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Sophie Aslanides (Traducteur)
EAN : 9782351782941
608 pages
Gallmeister (01/06/2023)
3.96/5   48 notes
Résumé :
La petite ville côtière de Vigil Harbor est un havre de paix pour ses habitants dans une Amérique qui n’arrive plus à échapper aux tensions d’un monde de plus en plus dangereux. Alors que des attentats ont régulièrement lieu et que les ouragans se multiplient, les habitants de Vigil Harbor tentent de se construire un quotidien rassurant. Qu’il s’agisse d’Austin, architecte renommé pour sa construction de maisons résistant aux tempêtes, ou de son beau-fils Brecht, re... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Vigil Harbour – le nom a son importance – petit port tranquille du Massachussetts. Nous sommes dans un futur très proche. Dans cette petite ville riche et protégée de la côte Est des États-Unis, la pandémie a durement frappé pendant la décennie précédente, et plus récemment, la tempête Cunégonde a causé de considérables dégâts, mais peu de choses en comparaison des tremblements de terre qui ont dévasté Kyoto et San Francisco. À cause du dérèglement climatique, il n'y a presque plus de poissons dans les océans. Brecht a plus ou moins 22 ans, on ne sait trop dans ce chapitre où c'est lui qui raconte son histoire. Son père est mort quand il avait 8 ans, pendant la première épidémie de corona virus. le jeune homme a abandonné ses études universitaires à New York et il est revenu vivre chez sa mère, Miriam, et son beau-père, Austin, un architecte à succès. Brecht travaille avec Celestino, un immigré guatémaltèque de longue date, pépiniériste doué et consciencieux, pratiquement le seul habitant de Vigil Harbour qui n'a pas la peau blanche. Celestino travaille pour Austin et pour ses clients. Brecht souffre de SPT : il a été témoin d'un attentat à la bombe à New York et on comprend bien qu'il est loin d'être remis de ces visions d'horreur.
***
Incluant Brecht, on suivra ainsi huit personnages qui racontent leur histoire dans des chapitres titrés de leur nom. Julia Glass excelle dans cette histoire à plusieurs voix. Elle distingue de manière appréciable et pertinente les narrateurs grâce aux différences de niveaux de langue (les jurons de Pétra), de tons (les sarcasmes de Margo et la naïveté d'Egon), etc. S'ils ont tous des expériences communes, les différents traumatismes de leur passé, qui leur reviennent souvent à la mémoire, et les inévitables compromis de leur présent en font des personnages uniques, construits, fouillés et, à un moment ou à un autre, touchants. Quelques chapitres en italique parsèment En ces temps de tempêtes. Un narrateur à la troisième personne nous y éclaire sur certaines situations du passé, voire du présent. Si le premier chapitre situe Vigil Harbour, un autre nous donne plus de détails sur le mystérieux personnage d'Issa, un autre encore nous montre un personnage que tout le monde cherche alors qu'il se cache et grelotte sous la pluie. Non, je ne dirai pas de qui il s'agit… Certains personnages ne sont vus que par les yeux des autres : Issa, Deeanne, Ernesto, Celestino…
***
Momentanément, pris par l'histoire des personnages qui tâchent de vivre aussi bien que possible dans ce monde en mutation, on oublie les catastrophes passées, les attentats, la violence, le sort des immigrés clandestins. Les personnages de ce beau roman seront tous rattrapés par un présent plein de surprises, et certains aspirent à une reconstruction qui passe par la compassion et l'altruisme. Les destins de chacun s'entrecroisent, avec bonheur ou non, livrant au lecteur une part de leur vérité qui ne cadre pas toujours avec l'image qu'ils projettent. L'intrusion d'un dangereux personnage plein de charme va modifier profondément la vison du monde de certains d'entre eux. J'espère que je n'ai pas donné l'impression qu'il s'agit là d'une dystopie sinistre dans laquelle tout se passe mal ! C'est seulement la vie quotidienne dans un monde qui a changé et dans lequel il faut bien vivre. Cela n'empêche ni les bons moments, ni les naissances, ni les projets d'avenir, ni l'amour, ni l'humour. Ni les catastrophes, vous l'aurez compris... J'ai adoré ce roman : faites-vous plaisir !
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Mis en avant comme ‘'nouveauté'' à la Médiathèque et au vu des précédents billets, je me suis jetée à l'eau en découvrant le dernier roman de Julia Glass « En ces temps de tempêtes » (auteure que j'ai découverte en parallèle).
La petite ville côtière de Vigil Harbor, sur le flanc d'une falaise, est comme une petite bulle de tranquillité pour ses habitants alors que le reste de l'Amérique et du Monde connait des tensions de plus en plus importantes.
Ce sont justement les tensions et problèmes que l'on a connus et que l'on connait actuellement qui sont au coeur de ce récit : la période de covid et les confinements, les attentats, les changements climatiques… Par quelques petits indices liés à la période du Covid, on peut supposer que l'histoire se déroule dans les années 2030, donc dans un futur très proche, ce qui confère une certaine proximité entre nous, lecteurs, et les habitants de Vigil Harbor.

