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EAN : 9782253107804
448 pages
Préludes (24/08/2016)
3.94/5   272 notes
Résumé :
Quand Helena Jans van der Strom arrive à Amsterdam pour travailler chez un libraire, la jeune femme, fascinée par les mots, a appris seule à lire et à écrire. Son appétit pour la vie et sa soif de connaissance trouveront des échos dans le cœur et l'esprit du philosophe René Descartes. Mais dans ce XVIIe siècle d'ombres et de lumières, où les penseurs sont souvent sévèrement punis, où les femmes n'ont aucun droit, leur liaison pourrait les perdre.
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Critiques, Analyses et Avis (122) Voir plus Ajouter une critique
3,94

sur 272 notes
Quel portrait de femme étonnant nous livre là Guinevere Glasfurd ! Au point qu'on en oublie totalement presque Descartes. Franchement, pour moi, l'attrait principal de Les mots entre mes mains ne fut pas de connaître les tenants et aboutissants de la liaison du grand philosophe avec une servante, lors d'un de ses exils aux Pays-Bas ; mais bien de partager avec Helena Jans, la vie des femmes de son époque et de sa condition. Et que dire de cette quête des mots et du langage, cette opiniâtreté à vouloir s'approprier l'écriture à la plume avec toutes les difficultés matérielles que cela supposait : comment se procurer l'encre, le papier ? Comment ne pas gâcher le peu qui a été donné ? Et ce geste de lisser la plume entre ses doigts juste avant de la tremper dans l'encrier et de commencer à écrire… Et tout cela, en secret, avec la peur d'être découverte car au XVIIème siècle, c'était sacrilège de vouloir instruire les filles, même de bonne famille, alors que dire des servantes…

"– « Qu'est-ce qu'il a, ton bras ?
– C'est rien.
– Non, c'est pas rien ! » Elle remonte ma manche. « de l'écriture ? Il y a des mots sur ta peau. Partout ! »
Elle essaie de s'expliquer cette éruption étrange, frotte dessus avec son pouce.
« C'est arrivé comment ?
– Je les ai écrits »."

Une enfant va naître des amours de Descartes et d'Helena. le philosophe va alors gérer cette situation en grand-homme (au regard bien sûr de son époque) avec le souci premier d'éviter le scandale pour continuer ses recherches et son oeuvre, tout en conciliant sa paternité et sa relation avec Helena. Ce qui forcément, ne sera pas simple : on ne peut disposer des êtres comme des choses et son ancienne servante n'a pas l'intention de jouer le rôle qu'il compte lui assigner.

"Mais s'il ne remarque pas que je m'en vais, je ne sais plus dans quel monde je suis désormais : un monde qu'il a organisé pour son plaisir – à l'encontre des règles et de celles que je suivais jusqu'alors ? Serais-je surprise si je me réveillais un jour pour découvrir que, finalement, la Terre tourne et que Dieu a disparu ?"

Helena veut un avenir pour sa fille. Cette enfant va la pousser à établir cette fameuse liste (que je vous laisse découvrir) et qui va être le fil rouge de sa vie…

Guinevere Glasfurd nous plonge vraiment dans l'univers de cette époque ; que ce soit le monde des lettres et des sciences du XVIIème, les enjeux et les tâtonnements des recherches de Descartes et leur réception auprès des savants du monde occidental, la condition féminine, le parcours d'un livre de sa rédaction à l'objet imprimé jusqu'à sa diffusion… tout est juste et crédible !

Le seul reproche que je ferai, c'est le rythme du récit qui aurait mérité d'être un peu plus soutenu, surtout dans la première partie, mais là, je chipote ! Car ce rythme colle malgré tout bien à l'histoire.

