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sur 2566 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Avec des « Si », on referait le monde, disait-on parfois…
Dans Vivre vite, Brigitte Giraud, (Jour de courage, Un loup pour l'homme – deux de ses livres que j'ai lus), m'a entraîné dans une cascade de « Si », une formidable introspection, un terrible retour en arrière pour tenter d'exorciser le terrible drame qu'elle a vécu.
D'emblée, je sais que son mari, Claude, n'a pas survécu après un malheureux accident de moto, au centre de Lyon, le 22 juin 1999.
Brigitte Giraud débute son livre avec une excellente introduction, un prologue annonçant ce qui va suivre. L'autrice dévoile vingt-un « Si » dont certains relèvent d'une imagination surprenante prouvant tout son talent d'écrivaine.
Alors que leur maison achetée en 1999 va être sacrifiée pour laisser la place à un immeuble beaucoup plus rentable, elle s'attaque, sans tergiverser, au principal problème : la mort de Claude.
Pour cela, elle déroule des « Si », commençant par : « Si je n'avais pas voulu vendre l'appartement », un appartement situé dans le quartier de la Croix-Rousse où la mémoire des Canuts, les ouvriers des soieries, est encore vive. Elle poursuit, réussissant à évoquer tous les cas de figure qui auraient pu éviter le terrible accident.
Le style est volontaire, précis et l'écriture émouvante, bien sûr, même si l'autrice n'hésite pas apporter des précisions historiques, des informations pratiques augmentant l'intérêt du récit. Brigitte Giraud ne laisse aucune rue, aucun quartier au hasard. C'est détaillé et pour qui connaît un peu la Capitale des Gaules, ces précisions sont utiles.
Il y a aussi la moto, cette fameuse Honda 900 CBR Fireblade, une moto de compétition, interdite au Japon pour un usage routier. Pourquoi la France a-t-elle autorisé son usage dans le trafic, la circulation ?
Surtout, il y a leur projet pour changer de vie, vendre leur appartement afin d'habiter une maison avec un jardin. Il faut ajouter que cette moto appartenait au frère de l'autrice, absent à ce moment-là, moto qu'il avait garée dans cette maison acquise mais dont la propriétaire avait bien voulu donner les clés avant la vente définitive…
Claude est, depuis ses 18 ans, un passionné de moto. Jusque-là, il faisait du vélo. Sa passion pour les deux-roues s'est rapidement concrétisée. Avec Brigitte, ils ont partagé des moments enivrants. Surtout, la moto permet de se jouer des bouchons, de doubler les voitures engluées dans les ralentissements.
Avec ça, Brigitte Giraud cite beaucoup de musiciens, de groupes de rock comme Death in Vegas, Iggy Pop, Carte de Séjour car Claude était un vrai fan, ce qui lui permettait de concilier sa passion avec son travail à la Discothèque municipale de Lyon. Si je ne connais pas trop ces groupes, j'apprécie le goût commun à Brigitte (36 ans) et Claude (41 ans) pour Dominique A, un artiste qui fait honneur à la chanson française. J'ai eu la chance de l'apprécier trois fois sur scène : devant le Palais idéal du Facteur Cheval à Hauterives, au Train-théâtre de Bourg-lès-Valence ainsi qu'aux Correspondances de Manosque car Dominique Ané affirme aussi des talents d'écrivain avec plusieurs publications dont le présent impossible, un recueil de poèmes publié cette année.
Mais je m'égare et je reviens à Vivre vite, un titre qui convient bien au style de vie voulu par Claude qui a aussi une chronique musicale dans le Monde.
Vingt ans après, Brigitte Giraud a eu le courage d'écrire sur un drame qui a bouleversé sa vie. Son récit est une terrible introspection, un déroulé de toutes les possibilités, de tous les hasards, de toutes les maladresses qui n'ont pas empêché l'accident. Si certaines sont très graves, d'autres sont plus superficielles tout en ayant une importance qui aurait pu faire dérailler l'inéluctable.
J'ai noté, au passage, que Brigitte Giraud parle de son métier d'écrivaine car, au moment de l'accident, elle revenait de Paris où elle était allée rencontrer son éditrice pour parler de la parution de son prochain roman. Là encore, si…
Un grand merci à Babelio et aux éditions Flammarion qui m'ont permis de lire et d'apprécier ce livre de Brigitte Giraud, un livre faisant partie de la Rentrée littéraire 2022.

