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EAN : 9782917817544
136 pages
Contre Allée (11/10/2016)
3.81/5   24 notes
Résumé :
En imaginant ce qu’ont pu être certains épisodes de la vie d’Elisée Reclus (1830-1905), avant qu’il ne devienne l’auteur d’Histoire d’un ruisseau et Histoire d’une montagne, ce premier roman nous met dans les pas d’un personnage atypique et toujours d’une étonnante modernité.
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« On connaît plus précisément la terre sur laquelle on a dormi, ses odeurs, son grain. Ces endroits de sieste lui donnent une connaissance détaillée, en fin de compte, de milliers de lieux-dits, d'arbres égarés, de rus entre deux champs ».

Thomas Giraud a choisi, dans ce premier livre, de se pencher sur le géographe Elisée Reclus, et plus particulièrement sur ses années de jeunesse. de la personne d'Elisée Reclus, il retiendra : qu'il dû s'arracher à l'emprise de son père qui avait décidé pour lui d'un destin de pasteur, qu'il portait un grand amour à sa mère, la douce Zeline, institutrice, qu'il eut de nombreux frères et soeurs. Son frère aîné, Elie, fut une figure tutélaire qui lui ouvrit la voie vers la libération. Elisée aimait marcher et refusait de manger de la viande. Il eut ce grand projet, qui demeura inachevé, de faire une représentation du monde à une échelle qui soit presque celle de la réalité. Ce qui montre qu'il est impossible de coller de trop près à la vérité, ou plutôt que la vérité ne se trouve pas dans un décalque du monde, sans part de création, ou d'imagination.

Suivant ce que son personnage lui enseigne, Thomas Giraud n'a pas fait oeuvre biographique. Seules quelques indications de temps et de lieu sont données au lecteur, l'écrivain préférant opter pour un point de vue intimiste, une tentative de cerner le personnage par quelques détails signifiants et une compréhension « de l'intérieur ». Il adopte ainsi la démarche de l'apprenti géographe : une prédilection pour le détail, une absence de hiérarchie, une pensée ouverte. de petits faits font l'homme plus que la grande histoire, de petites pensées également, que Thomas Giraud nous fait partager sous l'appellation de « bout de pensée » qui ponctuent le récit. Elisée Reclus fut un être libre, un être d'étonnement. On le suit dans son long voyage à pied, de Sainte Foy à Neuwied, en Allemagne, dans ses années d'apprentissage, puis dans ses pérégrinations à sa sortie de l'école, alors qu'il a définitivement rejeté la profession de pasteur et qu'il quitte le collège avec pour tout bagage des carottes, des oignons et des pommes de terre. Marcher, écrire, on le pressent à la lecture du livre, seront les deux occupations essentielles de sa vie.

« Bout de pensée : demain je pars. Respirer, respirer, respirer, enfin »

Thomas Giraud scrute son personnage par le prisme de l'imaginaire et de la sensibilité, avec un instinct sûr, pour le faire exister par l'écriture. Il a su dégager ce qui fondait la conscience et la liberté de l'homme en devenir, le sens d'une vie. Premier livre d'une grande maturité, porté par une langue dense et parfois proche de la prose poétique.

Le lecteur pourra prendre connaissance, avec intérêt et plaisir, de quelques traces du travail de Thomas Giraud sur le site Remue.net qui a accueilli des pages du journal d'écriture d'Elisée.


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"Je veux l'ombre des arbres et pas celle de mon père."

Ode à la rêverie buissonnière, à la contemplation paresseuse, à l'égarement des pensées, "Elisée avant les ruisseaux et les montages" est un roman aussi léger que profond, où l'on découvre sous la finesse et la subtilité des mots, comme l'humus riche et puissant sous les feuilles des chemins forestiers, les strates d'un récit où sourdent à la fois les principes réjouissants d'une philosophie de la nature, un plaidoyer écologique en forme de roman initiatique et, pour parler comme un philosophe hédoniste contemporain, l'éloge, à travers la trajectoire d'un enfant, d'une sagesse sans morale.

