Livre reçu grâce à l'opération Masse Critique.
Une fois n'est pas coutume, car je suis un fervent partisan du Never judge a book by its cover, je commencerai par parler de l'objet livre. Depuis son format original jusqu'à son beau papier, sa couverture épaisse et sobre, le livre m'a d'abord séduit en tant qu'objet. Il est de ceux qui peuvent passer inaperçu sur une étagère, et lorsqu'on s'en saisit, il donne l'impression d'avoir un petit trésor entre nos mains, un joyau confidentiel, à la fois fragile et d'une folle puissance.
En cela, l'objet est à l'image du contenu : des fragments de textes, des pensées arrachées de leur contexte, dénudées de leur décor, et qui dans leur absolue sobriété acquièrent leur tranchant sublime pour entrer jusqu'au coeur.
J'ai lu ce livre d'une traite, puis l'ai relu, laissant entre chaque fragment le temps aux mots de faire leur chemin jusqu'à moi, de tisser leur écho dans ma poitrine. À la manière des réflexions de
Cioran, les pensées de Giovannoni continuent d'infuser longtemps après la 4e de couverture. C'est de la poésie qui ne s'embarrasse pas de rimes, de la philosophie qui ne s'encombre pas de thèse ou d'antithèse, c'est de la prose organique qui nous met face à nous-mêmes, dans une brume de mélancolie et d'émerveillement mêlées.
J'ai été entièrement conquis.
Les mots sont des vêtements endormis est tout à fait le genre d'ouvrage sur lequel je reviens sans cesse, et qui adorne ma bibliothèque des mots qu'un inconnu a su trouver pour mes propres maux.
À lire, et à relire.