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EAN : 9791021004993
304 pages
Tallandier (07/05/2015)
4.03/5   30 notes
Résumé :
Agrippine la Jeune appartient à la lignée des femmes dangereuses, des empoisonneuses, des séductrices, entre Médée et Lady Macbeth. Son plus grand crime ? Avoir porté un monstre à la tête de Rome ! Car Agrippine la Jeune est la mère de Néron, le tyran qu'on accusa de tous les vices, le premier persécuteur des chrétiens. Pour déposer la couronne de lauriers sur la tête de son fils et gouverner Rome à ses côtés, Agrippine souilla ses mains du sang d'innocents, s'offri... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Voilà un ouvrage qui, autant que la biographie qu'il dresse, fait le point sur tout ce qui a été publié à propos de cet étonnant personnage qu'a été Agrippine, la mère de Néron.

Et voilà encore que je présente encore une femme relativement à un homme. Mais dans ce cas c'est un peu obligatoire. Car à l'époque où vécut cette femme ambitieuse et courageuse, ses semblables du deuxième sexe n'avaient pas voix au chapitre en matière de politique et gouvernance. Loin s'en faut, quelles que fussent leurs qualités et capacités. Pourtant dans les deux domaines précités, Agrippine pouvait en remontrer à beaucoup de ses congénères masculins.

Si je devais traduire en trois mots l'impression que me laisse cet ouvrage de Virginie Girod, ce serait objectivité, exhaustivité et crédibilité. Tout cela évidemment dument soupesé relativement à ma culture en histoire qui si elle se targue d'une réelle appétence en la matière est sans commune mesure avec ce que me confirme ce second ouvrage que je lis de la main de Virginie Girod.

Dans le rapport sexiste qui de tous temps a opposé homme et femme avec la relation de domination que l'on sait depuis que la faute originelle a été attribuée à cette dernière, Virginie Girod fait la part des choses avec, à mes yeux, une grande objectivité entre l'intelligence et la possibilité laissée à celui ou celle qui en était doué de la faire valoir. On ne trompera personne en affirmant pour ce qui est du faire valoir que nos consoeurs ont eu à contourner l'obstacle en faisant plus largement usage de leur charme. Qualité physique dont, selon Virginie Girod, Agrippine a eu à user avec plus de modération que ce que l'histoire a bien voulu colporter. L'objectivité est une disposition d'esprit d'autant plus difficile à soutenir qu'il est illusoire de prétendre juger une époque avec les critères psycho sociaux et moraux d'une autre. Dans la Rome Antique une femme aussi intelligente qu'elle fût ne pouvait faire valoir cette qualité en la transposant en décisions et actions que par le truchement d'un homme. Pour Agrippine cet homme ce fut Néron, son fils. Les autres, ses époux en particulier, n'ayant été que des marches pour accéder au pouvoir. Néron, né Lucius Domitius Ahenobarbus, fut malheureusement pour elle un mauvais levier pour faire valoir son intelligence politique. Mauvais au point de provoquer sa perte de la plus cruelle façon.

L'exhaustivité que j'évoque n'a rien à voir avec l'épaisseur d'un ouvrage qui ne négligerait aucun détail de la vie de son sujet. L'exhaustivité je la trouve dans la somme considérable de notes, tables, organigrammes généalogiques et références ajoutés par l'auteure en fin d'ouvrage, lesquels témoignent de l'étendue des connaissances de cette dernière dans sa discipline, du formidable travail de documentation mené à bien, de l'inventaire historiographique foisonnant ayant trait à cette femme hors du commun.

Cette objectivité, ce formidable travail d'étude et de construction de son ouvrage présentent à mes yeux d'amateur de la discipline une grande crédibilité dans chacune des allégations qui construisent cet ouvrage. Cette crédibilité, Virginie Girod la doit à l'analyse critique fouillée qu'elle fait des sources laissées à notre connaissance par l'érosion du temps. Il y a celles des contemporains d'Agrippine : Pline l'ancien, Sénèque, celles des historiens décalés mais ayant eu peu ou prou accès aux archives du palais : Suétone, Tacite, Don Cassius, et tous ceux plus tardifs qui n'ont fait qu'exploiter et interpréter les premiers. Profitant au fil des siècles de l'avancée des recherches et progrès dans les sciences afférentes : archéologique, numismatique, épigraphique, ethnographique, neuro sciences et tant d'autres. L'analyse critique qu'elle fait des différentes sources prenant en compte le contexte dans lequel les auteurs rédigeaient leurs ouvrages, tel un Suétone qui voulait plaire à son mentor Hadrien, un empereur de la dynastie succédant aux julio-claudiens, les antonins ou encore un Tacite « qui se montrait un impitoyable moraliste » vis-à-vis de femmes lorsqu'elles sortaient de leur rôle décoratif.