On suit huit habitants de cette ville, tour à tour, dans leur quotidien quand même un peu perturbé, émerge la perception qu'ils ont de cette période, en fonction de leur entourage, leur propre vécu, diverses cicatrices et quelques secrets. Que ce soit Brecht (comme le dramaturge), jeune étudiant traumatisé à la suite d'un attentat à New York ; Austin architecte et beau-père de Brecht ; Connie, qui s'occupe de jeunes enfants dans sa maison (certains parents y proposant des cours) et femme de Celestino (paysagiste et originaire du Guatemala) ; Mike, récemment divorcé, ayant deux enfants Egon et Marinda ; ou encore Petra, une journaliste d'une cinquantaine d'années, ils appréhendent les évènements différemment …
Vigil Harbor (nom dont on peut formuler des extrapolations) est une ville assez sûre pour permettre à ses habitants de se sentir en relative sécurité par rapport à d'autres villes ou agglomérations. Ainsi, par exemple, ils ne ferment pas leur logement à clé. On comprend -par ellipse- que les « étrangers » sont rares (ne sont pas autorisés à y vivre, y entrer ?) ; les ‘'étrangers'' étant ceux n'étant pas nés dans cette ville.
On a pourtant le sentiment que ‘'les étrangers'' peuvent être considérés de manière plus radicale que cela puisque Celestino, le seul dont la peau n'est pas blanche, a « de la chance » de pouvoir vivre et travailler sans problème dans cette communauté (pour combien de temps ?).

On ressent dès la première page une atmosphère pesante, du fait des sujets abordés par les narrateurs, que ce soit les problèmes climatiques (par les tempêtes qui surviennent aux Etats-Unis et ailleurs et qui pourraient les toucher, comme pris dans le tourbillon d'une apocalypse ; par l'évocation des fruits, légumes ou espèces animales disparus) ; les attentats anciens ou plus récents (parfois perpétrés par des militants écologistes extrémistes) que les habitants découvrent sur les chaines de télévision ou, pour certains, dont ils ont été victimes ; la mort (du fait de guerre, de covid) qui touche de près les protagonistes.
Le lecteur français peut être surpris par l'évocation également d'évènements tragiques survenus en France (attentats de Nice, par exemple). Cela contribue également à cette impression de réalité palpable, de réalité avec des évènements qui ont surgi dans le monde et qui pourraient s'intensifier, comme le vivent et redoutent les personnages.
On devine comme une chappe de plomb au-dessus de la ville et de ses habitants, comme des non-dits, des faux-semblants que le lecteur n'identifie pas clairement, faute d'information. Et ce sentiment de sécurité à vivre au sein de cette communauté pourrait s'effriter plus vite qu'ils ne le pensent.

L'auteure réussit à construire une histoire – qui devient au fur et à mesure presque haletante- autour de ces personnages, bien décrits, intenses, aux caractères variés, aux fêlures et faiblesses différentes. L'écrivaine a réalisé un travail en profondeur, par les descriptions, leur attachement au milieu de l'art (poésie, théâtre ou encore peinture …), la complexité des interactions, leurs ressentis, en intégrant psychologie, sociologie, maux sociétaux (homophobie, racisme, extrémisme, etc.).
Par les thèmes au coeur de l'actualité, par ces personnages captivants, par le style agréable, le lecteur est rapidement happé par l'histoire, s'attachant à un bon nombre des protagonistes, et pas uniquement aux ‘'narrateurs''. J'ai particulièrement été sensible à Brecht, à la famille de Connie et Celestino et leur jeune fils Raul…
J'avoue que l'ajout d'un élément plus « Science-fiction » m'a un peu déroutée. L'auteure aurait pu intégrer la symbolique autrement (là encore, il y a une référence à la France et particulièrement à une légende bretonne). Ça a cassé un peu mon sentiment de proximité avec les personnages, de parallèle à notre présent… Hormis ce petit bémol, j'ai vraiment apprécié cette dystopie.