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Brigitte Giraud est une auteure que j'avais appréciée pour Un loup pour l'homme et Jour de courage. Aussi, n'ai-je pas hésité à me lancer dans la lecture de son dernier roman Vivre vite.
Celui-ci se présente comme une sorte d'enquête que mène l'auteure sur tout ce qui a précédé cet accident de moto dans lequel son compagnon Claude a perdu la vie, revenant sur ces journées qui s'étaient emballées et ce concours de circonstances qui ont conduit à l'inéluctable.
Elle écrit ce livre alors qu'elle vient de signer l'acte de vente de la maison qu'elle avait achetée avec Claude, il y a vingt ans et dans laquelle Claude n'a jamais vécu, ce dernier ayant perdu la vie le 22 juin 1999, sur un boulevard de la ville de Lyon, en accélérant sur une moto qui n'était pas la sienne.
Elle a gardé la maison ensuite, ayant décidé que celle-ci serait ce qui la relierait à Claude.
Avant d'en fermer définitivement la porte, et parce que cette maison est au coeur de ce qui a provoqué l'accident, elle fait un dernier point sur cet accident dont on n'a jamais expliqué la cause.
C'est ainsi qu'elle va questionner ce fichu destin, dresser une liste de « si », cette litanie de « si », qui dit-elle, l'a obsédée pendant toutes ces années.
Chaque élément de cette liste sera le titre et l'objet d'un chapitre, Si je n'avais pas voulu vendre l'appartement, Si mon grand-père ne s'était pas suicidé, Si je n'avais pas visité cette maison… plus d'une vingtaine de Si, vingt-trois, précisément pour tenter de comprendre l'incompréhensible.
En émettant tout ces si, elle ne peut s'empêcher de ressentir une part de culpabilité et cette phrase résume bien son sentiment : « Par ma volonté, j'avais préparé, sans le savoir, les conditions de l'accident. »
Que d'émotions aussi dans ses propos et ce, dès les premières pages lorsqu'elle doit abandonner le « nous » pour le « je », ce « nous » qui l'avait portée et ce « je » qui « m'écorchera , qui dira cette solitude que je n'ai pas voulue, cette entorse à la vérité » !
Toutefois ce qui l'interpelle profondément et qui m'a également choquée, c'est le fait que cette fameuse moto, cette Honda 900 CBR Fireblad, (Lame de feu) sur laquelle Claude roulait le jour de l'accident, ait été réservée à l'exportation vers l'Europe alors qu'elle était interdite au Japon, jugée trop dangereuse.
Mais, concurremment à cette quête de signes, à cette analyse de détails, de micro évènements survenus dans la semaine qui précède l'accident, c'est la vie de famille, la vie de ce couple porté par la musique et l'écriture, leur appétit de vivre, le portrait d'une époque également, celle des années 90, qui sont racontés, une belle histoire d'amour.
J'ai aimé cette musique que Claude mettait au centre de tout et j'ai bien sûr vibré à l'évocation de ce premier album de Dominique A, (l'un de mes chanteurs fétiches), de cette si belle chanson le Courage des oiseaux, devenue pour le couple leur signe de ralliement, leur code secret.
En auscultant ainsi point par point les circonstances de l'accident, elle essaie de trouver une logique à ce qui est arrivé, même s'il n'y en a pas, ce que tous, nous avons pu faire, un jour ou l'autre.
Brigitte Giraud avec cette autofiction dépasse largement l'histoire personnelle, offrant un récit superbe de portée universelle sur la perte d'un être cher et la difficulté de la reconstruction.
Brigitte Giraud a su faire de ce livre qui aurait pu être un livre de deuil, un livre bouillonnant d'énergie, empreint de beaucoup de douceur et de nostalgie, et où la vie exulte malgré tout.