En 130 pages, d'une écriture vive, tendue, maîtrisée de bout en bout, où l'on sent toute la tendresse que l'auteur porte au personnage d'Elisée Reclus, Thomas Giraud nous offre un premier roman d'une grande virtuosité. A travers la jeunesse imaginée du géographe libertaire et anarchiste, l'auteur réussit à peindre l'enfance comme d'autres les paysages. Elisée, face à Jacques le père. Jacques, ce sont les Alpes, "cette grande architecture, leur raideur accidentée et leur sourd mouvement". "Des montagnes, presque des murs." Incontournable ? Infranchissable, le père ? Elisée, avec Zéline, sa mère. Zéline, c'est "l'horizon de l'autre rive", "quelques vallons très doux", "le frôlement des mots qu'on chuchote". Classicisme des contrastes. C'est dans cette géographie familiale que grandit Elisée, entouré d'une opulente fratrie de douze frères et soeurs.

C'est aussi dans ce climat, entre la froideur du glacier paternel (est-il caricatural d'estimer qu'un pasteur calviniste fait rarement preuve d'une chaleur excessive ?) et la douceur maternelle des eaux de la Dordogne, que naît et s'installe la contradiction. le début d'un effondrement. le deuil d'une évidence. Car "Elisée avant les ruisseaux et les montages" est aussi, et peut-être avant tout, le roman d'une colère rentrée, la genèse d'une rébellion. Et là excelle l'auteur : dans cet art hasardeux et délicat d'imaginer dans leur complexe simplicité les pensées d'un enfant de 11 ans qui sent grandir en lui l'appel presque physiologique des mouvements de la nature, bien plus que celui de la foi et du flambeau à reprendre. le roman est ainsi ponctué de ces "bouts de pensées" qui sont autant de ruminements enfantins que les prémices de la déconstruction d'une route déjà tracée.

"Bout de pensée : Jusqu'à quand devrais-je lui obéir ?"
"Bout de pensée : Il voit de la paresse là où il ne sait pas regarder. Quelle différence fait-il entre fainéant et paresseux ?"
"Bout de pensée : Je voudrais passer ma vie à transporter les pierres dorées et à ne plus avoir à exécuter les ordres de mon père."

Il est temps pour Elisée de chiffonner le paysage de son avenir figé. Délaissant les études qui devaient le mettre dans les pas de son pasteur de père, il décide de suivre les lignes sinueuses des ruisseaux argentés, les ondes mystérieuses des collines et le murmure des pierres.

Thomas Giraud, dans un texte où les mots sont choisis et pesés avec un soin d'orfèvre, habillant le récit d'un voile poétique d'une grande élégance, nous invite à suivre son héros, mais aussi, peut-être, à trouver dans les mouvements de la nature, bien plus que dans les pesanteurs poussiéreuses et doctrinales des principes d'une religion moribonde, une spiritualité en harmonie avec le monde.
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C'est par des chemins de traverse, ces sentiers buissonniers que devait apprécier Elisée, que Thomas Giraud évoque l'enfance d'Elisée Reclus et les cailloux de rencontre qui ont jalonné ses choix. L'imposante et tortueuse figure du père, Jacques, pasteur calviniste aux discours profus, pour qui l'existence est toute concentrée dans l'impérieuse nécessité de prier, se place en point d'opposition et de contraste avec ce fils qui "déplace les pierres" alors que Zéline, la mère aux méthodes pédagogiques novatrices, chuchote les mots qui déjà rendent compte d'un monde autre.
A la suite d'Elisée - ou plutôt en sa compagnie et stimulée par le regard que lui offrent les mots de Thomas Giraud - j'ai marché de Neuwied à Sainte-Foy-la-Grande, les yeux grands ouverts sur ce que voyait le marcheur du XIXème siècle, sur ce qui a façonné sa pensée, nature, ruisseaux, villes, enfants au travail, ouvriers en grève, ruisseaux, pierres, mouvements-ruisseaux et pierres.
Thomas Giraud se place loin de la biographie romancée ou documentaire et nous offre un roman fascinant, presque hypnotique, qui nous invite à mettre nos pas dans ceux de cet homme en devenir, cet homme qui nous devient familier tout en restant in-connu. Plus qu'un fil de vie ce sont les linéaments d'une pensée que dessine subtilement ce roman atypique, à l'écriture qui passe de la mouvance fluide du ruisseau au chaos rocailleux de la montagne.
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Quelle idée lumineuse de faire revivre pour quelque 130 pages la jeunesse d'Élisée RECLUS. RECLUS est connu pour ses travaux de géographe, ses convictions et son militantisme anarchiste, végétarien et naturaliste. Mais ces idéaux, ces convictions, il lui a bien fallu les rencontrer, s'en faire siens, s'emparer des sujets. C'est ce que ce petit bouquin sorti en 2016 chez nos chères et tendres Éditions de la Contre Allée tente d'expliciter. Et le résultat est là.

