Giraudoux, ou comment badiner l'indicible ?
La légèreté du désespoir
Pour moi un des meilleur texte sur 14
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Tous ceux qui vont être braves pour la première fois allument plus tendrement leur cigarette. Celui-là sent au fond de lui un lointain sommeil, le sommeil d'après la bataille et bâille. Notre ignorance de la guerre pèse subitement sur nous comme à la veille d'un examen. S'il faisait clair, nous repasserions notre théorie. Nous nous sentons coupables d'avoir négligé nos enrayages, nos déploiements. Mais surtout nous pensons sans cesse au premier blessé, au premier mort du bataillon. Tout notre entendement butte contre ce premier cadavre. Nous comprenons le second, le troisième et, vers le centième, nous-même nous nous étendons. Mais soudain, malgré nous, le premier mort que nous avions enfin couché dans notre esprit s'anime, se relève, et tout est à recommencer. Quand un soldat allume sa pipes, nous frémissons, en voyance visage qui s'illumine, comme s'il se désignait par cette clarté pour la mort. Nos épaules s'alourdissent, nous vieillissons. Nous errons sans repos dans cette ombre qui rend la victoire à peine plu désirable que le jour. - C'est toi? - Oui c'est moi, avec, tremblotant un peu, un immense courage ...
C'est la guerre dans sa quatrième semaine, au dimanche exact où elle aurait du d'adoucir et devenir chasse.
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Les Jeux olympiques de littérature
Louis Chevaillier
Éditions Grasset
« Certains d'entre vous apprendrez que dans les années 1912 à 1948, il y avait aux Jeux olympiques des épreuves d'art et de littérature. C'était Pierre de Coubertin qui tenait beaucoup à ces épreuves et on y avait comme jury, à l'époque, des gens comme Paul Claudel, Jean Giraudoux, Paul Valéry et Edith Wharton. Il y avait aussi des prix Nobel, Selma Lagerlof, Maeterlinck (...). C'était ça à l'époque. C'était ça les années 20. Et c'est raconté dans ce livre qui est vraiment érudit, brillant et un vrai plaisir de lecture que je vous recommande. »
Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
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