C'est donc mis en confiance par ces qualités que j'attribue aux deux premiers ouvrages que je lis de la main de Virginie Girod que je vais faire connaissance avec Théodora, l'impératrice de Byzance qui a fait ses premières armes dans le plus vieux métier du monde.
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La récente lecture de "La Véritable Histoire des Douze Césars" ayant avivé mon goût pour les méandres tumultueux de l'Empire Romain et l'écriture et la réflexion de Virginie Girod m'ayant convaincue, j'ai récidivé avec "Agrippine: sexe, crimes et pouvoir dans la Rome Impériale".
Cet ouvrage m'attirait d'autant plus que j'ai un faible pour les figures controversée et qui semblent plus proches parfois de la légende (noire) que de la réalité historique, ces figures dont on croit savoir beaucoup sans toutefois en savoir assez. Et Agrippine, quelle figure!
Arrière-petite fille d'Auguste (et de Marc-Antoine), soeur de Caligula, épouse (et nièce!) de Claude, mère de Néron... Elle est sans doute une des femmes les plus célèbres de l'Antiquité Romaine.
Ambitieuse, cruelle, manipulatrice, prête à aller jusqu'au crime pour le pouvoir et son fils, Agrippine n'a pas été épargnée par l'historiographie qui ne lui pardonne pas, sans doute, d'avoir mis sur le trône des Césars l'infâme Néron. Pas plus qu'elle ne lui pardonne d'avoir été une femme de pouvoir dans une Rome profondément misogyne, que cela passe par la plume de Suétone, de Tacite ou de Dion Cassius. C'est ainsi, L Histoire est écrite par les vainqueurs qui laissent des vaincus l'image qui les arrange…

En se penchant sur la figure de la mère de Néron, immortalisée aussi par les vers de Racine, Virginie Girod accomplit un travail absolument passionnant. Patiemment et avec érudition, elle s'attache à retracer la vie de la marâtre de Britannicus, en veillant toutefois à faire la part des choses entre légende et réalité, mythes et faits incontestables. Il en ressort une Agrippine sans doute moins scabreuse ou cruelle que ce qu'on croit mais toute aussi passionnante: manipulatrice, ambitieuse, redoutable et parfois criminelle certes, mais intelligente, humaine et résiliente aussi.
Par ailleurs, l'historienne prend le temps de s'arrêter longuement sur la généalogie de son sujet et sur son histoire, extrêmement violente. En effet, pour elle, on ne peut comprendre Agrippine si on ne saisit pas aussi le contexte, le milieu -familial et sociétal- qui l'ont forgée. La démonstration est passionnante et brillante.
Pour la soeur de Caligula, rien ne fut simple et quand on sait à quel nid de serpents ressemblait la dynastie des Julio-Claudiens, où chaque membre de la famille était prêt à n'importe quel fratricide pour obtenir le pouvoir, on peut comprendre qu'Agrippine n'eut parfois pas d'autre choix que celui de la lutte, quel qu'en soit le moyen… C'est d'autant plus vrai qu'elle n'était qu'une femme et peut-être la plus puissante de son temps, à une époque où seuls les hommes se targuaient d'en disposer.

