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Un vrai polar à l'ancienne, on se croirait dans un film avec Gabin et Ventura et pour cause, "Le deuxième souffle" écrit en 1958 a été transposé à l'écran par Jean-Pierre Melville en 1966 avec Lino dans le rôle principal, Paul Meurisse jouant le commissaire.
C'est vrai qu'il sait de quoi il parle José Giovanni, lui-même condamné à mort puis gracié, il s'est bien reconverti dans l'écriture.
Ça faisait longtemps que je n'avais pas lu un aussi bon polar, atmosphère des années 50, des gueules, des truands peut-être mais avec un code d'honneur. Au fur et à mesure de ma lecture, je voyais les personnages, j'imaginais les lieux, un vrai dépaysement, je n'ai pas boudé mon plaisir.
Si vous êtes amateur, n'hésitez pas, foncez.
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José Giovanni (1923-2004) "Le deuxième souffle", publié initialement en 1958 (objet d'un nombre incalculable de rééditions (ISBN 978-2-07-030455-4).

C'était le temps du polar à la française, écrit par un vrai bandit corse condamné à mort en 1948 et gracié en 1956. du temps où même les gangsters avaient une sorte de code d'honneur, presqu'une morale. Incontestablement, c'est bien écrit et bien mené (Giovanni fut-il vraiment l'auteur écrivant ces pages ? s'est-il fait aider ?), jusqu'au massacre final.
Le personnage atypique du commissaire Blot, cynique, dut faire figure de grande nouveauté à l'époque (?).

L'intrigue est bien sûr plus complexe plus fournie, plus ramifiée que dans le film de JP Melville qui connut lui aussi un grand succès lors de sa sortie en 1966.

C'était le temps (oserai-je écrire « béni » ? au risque de passer pour le prude papiste que point ne suis-je) où les auteurs s'épargnaient la poussive description de scènes de sexe plus ou moins glauques, et se bornaient, en fin de paragraphe, à une mention du genre "ils s'embrassèrent (plus osé : enlacés, ils tombèrent sur le lit) et se réveillèrent le matin de bonne heure, très heureux". Ils ne tartinaient pas non plus les scènes de violence sur des pages et des pages, et la vie privée de l'enquêteur ne constituait pas l'objet central du récit. Bref, ils s'en tenaient à une intrigue solidement et rondement menée…

Pour les gens de ma génération, il est frappant d'intercaler ainsi de temps à autre la lecture d'un roman policier «de la grande époque» (les années soixante de notre enfance) parmi celle des polars contemporains : ça aide à mesurer combien le monde «a changé» (gardons-nous bien de préciser…)
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Aaaaah, enfin un polar comme je les aime vraiment !
Une langue simple mais non pas inélégante, une intrigue claire, masculine et taillée à la hache, de l'humour comme il faut, un sens redoutable de la formule.
Je ne risquais pas d'être déçu, vouant un culte immodéré au film éponyme de Melville (le plus grand film noir de tous les temps à mon avis, ex-aequo avec le clan des siciliens et le samouraï).
Quelle n'a pas été ma surprise en découvrant que les dialogues du film sont entièrement tirés, par groupes de phrases entiers, du roman... Jamais vu une telle fidélité d'un film au roman.
j'entends bien sûr la critique: un polar qui date des seventies, qui date, qui date...
Eh oui, il date, mais pour notre plaisir: la corde nostalgique peut encore vibrer, les flics sont policiers, et si les truands ne font pas de cadeau, certains d'entre eux obéissent encore à un code de l'honneur (particulier, tout de même !) d'autres s'en débarassent, les derniers débarquent..
Nous, on reste scotchés par l'histoire.
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José Giovanni est un auteur auquel je ne m'étais pas encore confronté.

Les romans de José Giovanni se placent souvent dans le milieu des malfrats, de la prison et, pour cause, l'écrivain savait de quoi il parlait puisqu'il a passé plus de 10 ans en prison, a été condamné à mort, a tenté de s'évader...