Et pour finir sur une jolie note, j'ai aimé ce clin d'oeil à Virginia Woolf :

"J'ai une chambre à moi.
Je ne compte plus les jours".
Lien : https://page39web.wordpress...
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Le roman se déroule aux Pays-Bas entre 1634 et 1640...
Helena quitte son milieu familial après la mort de son père et entre au service de Monsieur Sergeant, un libraire d'Amsterdam.
Elle a appris à lire seule et forme des mots avec ses doigts.
Elle essaiera ensuite avec des plumes qu'elle prépare pour son maître.
Elle a des dons pour le dessin.
C'est là qu'elle fera connaissance avec René Descartes.
Ils vont vivre une aventure sentimentale et auront une petite fille pour qui Descartes éprouvera une grande affection.
Ils ne se marieront jamais : une servante et un écrivain de sa condition, cela ferait scandale.
Pendant leur vie commune, on fait connaissance avec un certain Limousin, le valet de Descartes et on assiste aux nombreuses dissections que Descartes effectuait sur les animaux.
C'est aussi le temps où Descartes était en pleine rédaction de son fameux "Discours de la méthode".
C'est un magnifique roman qui présente Helena comme une femme fière et battante , qui tient la maison, élève sa petite fille, effectue des croquis des expériences de Descartes et d'autres dessins car elle a un don et elle sait se faire respecter.
le récit n'ignore pas cette étape de la vie de Descartes considérée comme une des plus heureuses de sa vie.
La dernière partie du livre apparaît comme la plus romancée, où l'auteure a pris le plus de liberté par rapport aux faits.
J'ai beaucoup apprécié ce roman de Guinevere Glasfurd et l'écriture très bien traduite de l'anglais par Claire Desserey.

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On connait beaucoup de choses sur René Descartes, son Discours de la Méthode en a fait l'un des fondateurs de la philosophie moderne, mais finalement, on ignore presque que tout de sa vie personnelle, amoureuse.
"Les mots entre mes mains" a l'ambition de combler ce vide, d'utiliser la force de l'imagination pour reconstituer, à partir de bribes d'archives, des pans de vie du philosophe.

Le résultat est solide et cohérent. le résultat est convaincant, je suis bluffée.

Helena a bel et bien existé.
Elle savait bel et bien écrire.
Et elle a bel et bien eu une fille avec Descartes.

Voilà trois des lignes directrices de ce roman, voilà les trois lignes directrices d'une femme bien différente de celles de sa condition à l'époque. Tout opposait Descartes et Helena : leur situation, leur religion, son travail à lui, son travail à elle. Tout les opposait, mais pourtant... un enfant est né de son union, une petite fille que Descartes a reconnue.

L'auteure construit avec la rigueur d'un chirurgien ce qui a pu se produire entre eux. L'amour, la passion, les difficultés et autres obstacles, l'obsession, la tendresse... J'ai énormément aimé les risques que Guinevere Glasfurd a décidé de courir, L Histoire est passée au service du roman et elle nous dresse un portrait passionnant et fidèle de l'époque. L'écriture sied parfaitement à la trame, elle ne tombe pas dans une langue qui aurait pu sembler archaïsante, mais offre un langage suffisamment travaillé pour nous emmener dans un voyage dans le temps. Entre ces lignes, entre ces mots, nous sommes là, avec Descartes et ses explorations pour sa Méthode, avec Helena et ses questionnements, avec Descartes et Helena unis par leur amour. Entre ces lignes, j'ai vibré, ressenti de la fureur face à l'injustice, et j'ai été attendrie...

L'ouvrage refermé, j'ai senti la curiosité de me plonger dans la vie de Descartes pour démêler le vrai de l'imagination, et la frontière est mince, très mince.