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J'avais beaucoup aimé « Jour de courage » de Brigitte Giraud et voilà que, coïncidence, alors que je suis plongée dans son dernier roman, on annonce son prix Goncourt, prix amplement mérité pour cette autrice aussi discrète que talentueuse.
Vingt ans après, comment raconter cette perte immense, la mort accidentelle de Claude son mari ? Brigitte Giraud ne se contente pas de dérouler son histoire tragique, elle dissèque et réinvente l'inacceptable jusqu'à l'obsession. « Si je n'avais pas visité cette maison » « Si je n'avais pas téléphoné à ma mère » « Si je n'avais pas rendu service à mon frère » Il y a ainsi 23 courts chapitres qui égrènent tous ces paramètres qui ont mené à l'accident, à cette vie trop tôt fauchée. L'autrice, à travers ce récit, tente de réécrire l'histoire en modifiant certains éléments, certains insignifiants comme un simple coup de fil où une journée pluvieuse.
Elle revient sur cette période heureuse avant le drame, elle revenait de Paris où elle avait signé pour son second roman et elle avait trouvé la maison de ses rêves pour abriter leur famille. La vie était pleine de promesses qu'elle partageait avec Claude, et se remémorer, c'est une façon de le faire revivre.
« Ça fait vingt ans et ma mémoire est trouée. Il m'arrive de te perdre, je te laisse sortir de moi. »
Ce roman est aussi musical. Claude était musicien et Brigitte Giraud évoque ces musiques qu'il aimait tant. Et si la musique avait pu changer la donne ?
« Si Claude avait écouté « Don't Panic » de Coldplay et non « Dirge » de Death in Vegas, avant de quitter le bureau. »
Et puis, il y a cette moto à l'origine du drame, la Honda 900 CBR Fireblade, dite Lame de feu, une moto de compétition, puissante et dangereuse, que seuls les initiés pouvaient conduire. Alors que le Japon l'avait interdite sur son territoire, pourquoi était-elle exportée en Europe ?
Avec des si, on n'en finit pas de réécrire l'histoire, et, au moment de vendre cette maison, Brigitte Giraud revient sur cette mort absurde avec infiniment de délicatesse et d'émotion. le temps d'une lecture, Claude son mari est de nouveau vivant, et c'est cela qui permet d'aller de l'avant.




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Aujourd'hui, elle a signé la vente de la maison qu'elle a achetée avec Claude il y a vingt ans et dans laquelle il n'a jamais vécu. Elle avait emménagé dans cette maison seule avec leur fils. Avec Claude, ils avaient rêvé d'y poser leurs valises, ils avaient des projets plein la tête. Tout se précipite, signature de l'acte de vente, accident, obsèques, déménagement. Cette maison devient le témoin de sa vie sans Claude, apprendre à dire « je » au lieu de « nous ». Vivre une solitude qu'elle n'a pas voulue. Une éclipse de sa vie. Elle va s'entêter à comprendre comment est arrivé cet accident et revenir sur les enchaînements, ces petits riens qui ont conduit à ce drame.

Il en est du prix Goncourt comme des vendanges, certaines années le raisin donne un bon cru, d'autres fois le vin est de qualité moyenne. le roman de Brigitte Giraud est un excellent cru qui me réconcilie avec le prix Goncourt après deux lauréats dont les livres ne m'avaient pas passionné.
J'ai particulièrement aimé la construction du récit, une bouleversante déclaration d'amour, un roman intime avec en toile de fond la musique et la belle ville de Lyon. Une époque presque insouciante, un peu bohème d'avant la révolution du numérique. Si certains passages paraissent un peu longs pour ceux qui n'aiment pas particulièrement la moto, c'est un livre sur les passions qui rendent la vie encore plus belle. Brigitte Giraud évoque avec beaucoup de pudeur l'absence, la culpabilité, la reconstruction, l'écriture est limpide et lumineuse.
Plus qu'une déclaration d'amour ce roman est un hymne à la vie. Un roman qui m'a littéralement happé, dans lequel je me suis tout de suite senti bien. Un récit court qui prouve qu'il n'est pas nécessaire de remplir des pages pour émouvoir le lecteur.