Né Joseph Damiani, de parents Corses, il a un passé trouble difficile à cerner. Condamné à mort en 1948 pour extorsion de fonds et participation à un triple assassinat, il est également accusé d'entente avec l'ennemi durant la guerre. Pourtant, la peine de mort fut commuée en prison à perpétuité, puis il fut amnistié. Des faits des résistances lui sont également reconnus.

Mais on ne peut nier que l'homme connaissait bien les milieux (du crime et de la gestapo), puisque les personnages de ses romans sont bien souvent inspirés des uns et des autres, comme on le verra.

En prison, en attendant la mort, Joseph Damiani écrit un journal. À la sortie de prison, son avocat lui conseille d'écrire des romans, ce qu'il fera avec un premier inspiré de sa tentative d'évasion, « le trou », puis d'un second, « le deuxième souffle » avant d'entamer une longue carrière d'écrivain, puis de scénariste et de réalisateur.

On lui doit des romans (et donc des adaptations cinématohgraphiques) tels « Classe tous risques », « l'excommunié » (qui donna au cinéma « Un nommé la Rocca », puis, « La scoumoune »), « Histoire de fou » ( adapté sous le titre « le Gitan »), « Les aventuriers » (adaptation éponyme), « le Haut-Fer » (adapté sous le titre « Les grandes gueules »), « Ho ! » (adaptation éponyme), « Les ruffians » (adapté sous le titre « le ruffian »), et bien d'autres encore.
« le deuxième souffle » est seulement le second roman de l'auteur et, pourtant, probablement déjà le sommet de sa carrière, de part l'ouvrage lui-même mais aussi et surtout, par le succès de son adaptation cinématographique par Jean-Pierre Melville en 1966 (je ne parle pas de celle de 2007 par Alain Corneau qui aurait mérité de se nommer « À bout de souffle » tant le film se traîne).

Si son premier roman était directement inspiré de sa vie carcérale, les personnages du « le deuxième souffle » sont eux tous inspirés de vrais personnalités de la criminalité ou de la guerre.

Gu est inspiré d'Auguste Méla, un criminel ayant participé, tout comme dans le roman, à « L'attaque du train d'or », qui s'est également échappé de prison, en 1944, avec un autre homme que fréquentera l'auteur quelque mois plus tard. Il en est de même de Manouche, de Paul, et même de Orloff, inspiré d'un agent de la Gestapo dont c'était le surnom...

Bref, on comprendra que José Giovanni s'est fortement inspiré de la vie délictueuse de Joseph Damiani.

Si on se concentrait donc sur la vie de José Giovanni, il serait alors bien difficile d'apprécier ses romans comme de simples ouvrages sans se demander si les exactions de ses personnages ne sont pas des transpositions des siennes ou, du moins, si elles ne reçoivent pas l'assentiment de l'auteur.

Mais, heureusement, j'ai coutume de dire que seule l'oeuvre d'un auteur compte et donc, concentrons-nous sur cette oeuvre.

« le deuxième souffle » met en avant un criminel vieillissant au sein d'un monde qui change et qu'il ne comprend plus et dans lequel il fait office d'anachronisme.

Ses 11 ans passés au ballon sans moufter, ses exploits d'antan, lui confèrent encore une certaine aura, mais, dans le milieu, la jeunesse et l'insouciance ont pris le pas sur le sang-froid et le code de l'honneur.

Gu vient de s'évader de prison, il traverse la France pour rejoindre Paris juste à temps pour assister à l'exécution de Jacques le Notaire, l'homme qui a remplacé dans les bras de Manouche, la femme dont il a toujours été amoureux en silence, son ami Paul, mort dans un accident de train.

Quand il se rend discrètement chez Manouche, il voit deux hommes pénétrer silencieusement dans la baraque pour menacer Manouche et lui extorquer de l'argent. Gu, intervient, puis il ira les buter tranquillos dans un coin qui lui rappelle l'ancien temps (comme il le rappellera au flic à ses trousses).