Un livre à découvrir et à savourer...
Lien : http://lelivrevie.blogspot.f..
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Un bon roman historique, mêlant habilement fiction et éléments avérés de la vie d'Helena Jans et de René Descartes.
Le personnage d'Helena est particulièrement attachant, on suit son évolution avec grand plaisir, de ses premiers pas en tant que servante à la fin de la vie de Descartes, en passant par son apprentissage de l'écriture, fait rare pour une jeune fille de sa condition.
C'est un texte intéressant d'un point de vue historique, qui se situe au coeur des Pays Bas dans la première moitié du 17ème siècle, et qui donne un certain éclairage sur la vie et l'oeuvre du célèbre penseur.
C'est également une très jolie histoire d'amour qui ne tombe jamais dans la mièvrerie.
Je conseille donc ce roman, notamment à tous les amoureux des romans historiques.
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Je n'ai pas vraiment réussi à suivre Helena et Monsieur Descartes
L' histoire entre cette jeune servante et le célèbre philosophes aurait pu être intéressante.
Histoire d'amour pas si éphémère à Amsterdam au 17 ° siècle
Helena est une femme battante qui fera tout pour sortir d'un destin tout tracé , apprendra à lire ce qui n'était pas une mince affaire à l'époque
Le livre se concentre uniquement sur elle, Descartes restant un personnage quasi inexistant
C'est un choix assumé de Guinevere Glasfurd de nous raconter l'histoire d'une femme attachante , féministe avant l'heure
Le problème c' est que l'écriture reste assez plate et l'ensemble un peu trop convenu
Elle n'arrive pas à nous immerger dans l'époque qu'elle décrit
J'ai pensé à Gaëlle Josse Les heures silencieuses et aussi à Tracy Chevalier La jeune fille à la perle , des livres marquants ,beaucoup plus travaillés et qui plongeaient le lecteur au coeur même de l'action
Ici, c'est un livre agréable certes mais je suis resté simple spectateur
Mention honorable pour un premier roman
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Citations et extraits (57) Voir plus Ajouter une citation
Je recule quand l'un d'eux m'aperçoit - mais il me regarde sans me voir. J'entends parler hollandais, français et d'autres langues que je ne connais pas : le monde entier s'est donné rendez-vous ici. Pourtant, pas une femme n'en franchit le seuil, pas même une servante pour passer le balai - est-ce parce que penser ne fait pas de poussière ? Ma lettre n'est ni un parchemin, ni un livre - et je ne suis pas un homme.
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Discours de la méthode
Pour bien conduire sa raison
Et chercher la vérité dans les sciences
...
Il décrit un cœur pendant plusieurs pages. Je connais ce travail, je m'en souviens : j'ai frotté le sang sur sa table, jeté les restes d'animaux dans la casserole....
Le passage se termine par des différences entre les hommes et les animaux.
L'âme n'est point sujette à mourir avec le corps...

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Si j’ai des plumes, je n’ai ni encre ni papier, et encore moins d’argent pour m’en procurer. Sur le seuil de la porte de la cour, je réduis en poudre du charbon de bois ; je passe la journée à frotter pour effacer les taches. Il ne permet pas d’obtenir une encre de bonne qualité, pas plus que la suie ; le sang coagule et bouche le bec ; le cacao ne se dissout pas dans l’eau froide. Si la betterave produit une ravissante encre rose, je dois mettre le jus à réduire très longtemps et M. Sergeant se plaint de l’odeur. Je n’ose pas me servir dans son thé, alors je trempe ma plume dans le fond de sa tasse ; les mots brillent autant que de l’ambre, mais s’effacent en séchant et il ne reste que leurs fantômes. De tous les produits que j’ai testés, c’est la betterave qui donne les meilleurs résultats.
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"Je suis désolé, je ne peux vous l'acheter. Tel qu'il est, il n'a aucune valeur.
- Il ne peut pas n'avoir aucune valeur.
- Je vais vous faire la démonstration." Il retourne la page de titre. "Ainsi, il pourrait se vendre." Je ne comprends pas. Il la remet à l'endroit, avec mon nom dessus. "Là, il ne se vendra pas."
- Il retourne la page une nouvelle fois ; mon nom est caché. "Là, oui,
- Oh !
- Aucun homme n'achètera un livre écrit pas une femme...
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Je ne sais toujours pas si sa maison penche vers la gauche ou si ce sont les fenêtres qui penchent vers la droite. Peu après mon arrivée, je me suis mise sur le trottoir et j'ai incliné la tête sur le côté et de l'autre, pour voir si cela suffirait à la remettre d'aplomb, ce qui a beaucoup fait rire M. Sergeant. Il souffre de crises de goutte qui le font boîter. Ils forment une drôle de paire, l'étroite bâtisse hollandaise de guingois et l'Anglais rondouillard à la patte folle ; il n'y a de ligne droite ni chez l'un ni chez l'autre.
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