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Critique de livr0ns-n0us


Dans le genre chronique impossible, là, je m'attaque à du très, très lourd. L'Incal, c'est le chef d'oeuvre de deux grands noms de la SF (que dis-je, GIGANTESQUES) : Moebius et Alejandro Jodorowsky. Rien que ça. Cette série a marqué durablement et marque encore le paysage de la BD et de la SF depuis 1981, date de publication du premier tome, L'Incal Noir. Accrochez-vous, car si vous n'êtes pas familier du genre, la série risque de vous paraître... complètement barrée.

John Difool est un minable. Il occupe un emploi médiocre et cultive admirablement ses vices (ouisky et homéoputes) dans les bas fonds de sa ville-cité, construire en étages : plus on monte, et plus on atteint les hautes-sphère de l'aristocratie. Il vivote de plans fumeux et possède le don de s'attirer des ennuis : c'est ce qui se produit lorsqu'en voulant échapper à une course-poursuite, il se réfugie dans les égouts et assiste à la mort d'un Berg, créature extra-terrestre dont on présume l'existence. Celui-ci lui confie un petite pyramide pas plus grosse que le point avant de rendre l'âme : c'est le début des réels ennuis pour John Difool...

L'Incal fait partie de ces bandes dessinées cultes et incontournables qui méritent à mon avis au moins une lecture. Face à un tel ovni, il est probable que vous trouviez ça complètement imbuvable ou relevant du pur génie. Mon propre avis sur la question emprunte d'ailleurs à ces deux tendances. La série est depuis ma naissance dans la bibliothèque de ma mère ; il est tout naturel que je m'y sois dirigée assez tôt (voire beaucoup trop), et que je nourrisse donc une certaine forme de nostalgie envers cette lecture. Heureusement sûrement, car si je m'imagine découvrir ces albums maintenant (ou du moins les éditions des années 80's), je pense que j'aurais beaucoup de mal à apprécier ces couleurs criardes et cette histoire que l'on croirait écrite sous acide. La maison d'édition était certainement du même avis que moi, du moins sur les couleurs : elle a réédité L'Incal en 2003 et la différence est pour le moins... flagrante.

Mais une fois le premier choc visuel passé (un peu comme avec Watchmen d'Alan Moore), on est vite agrippé par l'univers très excentrique du duo. La recette est singulière, mais elle fonctionne : on adore détester John Diffol, l'anti-héros par excellence, capricieux, de mauvaise foi, obsédé et poltron. Au cours de ses pérégrinations pour sauver l'Incal des griffes des différentes factions qui le convoitent, il se fait plusieurs "amis", ou du moins des compagnons de route. Obligés de faire route ensemble bon gré mal gré, ils passent leur temps à se fourrer dans des situations toutes plus insolites (et dangereuses !) les unes que les autres. Mais L'Incal n'est pas qu'une suite de rebondissements sans queue ni tête, et la toile que tisse les deux auteurs est en réalité beaucoup plus riche. Alchimie, religion, espace-temps, déterminisme et fatalité sont autant de thèmes qui portent un récit complexe et foisonnant qui ne manquera pas, à défaut de vous séduire, de vous interpeller. Alors, prêts pour l'embarquement ?
Lien : http://livr0ns-n0us.blogspot..
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