Sans aller jusqu'à la réhabilitation complète de l'impératrice (certains faits sanglants sont tout de même avérés), Virginie Girod nous offre donc un portrait inédit d'Agrippine et qui se veut le plus authentique possible, à la lumière des connaissances acquises récemment. Un portrait riche qui rend hommage à la complexité d'Agrippine, qui n'était pas que le monstre décrit par Suétone, qui avait certes sa part d'ombre mais aussi sa part d'humanité. Etrangement cela la rend bien plus fascinante que l'image monolithique qu'on a souvent.
Archéologie, neurosciences, Histoire, textes canoniques ou moins connus se croisent et permettent à l'auteur de nous offrir un ouvrage érudit, rationnel et éclairé sur la plus célèbre des romaine.
Un délice... qui m'a laissé un gout amer: si Agrippine avait été homme plutôt que femme, ses actes seraient sans doute passés à la postérité pour de clairvoyantes manoeuvres politiques, pas pour des iniquités dictés par la soif de sang et de pouvoir.
C'est dommage quand même.
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Dans le moteur de recherche du réseau des médiathèques, j'ai tapé littérature féminine et il m'a proposé un ouvrage de Virginie GIROD. Elle est historienne et chroniqueuse et enseigne l'Histoire Antique à Caen, ville où j'ai grandi.
Agrippine - Sexe, crimes et pouvoir dans la Rome impériale" est un ouvrage passionnant. L'autrice revient sur le contexte historique, politique et géographique. Agrippine est la soeur de Caligula et la mère de Néron qui l'a fait assassinée. Elle est membre de la dynastie Julio-Claudienne. Sa mère est Agrippine l'Ancienne et son père Germanicus qui devait succéder à Auguste. Mais ce dernier choisit arbitrairement Tibère soutenu par sa mère. Les rapports du clan Julio-Claudien sont affectés par les intrigues, les ambitions, les assassinats, les jalousies, les antipathies et surtout le pouvoir. le contre-pouvoir du Sénat était bien insignifiant contre cette dynastie capricieuse et névrosée. Les femmes étaient intelligentes, courageuses, audacieuses mais aussi gangrénées par le pouvoir. Les coups-bas, les traîtrises et les mensonges étaient fréquents. Et les familiers des Julio-Claudiens tiraient aussi les ficelles d'un jeu macabre, tel que Lucius Aelius Séjan, l'oreille attentive de Tibère. Un vrai nid de vipères. Tibère mort, il est remplacé par Caligula. Agrippine, la Jeune a été mariée à 13 ans. Elle a eu un seul enfant, un fils nommé Lucius Domitius Ahénobarbus. Il prendrait le surnom de Néron, lorsque son oncle, Claude l'adoptera. Une malédiction s'attache à Néron. Comme Caligula, Néron était né les pieds en premier.
Pour intervenir dans la vie politique, les femmes ambitieuses du clans ne pouvaient le faire qu'à travers un homme. C'est ce que fit Agrippine en épousant son oncle Claude. Ce dernier succéda à Caligula. Elle a été la première impératrice à porter le surnom d'Augusta du vivant de son époux. Par manipulation, elle réussit à remplacer dans l'ordre de succession Britannicus, le fils légitime de Claude. La place importante d'Agrippine la Jeune dans la vie publique et politique romaine est soulignée par la frappe monétaire.
Virginie GIROD est une conteuse patiente et fascinante. C'est un très bon ouvrage érudit.
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Sentiments ambivalents à propos de ce livre dont le sous-titre donne un aperçu du ton, puisqu'il semble qu'il faille pour certains maintenir le niveau autant que faire se peut sous la ceinture. Et l'Agrippine en question est forcément la Jeune. Sa mère, Agrippine l'Ancienne, a eu une vie tout autant tumultueuse et fascinante, mais moins sulfureuse sans doute, d'où une propension à l'oubli la concernant. Injuste histoire!
Au crédit de ce livre, je porte le fait que l'auteur ne prenne jamais pour argent comptant la narration des sources anciennes qui aura été par tant d'autres si souvent reprise , recopiée, ânonnée sans aucune remise en question. Ainsi par exemple l'épisode de la tentative d'assassinat par noyade d'Agrippine fin mars 59 lors des fêtes de Minerve dans la baie de Naples pose bien des questions qu'analyse finement Virginie Girod et à qui des reconstitutions ultérieures donnent finalement raison (en effet, des passionnés ont fabriqué à l'échelle une maquette de l'embarcation piégée et ont démontré sur un plan d'eau que les choses n'ont pas pu se dérouler selon le récit "officiel", soit que l'embarcation ne coule pas, soit qu'au contraire elle coule trop vite, rendant peu probable, voire impossible, une fuite à la nage jusqu'au rivage).
Plus tôt dans le récit, Virginie Girod dissèque fort bien les circonstances troubles de la mort de Claude au cours du funeste banquet commémoratif de Fides et Honor ( l'histoire n'est jamais à court d'ironie!). Elle ne tranche pas sur la culpabilité éventuelle d'Agrippine en invoquant notamment des notions de chimie organique sur l'art de préparer les champignons vénéneux. Mes connaissances dans le domaine ne m'autorisent pas à émettre un avis sur ce point. Toutefois, s'il n'y a pas eu crime, remarquons tout de même que la suite montre qu'Agrippine avait pensé à tout. C'est-à-dire à isoler le Palatin, maintenir la fiction d'un Claude en proie à une indigestion qui de fait ne doit pas recevoir la visite de ses enfants naturels ,Britannicus et Octavia, le temps sans doute que Sénèque prépare le discours que le fils adoptif Néron devra prononcer devant les cohortes prétoriennes afin de placer le Sénat devant le fait accompli du choix d'un nouveau César (bis repetita, i.e. c'est peu ou prou une redite de ce qui s'était passé à l'avènement de Claude quand les prétoriens avaient forcé la main des sénateurs avec Agrippa de Judée en planton coureur entre les Pères Conscrits et les Prétoriens, mais l'affaire avait été plus longue, un mois de tractation!).
Virginie Girod ne manque pas de noter aussi la place singulière que prend ensuite Agrippine comme en atteste la numismatique des premiers temps du nouveau principat . Toutefois, peut-être ai-je tort, mais je crois y déceler une admiration pour le personnage qui confine à une sorte de célébration d'un "MLF" bien avant l'heure. Car il ne me semble pas qu'Agrippine ait jamais chercher à améliorer la condition de la matrone (pas de MLM, Mouvement de Libération des Matrones!), inspiration dont elle se serait faite le porte-étendard (elle aurait eu bien du mal, les étendards n'existaient pas non plus l'époque!). Je pense qu'Agrippine était un membre de la famille "régnante" (guillemets de circonstance, eu égard à la détestation de toute idée de monarchie chez les Romains) dévoré d'une ambition qui ne pouvait s'assouvir que via la pourpre posée sur les épaules d'un fils qu'elle pensait pouvoir manipuler à sa guise.
Malgré ces quelques petites préventions de ma part, c'est un livre que je peux recommander, faute de mieux
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Quand la plupart des biographies concernant l'empire romain sont centrées sur des hommes, celle ci nous permet de découvrir une des femmes les plus influentes de cette époque, et je dirait même de tout les temps.