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En s'appuyant sur le traumatisme de la pandémie et du confinement, sur la menace du terrorisme et sur les ravages du réchauffement climatique, Julia Glass précipite ses lecteurs dans une Amérique terrorisée par l'avenir, une Amérique de 2034.
L'écart entre notre présent et ce futur dystopique est si minime que la convention littéraire n'a d'autre mission que d'accroître l'angoisse du lecteur face à des menaces de plus en plus réalistes.

Cette plongée dans un futur proche est d'autant plus percutante qu'elle se concentre sur une Amérique protégée, une petite ville blanche où le temps semble s'être arrêté, une bourgade portuaire où il fait bon vivre. Dans cette ville fictive, Virgil Harbor, dans ce décor si familier dans l'imaginaire américain, l'auteure nous présente des habitants qui vont s'exprimer successivement sur les crises personnelles qu'ils ont vécu et sur celles qu'ils vont vivre suite à l'arrivée de 2 intrus.

Les premières lignes donnent le ton: "Imaginons que la géographie décide de nos destinées, que les lieux façonnent nos personnalités." Ainsi dans ce havre de paix, les personnages de Julia Glass tentent de donner le change, de préserver leur bulle puisqu'ils ont gagné à " la loterie géopolitique " en étant sur un promontoire qui n'est pas menacé par la montée des eaux.
Malgré cela, les habitants ont déjà été confrontés à des crises. Pour Brecht l'étudiant , il s'agit d'un attentat auquel il a miraculeusement échappé mais qui a tué son ami. Austin, son architecte de beau-père, a connu une histoire d'amour qui s'est terminée tragiquement. le mariage de deux couples est en train d'exploser, alors que des familles choisissent l'école à la maison pour ne pas exposer leurs enfants aux violences du monde. Celestino, le paysagiste, même s'il est inséré dans la vie de la communauté, sent toujours peser la menace d'une expulsion.

L'architecture des premiers chapitres est d'une grande densité et risque de perdre quelques lecteurs. En effet, l'auteure a choisi de dérouler la vie de 9 personnages, projet ambitieux qui prend tout son sens au fur et à mesure de la lecture. Lorsque le puzzle se met en place, et surtout lorsque les deux étrangers apparaissent, les problèmes du monde viennent fusionner avec les problèmes de chacun.
Autour de l'éco-terrorisme, qui n'est absolument pas justifié mais qui trouve cependant des circonstances atténuantes vu la gravité de la situation, Julia Glass transporte ses personnages dans un thriller à l'humour ciselé qui révèle la force de résilience de chacun.
Brecht, de retour à New York, s'adresse en pensée à sa mère :" Si je detaillais, je dirais ceci: je suis sur une ile dont la côte est menacée, il y a des gardes, des flics, des rangers et toutes sortes de gens en uniformes qui surveillent, il y a des bassins écrêteurs là où il y avait autrefois des terrains de basket, il y a des periodes estivales où les températures atteignent 38° C cinq jours d'affilée, et on est peut-être menacé de tempêtes, de bombes, de contagion, de pandémies et de pagaille, mais je vais bien. "