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Brigitte Giraud revient sur l'affreux évènement de sa vie qui lui a enlevé son mari, Claude dans un accident de moto. Une moto trop puissante qu'il avait empruntée dans un coup de folie, de désir de liberté. Elle était à ce moment à Paris pour mettre au point l'édition de son futur livre, au mois de juin 1999. Il sortirait en automne.
Ce roman-ci sera une longue liste de SI..., une remise en question d'évènements qui auraient pu se passer et éviter le drame.
D'abord, elle se culpabilise en ayant entraîné son mari dans trop d'obligations pour la maison qu'ils avaient achetée , elle se culpabilise beaucoup trop pour d'autres raisons qui devraient rester anodines comme celle d'avoir laissé son frère emprunter son garage pour y ranger cette moto trop puissante.
Ensuite, elle enchaîne sur des motifs plus éloignés comme la responsabilité du constructeur de la moto, un industriel japonais.
Elle ira même jusqu'à évoquer l'accident de Stephen King survenu la veille. Elle cherchera tous les petits points minimes qui auraient pu éviter la perte de cet homme qu'elle aimait tant.
Le passage que j'ai le plus apprécié, c'est quand elle décrit la joie de vivre de celui-ci avec son fils, son métier à responsabilité mais sans prise de tête.
Oui, un personnage bien sympathique, Claude : mort comme s'il glissait sur une peau de banane. C'est une expression qu'elle emploie.
Elle termine son récit , pas plus sereinement mais plus réalistement, en se culpabilisant beaucoup moins, en voyant l'évènement comme il s'était passé.
Un motard qui voulait essayer une grosse machine dans un moment de sensation de liberté et même pas étant donné qu'il est mort sur un wheeling non voulu en démarrant à un feu rouge.
Ce qui m'a beaucoup plu dans le roman de Brigitte Giraud, c'est qu'on peut s'approprier la lecture à notre façon, suivant ce qu'on ressent.
Une histoire simple à lire mais bien difficile à vivre.
Personne ne mérite de vivre un tel arrachement et si elle en parle encore aujourd'hui, c'est certainement qu'elle le voit d'une autre façon, que le mal évolue avec elle.
Guérit-on jamais d'un tel choc ?
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2022, l'attribution du prix Goncourt a donné lieu à polémique. Brigitte Giraud l'a emporté au 14e tour d'un scrutin très serré face à l'écrivain italo-suisse Giuliano da Empoli ("Le Mage du Kremlin") grâce à la voix du président Didier Decoin qui compte double.
Cela a déclenché un schisme au sein de l'Académie et, fait rare, des opposants se sont exprimés : "La bienséance voudrait dire que je suis solidaire. Je ne suis pas du tout solidaire cette fois-ci… On s'est arrêté à un livre qui n'est pas mal, je n'ai rien contre Brigitte Giraud. Mais c'est un petit livre, il n'y a pas d'écriture", a dénoncé Tahar Ben Jelloun.

Bien sûr, nous avons tous entendu dans les médias pourquoi la narratrice du roman énonce 23 “si” du type : “si je n'avais pas téléphoné à ma mère”, nous entraînant dans une enquête à rebours faite de divagations idéiques et musicales.

Comme dans une spirale inéluctable chaque “si” nous rapproche de l'événement, celui qui vingt ans après fonde son récit.
L'autrice nous entraîne dans l'oeil d'un cyclone d'amour avec un certain suspens.
Son livre transpire la tendresse.
Tandis qu'elle vend la maison qu'elle avait acquise avec Claude en 1999, elle clôt cette partie de sa vie de manière cathartique.