Né en Gironde en 1830, mésentente cordiale avec le père pasteur, Jacques RECLUS (Jacques est par ailleurs le vrai prénom d'Élisée), adepte de longs sermons, d'interminables monologues moralistes. Élisée est élevé dans un protestantisme dur, strict, dans une famille très nombreuse : quatorze enfants parmi lesquels Élie, qui va beaucoup influencer le petit Élisée. Élie est parti à Neuwied en Prusse, son frère le rejoint alors qu'il n'a que 12 ans. Il y restera deux ans, chez les luthériens.

Retour en France, en famille, avec des bribes de convictions à développer et explorer. Car Élisée est curieux de tout. Il semble prêt. « Prêt pour quoi, en fait ? Rétrospectivement, on peut seulement dire qu'Élisée se prépare à la suite même si l'on sait que la suite c'est géographe (et anarchiste, et végétarien, et naturiste). Si chaque chose entreprise prépare ce qu'il va devenir, il se construit sans méthode. Ce défaut, cette absence de méthode plutôt puisque parler de défaut serait évoquer quelque chose qui manque et qui aurait dû être, le définit assez bien ».

Il se proclame adepte de Jean-Jacques ROUSSEAU et trouve son inspiration dans la marche, les longues marches solitaires durant lesquelles il médite et assis les fondements de ses théories à venir. Mais pas que, car c'est un prétexte idéal pour étudier Dame Nature. En même temps qu'il perd définitivement la foi transmise par son père (mais l'a-t-il eu un jour, cette foi ?), il harangue, échange afin que chacun arrête de manger de la viande, dans un esprit de liberté animale et de respect de la nature (c'est Élisée qui parle) : « On ne peut pas vivre avec humanité et manger des animaux. Les manger, c'est d'abord les tuer, lâchement, après avoir organisé soigneusement leur vie pour en faire une petite vie. Je ne veux que regarder les animaux. Apprendre en les observant ».

Il aiguise son militantisme, qui deviendra libertaire, anti-autoritaire. Élisée RECLUS est un être assez fascinant qui a été de tous les combats, un humaniste révolutionnaire, érudit, intelligent, touchant. Lire le parcours de ses premières années de vie, c'est aussi apprendre à le connaître plus intimement, balbutiant les thèmes qui finiront par lui être chers. Il peut à ce titre être défini comme l'un des pères de l'écologie.