On ne peut échapper ni au passé, ni à l'avenir. Mais la manière dont des catastrophes peuvent séparer mais finir par rassembler des êtres humains est le message optimiste qui vient contrebalancer les constats terribles dressés dans ce beau roman.
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Les tempêtes sont celles qui agitent la ville de Virgin Harbor, Massachusetts, endroit pourtant privilégié et préservé des malheurs et séismes qui secouent l'Amérique. Les attentats se multiplient au même rythme que les tempêtes ; la peur et l'insécurité gagnent les endroits aussi préservés que Virgin Harbor. L'autrice ancre son histoire dans les années 2030/ 2035 (c'est une supposition de ma part puisqu'aucune date n'est mentionnée).
Les voix des habitants de ce site côtier se succèdent et le lecteur doit faire un effort de mémoire pour capter les caractéristiques de chaque narrateur dont les vies semblent indépendantes les unes des autres. Et puis les protagonistes, animés par le talent de Julia Glass qui fouille farfouille et trifouille en longueur, largeur et profondeur vont se croiser et se mêler les uns aux autres pour former une communauté.
La venue d'un homme mystérieux au passé douteux mais au présent magnifique bouleverse la vie à Virgin Harbour, les tempêtes deviennent intérieures et révèlent les fragilités mais surtout la force et la cohésion de toutes ces personnes.
J'ai absorbé toutes les tempêtes proposées par Julia Glass, dans ce roman choral, avec beaucoup d'amusement et de délice. Ce livre n'est pas poreux, la tension et la peur des habitants de Virgin Harbour n'ont pas ébranlé mon ravissement de lectrice.
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Les tempêtes mentionnées dans le titre du dernier roman en date de Julia Glass peuvent se prendre aussi bien au sens propre qu'au sens figuré. Nous sommes en effet dans un futur très proche où le réchauffement climatique se fait de plus en plus violent , où les attentats continuent à faire des victimes, aussi bien physiques que psychologiques .
Pour rendre compte de tout cela , l'autrice se penche sur le microcosme privilégié de Vigil Harbor et offre tour à tour la parole à huit personnages, d'âge et de conditions sociales différents (on y retrouve d'ailleurs un jardinier apparaissant dans un de ces précédents romans). Communauté qui sera troublée par l'arrivée d'un homme et d'une femme qui ne sont peut être pas ce qu'ils affirment être...
Gros roman choral de 598 pages, En ces temps de tempête se dévore puis se savoure tout à la fois. A son habitude, Julia Glass y fait preuve d'un grand sens de la construction narrative, mais aussi d'une grande humanité, se penchant avec beaucoup de bienveillance sur ses personnages.  Suspense et humour sont au rendez-vous , il est grand temps de craquer !
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
« Il m’a dit qu’il n’avait jamais auparavant compris comme il était possible de tomber amoureux d’une personne si mentalement déséquilibrée ; peut-être que cela arrivait quand on se persuadait que le déséquilibre était simplement un genre d’équilibre qu’on n’avait jamais vu avant. »
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Tout le monde a un tiroir mental contenant des jours précis qu’il a mis de côté pour les revivre, les reconstituer, les regretter peut-être, d’une manière irrépressible, avec tous les détails.
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Je me rappelle quand Mme T un jour nous a parlé de regarder les poèmes comme des ponts : qui relient, qui vous emmènent de l'autre côté, qui défient la gravité de la prose. Ce qui les rend si forts est rarement clair à l'œil nu. Avec la prose, a-t-elle dit, tu t'accroupis; avec la poésie, tu t'élèves et tu t'envoles.
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- Pensez à toutes les insomnies qui n’existeraient pas si les gens n’avaient pas d’enfants.
Poliment, papa rit.
- Un monde sans enfants ? Non merci.
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La souffrance de regarder quelqu'un dont on pensait qu'on était son âme sœur devenir soudain immature ou d'une méchanceté brutale ou même complètement fou ne m'est pas inconnue. Il faut beaucoup de temps pour guérir, parce que la personne en qui on n'a plus confiance, c'est soi-même.
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La chronique de Gérard Collard - Refaire le monde
Si vous aimez lire, si vous êtes gourmet, si vous êtes gourmand... le livre que Gérard Collard vous présente aujourd'hui dans sa chronique, est pour vous!!! le libraire de Saint-Maur-des Fossé a choisi de vous parler du livre de Julia Glass "Refaire le monde" aux éditions J'ai Lu. Un roman qui se dévore... Regardez... La présentation du livre "Refaire le monde" par l'éditeur : Pâtissière à Greenwich Village, Greenie se consacre tout entière à son jeune fils et à son métier, tandis que son mari plonge dans la mélancolie. Lorsque le truculent gouverneur du Nouveau-Mexique, conquis par un gâteau à la noix de coco, lui propose de devenir chef cuisinière de sa résidence, elle accepte, par ambition autant que par désespoir, et part vers l'Ouest, bouleversant ainsi la vie de toute la famille... Vous pouvez commander "Refaire le monde" sur le site de la librairie en ligne www.lagriffenoire.com
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