Ce roman sera clivant aussi auprès des babeliotes si j'en crois vos avis (n'est-ce pas Palindrome1881 et lafilledepassage ?)
Mes cinq étoiles me classent parmi ceux qui apprécient la construction du récit et la sensibilité de Brigitte Giraud.
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« Il y a des deuils dont on voudrait ne jamais se remettre, pour pouvoir ne jamais s'habituer vraiment à la perte. » (S'en aller – Sophie d'Aubreby)

Cette citation glanée tout récemment résume bien ce livre, ce beau roman sur le deuil, où, je pense, chacun se reconnaitra et aura cette impression peu ou prou de lire son histoire. Certes le décor, les circonstances, les personnes sont différentes, mais les mots, les émotions ressenties, les souvenirs décrits sont universels.

Entendre que d'autres sont passées par les mêmes étapes, se sont escrimées à trouver du sens là où il n'y a rien d'autre que le vide et l'absence et à rejouer encore et encore les derniers jours, les dernières paroles échangées. Et surtout se rendre compte qu'on n'est pas seule à ne pas vouloir passer à autre chose. Ça fait énormément de bien et ça allège, le temps d'un roman, du terrible poids d'un chagrin inconsolable.

C'est l'autopsie d'un long deuil, un deuil de plus de vingt ans. Une très belle écriture fluide, un découpage en paragraphe très intelligent, au rythme du souffle, une lecture charnelle et tout en pudeur. L'auteure écrit les yeux, la voix, les mains de l'Absent, là où moi aussi j'ai tenté d'écrire tes yeux, ta voix, tes mains dont il ne me reste plus que le souvenir de leur caresse.

Merci, madame Giraud, d'avoir partagé votre histoire et de m'avoir aidée quelque temps à supporter le vide des jours et le silence des nuits. Une phrase très juste me revient, lue dans votre texte à propos d'autre chose: « le bonheur tenait à ce désir qu'on éprouvait et que l'attente aiguisait. le bonheur, c'était le peu, c'était le rare. ». Cette phrase résonnera longtemps en moi.
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Si je ne m'étais autan ennuyé pendant mon étrange enfance
Si je n'avais pas fréquenté assidûment la bibliothèque de la Croix-Rousse
Si je n'y avais pas fait des rencontres déterminantes
Si ma relation aux livres avait été à peu près normale
Si je n'avais jamais habité un "canut" aux poutres apparentes
Si je n'avais pas emprunté régulièrement le périphérique lyonnais sur une Honda CB 500 , en tant que passager, pour me rendre à la fac
Si je n'avais jamais été abonné à Rock&Folk et même , brièvement à Moto Journal
Si je ne possédais pas de vielles cassettes et des gravures de CD de Dominique A et de Death in Vegas
Si , en bon transfuge de classe et futur bobo, je n'avais acheté une maison dans la proche banlieue de Lyon.
Si « Monter à Paris » n'était pas toujours associé à l'idée de « Faire une expo »
Si je n'avais peiné dans la montée du Belvédère pour rejoindre le Clos Bissardon et mon groupe d'amis
Si je n'avais pas travaillé au pied des tours, dans la Z.U.P. de Rillieux-la-Pape
Si je n'avais pas consacré une partie de ma carrière à la Consolation
Si je ne visualisais pas très exactement l'endroit du Boulevard des Belges où se trouve l'hôtel de Reine Astrid
Si je ne m'étais pas cassé le ciboulot avec ce concept de Destin, navigant entre Théorie du chaos, Eternel Retour, Système complexe et Ethique spinozienne
Si je ne foutais pas tant que ça du prix Goncourt

Et bien je n'aurais pas lu Vivre Vite et je n'aurais pas écrit ce qui suit et ce qui précède….

