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Critique de mfrance


Alma Schindler eut l'insigne honneur de recevoir, à titre de déclaration d'amour de Gustav Mahler, la dédicace de la 5ème symphonie du maître avec son sublime adagietto , celui-là même qui orna somptueusement le film de Visconti « Mort à Venise ».
Alma Mahler mérita-t-elle vraiment cette fabuleuse distinction ? On peut se le demander au vu des relations houleuses qu'elle entretint avec son mari. Pour Françoise Giroud, nul doute que oui, elle le valait bien ! Mais, on n'est pas obligé de la croire.
Sa créativité aurait été bridée par son mari ? Soit. Certainement ! N'oublions pas qu'au début du vingtième siècle, le rôle de la femme était habituellement d'être au service de son époux et rien d'autre. Et Mahler était plutôt du genre exigeant. « Tu dois soumettre ta vie future dans tous ses détails à mes besoins et ne rien désirer que mon amour ». Rien que cela ! Autrement dit, tu n'existes pas par toi-même. Alma a accepté. Ayant vingt ans de moins que lui, elle a sans doute été subjuguée par la personnalité écrasante de son futur époux au point d'en perdre tout sens critique !
Dans ce rôle d'épouse soumise, Alma a dû trouver le service dur (et on la comprend), elle dont les aspirations intellectuelles étaient bien réelles. Mais que valait son talent à l'aune de celui d'un compositeur exceptionnel ? Qui ne l'oublions pas est un des plus grands, sinon le plus grand génie musical du siècle dernier !
La question se doit d'être posée car, après le décès de Gustav Mahler, que n'a-t-elle donné libre cours à son talent de compositrice et enfin se réaliser pour transmettre une grande oeuvre à la postérité ? …. eh bien, non, pas vraiment.
Donc, contentons-nous de nous référer au titre de l'ouvrage « l'art d'être aimée ». Et c'est là sans doute que réside son plus grand talent : prendre les hommes aux filets de son indéniable séduction et les accrocher à son tableau de chasse !
Et j'insiste sur le terme « tableau de chasse ». Car Alma Schindler, en manipulatrice de talent, donne vraiment l'impression de vouloir épingler les génies, leur servir de muse, voire les asservir, histoire de se sentir exister et manifester son pouvoir sur les autres ! (Du moins, c'est l'image bien réductrice
qu'en donne Françoise Giroud !)
Et le choix est vaste, avec dans l'ordre d'apparition de ses admirateurs, maris ou amants : le peintre Klimt, le compositeur Zemlinsky, Mahler, l'architecte Gropius, le peintre Kokoschka, le romancier Werfel …. quelle superbe liste !

Mais revenons à sa tumultueuse relation avec Gustav Mahler, qui fut son premier époux.
A la question posée à Mahler : Pourquoi créez-vous ? Il répondra « tisser le vêtement vivant de Dieu, ce serait au moins quelque chose ... ».
Qu'a donc à offrir cette femme frivole, tellement désireuse de plaire aux hommes, à la soif d'absolu de son époux, elle qui, si elle admire le chef d'orchestre, ne percevra jamais le génie créateur de son mari ?
Et lui bien sûr, en permanence juché sur les sommets de la création, ne se rendra jamais compte des efforts qu'elle déploie pour lui rendre l'existence facile, elle qui s'emploiera à organiser au mieux le quotidien d'un mari distrait !
D'où une incompréhension fondamentale entre ces deux êtres ! Qui sera amplifiée lors du décès de leur fille à l'âge de quatre ans et qui mènera Alma jusqu'à l'infidélité avec Walter Gropius en précipitant Mahler dans le désarroi et le désespoir !

Le portrait tracé par Françoise Giroud n'est pas particulièrement sympathique et amène à se demander ce qui, en Alma Schindler, a pu susciter autant d'amour ! D'autant plus que d'après l'auteur «  elle (Alma) est toujours persuadée qu'on lui doit plus qu'on ne lui donne puisqu'on se doit à elle tout entier » !
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