La langue de Thomas GIRAUD est très belle, intimiste, parfaitement adaptée à ce genre d'écrits, c'est un réel plaisir de se plonger dans cette biographie romancée, vivre aux côtés de la famille RECLUS qui, comme chaque famille, possède ses contradictions, qui amèneront d'ailleurs en partie Élisée à devenir ce qu'il est devenu. Bien entendu on en redemande (Thomas GIRAUD a récemment écrit la biographie d'un musicien maudit des 60's, Jackson C. FRANK, chroniquée quelque part dans nos lignes), le format semble parfaitement convenir à l'auteur, qui par ailleurs paraît avoir une tendresse toute particulière pour le biographé RECLUS. Et, imitant un graffiti quelque part visible sur un rideau de fer, ne nous gênons pas pour proclamer « ÉLISEZ LES RECLUS » !
https://deslivresrances.blogspot.fr/

Lien : https://deslivresrances.blog..
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Thomas Giraud fait, dans ce premier roman, un portrait d'Élisée Reclus dont j'ignorais totalement l'existence avant de lire cet ouvrage. Élisée Reclus est un géographe de la seconde moitié du XIXème siècle et l'auteur de deux récits géographiques et poétiques à la fois 𝘏𝘪𝘴𝘵𝘰𝘪𝘳𝘦 𝘥'𝘶𝘯 𝘳𝘶𝘪𝘴𝘴𝘦𝘢𝘶 (1869) et 𝘏𝘪𝘴𝘵𝘰𝘪𝘳𝘦 𝘥'𝘶𝘯𝘦 𝘮𝘰𝘯𝘵𝘢𝘨𝘯𝘦 (1880). Thomas Giraud nous raconte la vie de cet homme atypique pour son époque : géographe, anarchiste, végétarien, naturiste et écrivain.

Le texte de Thomas Giraud est comme l'homme qu'il décrit, atypique et libéré des contraintes biographiques. Il est constitué de « bouts de pensée », d'épisodes de l'enfance et de l'adolescence, de déambulations dans la nature, d'observations. Il évoque les relations d'Élisée avec ses parents : tendresse et confiance du côté maternel, dirigisme et conflit du côté paternel. Il parle aussi des débuts dans l'écriture de ce promeneur solitaire, écologiste avant l'heure.

Voici un passage qui évoque justement les balbutiements dans l'écriture : « il s'entraîne, il regarde s'il est capable, de quoi il est capable exactement.(…) Il s'acharne, gratte, enjolive, tourne dans sa bouche, fait trotter les phrases des heures dans sa tête avant de les allonger. Il fait de la poésie tout le temps. Il voudrait faire de la littérature, de la géographie, écrire pour les hommes. (…) Là, pour le moment, c'est net, c'est précis, mais c'est ennuyeux à mourir. Ça ne vit pas. L'eau qu'il décrit stagne, les arbres n'affolent rien, les montagnes écrasent. (…) Il lui manque de la lenteur, du temps perdu, de l'espace entre les mots.»

Une belle découverte aux éditions de la contre allée. J'ai retrouvé la jolie plume de Thomas Giraud découverte dans 𝑨𝒗𝒆𝒄 𝑩𝒂𝒔 𝑱𝒂𝒏 𝑨𝒅𝒆𝒓, une autre personnalité originale.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
L’observation d’une grève, l’amitié qu’il imagine entre les ouvriers, l’unité indéfectible qu’il suppose vont contribuer à rééquilibrer un peu ses centres d’intérêts. Jusque-là, la nature était omniprésente et la part qu’il faisait à la politique ou à la philosophie politique était réduite aux ouvrages. Il ne notait rien sur les hommes. À partir de cet épisode, il fait entrer l’intervention humaine. C’est l’occasion d’adopter une nouvelle méthode : il note ce qu’il voit sur les hommes et ce que cela lui inspire. Mais ce sont les hommes, le groupe, qui l’intéressent, pas les individus, en tout cas pas pour ses notes.

