signe. Je connais ça, ça ne trompe pas. Ça va repartir de bel élan et ça redeviendra de la terre à homme. Seulement, qui sera là-haut dans ma forge ?
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Vidéo de Jean Giono
Denis Infante a publié son premier roman Rousse publié aux éditions Tristram le 4 janvier 2024. Il raconte l'épopée d'une renarde qui souhaite découvrir le monde. Un ouvrage déroutant par sa singularité. Son histoire possède la clarté d'une fable et la puissance d'une odyssée et qui ne laissera personne indifférent. L'exergue, emprunté à Jean Giono, dit tout de l'ambition poétique et métaphysique de ce roman splendide : "Dans tous les livres actuels on donne à mon avis une trop grande place aux êtres mesquins et l'on néglige de nous faire percevoir le halètement des beaux habitants de l'univers."
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