Agrippine la Jeune, soeur de Caligula, épouse de Claude (son oncle, soit dit en passant...), et mère de Néron, aura marqué l'histoire par ses manoeuvres rappelant Machiavel mais bien des siècles avant. Une époque politiquement instable, où les conspirations et meurtres sont monnaie courante.

De sa jeunesse, où l'épée de Damoclès qui planait constamment au dessus d'elle l'a persuadée que le pouvoir était tout et peu importe comment l'obtenir, jusqu'à sa chute brutale due à son propre fils, ce livre explique dans un style très clair les événements importants et la personnalité atypique de cette femme qui a marqué l'Histoire de Rome.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Hélas, elle était femme et ses ambitions ne pouvaient se concrétiser qu'à travers un homme, de préférence celui sur lequel elle était sûre de pouvoir exercer pleinement son autorité, celui qui ne la répudierait jamais, son fils.
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Il n'est pas impossible qu'Agrippine ait eu les yeux bleus comme Néron mais aucune source ne nous renseigne à ce sujet. Le nez droit était un peu fort, encore une fois plus proche de celui de Germanicus que de celui d'Agrippine l'Ancienne. La bouche, finement ourlé, était plutôt petite, le maxillaire un peu large. On connaît, grâce à Pline l'Ancien, une particularité de sa dentition. Elle avait une canine surnuméraire du côté supérieur droit, ce qui était considéré comme un signe de chance.
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Qui étaient vraiment les premiers empereurs de Rome ? Si je vous dis César, Néron, Caligula… Vous associez sans doute leur nom à l'épithète : tyran ou dictateur. Et pourtant, ce n'est pas toujours la vérité historique.
« La véritable histoire des douze Césars », de Virginie Girod, c'est à lire en poche chez Pocket.
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