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Il essaie, comme il peut, de reconstruire ce que Jacques, le père, peut bien vouloir dire.
Jacques lui dit encore : "Tu ne fais rien. Je te vois toute le journée et toute la journée je te vois ne rien faire. Tu vas d'un endroit à un autre. Tu sembles entamer quelque chose que tu t'arrêtes de faire. Puis tu remets en place ce que tu as entamé. Tu sembles chercher à mettre un petit désordre, pas trop grand, juste suffisant pour que tu puisses, ensuite, t'occuper un petit moment à tout remettre en ordre. On ne vit pas comme ça Élisée. C'est le travail qui doit t'occuper. Tu n'as pas besoin pour le moment de te choisir un travail particulier, tu es un enfant, mais tu dois faire chaque chose comme si elle était un travail. Chaque chose mérite d'être faite avec une grande patience, du temps. Chaque chose doit être difficile. Si tu trouves que ça a été simple, c'est que tu t'es trompé, c'est que tu as bâclé. Et si tu ne t'en rends pas compte, regarde de plus près l'objet que tu travailles et tu verras tout ce que tu as raté. Tourne-le, regarde bien, et là, devant ton nez tu ne pourras pas passer à côté de cet angle qui coince, de cette rangée de poireaux qui semble défier l'entendement. Dément, c'est bien ça qui te guette, être dément, si tu n'acceptes pas de vivre comme on doit le faire. On ne peut pas vivre autrement. Je ne le peux pas, les autres ne le peuvent pas, tu ne le peux pas. Mais tu pourras beaucoup prier." Il poursuit : "Nous n'avons pas seulement une part à faire, à accomplir durant notre vie, nous devons faire, sans mesure, sans mesurer, ni la taille de l'effort, ni celle du temps. Et peu importe aussi le temps qu'il fait. Ce qui compte c'est de faire, le repos vient à celui qui fait, tu comprends ce que je te dis Élisée ? Tu comprends, non tu ne comprends pas, toi tu ne comprends pas que l'on fasse, toi tu cherches à attraper la lumière, à transformer les papillons et les ruisseaux alors que ce sont des seaux qu'il te faudrait, pour ranger, pour t'aider à ranger le monde. Tu pourras beaucoup prier."

Bout de pensée : J'en ai marre de lui.

Bout de pensée : J'en ai vraiment marre de lui.
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Elle fait de la passion d’Élisée pour les pierres un indice de son déracinement à venir : ces petites pierres qu’il ramasse et cache un peu partout après les avoir fait voyager, parfois d’une poche à l’autre, parfois d’un champ à son matelas, parfois d’une vigne à une autre. Mais elle a le sentiment que ses mélancolies à lui seront, comme les siennes, faites pour s’installer durablement dans un lieu, sans bouger, ou sans bouger trop loin, et que ses mélancolies porteront sur l’imagination. Ses mélancolies resteront des mélancolies, des regrets, des projets rangés. Il ne partira pas. Il pourrait être comme elle, instituteur privé. Élisée a quelque chose d’un brin besogneux, peut-être de fragile, lié à sa petite taille, et elle ne pense pas qu’Élisée, contrairement à Élie, sera enclin à abandonner la terre et les gens avec lesquels il vit. Il n’a pas l’espièglerie et l’audace d’Élie. Et il paraît si prudent, son Élisée, il a besoin, pense-t-elle, d’être rassuré. Elle aussi, de savoir que ce petit-là, un de ses petits, restera près d’elle, ou au moins pas trop loin. Elle voudrait pouvoir continuer à chuchoter avec lui.
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Il y rumine des colères qui ne sont jamais des coups de sang (il n'appartient pas au cogneurs de sang), mais plutôt des frustrations et des tiraillements d'enfants, jusqu'à ce qu'Élysée parviennent à construire des bouts de pensées qui sont des réflexions d'enfant, prémisses d'une littérature à venir, et qui lui permettront de contenir ses agacement.
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Ses bouts de pensée s'allongent.