Commence alors une deuxième vie pour Gu qui, partageant enfin l'existence de Manouche, a besoin de pognon pour sa cavale et c'est la raison pour laquelle il accepte un dernier coup...

Le deuxième souffle qu'évoque le titre du roman se retrouve dans la vitalité retrouvée de Gu suite à son évasion, dans les bras de Manouche. L'amour lui donne des ailes, de l'ambition, de l'espoir, et aussi le courage de se livrer à une ultime bataille, tant pour Manouche et son pote Alban, que pour lui, pour se montrer qu'il est encore capable, pour démontrer aux autres que le vieux Gu n'est pas encore mort.

Le roman navigue donc dans le milieu criminel, de Paris à Marseille, évoquant des personnages que l'auteur a cotoyés, des scènes qui entrent en résonnance avec son propre passé.

D'un point de vue narratif, il n'y a pas grand chose à reprocher au roman qui débute par une scène d'évasion en signe de renouveau et d'espoir et se termine par une fusillade aux allures fatalistes et pessimistes.

Les personnages sont nombreux, complexes, rarement manichéens. Tout un panel de criminels est présenté. du vieux sur le retour à l'honneur immuable, en passant par le partenaire fidèle, le jeune fougueux, le réfléchi, l'ignoble traître... Même les flics n'ont pas de traitement au vitriol avec les deux extrêmes du flic respectueux et intelligent et de la brute veule sans oublier, là aussi, de passer par le jeune flic insouciant.

Les femmes, quant à elles, ont les deux visages de la femme dans les romans de criminels : la femme et la mère. La femme dans le rôle de Manouche, mais une femme ni vénale ni vénéneuse, ni même faible et soumise. La femme aimante, le repos du guerrier, celle pour qui on se bat. Puis il y a le rôle d'Yvette, la vieille Yvette, celle qui se place comme une mère pour Orloff. Entre les deux, guère de place.

La plume du roman est elle au diapason du sujet. le langage est né de la plume de quelqu'un qui le maîtrise, qui le cotoye, qui le connait. Sans effet de style, sans chercher à faire de la grande littérature. Elle colle au sujet... à une exception près.

Exception qui n'en est pas une, dans la vraie vie, quand on y pense, mais qui, sur le papier, peut devenir rapidement rébarbative.

C'est que, dans la vie, quand quelqu'un a un surnom, on l'appelle toujours par ce surnom.

Dans un roman, il est préférable d'alterner de peur d'ennuyer... surtout quand les incises sont elles aussi répétitives.

Ainsi, un dialogue du genre :

- Comment ça va ? dit Jo.

- Bien, et toi ? dit Fil.

- Pas mal ! dit Jo.

- Tant mieux, dit Fil.

- Et ta mère ? dit Jo.

- Bof ! dit Fil.

- Qu'est-ce qu'il y a ? dit Jo.

- Rien, dit Fil.

- Je sens bien que tu ne me dis pas tout, dit Jo.

- Mais si, dit Fil.

- Mais non, dit Jo.

- Puisque je te dis que si, dit Fil....

On se rend vite compte que ce genre de dialogue gagnerait en intérêt si l'auteur alternait incises et identification des personnages en utilisant des verbes comme « répondit », « souffla », « ragea », « cria », « sussura » et en utilisant des descriptions ou d'autres surnoms pour préciser le personnage comme « le vieux », « le grand », « le gros », « Joseph », « Philippe » ou je ne sais quel autre qualificatif pouvant désigner celui qui prend la parole.

Et c'est le gros point noir du roman. Un défaut qui semble ne pas avoir dérangé tout le monde mais qui m'a empêché d'entrer totalement dans un roman qui, autrement, aurait totalement emporté mon adhésion. Un tel point négatif que si je n'avais pas tant adoré l'adaptation cinématographique et que si le roman avait été plus long, j'aurai probablement interrompu ma lecture après un premier tiers.

Dommage.

Car, à part ça, rien à dire.