Je n'avais rien lu de Brigitte Giraud, rien, aucun roman. Je savais juste qu'elle s'occupait de la Fête du Livre de Bron.
Je ressors de cette lecture comme après avoir été immergé dans une vague géante de sincérité fulgurante . Un peu fracassé. Tout cela résonne très fort, c'est assez bouleversant , un peu étrange aussi . Je me dis que j'aimerais pouvoir écrire (et penser) comme elle. Et pourtant son écriture est toute en retenue , précise et sensible bien sur.
23 chapitres de Si dans Vivre Vite dont l'étonnant "Si Stephen King était mort le 19 juin 1999"!!!!!!
J'ai donc trouvé ce récit magnifique et c'est la conséquence de tous les Si qui sont au coeur de mon récit, de nos récits personnels. C'est ce qui fait sans doute que ce drame intime prend une dimension universelle. Dans l'expérience du deuil mais aussi dans d'autres expériences tragiques.

Vivre vite donc mais pas trop.
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Dans ce récit qui se lit en apnée, la romancière Brigitte Giraud revient sur les quelques jours qui ont précédé l'accident de moto fatal à son compagnon Claude, le 22 juin 1999. Il avait 40 ans, elle 36, tous les deux prêts à se lancer dans un nouveau tournant de leur vie avec leur fils et l'achat d'une nouvelle maison. Cette maison, justement, elle doit à présent la quitter. L'occasion de faire le point, une fois encore, sur ce qui a mené à cet accident dont les raisons sont restées inexpliquées.
C'est en 23 points que Brigitte Giraud énumère une succession d'événements, de coïncidences, de faits, d'actes manqués qui nous mène progressivement à ce jour d'été auquel l'auteure a voulu donner sens. Car oui, il s'agit de cela, donner sens à l'incompréhensible, à l'imprévisible, au destin, pour peut-être pouvoir reprendre une espèce de contrôle sur ce qui s'est produit.
Au fil des pages, la tension monte. On attend ce moment inéluctable , celui de l'accident, celui de la fin de Claude, cet inconnu dont l'auteure dresse un portrait si tendre qu'il nous émeut. On se verrait presque avec l'auteure dire à Claude "Non ! Ne monte pas sur cette fichue moto, engin de malheur !". La litanie des "si..." a fait d'elle une vraie enquêtrice, revenant sur les lieux, parcourant la presse de l'époque, à l'affût du moindre signe qui aurait pu peut-être changer le cours des choses. C'est aussi une plongée dans les souvenirs, les siens, ceux de Claude, de l'Algérie, de la ZUP où ils ont grandi, de leur vie un peu bohème, de leurs passions respectives...
Je n'attendais pas grand-chose de la lecture de ce petit livre et j'ai été très heureusement surprise. Brigitte Giraud nous parle de sa vie avec facilité et talent, avec douceur, nostalgie et parfois aussi autodérision, le tout dans un style des plus agréable. "Vivre vite" est une bien belle façon de refermer une porte et de laisser partir Claude, avec beaucoup, beaucoup d'amour.
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Je ne connaissais pas Brigitte Giraud. C'est le premier livre que je lis d'elle.
Quelle puissance, quelle émotion... J'en sors et j'ai une belle envie de pleurer.
Elle analyse les causes du décès de son compagnon dans un accident de moto en 1999 avec des "si" et en mode "effet papillon".
S'il avait écouté Coldplay plutôt qu'autre chose, il aurait gagné deux minutes, si elle n'avait pas eu les clefs de la maison plus tôt, son frère n'aurait pas laissé sa moto chez elle...
A chaque "cause" minime, un chapitre.
C'est une réaction humaine mais qui ne le rendra pas. On sent, 20 ans après, toute la souffrance qui lui reste.
Je n'ai pas pu lâcher ce bouquin, je l'ai lu d'une traite et, même si je ne connais pas l'autrice, j'ai envie de la prendre dans mes bras pour la consoler.
La vie est chienne souvent.



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