Bouts de pensée : Est-ce que la goutte d'eau que je caresse à un endroit du ruisseau aura la mémoire de ma caresse, plus loin, au moment de se jeter dans un fleuve ? Et cette mémoire, l'eau l'aura-t-elle encore au moment de se jeter dans la mer ? Et si ce sont des mots, resteront-ils prisonniers dans les gouttes jusqu'à la mer ? Est-ce que je peux marquer la nature, sculpter cet espace ? Est-ce que je peux raconter la nature en prenant des parties se fondant dans un tout ?
Bout de pensée : On ne peut pas vivre avec humanité et manger des animaux. Les manger, c'est d'abord les tuer, lâchement, après avoir organisé soigneusement leur vie pour en faire une petite vie. Je ne veux que regarder les animaux. Apprendre en les observant.
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Vidéo de Thomas Giraud
"J'ai le goût du merveilleux, ce sont des restes d'enfance." C'est avec ces quelques mots de Romain Gary, extrait de "La Nuit sera calme", que nous démarrons ce nouvel épisode de notre podcast. Car il y sera justement question d'éblouissement des premières fois, de cet âge où chaque découverte est un trésor à apprivoiser. D'enfance, en somme.
Pour nous accompagner : nous recevons Valentine Goby, autrice de nombreux romans pour adultes, mais aussi pour la jeunesse. Son dernier livre, "L'Île haute", nous emmène à la rencontre de Vadim, jeune garçon de 12 ans, qui vit à Paris. Nous sommes en 1943 et il est envoyé dans les Alpes. Officiellement pour soigner son asthme, mais surtout pour fuir les Allemands... car il est Juif. Arrivé après un long trajet en train et dans la neige, Vadim découvre la splendeur de la montagne, immensité enivrante qui le rend minuscule.
Au cours de cet entretien, Valentine Goby nous dira comment est née cette envie d'écrire un roman d'apprentissage, et en quoi l'enfance la fascine et l'inspire.
Juste après, nous retrouverons les libraires de Dialogues, Romain, Rozenn et Laure. Ils ont sélectionné pour nous plusieurs romans sur l'enfance et l'émerveillement. 
Bibliographie : 
- L'Île haute, de Valentine Goby (éd. Actes Sud) https://www.librairiedialogues.fr/livre/20859799-l-ile-haute-valentine-goby-actes-sud
- Murène, de Valentine Goby (éd. Actes Sud) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18855093-murene-roman-valentine-goby-actes-sud
- L'Anguille, de Valentine Goby (éd. Thierry Magnier) https://www.librairiedialogues.fr/livre/16758956-l-anguille-valentine-goby-thierry-magnier
- Chèr.e moi (éd. Seuil) https://www.librairiedialogues.fr/livre/21362899-cher-e-moi-lettres-a-l-ado-qu-lettres-a-l-ado--collectif-seuil
- Germinal, d'Émile Zola (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/843968-germinal-emile-zola-folio
- Les Misérables, de Victor Hugo (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/11354695-les-miserables-victor-hugo-folio
- E = mc2 mon amour, de Patrick Cauvin (éd. le Livre de poche) https://www.librairiedialogues.fr/livre/185907-e-mc2-mon-amour-roman-patrick-cauvin-le-livre-de-poche
- Élisée, avant les ruisseaux et les montagnes, de Thomas Giraud (éd. Contre-allée) https://www.librairiedialogues.fr/livre/16687921-elisee-avant-les-ruisseaux-et-les-montagnes-thomas-giraud-contre-allee
- Ciel bleu, de Galsan Tschinag (éd. Métailié) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18909888-ciel-bleu-une-enfance-dans-le-haut-altai-galsan-tschinag-anne-marie-metailie
- L'Invention de Louvette, de Gabriela Trujillo (éd. Verticales) https://www.librairiedialogues.fr/livre/18955179-l-invention-de-louvette-roman-gabriela-trujillo-verticales
- le Petit Prince, d'Antoine de Saint-Exupéry (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/392754-le-petit-prince-avec-des-aquarelles-de-l-auteur-antoine-de-saint-exupery-folio
- Alice au pays des merveilles, de Lewis Carroll (éd. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/8194310-les-aventures-d-alice-au-pays-des-merveilles---lewis-carroll-folio
- L'Étranger, d'Albert Camus (ed. Folio) https://www.librairiedialogues.fr/livre/440374-l-etranger-albert-camus-folio
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