AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Klasina


Réné Girard, La violence et le sacré.

L'essai réhabilite la place qui est due à la religion : elle n'est pas qu'une chimère, ce que les préjugés occidentaux aiment à se représenter. La religion a des conséquences dans le réel, et bien plus, elle garantit le lien social et surtout la non-violence. C'est que souvent, la lecture du sacrifice se base sur une grille herméneutique, jouant avec les symboles.

René Girard constate que derrière le sacrifice se situe tout l'échiquier de la violence. René Girard constate par les mythes, la réciprocité violente. La vengeance amène un cercle vicieux, interminable. Que faire pour l'arrêter ? La cause originelle du sacrifice est un meurtre, une entorse à la communauté, le sacrifice vient répéter de manière différente, cette crise, en prévenant la violence, en la canalisant. C'est le bouc-émissaire. Il trompe la violence, met à distance jalousies, querelles intestines, envies. Par conséquent, il rétablit l'ordre.

La violence tous contre chacun se retourne en tous contre un, c'est « l'unanimité fondatrice ». Les crises dans un état d'indistinction amènent la violence, quand on se reconnaît dans l'autre, dans son désir. Ce que Girard montre avec « les frères ennemis ». René Girard montre les limites du freudisme, et souligne le rôle violent du désir. On ne désire qu'un objet que parce qu'un tiers le désire aussi. C'est le désir mimétique.

Puis, René Girard marque le caractère double du sacrifié : il est maléfique et bénéfique. Maléfique, car il rappelle cette crise violente. Bénéfique, car il marque le retour à l'ordre. C'est que Réné Girard illustre avec l'exemple d'Oedipe. Ainsi : " Dans tous ces mythes, en effet, le héros aimante vers sa personne une violence qui affecte la communauté entière, une violence maléfique et contagieuse que sa mort ou son triomphe transforment en ordre et en sécurité.

Réné Girard constate que le sacré est aux fondements de toutes nos activités : fêtes, sport, compétition, institutions… le sacré est double : il est ce mélange curieux de violence et de non violence. Par conséquent, il n'est pas ce que voit toute une tradition : une violence d'ignorants, aveugles et « primitifs ». le sacrifice et au-delà le sacré ont une utilité sociale : ils empêchent ce qui est dans le coeur de tous les hommes : la violence.

En définitive, cet essai pointe le rôle essentiel de la religion : préserver l'ordre et la distinction. le désir mimétique est une théorie très intéressante.
le désir peut être source de destruction, car derrière guète la violence originelle.

Le désir mimétique s'applique bien à notre société actuelle et dans une certaine mesure consumériste : pourquoi tant de choses vaines sont désirées par tant de personne ? C'est que le sujet désire l'objet que parce que le rival le désire, nous répondrait René Girard. La société fonctionne suivant un modèle, oubliant sans doute son être propre, le désir spinoziste, qui fait toute la dignité de l'homme. Il ne trouve plus son être profond, devant tant de choses à désirer constamment.
Commenter  J’apprécie          80



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}