Au final, un bon roman qui perd énormément de son intérêt à cause d'incises et de désignations des personnages trop répétitives.
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LE FOURGON DU PARADIS

Un classique du genre, scénario idéal de film. Jean-Pierre Melville et Alain Corneau (40 ans plus tard...) ont saisi l'occasion.

L'histoire démarre sur les chapeaux de roue. Au terme d'une cavale magistrale, un vieux truand condamné à perpète revient dans son fief et règle les comptes d'une bande menaçant ses proches. Il a dans l'idée de gagner les cieux hospitaliers de sa terre natale (l'Italie) afin d'échapper définitivement à la chasse sans merci de la Crim'. Cette sage résolution nécessite de réaliser un dernier gros coup... qui réussit, nonobstant l'incertitude que laissait planer l'association de deux clans qui s'étaient étripés auparavant. Las, le vieux caïd se fait coffrer sur le coup de bluff d'un commissaire retors, et voilà que le chemin du paradis devient celui de l'enfer...

Tout en s'accordant avec l'intrigue, l'écriture reste fade. A l'instar d'Auguste le Breton, Giovanni a beaucoup côtoyé les « pégriots ». Il aurait pu utiliser plus largement l'argot dans son roman.
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Le meilleur polar de tous les temps, tout simplement !

"Le deuxième souffle", immortalisé par Melville avec une maestria qu'on parviendra difficilement à égaler, est un anti-roman. le vieux Gu, truand affligé de repères dépassés, serait presque ridicule avec son code de l'honneur qui date de la cour des mirâcles: il campe l'image de l'homme qu'il se figure être correcte, mais qui n'est qu'image d'Epinal.

Les personnages sont très forts, chacun est épais, chacun dans sa logique, chacun sur son chemin dont il ne dévie pas parce qu'il ne peut dévier. "Le deuxième souffle" est une tragédie antique écrit dans un style simple, ravageur de simplicité.
Lien : http://noirdepolars.e-monsit..
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J'ai vu le film à plusieurs reprises, et j'ai vraiment adoré la façon de filmer de Jean-Pierre Melville. Une histoire de gangsters, tendue, sombre, violente, passionnante à suivre. Je retrouve dans le livre toute l'histoire qui a inspiré Melville, jusque dans les plus petits détails, y compris de grandes parties des dialogues. Je salue donc le metteur en scène pour avoir respecté l'oeuvre à ce point, ce qui n'est de loin pas toujours le cas de la part de metteurs en scène qui prétendent s'inspirer d'un livre et qui gâchent le plaisir du spectateur en en faisant carrément autre chose…
Une chose m'a cependant beaucoup déçu, c'est l'histoire de "l'Ange Nevada". Dans le film, on nous parle d'un certain Ange Nevada, qui aurait été floué par l'équipe de gangsters dirigée par Venture Ricci. Lorsque Gu se fait arrêter à Marseille, les autres gangsters lui reprochent d'avoir piqué leur affaire. On n'arrive pas à saisir pourquoi l'indic, qui était clairement identifié dans le film puisqu'on le voit à plusieurs reprises, aurait donné l'affaire à deux bandes différentes… ni pourquoi on lui dit "partager en quatre", et que Gu dit, étonné, "en cinq". L'indic était clairement censé toucher sa part, non? Bref, tout ça n'est pas clair du tout et j'aurais aimé comprendre enfin en lisant le livre, mais c'est absolument pareil… On ne saisit pas… Si quelqu'un a une explication, elle est la bienvenue… Sinon, on prend beaucoup de plaisir à lire ce livre, si ce n'est que certaines expressions sont difficiles à comprendre, l'auteur ayant baigné toute sa vie dans un milieu très particulier…
Une dernière chose pour terminer : je ne comprends vraiment pas pourquoi l'éditeur a choisi cette photo pour illustrer la couverture. Il s'agit des acteurs de la reprise, qui ne se justifiait vraiment pas. Il eût été bien préférable de mettre une photo tirée du film de Melville…
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